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Cours de philosophie

Technique et Science.

11 Mar 2008 par Simone MANON

dissertation la science et la technique

  A)    Spécificité du fait technique comme: « tactique vitale » (O.Spengler).

  La paléontologie nous apprend que la technicité fait partie de la structure biologique de l’homme . Elle correspond à une organisation corporelle commençant par la bipédie. Celle-ci entraîne la libération de la main, qui à son tour entraîne la libération du cerveau. Comme le remarque avec humour Leroi-Gourhan, le départ de l’aventure humaine «  n’a pas été pris par le cerveau mais par le pied ».

  L’homme va donc utiliser sa main comme outil (la main peut être pince, marteau, clou, etc.) et un outil à faire et à utiliser des outils. Il va multiplier les pouvoirs de sa main, la prolonger en inventant de nombreux outils. La technique est bien ici dans le prolongement de et non en rupture avec la vie.

    On oublie trop souvent cette idée, développée par E. Kapp (1808.1896), selon laquelle la technique est une projection organique. Même si certaines inventions échappent à cette lecture (le feu, la roue), il faut bien voir, analyse Canguilhem en reprenant les études de Leroi-Gourhan, que la massue, le levier prolongent le mouvement organique de percussion du bras.

   Il s’ensuit que comprendre l’invention des outils et des machines revient à " l’inscrire dans l’histoire humaine en inscrivant l’histoire humaine dans la vie, sans méconnaître toutefois l’apparition avec l’homme d’une culture irréductible à la simple nature (…) L’antériorité logique de la connaissance de la physique sur la construction des machines, à un moment donné, ne peut pas et ne doit pas faire oublier l’antériorité chronologique et biologique absolue de la construction des machines sur la connaissance de la physique ». Canguilhem. La Connaissance de la Vie 1965.

   Ex : « II est classique de présenter la construction de la locomotive comme une merveille de la science. Et pourtant la construction de la machine à vapeur est inintelligible si on ne sait pas qu’elle n’est pas l’application de connaissances théoriques préalables, mais qu’elle est la solution d’un problème millénaire, proprement technique, qui est le problème de l’assèchement des mines. Il faut connaître l’histoire naturelle des formes de la pompe, connaître l’existence de pompes à feu, où la vapeur n’a d’abord pas joué le rôle de moteur, mais a servi à produire, par condensation sous le piston de la pompe, un vide qui permettait à la pression atmosphérique agissant comme moteur d’abaisser le piston, pour comprendre que l’organe essentiel, dans une locomotive, soit un cylindre et un piston » Ibid.

   « On voit comment, à la lumière de ces remarques, Science et Technique doivent être considérées comme deux types d’activités dont l’un ne se greffe pas sur l’autre, mais dont chacun emprunte réciproquement à l’autre tantôt des solutions, tantôt des problèmes. C’est la rationalisation des techniques qui fait oublier l’origine irrationnelle des machines et il semble qu’en ce domaine, comme en tout autre, il faille savoir faire une place à l’irrationnel, même et surtout quand on veut défendre le rationalisme » Ibid.

B)    Antériorité de la technique sur la science.

   L’intelligence humaine apparaît en ce sens comme une intelligence pratique, ce que l’urgence de vivre requiert bien évidemment.

  Avant de mobiliser son intelligence dans la résolution de problèmes théoriques l’homme l’exerce pour satisfaire ses besoins.

  « L’intelligence envisagée dans ce qui paraît en être la démarche originelle est la faculté de fabriquer des outils artificiels, en particulier des outils à faire des outils et d’en varier indéfiniment la fabrication. » Bergson L’Evolution créatrice 1907.

    Homo-faber a donc précédé homo-sapiens, mais il va de soi que l’homme ne peut être «  faber » que parce qu’il est «  sapiens ».

  Les premiers outils très rudimentaires ont été élaborés de manière empirique : par essais et erreurs, tâtonnements, par des découvertes dues au hasard.

  En ce sens l’homme a utilisé des outils dont il ne connaissait pas le fonctionnement. L’efficacité technicienne (la pratique) a précédé la théorie. L’homme a utilisé des leviers, des roues, bien avant de connaître la loi scientifique rendant intelligible la réussite technicienne.

   Les Grecs d’ailleurs, ne pensaient pas l’activité technicienne comme une activité rationnelle. Qu’au moyen d’un levier, la faible force d’un homme puisse l’emporter sur une force beaucoup plus grande leur apparaissait magique. Le domaine de la mécanique était assimilé par Aristote à l’art des sophistes c’est-à-dire à une forme de ruse permettant de dominer la nature à la manière dont on domine les hommes.

  En témoigne, le fait que Prométhée est le symbole d’une forme d’intelligence que les Grecs distinguaient de l’intelligence théoricienne et qu’ils appelaient la métis (capacité de jouer des tours, d’être rusé). La mécanique, disait Aristote, est le domaine où «  le plus petit domine le plus grand ».

   Au fond, si l’outil est efficace, l’homme s’en sert et ne s’interroge pas sur le mécanisme de son fonctionnement.

  Il y a un décalage de la pensée et de l’action.

  «  Nos ancêtres les plus lointains avaient des techniques fort efficaces avec des pensées d’enfants » (Alain.)

   Il est clair que ce n’est plus le cas aujourd’hui où notre efficience technicienne procède de notre science mais historiquement l’une a précédé l’autre comme on vient de le comprendre. La technique a ainsi permis aux hommes de se libérer matériellement. Ce faisant elle a promu les conditions de possibilité de la science. Car on ne peut pas élaborer les savoirs si on ne dispose pas d’une certaine liberté. (cf. la notion grecque de loisir) et on n’est pas libre si on est impuissant.

C)    La technique origine de la science.

   Pour certains auteurs, ceux qu’on appelle les empiristes la science serait née de la technique au sens où ce qui conduirait les hommes à se poser des problèmes théoriques, ce serait la nécessité de résoudre des problèmes pratiques.

  Les empiristes font remarquer que la médecine a précédé la biologie, les échanges de cailloux l’arithmétique (calcul comme on sait, c’est à la fois le caillou dans le rein et le calcul mathématique), l’arpentage, la géométrie (comme on sait aussi, le géomètre c’est à la fois l’arpenteur employé au cadastre et le mathématicien).

« La science est née à la chasse, à l’atelier, à la cuisine » (Belot)

  Pb  : Il est vrai que l’attitude technicienne peut conduire au questionnement scientifique. L’invention technicienne requiert discipline de la pensée et acquisition de connaissances. Elle met d’ailleurs en jeu un principe purement rationnel qu’on appelle le principe de perfection technique . Sa formule est : produire le maximum d’efficacité avec le minimum de dépenses.

  Reste qu’il faut faire une distinction de principe entre la science et la technique .

  La technique a pour but l’avantage pratique, l’utilité. Elle est un savoir pour pouvoir .

  La science dans la tradition grecque a sa fin en elle-même. Elle est un savoir pour savoir . Ce qu’Aristote affirme lorsqu’il distingue les activités utilitaires et les activités libérales.

  Plutarque nous dit qu’ « Archimède réputait vile, basse et mercenaire toute cette science d’inventer et composer machines et généralement tout art qui apporte quelque utilité à le mettre en usage …il employa son esprit à écrire seulement choses dont la beauté et subtilité ne fut aucunement mêlée avec nécessité ».

  Cette distinction de principe est refusée par tous ceux qui récusent la possibilité pour l’homme d’avoir une activité désintéressée . (Exemple : Epicure, l’utilitarisme)

  Elle est devenue inintelligible à une époque comme la nôtre où l’idéologie bourgeoise a complètement investi la science. Celle-ci doit être utile.

  Pourtant le savant recherche l’intelligibilité des phénomènes. Il pense cause et effet.

  Le technicien vise l’action transformatrice de l’univers. Il pense moyen et fin.

  Cependant si on prend en considération la science, sous sa forme moderne, il faut souligner la solidarité de la   science et de la technique.

     D) Le rapport dialectique de la science et de la technique.

1) Ce que la technique doit à la science.

  Le savoir lui assurant l’efficacité.

  «  On ne commande bien à la nature qu’en lui obéissant……La puissance de l’homme est en raison de sa science parce que c’est l’ignorance de la cause qui fait manquer l’effet » (Bacon 1561-1626)

Nos appareils (ex : un microscope) suppose la connaissance des lois de l’optique.

Nos procédures témoignent de la puissance du rationnel. Ce sont comme le disait Bachelard «  des théories matérialisées ».

2) Ce que la science doit à la technique .  

  a)  Ses moyens d’observation et de manipulation de l’objet qu’elle étudie. Le laboratoire, royaume du savant, est essentiellement un domaine d’instruments ouvrant à l’esprit des horizons nouveaux. La technique prolonge les pouvoirs de notre corps. Elle permet d’accéder à l’infiniment grand ou à l’infiniment petit. Elle rend possible l’enregistrement de nouvelles données et comme telle, elle fait surgir des problèmes nouveaux.

  Ex : Pasteur n’aurait rien pu faire en microbiologie sans l’invention du microscope.

La microphysique a besoin d’accélérateurs de particules pour faire de nouvelles découvertes.

  Bachelard disait qu’ « une science a l’âge de ses instruments de mesure ».

De nombreux remaniements théoriques procèdent de la mise au point d’instruments nouveaux permettant d’identifier des faits qui sont « polémiques » par rapport aux théories en vigueur.

  b)      Une source de problèmes.

  Intelligence du réel, la science élabore des outils conceptuels, des modèles théoriques qui, par leur systématicité formelle, correspondent à une simplification des données. Le technicien n’a jamais affaire à cette réalité intelligible, mais au réel dans la richesse et la complexité de sa réalité concrète. Aussi, lui arrive-t-il de rencontrer des difficultés qui sont l’occasion de poser de nouveaux problèmes au savant.

  Ex : Le médecin n’est jamais en présence du cas-type décrit par la biologie. Son patient est un être singulier, incarnant souvent un écart par rapport à l’idéal-type. Le praticien est alors en situation de poser de nouvelles questions que devra résoudre le biologiste.

  Conclusion  :

  Il n’y a pas plus de technique sans science qu’il n’y a de science sans technique. Elles progressent l’une par l’autre en s’enrichissant mutuellement et surtout elles n'ont aujourd'hui plus aucune autonomie car l'une et l'autre sont technoscience .

Marqueurs: efficacité , empiriste , machine , main , métis , outil , pratique , rationalisation , ruse , science , tactique vitale , technique , technoscience , théorie , vie

Posté dans Chapitre VIII - La technique.

10 Réponses à “Technique et Science.”

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cours important

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bonjours dans le cadre de mes révisons pour le concours d’entré en iep , l’épreuve de culture général porte sur la science et la justice , j’ai élaboré plusieurs problématique qui pourrais apparaître lors de l’examen du 25 mai et je voudrais savoir si ses différente question sont dans l’optique recherché ? -peut t’on parler du science indépendante ? -peut t’on parler d’une science juste ? -science nouvelle religion ? -écologie et progrès -la science a t’elle des limites ? -la science contribue t’elle au progrès humain ?

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Bonjour D’abord permettez-moi d’attirer votre attention sur l’incorrection de votre expression. Ce sera très coûteux au concours si vous ne faites pas des efforts pour l’améliorer. Les jurys sont très clairs sur ce point. Vous avez de nombreuses publications où vous trouverez des exemples de sujets de dissertation. Les uns porteront sur l’idée de justice, les autres sur celle de science. Ce sont des problématiques hétérogènes. Les énoncés que vous formulez ne me semblent pas pertinents. On ne voit guère le rapport entre la justice et le progrès, ou la justice et la religion par exemple. En revanche vous pourriez avoir à examiner s’il y a sens à parler d’une science juste Tous mes voeux de réussite au concours. Bien à vous.

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merci pour tout ce que vous avez propose sur le sujet . j ai souhaite trouver le point de vue de heidegger sur la technique.

Bonjour Vous trouverez une référence à Heidegger ici. https://www.philolog.fr/la-technique-est-elle-une-activite-neutre/ Bien à vous.

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bonjour et merci pour ce chapitre très clair. Je voulais juste savoir d’où vient la citation que vous donnez à propos de l’origine de la science « la science est née à la chasse, à l’atelier, à la cuisine » ? Merci d’avance

Bonjour Cette affirmation revient souvent dans les articles de Gustave Belot (1859-1929) Par exemple ici: http://www.tpsalomonreinach.mom.fr/Reinach/MOM_TP_129780/MOM_TP_129780_0001/PDF/MOM_TP_129780_0001.pdf Bien à vous.

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je ne peux m’empêcher madame de vous féliciter pour ce que vous faites. Merci infiniment. En passant, l’article est excellent.

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Je suis nouveau. Comment dois je me comporter?

Bonjour Ce site est ouvert à tout le monde. Il n’y a pas de règle spécifique. Quiconque veut poser une question le peut. Je ne l’approuve et lui apporte une réponse qu’autant que je la trouve pertinente. Bien à vous.

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  • Présentation du chapitre VIII: La technique.
  • D’Alembert. Diderot. La réhabilitation des arts mécaniques.

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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine

Corrigés du bac philo – filière technologique : “La technique nous libère-t-elle de la nature ?”

Mort, maladies, catastrophes… La technique nous prémunit, au moins en partie, des agressions de la nature. En ce sens, elle nous émancipe. Pourtant, la technique peut aussi nous aliéner, en nous enfermant dans une logique d’exploitation du monde et de la nature. Pour dépasser ce problème, que les élèves de filière technologique ont été invités à interroger pour l’épreuve du bac, peut-être faudrait-il repenser de fond en comble notre rapport à la technique, non comme un outil de domination et un moyen de nous extraire de la nature, mais comme une manière de vivre en harmonie en son sein. C’est ce qu’avance l’agrégée de philosophie Apolline Guillot dans sa proposition de corrigé.

Proposition de correction : il s’agit ici de pistes possibles de traitement du sujet et non de la copie-type attendue par les correcteurs !

  • Auteurs : Descartes, Platon, Simondon, Heidegger
  • Concepts : technique, art, liberté

Introduction / Problématisation

L’homme fait partie de la nature : elle est son terrain de jeu et sa prison, dont il ne sort que lorsqu’il meurt – et encore, la mort elle-même fait partie de la nature. Par « nature », on entend ici l’ensemble des choses physiques, ainsi que les lois qui régissent leurs interactions. Impossible d’aller contre la gravité, le vieillissement des cellules ou encore un tremblement de terre.

Impossible, vraiment ? À mieux y réfléchir, on se rend compte que nous avons aujourd’hui la capacité de nous affranchir de certains processus « naturels ». Médecine, architecture, pesticides, fusées spatiales... Nombreuses sont les innovations qui aujourd’hui rendent possible un certain affranchissement de la nature. La technique a donc une fonction émancipatrice : elle permet à l’homme d’échapper à certaines contraintes, de repousser certaines limites.

Mais si l’on examine de plus près en quoi consistent nos dispositifs techniques, on se rend compte qu’ils dérivent soit de l’expérience ordinaire et de l’imitation de la nature, soit de la connaissance des lois de la nature. Dans tous les cas, ils s’appuient sur une connaissance du fonctionnement du monde pour construire un outil ou un système capable de produire des effets qui n’existaient pas auparavant. En bref : la technique fait jouer la nature contre son propre camp, la subvertissant à son profit. Là où il pensait se libérer de la nature, l’homme ne fait que la prolonger en l’utilisant dans ses outils. Jusqu’à l’exploitation.

Première partie / La technique comme moyen pour l’homme de se libérer de la nature

Si l’homme fait partie de la nature, ses relations avec cette dernière sont médiatisées par un troisième terme, l’outil . En effet, le seul usage de ses forces physiques le condamnerait à une mort certainement bien plus rapide qu’aujourd’hui, tant la nature l’a doté de peu de défenses naturelles.

C’est la leçon du mythe de Prométhée tel qu’il est raconté par Platon dans le Protagoras  : Épiméthée, le frère de Prométhée, oublie les hommes au moment de distribuer les qualités et dons physiques parmi les animaux. Inventer des prolongements de son corps, des moyens d’augmenter ses capacités naturelles ou des abris pour se protéger, sont autant d’activités qui ne sont pas simplement du « luxe », mais des moyens de survie !

On peut aller encore plus loin : être « libéré » des contraintes naturelles ne veut pas seulement dire « éviter la mort ». C’est donc pour améliorer la vie humaine que les sciences et les techniques se sont développées, comme l’affirme Descartes dans le Discours de la Méthode  : il serait criminel de ne pas mettre les progrès de la science au profit de l’humanité. En maîtrisant les lois qui régissent le monde, les hommes pourraient se rendre « comme maîtres et possesseurs de la nature » , afin de jouir d’un plus grand confort, mais surtout, de soigner leur corps.

Cependant, cette amélioration de la vie humaine est-elle pour autant une réelle « libération de la nature »  ? En effet, Descartes ne prétend pas s’affranchir des lois de la nature, mais bien de les exploiter au profit de l’humanité. Cette exploitation des lois de la nature peut amener à malmener la Nature dans son ensemble, comme équilibre fragile de forces que nous ne maîtrisons pas forcément.

Deuxième partie / La technique n’est pas outil de libération, mais d’asservissement 

Si nous avons jusqu’à présent parlé de la nature comme une collection de lois et de phénomènes, la nature renvoie également à un système complexe intégrant tous ces éléments. Cette approche globale de la nature comme équilibre de forces est intéressante car elle en fait un ensemble dynamique, et pas seulement un stock de ressources disponibles à exploiter.

En cela, la technique ne nous libère pas de la nature mais nous donne l’illusion de pouvoir y échapper alors même que nous en sommes toujours des parties. Certaines innovations techniques, en poussant à bout nos ressources ou en entraînant des effets encore mal maîtrisés sur notre santé, mettent en péril notre propre survie !

C’est l’effet pernicieux de la technique que dénonce Heidegger : elle repose sur une approche utilitaire du monde qui nous entoure, en nous en excluant à tort.

Cependant, lorsqu’on parle de « libération » de la nature puis d’« exploitation » de cette dernière, on a en tête un nécessaire rapport de force binaire qui se rapproche de ce que Hegel appelle la « dialectique du maître et de l’esclave » . Toute relation entre l’homme et la nature consisterait soit en un rapport de dominé à dominant, soit l’inverse.

Ne faut-il pas sortir de ce paradigme pour proposer une approche de la technique comme médiation harmonieuse entre l’homme et son environnement ?

Troisième partie / La technique se tient aux côtés de la nature et de l’homme

Plus que d’être simplificatrice, la dialectique de la libération et de l’asservissement est dangereuse. C’est en tout cas ce que suggère Gilbert Simondon dans Du mode d’existence des objets techniques . À ses yeux, la méconnaissance de la machine est la plus profonde cause d’aliénation dans le monde. Ce n’est pas en accusant les machines sans en comprendre le fonctionnement que nous serons capables de rendre nos technologies adéquates à nos valeurs humaines.

En opposant radicalement technique et nature, nous faisons de la technique un domaine à part de la culture humaine, et nous lui retirons le droit d’être porteuse de valeurs, de vision, et de significations propres.

Simondon propose une voie de réconciliation entre l’homme, la nature et son environnement technique. Selon lui, l’homme a pour fonction d’être le coordinateur et l’inventeur permanent des machines qui opèrent avec lui. Loin d’être un maître ou un esclave, il est le chef d’orchestre qui fait fonctionner main dans la main ses objets techniques et la nature.

La question de savoir si la technique libère l’homme de la nature comporte plusieurs dangers que nous avons identifiés. Si en effet nous avons pu voir que la technique libérait l’homme de certaines contraintes naturelles, il ne faut pas oublier que l’homme, tout comme les outils, sont des parties d’un système unique, la Nature. Cet oubli peut conduire à des débordements, notamment à une exploitation de la nature qui se retourne contre l’homme et l’asservit à son tour, le mettant en danger de mort ou d’extinction globale. Nous avons enfin choisi de nous distancier de cette opposition binaire et de considérer la technique comme l’une des manières qu’a l’homme d’habiter le monde. On se rend compte alors que cette dernière, en s’intégrant dans nos vies quotidiennes et en transformant notre environnement, véhicule elle aussi des valeurs et des significations culturelles.

Retrouvez l'ensemble des corrigés de l’épreuve du Bac philo 2021 :

➤ filières générales :.

Discuter, est-ce renoncer à la violence ?

L’inconscient échappe-t-il à toute forme de connaissance ?

Sommes-nous responsables de l’avenir ?

Commentaire de texte : De la division du travail social (1893) d’Émile Durkheim.

➤ Filière technologiques :

Est-il toujours injuste de désobéir aux lois ?

Savoir, est-ce ne rien croire ?

La technique nous libère-t-elle de la nature ?

Commentaire de texte : Le poète et l’activité de fantaisie (1907), de Sigmund Freud .

Expresso : les parcours interactifs

dissertation la science et la technique

L'étincelle du coup de foudre

Sur le même sujet, corrigés du bac philo – filière technologique : “la liberté consiste-t-elle à n’obéir à personne ”.

Lorsqu’on obéit, par définition, on se soumet. À première vue, la liberté suppose donc l’absence d’obéissance. Mais cette définition de la liberté…

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Jürgen Habermas, La technique et la science comme « Idéologie » . Traduit et préfacé par J.R. Ladmiral

[compte-rendu].

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  • Référence bibliographique

Fourez Gérard. Jürgen Habermas, La technique et la science comme « Idéologie » . Traduit et préfacé par J.R. Ladmiral. In: Revue Philosophique de Louvain . Quatrième série, tome 72, n°15, 1974. pp. 621-624.

www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1974_num_72_15_5809_t1_0621_0000_1

  • RIS (ProCite, Endnote, ...)

Texte intégral

Épistémologie contemporaine et Philosophie des sciences 621

Jiïrgen Habermas, La technique et la science comme « Idéologie ». Traduit et préfacé par J.R. Ladmiral. Un volume 20x14 de xlix- 213 pp. Paris, Gallimard, 1973.

La traduction en français d'une série d'essais de J. Habermas, héritier de l'École Sociologique de Francfort est la bienvenue. Ces essais, bien que publiés originalement entre 1965 et 1968, gardent leur actualité. Réflexions fondamentales sur le phénomène de la science moderne, l'ouvrage mérite d'être lu et approfondi par tous ceux qui s'intéressent à la crise de la science : il développe en effet des concepts philosophiques extrêmement utiles, notamment à la compréhension des problèmes liés à la scientifisation de la politique et aux intérêts qui y sont liés.

Au lecteur pressé, nous recommanderons les essais intitulés : « Connaissance et intérêt » et « Scientifisation de la politique et opinion publique ». De plus, la préface de J. R. Ladmiral est une bonne introduction à la pensée de l'auteur.

« Connaissance et intérêt » commence par indiquer comment le sens du mot « théorie » a évolué depuis les Grecs pour s'intégrer finalement dans la mentalité positiviste moderne. Chez les Grecs, la theoria impliquait une participation au cosmos selon une dimension sacrée et globalisante, et était donc intrinsèquement liée à des valeurs. Dans la mentalité positiviste, avec peut-être ses origines dans le kantisme, l'attitude théorique veut que l'on « se garde de tout jugement de valeur» (137). Mais « ce nom même de valeurs par rapport auxquelles les sciences devraient rester neutres nous vient du néo-kantisme et il est en contradiction avec l'ensemble de ce qui a été autrefois intentionné dans l'idée de théorie» (138). C'est ainsi que s'établit (et se « théorise » avec Husserl) la coupure créant la distinction entre connaissance et intérêts. Cette coupure, fondamentale à la mentalité positiviste, a une fonction « pédagogique » : celle de « dissimuler les véritables intérêts que la théorie représente » (143). Mais « que l'intérêt soit refoulé, cela fait encore partie de cet intérêt lui-même » (144) ; par l'« illusion ontologique de la théorie pure» (144) les intérêts sous- jacents aux activités scientifiques sont bien camouflés.

Pour éclairer cet état de choses Habermas distingue trois catégories d'intérêts qui donnent naissance à trois catégories « transcen- dantales » de sciences. L'intérêt technique naît dans le travail et développe les sciences empirico-analytiques dans la recherche de l'information. L'intérêt moral (pratique dans le sens kantien) se situe dans le langage et Yinteraction humaine et il donne naissance à l'interprétation des sciences historico-herméneutiques. L'intérêt émancipatoire, enfin, a sa racine et se définit par rapport aux relations de domination ; il conduit à l'analyse des sciences critiques. Ces « trois attitudes déterminent les trois points de vue spécifiques en fonction desquels il nous est possible de concevoir la réalité comme telle ». « Ces limites trancendantales de toute conception possible du monde ne peuvent pas être transgres-

622 Comptes rendus

sées» (152). Mais, dans la mesure où nous nous en rendons compte, conclut-il, « il y a en nous une part de la nature qui acquiert son autonomie au sein même de la nature» (152).

Si donc connaissance et intérêt sont ainsi liés, il faut se rendre compte qu'il y a des « décisions de principe d'ordre méthodologique qui ont ce caractère particulier de n'être ni arbitraires ni contraignantes» (153). Ces décisions sont finalement mesurées «à ce qu'une société intentionné comme étant la vie bonne pour elle» (154). Il y a donc là, dans l'activité scientifique quelque chose qui transcende la pure et simple adaptation à la nature pour constituer une histoire.

Quelle est alors l'interprétation à donner à ce souci des sciences d'« appliquer leurs méthodes carrément, sans qu'il y ait réflexion sur l'intérêt qui commande la connaissance» (158). Il y a d'abord un désir de sécurité car « dans la mesure où, méthodologiquement, les sciences ne savent pas ce quelles font, elles sont d'autant plus certaines de leur discipline» (158). « Ainsi, la fausse conscience fournit une certaine garantie» (158). Mais «l'illusion objectiviste» remplit aussi le rôle que les scientifiques lui donnent consciemment : celle de les prémunir « contre les périlleux sortilèges d'une réflexion dévoyée » (159). Comme les scientifiques le sentent, un réel souci «d'objectivité» (qu'Ha- bermas comprend comme une dépendance aveugle d'une discipline) eût sauvé le monde de la « physique nationale socialiste » et de la « génétique marxiste soviétique ». Mais, à côté de cette fonction bénéfique, « la conception positiviste que les sciences nomologiques se font d'elles-mêmes favorise la substitution de la technique à l'action rationnelle et éclairée » (159). Dans la société technocratique alors, la pratique (c'est-à-dire, dans le vocabulaire de l'auteur, la décision morale et politique) est vécue exclusivement dans le domaine de l'activité instrumentale après avoir fait table rase de l'histoire qui se trouve ainsi refoulée. La dimension au sein de laquelle les sujets agissants pourraient s'entendre de façon rationnelle sur leurs objectifs et leurs finalités est ainsi abandonnée à l'obscurité de la pure et simple décision à prendre entre des échelles de valeurs réifiées et les puissances troubles de la croyance» (160). C'est ainsi qu'on en arrive à un décisionisme aveugle qui ne s'accorde que trop bien avec une sorte de « neutralité axiologique interprétée à tort en termes contemplatifs» (161).

C'est ainsi que l'auteur est amené à s'interroger sur le rôle et la signification d'une philosophie construisant une ontologie. Une telle philosophie aurait abandonné son lien constitutif « à l'intérêt émancipatoire de connaissance au profit de la théorie pure» (161). Qu'elle soit alors de type positiviste, contemplatif ou phénoménologique, pareille philosophie n'en reste pas moins objectiviste. Au lieu d'être instance critique et donc émancipatoire, elle devient « une spécialité à côté des sciences et en dehors de la conscience publique » (162).

Dans « Scientifisation de la politique et opinion publique », l'auteur

Épistémologie contemporaine et Philosophie des sciences 623

s'attaque à une question fort semblable à celle qui l'avait retenu dans l'essai précédent, mais sous un biais plus particulier : comment articuler « rationalité » et « décision ». Pour ce faire, il étudiera trois modèles : le modèle décisioniste, le modèle technocratique et son modèle pragmatique. Le modèle décisioniste est basé sur la définition wébérienne de la rationalité comme choix de moyens par rapport à une fin définie. Dans ce modèle « la rationalité dans le choix des moyens va de pair avec l'irrationalité déclarée des positions adoptées par rapport aux valeurs, aux buts et aux besoins » (99). Dans ce cadre, la scientifisation de la politique se fera dans la mesure où l'on respectera la division du travail entre d'un côté les « administrations » disposant de leurs « informations objectives et de leur formation technique» et de l'autre côté, les chefs, décideurs ; il y a opposition bien campée « entre le savoir technique et l'exercice de la domination politique». Le savoir spécialisé est soumis au politique. Dans le modèle technocratique « le rapport de dépendance entre le spécialiste et le politique semble s'être inversé : le politique devient l'organe d'exécution d'une intelligen- tia scientifique qui dégage en fonction des conditions concrètes les contraintes objectives» (100). Ainsi la problématique de la décision finit par «s'en trouver supprimée, le politique ne conservant alors dans l'État technique qu'une activité tout à fait fictive» (101). Il serait le bouche-trou d'une rationalisation encore imparfaite, « l'initiative étant passée du côté de l'analyse scientifique et de la planification technique» (101). Les inconvénients des deux modèles sautent aux yeux. Dans le modèle décisioniste « l'essence irrationnelle de la domina- nation n'étant pas remise en cause, cette dernière peut bien être légitimée mais non rationalisée en tant que telle» (108). Le modèle technocratique, en revanche, maintient l'exigence de rationalité. Tout au plus restera-t-il aux instances politiques de « se prononcer sur les qualifications techniques des fonctionnaires engagés» (109). Pour dépasser les contradictions de ces deux modèles, Habermas propose un modèle pragmatique dans lequel l'interaction entre le politique et le scientifique se ferait par une sorte de feed-back permanent car le commanditaire de la recherche verrait l'objet de celle-ci précisé par le scientifique qui resterait pourtant sans cesse en contact avec le contrôle du politique. Il faudrait donc effectuer la traduction des questions du politique en problèmes posés scientifiquement et la re-traduction des informations scientifiques en réponses données aux questions que pose le politique. Et « il ne faut pas que cette communication soit coupée tant que n'ont pas été dégagés les principes de la solution à donner au problème, car ce n'est que quand les principes de cette solution sont en vue que la finalité exacte du projet se trouve définitivement définie» (115). Tel serait le dialogue souhaitable entre les scientifiques et les politiques. Mais, fait remarquer Habermas, « les conditions empiriques pour l'application du modèle pragmatique sont absentes» (123). En effet, aujourd'hui, les masses comme la

science sont dépolitisées : il faudrait donc, si l'on veut échapper aux modèles décisioniste et technocratique replacer la science dans sa dimension politique et une repolitisation des masses serait nécessaire.

Or, il se fait que « la science et la technique » sont pour Habermas une idéologie dépolitisante. Elles sont en effet théoriquement basées sur un concept wébérien de la rationalisation (c'est-à-dire sur un type d'organisation de certains moyens en vue d'une fin), de sorte que celle-ci impose « au nom de la rationalité une forme déterminée de domination politique inavouée» (5). De ce fait, parce qu'elle est liée à des buts fixés et des situations données, cette rationalité soustrait à la réflexion et à la reconstruction rationnelle le faisceau d'intérêts macro-sociologiques au sein desquels les stratégies sont choisies, les technologies utilisées et les systèmes aménagés» (5). Et comme cette rationalisation est liée « en vertu de sa structure même » à l'exercice d'un contrôle, elle revient à l'institutionalisation d'une domination qui n'est pas reconnue comme domination politique. C'est pourquoi le politique est moins conçu comme une recherche des finalités des actions humaines mais de plus en plus comme la recherche de solutions à des questions d'ordre technique. Quant à la science et à la technique, elles sont chargées, dans ce système, de fournir des légitimations à cette domination de la rationalité, en apprenant notamment à traiter la société et la communication comme la nature. De plus, cette légitimation de la rationalité va dépolitiser les masses qui n'auront plus besoin de se poser de questions qui se situeraient réellement au niveau des interactions humaines.

Dans cette publication, on trouve encore deux autres essais : l'un parle du « progrès technique et du monde vécu social » ; on y expose la dialectique du pouvoir et du savoir ; l'autre est une réflexion sur la «philosophie de l'esprit» de Hegel, dans laquelle l'auteur trouve une inspiration pour un thème qui lui est cher : « travail et interaction ».

Gérard Foueez, s.j.

dissertation la science et la technique

La technique est-elle naturelle à l'homme ? Corrigé de dissertation : épisode • 4/4 du podcast Bac philo 2014

La technique est-elle naturelle à l'homme ? Corrigé de dissertation

Cette émission propose un corrigé du sujet de dissertation "la technique est-elle naturelle à l’homme " élaboré par hugues marminat, professeur de philosophie au lycée français de bruxelles..

  • Hugues Marminat Professeur de philosophie au lycée Français de Bruxelles

Cette émission propose un corrigé du sujet de dissertation "La technique est-elle naturelle à l’homme ?" élaboré par Hugues Marminat , professeur de philosophie au lycée Français de Bruxelles.

Compréhension du sujet

1) Qu'est-ce que la technique ?

  • chez les Grecs, la technè = art (savoir-faire, habileté). Elle s’oppose à l’ épistèmè (la science théorique)
  • Chez les modernes, la technique est « technoscience » : c’est le savoir matérialisée, la science appliquée. Décloisonnement entre science et technique. Le savoir-faire renvoie à un stade dépassé de la technique : celui de l’artisanat et de l’outil.
  • Du coup, le mot "technique" renvoie aujourd’hui à un savoir-faire simple, l’habileté des mains
  • Alors que le mot "technologie" = opérations de fabrication complexes, intégrées au corps de la "technoscience" : électronique, techniques de l’information et de la communication, génie génétique et biotechnologies, etc.
  • De quelle technique parlons-nous ? "La" technique = terme générique, abstrait et trompeur
  • Il y a pour aller vite 3 âges de la technique = l’artisanat, l’industrie et l’ingénierie, les nouvelles technologies. Chacun pose des problèmes spécifiques dans sa relation avec la "nature humaine"
  • Chaque objet technique induit une différence d’appréhension, de prise en main, d’effet sur l’homme. Un parapluie, une voiture, et un téléphone portable ne produisent pas le même effet.

2) Que signifie "naturel à"  ?

  • ce qui appartient à la nature d’un être, ce qui est relatif à la nature humaine, ici.

L’Homme est-il naturellement technicien ?Peut-on définir l’être humain comme un être qui fabrique et utilise des outils, objets artificiels ?La technique suffit-elle à englober toute la complexité humaine ?

  • Ce qui est inné, ce que l’homme possède en naissant. S’oppose à acquis, appris.

Naturel s’oppose ici à culturel. La technique est-elle fait biologique, qui vient de son corps ou bien est-elle un fait culturel majeur, ce qui fait entrer l’homme dans l’histoire ?La technique ne modifie-t-elle pas la nature humaine ?

  • Ce qui correspond à l’ordre habituel, ce qui est considéré comme normal (« c’est naturel » = ça va de soi), ce qui s’impose comme une évidence. Aisance avec laquelle on se comporte, spontanéité.

La technique moderne n’est-elle pas devenue si omniprésente, si normale, qu’on ne peut plus s’en passer ? L’homme n’est-il pas un utilisateur compulsif de techniques ?

3) Définir le terme "homme"

  • désigne le genre humain, par opposition au reste des animaux.

L’homme est-il le seul animal technicien ? La technique est-elle le propre de l’homme ?

  • de quel homme parle-t-on ? Le fabricant (artisan, ingénieur) ou l’utilisateur (travailleur, consommateur)

4) « est-elle » : 

  • Présent de vérité générale qui renvoie à une essence, à un être permanent de l’homme
  • Mais en réalité, le rapport de la nature humaine à la technique a bien changé.

Problématisation

  • Paradoxe du sujet

On oppose, par définition, la technique à la nature. Mais, il y a toujours eu de la technique : la technique est connaturelle à l’homme. Dès qu’il apparaît, c’est déjà outillé ! Aussi loin qu’on remonte, la technique est là, disponible. En ce sens, elle est "naturelle à l’homme", au sens où elle a toujours été à sa disposition, associée à l’homme. Il n’y a pas d’état pré-technique de l’homme (sauf hypothétique = l’état de nature chez Rousseau) La technique est-elle une faculté naturelle (biologique, innée) à l’homme ?L’homme a-t-il une tendance naturelle à fabriquer et à utiliser des outils ?D’où vient l’impulsion ? De lui ? Ou de l’extérieur (son environnement) ? Trouve-t-on de la technique chez les autres animaux ou bien est-ce le propre de l’homme ?La technique est-elle déjà dans la nature avant l’homme ? Ou bien n’est-elle naturelle qu’à l’homme ?Continuité ou discontinuité ?

2) Plus qu’un fait biologique, la technique est un fait culturel = il fait entrer l’homme dans l’histoire

La technique se trouve du côté de l’acquis, du progrès ! Dès lors, elle introduit une rupture avec la nature (qu’il faut dominer, domestiquer, humaniser) et avec la "nature humaine" : l’homme se définit comme libre, indépendamment de toute détermination préalable. Il change la société, le monde et lui-même au rythme de ses techniques : l’homme se fabrique !

3) Mais justement, la technique, en devenant notre milieu (la "technosphère", le "technocosme", ou le "technosystème") de développement et de vie, ne modifie-t-il pas complètement la nature même de l’homme, sa façon d’être ? 

L’homme est-il encore maître de ses créations, de ses outils ?La technique ne l’asservit-elle pas autant qu’elle le libère ? Ne sommes-nous pas devenus dépendants de nos objets techniques, aliénés à eux ? La technique est devenue omniprésente, normale, allant de soi. Elle est un phénomène irréversible, avec lequel il faut composer : elle est notre destin.

Plan détaillé

I) LA TECHNIQUE EST NATURELLE A L’HOMME

A) Le corps humain est naturellement technicien : il a des mains !

  • Texte sélectionné : Aristote, Des parties des animaux.

B) L’évolution : l’homme est devenu technicien

  • Texte sélectionné  : LEROI-GOURHAN , Le geste et la parole , tome II (1965)

C) Définir l’homme comme « homo faber » : la technique comme propre de l’homme.   

  • Henri Bergson : L’Évolution créatrice (1907)

II) LA TECHNIQUE EST CULTURELLE ET NON NATURELLE : ELLE ELOIGNE L’HOMME DE LA NATURE

A) La technique fait sortir l’homme de la nature et le fait entrer dans l’histoire

  • Rousseau, Discours sur l’Origine et les Fondements de l’Inégalité parmi les hommes .

B) La technique doit nous rendre "comme maîtres et possesseurs de la nature".   

  • Descartes, Discours de la méthode, VI

C) Par la technique, l’homme se « fabrique » lui-même

1) La technique est l’objectivation de la subjectivité humaine

  • Hegel, Leçons sur la philosophie de l’histoire

2) L’homme construit son propre monde et se construit en retour

  • Marx, Manuscrits de 1844

3) Critique du machinisme. La technique peut aliéner l’ouvrier

  • Marx , Le Capital

III) LA TECHNIQUE EST DEVENUE « NATURELLE A L’HOMME » : ELLE S’IMPOSE A LUI, ELLE S’INCORPORE A LUI, ELLE DEVIENT LUI.

A) La technique devient autonome : elle s’impose à l’homme. Elle est notre destin

  • Heidegger, L’Essence de la technique

B) La technique incorporée : le corps augmenté ou amputé ?

  • Merleau-Ponty , Phénoménologie de la Perception

C) Une nouvelle humanité : « Homo portabilis » ou « Petite Poucette » ?

  • Dominique Lecourt , Humain, Posthumain
  • Michel Serres, Petite Poucette

Textes lus par Olivier Martinaud

  • Aristote, Les Parties des animaux , § 10, 687 b, éd. Les Belles Lettres, trad. P. Louis, p. 136. 137
  • Leroi-Gourhan, Le geste et la parole , tome 2, 1965
  • Michel Tournier, Vendredi ou les limbes du Pacifique , 1969

Extrait diffusé

« Google glass, le test en vidéo », article vidéo, Le Monde , 03/10/2013

Musiques diffusées

  • Kraftwerk, The robots
  • Pink Floyd, Welcome to the machine
  • Téléphone, Hygiaphone

"2 minutes papillon" de Géraldine Mosna-Savoye 

  • Nathalie Monnin, Qu'est-ce que penser librement ? Apogée
  • Jean Danielou Collaboration
  • Marianne Chassort Collaboration
  • Mydia Portis-Guérin Réalisation
  • Olivier Guérin Réalisation
  • France Inter
  • France Bleu
  • France Culture
  • France Musique
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Revue de philosophie et de sciences humaines

Accueil Numéros 3 Dossier Dissertation en trois parties, un...

Dissertation en trois parties, une introduction et une conclusion, sur la technique et l’esthétique

Texte intégral.

1 Technique et esthétique ? Que penser de cette question ? Sa formulation abrupte est-elle liée à une épreuve obligatoire de philosophie au programme d’un concours interne à une caste de lettrés ? Une bonne note permettrait-elle d’accéder au grade supérieur dans le cursus honorum d’une bureaucratie universi­taire, à défaut d’être « céleste » ? Si tel est bien le cas, nul doute que cette épreuve soit conçue pour marginaliser tous ceux dont les bases théoriques, fragiles ou lacunaires, vacillent et flottent entre des concepts dont le maniement n’est pas nécessairement le point fort.

2 De cette intuition, est-il abusif de déduire qu’à moins de vouloir prendre des risques inconsidérés, le candidat non philo­sophe, inquiet de cette invitation à une partie de trapèze volant avec Adorno, aura tout intérêt à se glisser dans le moule préformé de la dissertation traditionnelle, offrant son plan dialectique en trois parties (thèse, antithèse, synthèse) comme filet de sécurité.

3 L’introduction sera sobre et mesurée. Elle se limitera pour l’essentiel à la définition des deux termes (prévoir quelques recherches rapides dans un bon dictionnaire de langue, dans un dictionnaire philosophique et dans l’ Encyclopédia Universalis ). Sou­ligner d’emblée la complexité du sujet, ainsi que l’abondance d’analyses et de commentaires, souvent contradictoires, qu’il a générée. L’introduction s’achèvera sur une interrogation naïve : quid de l’art dans cette affaire ? Inutile d’annoncer le plan, cette précaution signe trop un esprit scolaire. Passer sans attendre à la première partie.

4 Elle s’ouvrira sur une description très légèrement apocalyp­tique, dont la technique en majesté constituera le thème central. Sa toute-puissance, son omniprésence, son impérialisme, son emprise sur le territoire, sur la vie physique et psychique de l’homme, le dopage constant que la science lui assure – feront l’objet d’une affirmation massive et peu nuancée. Le tableau comportera inévi­tablement un volet sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication dont la familiarité apparente ne résorbe pas « l’inquiétante étrangeté ». (Sur les bouleversements et les mutations, avérées ou encore imprévisibles, dont elles sont grosses, puiser à pleines brassées dans Virilio). Ayant réussi à li­quider la nature (reprendre ici l’image frappante de Bernard Stiegler : nous continuons à désigner sous le vocable de vache ou de betterave des objets techniques conçus dans des ateliers qui ressemblent beaucoup à la nature), la technique n’est-elle pas en mesure, en passe, ou n’a-t-elle pas déjà liquidé aussi l’esthétique, après avoir peut-être absorbé l’art puisqu’il ne figure déjà plus au générique ? Ne nous dit-on pas d’ailleurs (rester vague sur le « on ») que, depuis longtemps déjà l’art ne survit à sa mort plu­sieurs fois annoncée que grâce à une perfusion ininterrompue et lourdement dosée d’esthétique ? La première partie s’achèverait ainsi, sous un ciel bas et lourd de nuages de synthèse, par une in­terrogation volontairement dramatisée, formulée avec toute la gravité requise par les docteurs de l’âme souffrante et des esprits malades au double chevet de l’art et de l’esthétique agonisants.

5 Avant de passer à la suite, il n’est pas interdit d’échanger cette sombre atmosphère de Götterdammerung contre une ambiance plus légère. La remémoration d’une visite que firent ensemble Fernand Léger, Brancusi et Marcel Duchamp au Salon d’Aviation de 1913 pour­rait alors convenir. Selon Léger, alors qu’ils se promenaient tous les trois au milieu des moteurs et des hélices, Marcel l’aurait apos­trophé en ces termes : « C’est fini la peinture. Qui peut faire mieux que cette hélice ? Dis, tu peux faire ça ? » La transition avec ce qui suit serait certainement facilitée par l’évocation d’une telle anecdote.

6 La seconde partie s’efforcera en effet de créer une circulation d’air là où la première s’était employée à accumuler des affirmations massives, unilatérales et redondantes. Elle tentera d’y parvenir par la mise en scène des noces enjouées de la technique et de l’esthétique. En route vers le lieu de la célébration, elle fera un peu d’histoire, contant à ses compagnons de voyage le trouble qu’introduisit dans les méthodes et les habitudes de travail le dé­ferlement de la mécanisation, du machinisme et de la révolution industrielle. Elle expliquera chemin faisant l’afflux massif d’objets destinés à la vie quotidienne, produits en grande quantité, décou­plant la conception de la production et elle ajoutera, sans men­tionner ici sa dette à l’égard de François Loyer, comment ce découplage fit vaciller les statuts et désorganisa les hiérarchies traditionnelles du travail. Enchaînant sur l’inquiétude de quelques bons esprits témoins de cette évolution et sur la lutte passionnée qu’ils menèrent pour infléchir son cours par la réintroduction de la qualité, du style et de la beauté dans une production de masse guettée par une dégradation irréversible, elle finira par arriver sur le site du happening.

7 Les statues de Léon de Laborde, d’Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, de John Ruskin et de William Morris seront dressées, telles des figures tutélaires, à l’entrée d’icelui. Le fait que les approches et les points de vue de ces honorables gentlemen aient été fort dissemblables ne sera pas prise en compte, car seule im­porte pour l’occasion la croisade qu’ils menèrent avec fougue et simultanément pour favoriser le mariage. À vrai dire, sa célébra­tion a déjà eu lieu depuis longtemps et la présence autour de l’arche d’alliance, de l’Art Nouveau – modern style , École de Nancy –, du mouvement de Stijl, du Bauhaus, de l’Union des Artistes Mo­dernes et de la Hochschule für Gestaltung d’Ulm, avec toutes leurs équipes, au grand complet, est émouvante comme une gale­rie de portraits. Des hérauts, en livrée mécanique, rappellent les réussites respectives, qui ne sont pas minces ; telle une onde, leurs qualités se propagent vers nos environnements quotidiens, nos objets, notre monde. Beaucoup de nostalgie, décidément, dans cette cérémonie qui finirait par ressembler aux cycles répétitifs engendrés par une machine de Morel, s’il n’y avait pas les vivants, lesquels, fort heureusement, chantent et dansent comme au premier jour : ceux de Memphis autour d’Ettore Sottsass, Andreas Branzi, Roger Tallon, Richard Sapper, Andrée Putman, Mario Botta, Gaëtano Pesce, Philippe Starck, Gae Aulenti, Enzo Cucchi, Ingo Maurer, sans compter les japonais – Shiro Kuramata, Toshiyuki Kita, pour ne citer que ces deux-là – et les plus jeunes : Marc Charpin, Mattali Crasset, Karim Rashid, Marc Saddler… et tant d’autres.

8 La fête bat son plein et c’est à peine si on remarque un person­nage solitaire, occupé, semble-t-il, à remâcher un message dans lequel, pour autant qu’il soit possible d’entendre, il est question du lien entre l’effort d’imagination et de pensée auquel les formes, les objets et les images créés par les pères fondateurs doivent d’exister et le déploiement simultané d’utopies généreuses qui se fracas­sèrent plus tard dans le siècle, non sans avoir auparavant provoqué quelques sérieux dégâts. Comment, marmonne-t-il, comment faire l’impasse sur la traîne inquiétante d’ombre, de terreur et de nuit que le cortège enthousiaste et visionnaire de ces noces bruyam­ment acclamées par l’industrie et, plus encore, par le commerce, laisse dans son sillage ?

9 Le candidat redoute un retour en force d’Adorno à l’orée de la troisième partie, la plus acrobatique puisqu’il faut parvenir à y faire coexister les contraires dans une sorte d’unité supérieure, qui lui a toujours paru éminemment mystérieuse. Ce qui vient d’être dit crée un suspens dont la retombée s’effectue lentement sur le territoire de l’art, qui a observé en silence, mais avec intérêt, les ébats de l’esthétique (à l’égard de laquelle il demeure dans une muette réserve) et de la technique (laquelle suscite en lui, à vrai dire, plus de curiosité, et parfois même d’émerveillement, que de frayeur). La concernant, il n’oublie pas leur origine commune, en amont de l’écart ouvert quelque part entre la Grèce et Rome, pendant la traversée de l’Adriatique. Il sait aussi tout ce que, de­puis le milieu du xix e siècle, elle n’a cessé de lui offrir en termes de matériaux et d’outils nouveaux, de possibilités et de moyens d’expression inédits. Il n’ignore pas enfin le rôle qu’elle a joué, à ses côtés, dans la lutte à mort qu’il lui a fallu soutenir contre l’aca­démisme et, souvent, il lui arrive de s’interroger rétrospectivement sur le devenir qui aurait été le sien sans l’irruption providentielle de la photographie et du cinéma ; aujourd’hui, il attend beaucoup de la vidéo et de toutes les nouvelles images qu’autorise l’usage de l’informatique.

10 Aux aventures plus étroites que nouent conjointement la tech­nique et l’esthétique (décidément, il n’aime guère ce mot, pris dans quelque chose de froid, de raide et de suffisant, qui l’indispose et l’irrite), il ne trouve cependant rien à redire car l’attitude intégriste lui a toujours été étrangère tandis qu’il accueille avec une bienveillante attention les produits des greffes et des métissages. D’ailleurs, il supporte mal d’être assigné à résidence, du côté de « l’inutile » moins qu’ailleurs, et il n’est pas, comme on voudrait trop souvent le faire croire, consubstantiel au musée, à la galerie, à la boite blanche délimitant le périmètre de l’exposition. Accepter ce confinement reviendrait à renier les moissons d’objets – tech­niques, quotidiens, utilitaires – ramenés des mondes outre-mer par des générations successives d’aventuriers, de marchands et d’eth­nologues, objets qui suscitèrent l’admiration, la joie et l’enthou­siasme des artistes occidentaux lorsqu’ils découvrirent leur existence.

11 Avant de clore cette troisième partie, comment ne pas consa­crer quelques lignes à l’empire récent des « nouvelles techno­logies » ? Un léger vertige déstabilise pendant un court instant la trajectoire et l’aplomb du candidat. Est-il seulement possible, s’interroge-t-il angoissé, d’esquisser en quelques lignes, sous le double rapport de la technique et de l’esthétique, le paysage qui s’ouvre ces jours-ci, à la quadruple enseigne du numérique, de l’interactivité, du virtuel et du temps réel ? Connaissant la réponse à une telle question, n’ignorant (presque) rien de l’abondante litté­rature sur le sujet, il estime l’esquisse improbable et cherche une issue honorable du côté de l’esquive. Il la trouve à l’endroit où se tressent et se distendent la matière et la mémoire, la transmission et la forme, entre le silicium que ses propriétés semi-conductrices ont fait choisir pour la fabrication des dispositifs électroniques et le silex – dont le silicium est un composant – qui signe la plus an­cienne présence humaine dans les strates géologiques du grand Rift africain. Pour le reste, quelques généralités suffiront : la com­plexité de ces nouveaux outils, le rythme échevelé de leur cons­tante évolution, leur irruption récente, massive et universelle, interdisent tout jugement hâtif sur les conséquences à venir, encore inimaginables pour la plupart, de leur progressive appropriation et maîtrise par les artistes.

12 Il ne reste plus qu’à conclure. L’essentiel ayant été dit, plutôt qu’un résumé délétère, le candidat choisit de s’abandonner à une dérive sur fond d’expérience personnelle. Estimant qu’au fond les jeux sont faits, il opte donc résolument pour le récit de quelques moments, trop rares à son gré, au cours desquels, récemment, il a l’impression d’avoir croisé la technique et… comment dit-on déjà… l’esthétique.

13 À l’Opéra de Nancy, il lui a été donné d’assister à une représen­tation d’ Alcina , qui lui a procuré un vif plaisir. Les voix, la direc­tion d’orchestre, les décors, tout contribuait à mettre en valeur l’intention et la musique de Haendel. Aux ressources techniques habituelles de l’opéra, on avait ajouté un écran sur lequel, lorsque sa présence verticale intermittente prenait place dans le décor, s’inscrivaient des images de synthèse créant une étrange trouée dans l’espace déjà virtuel de la scène. Aussi pleinement effective qu’ait été sa fonction narrative dans le contexte du récit, cette intrusion peu ordinaire affectait, d’abord et avant tout, son ordonnance classique et son autorité magistrale, par la création d’un court-circuit provoquant une embardée hors de jadis et naguère qui, avec une certaine rugosité, ramenait ici et maintenant à la face du spectateur. Un autre soir, au Centre Culturel André Malraux de Vandœuvre, il a vu la dernière création de la chorégraphe Olivia Grandville, intitulée Instantanés provisoires . Là également, mais dans un tout autre contexte, la présence physique des danseurs, l’écriture précise de leurs déplacements, de leurs mouvements et de leurs gestes était redoublée, complétée, parfois contredite par des projections de films empruntant des supports divers : écrans mo­biles, murs et plafonds de la salle de spectacle, corps des danseurs. Le rapport entre ces deux types de présences, identiquement ani­mées, le partage du terrain entre deux représentations de l’énergie gestuelle, l’une vivante, l’autre imagée, ainsi que le débordement de l’espace scénique, créait une conflagration désorientant le re­gard et provoquant la mise en abyme du spectacle tout entier.

14 Au Musée du Jeu de Paume, à Paris, il a visité la rétrospective Alechinsky et assisté à la projection de trois films de Johan van der Keuken. Alechinsky est un peintre qui ne considère pas l’existence des hélices, des moteurs ou des centrales nucléaires comme con­tradictoires avec l’usage de son médium privilégié. Pour autant, on voit mal au nom de quoi ses tableaux, qui témoignent d’une vir­tuosité technique impressionnante ainsi que d’une science puisée à diverses traditions du dessin, des matières, des supports et des couleurs pourraient être jugées irrecevables au regard des expres­sions plastiques contemporaines. Johan van der Keuken, pour sa part, est un photographe et un cinéaste ramenant des images sur la vie des hommes et des femmes qui, partout dans le monde, peuplent avec nous cette Terre. Il les rapporte du Cameroun, du Kerala, de Bolivie ou d’Amsterdam et leur précision, leur intelli­gence comme leur sensibilité leur permet de garder une juste et respectueuse distance à l’égard de leur sujet sans renoncer à offrir des possibilités de lecture ouvertes sur des interrogations sociales, économiques et politiques. Au Centre Pompidou, dans la seule galerie qui soit encore accessible du fait des travaux, le candidat a visité une exposition montée par le Consortium de Dijon, que sa tonalité générale situe à bonne distance de la double programma­tion du Jeu de Paume. Ici, avec une radicalité ouvertement reven­diquée, ce sont les expérimentations de l’avant-garde qui, formelle­ment au moins, se prolongent et même si, considérée séparément, chaque œuvre – ou travail – n’emporte pas nécessairement l’adhé­sion (elle n’est pas là pour ça) il faut faire preuve de mauvaise foi pour ne pas être sensible à l’énergie qu’ensemble elles dégagent et propagent au long d’un parcours dont la tension atteste la cohé­rence du point de vue et de l’engagement des commissaires (qui méritent bien leur nom). « Work in progress », comme l’annonce le programme, et à ce titre expérimentale, « leur » exposition secoue et perturbe les systèmes de représentation, malmène l’en­tière panoplie des critères esthétiques égarée, pour cause de ravis­sement et d’extase entre le Louvre et le musée d’Orsay, travaille au corps l’art et les techniques du monde tel qu’il va.

15 Le candidat voudrait enfin mentionner son passage dans deux ateliers d’artistes : ceux de Bernard Moninot et de Piotr Kowalski, le premier en prévision d’une prochaine exposition, le second pour envisager avec lui la réalisation d’une commande publique. Pourvu qu’on ait avec la production des artistes une profonde affinité, la visite de leurs ateliers est toujours un moment heureux car elle nous introduit dans le lieu où s’opère, sans autre nécessité que celle découlant du projet même de l’œuvre, l’alliage entre la pensée, la technique et la forme. Les archives, les travaux en cours, les œuvres achevées s’y côtoient et leur exposition non ap­prêtée au milieu des outils, des matériaux et des esquisses, ponctue un parcours singulier qui ouvre à la fois sur des moments précis de l’histoire de l’art, sur l’œuvre d’autres artistes, pas nécessairement contemporains avec laquelle un dialogue a visiblement été noué, sur le monde extérieur enfin, dans toutes se dimensions, depuis les éléments, les matières et les objets jusqu’à la société, la littérature, la science et la philosophie. Moninot et Kowalski n’utilisent pas les mêmes outils et ne tiennent pas les mêmes propos mais, l’un comme l’autre, par la médiation de leurs œuvres respectives, attestent que la pensée de l’art s’incarne dans des objets dont la production mobilise les infinies ressources de la technique et dont la finalité dernière est moins esthétique que poétique .

16 La conclusion est sans doute hors sujet mais le candidat espère vivement pouvoir faire admettre qu’elle n’est pas tout à fait sans objet. À l’instant du dernier mot, remontant au plus près de la technique, sans pouvoir malheureusement garantir son absolu fair-play à l’égard de l’esthétique, il s’effacera derrière Alfred Mé­traux : « L’humanité – écrit-il dans son Journal – a peut-être eu tort d’aller au-delà du néolithique... Si le néolithique avait connu l’art dentaire, je m’en serais fort bien contenté ».

Pour citer cet article

Référence électronique.

Patrick Talbot , « Dissertation en trois parties, une introduction et une conclusion, sur la technique et l’esthétique » ,  Le Portique [En ligne], 3 | 1999, mis en ligne le 14 mars 2005 , consulté le 23 février 2024 . URL  : http://journals.openedition.org/leportique/295 ; DOI  : https://doi.org/10.4000/leportique.295

Patrick Talbot

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  • La photographie en tant qu’art [Texte intégral] Photography as art Die Photographie als Kunst Article 4 Paru dans Le Portique , 30 | 2013
  • Entre Charybde et Scylla... [Texte intégral] (Correspondance entre Benoît Goetz et Patrick Talbot) Paru dans Le Portique , 4 | 1999

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La technique est-elle libératrice ou au contraire un facteur d’esclavage ?

Par Clément

Rédigé le 16 décembre 2019

3 minutes de lecture

dissertation la science et la technique

  • 01. Introduction
  • 02.  Caractère libérateur de la technique
  • 03. Facteur d’esclavage de la technique
  • 04. Conclusion

Sophie

Introduction

Le mot technique vient du mot grec tekhnê qui désignait dans l’antiquité tous types de savoir faire, permettant de remplir une activité ou de fabriquer un objet avec efficacité et de manière appropriée. Dans une acception plus large il comprend également l’ensemble des objets artificiels créés par l’homme à commencer par les outils et les machines. Ce terme de technique a deux sens : le terme désigne un savoir faire, une habileté à effectuer une action ou à produire un objet ; cette première acception nous renvoie au concept grec de la tekhnê ; le deuxième sens nous familiarise avec le progrès dans son ensemble à commencer par les outils et les machines.

Le développement technique à l’heure de son apogée au 20ème siècle peut donner l’impression que l’homme se libère toujours plus des contraintes que lui imposait jusqu’alors la nature. Il est en effet en mesure de conjuguer les maux naturels comme la faim, la maladie et la mort ou encore s’approprier l’espace qui est la maitrise du temps. Toute fois cette dynamique libératrice s’est non seulement accompagnée de maux nouveaux mais s’est transformé en servitude. Non seulement les retombés de la technique ont saccagé le paysage détruit des espèces, pollué l’atmosphère mais ont touché l’homme dans son corps et son âme en induisant une vie et une philosophie que les tristes formules : « Métro, Boulot, Dodo » et « On n’arrête pas le progrès » résument assez bien quant aux caractères mécaniques et fatales de l’existence, les slogans vont dans le sens d’une dénonciation de la technique comme facteur d’esclave et destructeur. Le problème est donc le suivant : la technique est-elle libératrice ou au contraire facteur d’esclavage ?

 Caractère libérateur de la technique

  • En temps que savoir faire, nous pouvons mettre en avant son caractère libérateur (sportif qui est plus performant car la technique est au point). En temps que technologie, elle facilite la communication, le transport ce qui entraine une ouverture sur le monde.
  • Le confort et l’allègement des tâches pénibles dans le domaine du travail grâce au machinisme permettent également d’aller dans ce sens.
  • Les progrès accomplis dans le domaine de la médecine semblent lui donner toute puissance et tout pouvoir.

Facteur d’esclavage de la technique

  • Cependant ces progrès technologique rendent indépendants (addiction).
  • Cela devient un besoin.
  • Le rapport d’addiction à la technologie peut empêcher l’ouverture à la culture.
  • Certaines formes de travail mettent l’homme dans une situation d’esclavage (travail à la chaine, France télécom).
  • La technique accentue le conformisme.
  • Les menaces sur l’homme sont effrayantes (Armes, écologie).

En philosophie cours , doit-on renoncer à la technique en raison de ses conséquences désastreuses ?

  • Le monde dans lequel on vit est essentiellement technique et un retour en arrière est peu envisageable. Le travail est essentiel pour l’homme et la technique en est caractéristique.
  • La solution se trouve dans la raison, la prise de conscience, réflexion : nous pouvons à cet égard citer le penseur et humaniste Rabelais : « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Il ne faut plus utiliser la technique pour exploiter la Nature mais pour la protéger. Il faut l’utiliser de façon mesurée.

Le développement technologique aujourd’hui met l’homme dans une situation de dépendance et d’esclavage. Toutefois l’homme peut sortir de ce cercle vicieux et ne plus être esclave de la technique à partir du moment où il accorde de l’importance à la réflexion et à l’usage de ce qui est le propre de l’homme, sa raison.

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Freelancer et pilote, j'espère atteindre la sagesse en partageant le savoir que j'ai acquis lors de mes voyages au volant de ma berline. Curieux scientifique, ma soif de découverte n'a d'égale que la durée de demie-vie du bismuth 209.

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Le progrès techniques eradite t’il la misère de l’homme

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Faut il désespérée de technique

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Le progrès technique rend-il l'être humain plus heureux ?

Copie d'un élève de terminale générale pour un devoir sur table. Note obtenue: 15/20.

Le progrès technique rend-il l'être humain plus heureux ? Le progrès technique désigne l'ensemble des éléments permettant l'amélioration du processus productif en accroissant la productivité. Être heureux est une notion plus floue, mais il pourrait s'agir de ressentir du bonheur, ce qui se traduit donc par un état de satisfaction totale, de plénitude, de stabilité. Le terme "rend-il" renvoie à un lien de cause à effet: le bonheur dépend-il du progrès technique ? À première vue, il semblerait que le progrès technique nous rende plus heureux. En effet, le progrès technique désigne un acheminement vers la connaissance et l'humain est un animal du savoir, il est donc plus satisfait lorsqu'il connaît. De plus, le progrès nous apporte du confort matériel nous permettant de mieux vivre tel que la communication instantanée avec n'importe quel individu dans le monde.

Mais est-ce si évident ? La définition même du progrès désigne un processus continu, il n'accorde donc pas la stabilité tant recherchée dans le bonheur. Par ailleurs, pouvons-nous être assurés que le bonheur procuré par le progrès technique perdurera ? En effet, la machine à vapeur apportait une certaine satisfaction au XVIIIe siècle qui n'est plus de nos jours. Le progrès technique semble donc se jouer de nous en nous plongeant dans une illusion de satisfaction. Une question se pose alors: le progrès technique est-il une réelle source de bonheur, auquel cas il nous rend plus heureux, ou est-il seulement une illusion permanente du bonheur, auquel cas il nous est nuisible ? Cette question est particulièrement importante, car elle remet en cause les intentions et les dérives du progrès technique. Est-il vraiment bénéfique à l’espèce humaine ? Malgré tout, pouvons-nous nous en passer et serions-nous plus heureux sans ?

Afin de répondre à toutes ces interrogations, nous verrons tout d'abord comment le progrès technique nous a rendus plus heureux. Puis nous poursuivrons en analysant dans quelles mesures il peut être source de nos malheurs. Et enfin, nous terminerons en expliquant que le progrès technique n'est qu'illusion et qu'il ne peut nous procurer un réel bonheur.

I. Le progrès technique nous a rendus plus heureux

Premièrement, le progrès technique nous a rendus plus heureux en subvenant de manière plus efficace à nous besoin vitaux . En effet, le progrès technique comble ce qu'Épicure appelle " désirs naturels et nécessaires " dans Lettre à Ménécée , tels que se nourrir ou encore respirer. L'industrie de l'agroalimentaire nous a, par exemple, permis d'avoir une multitude de nourritures à disposition, facilitant l'accès à la nourriture par rapport auparavant. Cette industrie s'applique d'ailleurs à rendre la nourriture plus saine, améliorant donc la santé des générations à venir. Le bonheur est fourni par le progrès technique, car il apporte l'ataraxie, soulageant l'âme de ses besoins primaires.

Par la suite, Le progrès technique dans le monde du travail a révolutionné la vie humaine . En effet, nous parlions précédemment de santé, et les machines ont totalement bouleversé ce domaine. Karl Marx détaille l'arrivée des machines dans l'industrie dans son œuvre Le Capital . Il y explique au début que les machines ont permis de faire des choses que l'homme ne pouvait pas jusqu'ici. Effectivement, dans le domaine de la médecine, cette idée prend son sens. Nous trouvons, par exemple, l'appareil auditif permettant aux malentendants de mieux percevoir les sons, ou encore l'injection d'insuline permettant aux personnes atteintes de diabète de mieux vivre au quotidien. Toutes ces avancées ont permis à l'homme de ne plus se préoccuper de la majorité des maladies lui conférant ainsi une tranquillité d'esprit et lui assurant une stabilité dans ses maux.

Le progrès technique confère donc un certain soulagement et une stabilité permettant d'être plus heureux. Toutefois, le progrès technique est également la cause de nombre de malheurs de l'être humain.

II. Le progrès technique est source de nos malheurs

Tout d'abord, le progrès technique a, dans le passé, été le déclencheur de désastres à l'échelle humaine . Effectivement, de grands faits historiques désastreux ont eu lieu par le biais du progrès technique. Prenons l'exemple des gaz utilisés lors des deux guerres mondiales tels que le gaz moutarde ou encore le Zyklon B. Ces derniers ont été développés par Heerdt et Haber, deux scientifiques allemands, et ont servi à intoxiquer des millions d'individus dans les camps de mise à mort entre 1914 et 1918 et 1939 et 1945. Durant cette dernière période, nous avons également la bombe nucléaire, développée par plusieurs scientifiques faisant partie du "Projet Manhattan", qui a causé des centaines des milliers de morts à Nagasaki et Hiroshima lorsqu'elle leur a été envoyée par les États-Unis en 1945. Cette avancée technique est par ailleurs toujours source de problème, car nombreux sont les pays en conflit la possédant et que nous savons maintenant qu'elle a la capacité d'éradiquer une ville en quelques secondes. Le progrès technique e-a donc provoqué des malheurs et est encore aujourd'hui au cœur de nos tourments.

De plus, le progrès technique a remplacé l'être humain au cours du temps . En effet, dans le monde du travail cité précédemment, les machines semblent avoir retiré à l'homme son individualité. C'est ce qu'explique Karl Marx dans la suite de son œuvre mais c'est aussi le propos que tient Gilbert Simondon dans son œuvre Du monde d'existence des objets techniques en 1969. Les deux hommes expliquent donc qu'avec le temps, l'industrie des machines a remplacé l'artisanat. Ils expliquent également que cela est mauvais, car il retire à l'humain sa singularité dans le travail et l'enferme dans l'automate des machines. Cela signifie donc que l'homme n'a plus l'impression de progresser, car on ne se sert plus de sa position intuitive. L'avancée technique empêche donc l'avancée humaine et procure une sentiment d'obsolescence chez l'humain.

Le progrès technique est donc source de malheur chez l'espèce humaine et il est bien plus que cela, car les sources de bonheur qu'il octroie sont illusoires.

III. Le progrès technique n'est qu'illusion

Dans un. premier temps, le progrès technique laisse trop d'opportunités à l'homme . Effectivement, le progrès technique a permis énormément de possibilités de vie, malheureusement le temps de vie est toujours le même. C'est ce qu'explique Hartmut Rosa dans Aliénation et accélération en 2010. Il y explique qu'une bonne vie de nos jours signifie une vie accomplie et pleine d'expériences, ce qui explique pourquoi l'homme moderne ne se contente plus de quelques expériences. La possibilité de choix presque infinie de modes et d'expériences de vie devient donc frustrante pour l'être humain, car il ne peut pas tout avoir. Le progrès technique est ici illusoire parce qu'il laisse penser que plus de portes il y a, plus nous avons de chance d'en ouvrir une bonne, mais malheureusement l'homme a tendance à toujours voir l'herbe plus verte dans le jardin du voisin ce qui le frustre.

Par la suite, le progrès technique apporte des solutions à des problèmes qu'il a lui-même créé . En effet, c'est ce que détaille Freud dans Malaise dans la civilisation . Il l'illustre avec l'exemple suivant: nous n'aurions pas besoin de communiquer par le télégramme avec nos amis débarqués (car inquiet de leur situation) si le voyage en mer n'avait jamais été rendu possible. Dans le fait, ces amis seraient restés proches de nous et nous n'aurions pas de soucis à nous faire. Nous comprenons donc bien ici que le progrès technique se joue de nous, car il nous apporte des solutions, de surcroît moins satisfaisantes que notre situation de départ (un télégramme n'équivaut pas à un dialogue de vive voix), à des problèmes qu'il a engendrés.

Enfin, le progrès technique peut mener à notre extinction s’il progresse comme il le fait de nos jours . Effectivement, le progrès technique détruit notre environnement et cela pourrait causer notre perte. Hans Jonas l'explique dans Le principe responsabilité dès 1979. Il dit donc que la soumission de la nature est privilégiée afin que le bonheur humain soit assouvi. Nous pouvons imager cela avec l'industrie du textile. En effet, cette industrie permet aux humains, occidentaux tout du moins, de jouir du large choix de vêtements octroyé par la fast-fashion. Toutefois, nous savons que ce mode de production est une des sources principales du gaspillage (produisant trop par rapport aux ventes faites), qui mène donc au réchauffement climatique et qui finira un jour par totalement détruire notre Terre. Ce progrès technique est une illusion du bonheur, car il accorde à l'humain une satisfaction éphémère cachant un désastre écologique qui apporte dans la finalité plus de malheur à l'espèce humaine que de bonheur.

En définitive, le progrès technique à su rendre l'humain plus heureux par le passé, car il lui était bénéfique en soulageant les inquiétudes de l'époque. De nos jours, le progrès technique n'offre qu'une illusion du bonheur, car il est hors du contrôle de l'homme et qu'il n'a su créer que des solutions à des problèmes qu'il entraînait.

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Husserl, Les rapports entre la vérité et la science

Husserl, Les rapports entre la vérité et la science

« La vérité ou la fausseté, la critique et l'adéquation critique des données évidentes, voilà autant de thèmes banals qui déjà jouent sans cesse dans la vie pré-scientifique. La vie quotidienne, pour ses fins relatives et variables, peut se contenter d'évidences et de vérités relatives. La science, elle, veut des vérités valables une fois pour toutes et pour tous; définitives; et, partant, des vérifications renouvelées et ultimes. Si, en fait, comme elle-même doit finir par s'en convaincre, la science ne réussit pas à édifier un système de vérités "absolues", si elle doit sans arrêt modifier les valeurs "acquises", elle obéit pourtant à l'idée de vérité absolue, de vérité scientifique, et elle tend par là même à un horizon infini d'approximations qui convergent toutes vers cette idée. A l'aide de ces approximations, elle croit pouvoir dépasser la connaissance naïve, et aussi se dépasser infiniment elle-même. Elle croit le pouvoir aussi par la fin qu'elle se pose, à savoir l'universalité systématique de la connaissance »    

Thème, thèse, problématique

Commentaire d'Husserl  Husserl, Les rapports entre la vérité et la science

Thème  Vérité dans les sciences et la vie quotidienne  Thèse  Montrer que la science  ne peut pas se contenter de vérités relatives mais veut des vérités absolues  Problématique  De quelle vérité s'agit-il dans la science et pourquoi ne peut-elle pas se contenter de vérités relatives? 

Autre corrigé du texte 

  • Exemple de rédaction : introduction et première partie du texte de Husserl

Les mouvements du texte

Mouvement 1  Du début à "renouvelées et ultimes"  L'auteur pose sa thèse selon laquelle la science veut des vérités absolues et non relatives.  Mouvement 2 "Si, en fait, comme elle-même doit finir"... à la fin  C'est un idéal de croire que l'on peut atteindre une vérité absolue en se basant sur le progrès.   

Analyse du mouvement 1

Mouvement 1 « La vérité ou la fausseté, la critique et l'adéquation critique des données évidentes, voilà autant de thèmes banals qui déjà jouent sans cesse dans la vie pré-scientifique. La vie quotidienne, pour ses fins relatives et variables, peut se contenter d'évidences et de vérités relatives. La science, elle, veut des vérités valables une fois pour toutes et pour tous; définitives; et, partant, des vérifications renouvelées et ultimes.

     La science a créé son discours traditionnel qui crée de fausses évidences, il s'agit du discours scientifique tenu depuis Galilée. Husserl cherche à montrer ce qu'est la science sans exclure le monde préscientifique de l'intuition sensible. 

I - La science veut des vérités absolues et non relatives.  1 - Dans notre extrait, Husserl s'interroge sur les rapports entre la vérité et la science. Par souci de répondre à ce questionnement, c'est en opposant l'attitude quotidienne de l'attitude scientifique que le phénoménologue procède. Dans le monde de la vie, la vie est en lien avec la vérité, il y a ce qu'Husserl appelle les évidences vécues. 

2 - Les concepts de vérité ou fausseté n'ont pas l'exclusivité scientifique. Ces notions nous accompagnent dans notre quotidien et nos actes les plus ordinaires comme lorsque nous agissons ou échangeons. Ce monde préscientifique de l'intuition sensible, du subjectif et ce monde sont indépassables même par la science. L'homme peut induire, faire ses expériences et obtenir ses certitudes. Par exemple, le soleil se lèvera demain. Mais il ne peut pas s'adapter au schéma d'une science qui tente de mathématiser la nature en faisant abstraction de toutes les évidences vécues.

3 - Cependant les notions de vérité et d'évidence n'ont pas le même sens dans le concret de notre vie quotidienne et dans le domaine scientifique. En partant du présupposé d'Husserl "seul le monde de la vie donne du sens à la vie elle-même", le mépris de la science en refusant tout ce qui est subjectif nous égare dans notre existence. La science est dans la contradiction qui consiste à dévaloriser le monde de la vie. Husserl tente de justifier cet égarement de la science pour le comprendre.  Dans notre réalité concrète de tous les jours, nos fins sont relatives, elles dépendent de notre volonté, de nos désirs.  Le domaine scientifique ne vise pas l'action, sa quête est celle d'une vérité définitive.   

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Science et littérature

Par gilas   •  31 Mai 2017  •  Dissertation  •  1 383 Mots (6 Pages)  •  39 004 Vues

A l’aide d’exemples précis tirés de votre expérience de lecteur, vous commenterez cette remarque d’André MAUROIS dans « Lettre à un jeune homme »   : « Je ne pense pas que l’importance de la science dans notre société signifie la fin de et de la littérature. La science donne à l’homme un pouvoir grandissant sur le monde extérieur ; la littérature l’aide à mettre de l’ordre dans son monde intérieur. Les deux fonctions sont indispensables ».

En ce 21 ème  siècle débutant où la technique est au sommet de ses performances avec les technologies de pointe les plus sophistiquées aux quatre coins du monde, le débat sur la place de l’art en général et de la littérature en particulier, en comparaison avec celle des sciences, ne peut que rebondir avec plus de bruit sous l’effet des pressions de la vision utilitariste. L’on a souvent envie d’oublier l’un au profit de l’autre. Si André MAUROIS entre dans le sujet c’est pour concilier les deux formes de connaissance du monde en précisant que «  les deux sont indispensables  » puisque l’une est un pouvoir et l’autre un savoir. Les deux agiraient en même temps sur le corps et l’esprit de l’homme ; mais qu’apportent-elles concrètement dans ce rôle de construction ou de réalisation de l’homme total ? Nous verrons cela en recherchant l’influence pratique de la science et de l’art sur le monde environnant dans lequel l’homme est plongé, puis sur la personne même de l’être humain. Sans doute se rendra-t-on compte si cette influence est toujours aussi élogieuse comme beaucoup pourraient le croire.

« La  science donne à l’homme un pouvoir grandissant sur le monde extérieur  », reconnaît André MAUROIS. On retient distinctement de cela que la science est un pouvoir, et ce n’est pas peu dire, d’ailleurs il s’agrandit année après année au fil de l’histoire. DESCARTES avait déjà dit cela dans le célèbre Discours de la méthode  lorsqu’il tranchait que la science allait nous rendre (les hommes) «  maîtres et possesseurs de la nature  ». Ainsi, qui possède la science gouverne le monde, ou plus exactement le monde extérieur. Le concept de science est si vaste et si diversifié que l’on ne peut s’arrêter qu’à cette généralité du dictionnaire : ensemble cohérent de connaissances relatives à certaines catégories de faits, d’objets ou de phénomènes. Définition bien insuffisante, mais seules importent les implications. Les domaines de la science sont nombreux et l’esprit philosophique distingue trois niveaux principaux :

- Les mathématiques et la logique sont le domaine de l’analyse des quantités dont l’abstraction a permis les calculs algébriques, arithmétiques, géométriques, et même biométriques les plus pointus.

- Les sciences de la matière (physiques et chimie) en utilisant les êtres mathématiques ont pu arriver au stade actuel de la division la plus petite de l’atome, le premier élément de la matière

- Les sciences du vivant étudient la matière vivante et elles ont évolué au point de se permettre sur des corps vivants les expériences les plus folles comme les greffes, et les autres réussites.

Quant aux sciences humaines elles concernent l’évolution et les mouvements des sociétés humaines ; il s’agit de l’histoire, de la sociologie et des autres.

Toutes ces recherches sont menées depuis plusieurs siècles dans le but de conquérir la nature pour la mettre au service de l’homme, de façon à ce qu’il se nourrisse, s’habille, se déplace dans des conditions idéales de facilité. La science tend ainsi à défier Dieu en recréant pour l’homme et sur la terre le paradis d’où il a été chassé à la suite du péché qui a irrité le créateur. C’est ainsi une course sans fin vers la perfection dans laquelle la science renouvelle chaque jour ses méthodes pour des expériences nouvelles. C’est pourquoi Gaston BACHELARD (1884-1962) peut affirmer que : «  toute la pensée scientifique doit changer devant une expérience nouvelle ; un discours sur la méthode scientifique sera toujours un discours de circonstance  ».

Mais les utilisations des produits d’expériences scientifiques ne sont pas forcément une sécurité pour le monde. Si la science peut construire avec beaucoup de précision, elle peut aussi détruire avec la même aisance. Ne voit-on pas que l’avion qui n’était au départ qu’un moyen de transport, s’est adapté pour devenir l’arme de guerre la plus redoutable ? Et que dire de la bombe, ou de l’arme bactériologique, ou chimique, ou nucléaire ? En vérité, les guerres les plus meurtrières sont celles qui ont utilisé les produits les plus inattendus de toutes les industries. Aujourd’hui on peut croire que le monde s’avance vers sa propre destruction, par le fait des découvertes scientifiques plus audacieuses, liées au caractère belliqueux de certains dirigeants politiques qui ont marqué chaque génération. Comment alors sortir du cercle vicieux ? Y a-t-il un moyen d’éviter le chaos ?

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