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L'union fait-elle la force ?

Thèmes abordés.

Union, force, gouvernement démocratique, sociabilité, puissance , affirmation

Résumé du document

Si nous pensons à l'union nous imaginons de manière spontanée un lien qui relie les individus. Il peut être amoureux, l'union sera alors maritale et l'expression « s'unir par les liens sacrés du mariage » serait une image parfaite de cette alliance. En poussant l'analogie nous remarquerons que l'union est générée par un contrat, dans le cas du mariage il s'agit évidemment du contrat de mariage, mais si nous étendons l'union de deux êtres à un ensemble politique, le contrat prend la forme d'un ensemble de lois qui unit les hommes autour d'un intérêt commun. Nous pouvons alors penser aux fédérations comme les Etats-Unis, ou l'Union-Européenne, ou encore le Royaume-Uni, chacune de ces trois dénominations comportant le mot « union ».

[...] Toute fois il est difficile de concevoir l'union sans une force individuelle et personnelle de l'individu. Cette puissance de l'homme n'est réellement actualisée que dans l'opposition, aussi la révolte est elle à la fois la force de l'union et le pouvoir de soulèvement de l'homme contre les forces qui le nuisent. Enfin nous pouvons dire que la politique est nécessairement pensée et fondée sur l'union des hommes, qu'elle soit artificielle ou spontanée. La politique ne se développe que dans le collectif et un homme avec de grand pouvoir reste impuissant s'il est seul. [...]

[...] Pourtant une solidarité, une union humaine se dégage de la lutte pour accéder aux droits de l'humanité. En effet dans L'homme révolté Camus nous dit que la révolte doit avant tout être individuelle, car elle est l'affirmation de l'existence, mais en affirmant ses propres droits nous affirmons aussi quelque chose en nous pour lequel nous pouvons nous battre. Or ce quelque chose n'est pas individuel, mais universel, car il s'agit de l'humanité. Nous cherchons à faire respecter la dignité humaine, dans notre propre dignité bafouée, nous reconnaissons donc l'humanité dans l'homme. [...]

[...] Aussi, qu'il se meut sous l'impulsion de l'union dans les sociétés closes, ou qu'il se soumet à une hiérarchie dans les sociétés abstraites, il agit dans, ou au service de la force. Mais cette vision n'inclue pas la force inhérente à l'homme lui-même, car il ne se renforce pas que dans l'union, il s'affirme aussi dans l'opposition. En effet pour affirmer son existence, l'homme se meut contre quelque chose, il créé un nœud qui sera sans cesse dépassé par une résolution du conflit, résolution qui s'obtient souvent par la lutte. [...]

[...] Victor Hugo dans Les Misérables met en scène une insurrection du peuple. Nous vivons la scène du point de vue des insurgés qui sont pour la plupart des jeunes idéalistes, mus par l'espoir qu'ils fondent dans la république et le progrès. Cette insurrection prend source dans une émeute qui éclate durant l'enterrement de Lamarque. A cette occasion Hugo réserve des pages à la distinction entre l'émeute et l'insurrection. Ce qui nous intéresse dans cette différenciation est de savoir qu'elle est véritablement la force qui se dégage de la révolte. [...]

[...] L'union politique est donc le lieu dans lequel les forces rassemblées aboutissent à un pouvoir de multiplication des pouvoirs, donnant ainsi plus de puissance au groupe. Mais cette conception de l'union n'est elle pas uniquement possible dans une société restreinte, dans lesquelles les liens entre les membres sont de nature interdépendante ? Que dire de l'union dans une société plus vaste ? Mais la conception de l'union varie selon la société dans laquelle nous nous trouvons. Pour une société restreinte comme une cité, il est plus simple de trouver un lien entre chaque citoyen. [...]

  • Nombre de pages 10 pages
  • Langue français
  • Format .doc
  • Date de publication 18/06/2012
  • Consulté 7 fois
  • Date de mise à jour 18/06/2012

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Introduction

  • Presses universitaires de Rennes

Presses universitaires de Rennes

L’union fait la force

Ce livre est recensé par

« Mon Sujet est Haïti, la République Noire 1 . »

Frederick Douglass

1 Frederick Douglass, le célèbre militant noir américain du xix e  siècle et l’un des principaux héros de cet ouvrage, éprouvait pour la patrie de Toussaint Louverture une fascination sans pareille. Tout au long du xix e  siècle, Haïti, nation noire qui avait acquis son indépendance à la suite d’une révolution sanglante, suscita aux États-Unis toute une palette de sentiments, de l’obsession phobique à l’admiration enthousiaste, et demeura longtemps du reste l’un des sujets de débats et controverses de prédilection des Américains, quelle que soit leur « race 2  ».

2 À l’échelle de la nation américaine, la Révolution haïtienne fut indéniablement un événement marquant aux conséquences majeures pour l’histoire des États-Unis, conséquences se répercutant sur toutes les populations – blanche, noire, amérindienne – alors présentes sur le continent américain, car c’est elle qui contraignit Napoléon à se séparer de la Louisiane au pr

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Couverture Vierge ou putain ?

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Processus de marginalisation des prostituées de San José

Marion Giraldou

Couverture Les Premiers Irlandais du Nouveau Monde

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Une migration atlantique (1618-1705)

Élodie Peyrol-Kleiber

Couverture Régimes nationaux d’altérité

Régimes nationaux d’altérité

États-nations et altérités autochtones en Amérique latine, 1810-1950

Paula López Caballero et Christophe Giudicelli (dir.)

Couverture Des luttes indiennes au rêve américain

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Migrations de jeunes zapatistes aux États-Unis

Alejandra Aquino Moreschi Joani Hocquenghem (trad.)

Couverture Les États-Unis et Cuba au XIXe siècle

Les États-Unis et Cuba au XIX e  siècle

Esclavage, abolition et rivalités internationales

Rahma Jerad

Couverture Entre jouissance et tabous

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Les représentations des relations amoureuses et des sexualités dans les Amériques

Mariannick Guennec (dir.)

Couverture Le 11 septembre chilien

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Le coup d’État à l'épreuve du temps, 1973-2013

Jimena Paz Obregón Iturra et Jorge R. Muñoz (dir.)

Couverture Des Indiens rebelles face à leurs juges

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Espagnols et Araucans-Mapuches dans le Chili colonial, fin XVII e siècle

Jimena Paz Obregón Iturra

Couverture Capitales rêvées, capitales abandonnées

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Considérations sur la mobilité des capitales dans les Amériques (XVIIe-XXe siècle)

Laurent Vidal (dir.)

Couverture L’homme-proie

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Infortunes et prédation dans les Andes boliviennes

Laurence Charlier Zeineddine

Couverture L’imprimé dans la construction de la vie politique

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Brésil, Europe et Amériques (XVIII e -XX e  siècle)

Eleina de Freitas Dutra et Jean-Yves Mollier (dir.)

Couverture Le nouveau cinéma latino-américain

Le nouveau cinéma latino-américain

(1960-1974)

Ignacio Del Valle Dávila

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Édition imprimée

1 Douglass  F., Lecture on Haiti , Washington, D.C., The Violet Agents Supply Co., 1893, p. 7. Sauf indication contraire, toutes les traductions sont celles de l’auteure.

2 L’usage de ce terme dans le présent ouvrage sera discuté plus loin dans cette introduction.

3 « À Paris, l’échec de l’expédition de Saint-Domingue, la mort du général Leclerc […] et l’approche de la reprise des hostilités avec la Grande-Bretagne obligèrent peu à peu Bonaparte et Talleyrand à réviser leurs plans d’expansion coloniale. […] [L]e Premier consul se décide à vendre la Louisiane plutôt qu’à la voir tomber aux mains des Anglais », Rossignol  M.-J., Le ferment nationaliste , Paris, Belin, 1994, p. 252. Barbé-Marbois avait d’ailleurs clairement lié la cession de la Louisiane aux États-Unis à la Révolution haïtienne et l’échec de la reconquête de Saint-Domingue par Napoléon Bonaparte : « Les événements dont Saint-Domingue fut alors le sanglant théâtre, sont étroitement liés à l’histoire du traité de cession », Barbé de Marbois  F., Histoire de la Louisiane et de la cession de cette colonie par la France aux États-Unis de l’Amérique septentrionale ; précédée d’un Discours sur la constitution et le gouvernement des États-Unis , Paris, Imprimerie de Firmin Didot, 1829, p. 201. Sur les conséquences de la Révolution haïtienne, notamment dans l’aire anglophone, voir l’ouvrage d’Alejandro E.  Gómez , Le spectre de la révolution noire. L’impact de la révolution haïtienne dans le monde atlantique, 1790-1886, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013. Voir aussi W hite  A., Encountering Revolution : Haiti and the Making of the Early Republic , Baltimore and London, Johns Hopkins University Press, 2010.

4 Dans notre ouvrage, « la première partie du xix e  siècle » désigne les années 1800 à 1865 (1865 étant la date de l’abolition de l’esclavage aux États-Unis par le biais de la ratification du 13 e  amendement à la Constitution), « la seconde partie du xix e  siècle » désignant quant à elle la période post-esclavagiste, de 1865 à la fin du siècle.

5 L’île caribéenne sur laquelle coexistent actuellement deux pays, à savoir, sur son tiers ouest, Haïti, et sur les deux autres tiers, à l’est, la République dominicaine, fut désignée par différents noms en français comme en anglais, depuis sa découverte en 1492 par Christophe Colomb (qui la nomma Hispaniola). Pour simplifier les choses, nous désignerons la totalité de l’île sous le nom d’« Hispaniola », la colonie française sous le nom de « Saint-Domingue », la république noire sous le nom d’« Haïti », et la partie espagnole de l’île indifféremment sous les appellations « République dominicaine » (son nom officiel à partir de 1844) ou « Santo-Domingo ».

6 Voir Gilroy  P., The Black Atlantic: Modernity and Double Consciousness , Cambridge, Harvard University Press, 1993.

7 Voir Agudelo  C., Boidin  C. et Sansone  L. (dir.), Autour de « L’Atlantique noir » : une polyphonie de perspectives , Paris, Éditions de l’IHEAL, 2009.

8 C’est dans les années 1970 après la lutte pour les droits civiques, que le champ d’étude africain-américain se développa dans les universités américaines, où l’on ouvrit des départements d’« Études Noires ». Le premier département de Black Studies a été créé en 1968 à l’Université d’État San Francisco State University , sous l’égide du sociologue Nathan Hare, qui avait été recruté par l’Université le 1 er  février 1968, en tant que premier coordonnateur d’un programme d’« Études Noires ». Pour une histoire des Black Studies , voir par exemple Rojas  F., From Black Power to Black Studies: How a Radical Social Movement Became an Academic Discipline, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 2007.

9 Manning est un spécialiste américain de l’histoire mondiale et de l’histoire globale, fondateur du réseau international d’histoire mondiale World History Network . Voir Manning  P., The African Diaspora: A History through Culture , New York, Columbia University Press, 2010.

10 Nous utilisons le mot « culture(s) » au sens anthropologique du terme, à savoir, comme l’environnement « secondaire » fabriqué par l’homme.

11 Chivallon  C., La Diaspora noire des Amériques : expériences et théories à partir de la Caraïbe , Paris, CNRS Éd., 2004, p. 12.

12 Chivallon précise d’ailleurs que la recherche anthropologique en France doit au titre du célèbre ouvrage de Roger Bastide , Les Amériques Noires : Les civilisations africaines dans le Nouveau Monde (Paris, Payot, 1967), cette dénomination qui associe une aire géographique à une caractéristique phénotypique de la population. Voir ibid ., p. 13.

13 Schnapper  D., « De l’État-nation au monde transnational. Du sens et de l’utilité du concept de diaspora », Revue européenne de migrations internationales , vol. 17, n° 2 « Débats contemporains », 2001, p. 9-36, p. 9, 31.

14 Dufoix  S., La dispersion : une histoire des usages du mot diaspora , Paris, Éd. Amsterdam, 2011, p. 15.

15 Dufoix  S., Les diasporas , Paris, Presses universitaires de France, 2003, p. 3-4.

16 Edwards B. H., « The Uses of Diaspora », Social Text , vol. 19, n° 1, printemps 2001, p. 45-73, p. 46.

17 Voir Shepperson  G., « The African Abroad or the African Diaspora », in Emerging themes of African history : proceedings of the International congress of African historians held at University college, Dar es Salaam, [from 26 th September to 2 nd ] October 1965 , T. O. Ranger, Éd. Nairobi : East African publishing House, 1974, p. 152-176.

18 Edwards établit un rapport de cause à effet entre l’apparition du terme diaspora dans les Études Noires et l’institutionnalisation de ces mêmes études au sein des universités américaines dans les années 1970, où l’on créait des Départements de Black Studies dans le but déclaré de vouloir étudier l’histoire des Africains-Américains (aux États-Unis et dans le reste du Nouveau Monde) en relation avec l’histoire de tous les autres Africains dispersés dans le monde entier ; les Black Studies avaient explicitement, dès leur création, un biais diasporique – l’origine commune de cette diaspora étant la traite atlantique. Voir Edwards , op. cit ., p. 56-57.

19 Shepperson , op. cit ., p. 152.

20 Ibid ., p. 172-174.

21 Chivallon , La Diaspora noire, op. cit ., p. 25.

22 Mintz S. W. et Price  R., The Birth of African-American Culture: An Anthropological Perspective , Boston, Beacon Press, 1992, p.  xi .

23 Voir Moses W. J., Classical Black Nationalism: From the American Revolution to Marcus Garvey , New York, London, New York Press, 1996.

24 Chivallon , La diaspora noire , op. cit ., p. 168.

25 Voir Smedley  A., « “Race” and the Construction of Human Identity », American Anthropologist , New Series, vol. 100, n° 3, septembre 1998, p. 690-702, p. 694-695. Voir aussi, du même auteur, Race in North America : Origin and Evolution of a Worldview, Boulder, Westview Press, 1999, p. 690.

26 Allen T. W., The Invention of the White Race , 2 vol., London, New York, Verso, 1994-1997.

27 C’est la thèse d’Edmund Sears Morgan dans American Slavery, American Freedom: The Ordeal of Colonial Virginia, New York, W. W. Norton & Co., 1975, p. 328 ; l’alliance des grands et petits propriétaires autour de leur origine blanche anglo-saxonne se fit au moment de Bacon’s Rebellion en Virginie. Voir aussi Berlin  I., Many Thousands Gone: The First Two Centuries of Slavery in North America , Cambridge, Belknap Press of Harvard University Press, 2003, p. 26-28.

28 Nous entendons par « ère coloniale » la période de l’histoire des États-Unis allant de la fondation de la première colonie britannique de Jamestown (Virginie) en 1607 jusqu’à la publication de la déclaration d’Indépendance du 4 juillet 1776 dans laquelle figure la première mention d’une nation regroupant toutes les colonies britanniques sous le nom d’États-Unis d’Amérique.

29 En 1662, 21 ans après que le Massachusetts eut légalisé l’institution de l’esclavage, la Virginie fut la première colonie à passer une loi instituant le caractère héréditaire de l’esclavage ; le statut d’esclave se passant de mère noire à enfant (c’est le principe de partus sequitur ventrem ). Voir Moore W. E., « Slave Law and the Social Structure », The Journal of Negro History , vol. 26, n° 2, avril 1941, p. 171-202, p. 185. Voir aussi Berlin , Many Thousands Gone, op. cit ., p. 91, 109.

30 Les premières documentations pseudo-scientifiques concernant la classification des êtres humains firent leur apparition au xviii e  siècle avec des naturalistes tels que Carolus Linnaeus (un botaniste suédois considéré comme l’un des premiers « classificateurs »), le Comte de Buffon, et Johann Blumenbach (un professeur de médecine en Allemagne). Voir notamment Smedley , Race in North America, op. cit. , p. 163.

31 Voir Morton S. G., Crania Americana , Philadelphie, J. Dobson, 1839.

32 « Reproduction of the Questions on Hispanic Origin and Race From the 2010 Census », in « Overview of Race and Hispanic Origin: 2010 », U.S. Department of Commerce, Economics and Statistics Administration, U.S. Census Bureau, mars 2011, p. 1.

33 Douglass  F., Life and Times of Frederick Douglass , Radford, Wilder Publications, 2008 (1881), p. 244. C’est aussi l’avis des historiens qui se sont récemment intéressés à l’histoire des élites noires américaines. Ce « mouvement » fut lancé par Julie Winch dans les années 1990, puis développé davantage dans les années 2000 par Richard S. Newman. Ces derniers ont étudié ces Noirs qui, grâce à leur statut de Noir libre, ont structuré la communication au sein de la communauté, dialogué avec les abolitionnistes blancs, etc. Voir Winch  J., Philadelphia’s Black Elite: Activism, Accommodation, and the Struggle for Autonomy, 1787-1848 , Philadelphia, Temple University Press, 1993 ; Newman R. S., Freedom’s Prophet: Bishop Richard Allen, the AME Church, and the Black Founding Fathers , New York, New York University Press, 2008 ; voir aussi Winch  J ., A Gentleman of Color: the Life of James Forten , Oxford, New York, Oxford University press, 2002 ; Winch  J., The Elite of Our People: Joseph Willson’s Sketches of Black Upper-Class Life in Antebellum Philadelphia , University Park, Pennsylvania State University Press, 2000.

34 Lepetit  B., « De l’échelle en histoire », in Jacques Revel (dir.), Jeux d’échelles : la micro-analyse à l’expérience , Paris, Gallimard, Le Seuil, 1996, p. 92.

35 Kekeh-Dika  A.-A., Le Dantec-Lowry  H. (dir.), Formes et écritures du départ, incursions dans les Amériques noires , Paris, Montréal (Québec), Torino, L’Harmattan, 2000, p. 13.

37 Rudwick E. M. et Meier  A., Black History and the Historical Profession : 1915-1980 , Urbana, Chicago, University of Illinois press, 1986, p. 239.

38 Wright W. D ., Critical Reflections on Black History , Westport, Praeger, 2002, p.  viii .

39 Malgré la proximité géographique entre les États-Unis et Haïti, et en dépit de la proximité temporelle entre leurs révolutions respectives, peu de recherches ont été menées par les Américains sur les relations entre les deux nations au x ix e  siècle. L’étude la plus exhaustive de ces relations entre les États-Unis et Haïti est sans conteste celle de Rayford W.  Logan , The Diplomatic Relations of the United States with Haiti 1776-1891 (Chapel Hill, The University of North Carolina Press, 1941). Logan y pose les bases de l’histoire dite atlantique mais aussi post-coloniale de la période des révolutions en soulignant les interactions entre les nombreux pouvoirs (notamment la France et la Grande-Bretagne, mais aussi l’Espagne) en place à cette période autour d’Haïti (et de la République dominicaine). La grande force et originalité de son étude est qu’elle se fonde sur une lecture exhaustive des archives diplomatiques françaises, ainsi que d’autres sources en français dont des sources secondaires et des journaux, mais aussi des sources diplomatiques américaines, des archives gouvernementales haïtiennes, et des documents privés trouvés en Haïti.

40 Voir par exemple : Painter N. I., Exodusters: Black Migration to Kansas after Reconstruction , New York, Alfred A. Knopf, 1977 ; Grossman J. R., Land of Hope: Chicago, Black Southerners, and the Great Migration , Chicago, London, The University of Chicago Press, 1989 ; Lemann  N., Promised Land: Great Black Migration and How it Changed America , London, McMillan, 1991.

41 Voir par exemple : Dessens  N., From Saint-Domingue to New Orleans: Migration and Influences , Gainesville, University Press of Florida, 2007.

42 Parfois orthographié « L’Ouverture ».

43 Miller  F., The Search for a Black Nationality: Black Emigration and Colonization, 1787-1863 , Urbana, University of Illinois Press, 1975.

44 Dixon  C., African Americans and Haiti: Emigration and Black Nationalism in the Nineteenth Century , Westport, Greenwood Press, 2000.

45 L’ouvrage récent de Sara Fanning examine le mouvement d’émigration volontaire en Haïti dans les années 1820 ( Caribbean Crossing: African Americans and the Haitian Emigration Movement , New York, London, New York University Press, 2015).

Ce livre est cité par

  • Johnson, Ronald Angelo. (2020) Africans and Immigrants: Haitian Contributions to the African Protestant Movement in Early America. Revue française d’études américaines , N° 164. DOI: 10.3917/rfea.164.0038
  • Dessens, Nathalie. (2020) Réinterpréter les migrations des gens de couleur libres : La Nouvelle-Orléans dans l’espace atlantique au XIXe siècle. Revue française d’études américaines , N° 164. DOI: 10.3917/rfea.164.0023
  • Mongey, Vanessa. (2019) Going home: The back-to-Haiti movement in the early nineteenth century. Atlantic Studies , 16. DOI: 10.1080/14788810.2018.1434283

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« L'union fait la force »: les réseaux de famille, les mariages exogames et l'identité acadienne, 1881-1937

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sujet de dissertation l'union fait la force

  • McNally, Marie
  • Suzanne Morton (Supervisor)
  • Cette thèse s'intéresse à la définition de l'identité acadienne et à la négociation de l'appartenance au groupe au tournant du 20e siècle. Cette période charnière considérée comme une « Renaissance acadienne » voit l'émergence de nouvelles élites acadiennes qui assurent l'élaboration d'un premier mouvement nationaliste et d'un projet de société propre aux communautés catholiques françaises des provinces maritimes. Notre travail s'intéresse à la période des dix Conventions nationales acadiennes organisées entre 1881 et 1937 puisque ces rassemblements facilitent les discussions des chefs de file concernant la définition du groupe comme une « grande famille » qui s'étend à tous les descendants de la Déportation acadienne de 1755. En plus de la construction identitaire élaborée dans le contexte de ce discours, cette thèse explore les nuances de l'appartenance au groupe à l'époque d'importantes transformations socioéconomiques en Amérique du Nord. Ces changements ont des conséquences sur la culture acadienne et sur l'expansion des réseaux familiaux et communautaires. Nous explorons ainsi les effets de ces changements sur le mariage, et plus spécifiquement, sur le mariage à l'extérieur du groupe. Le mariage exogame, dans ce cas, permet de retracer et d'explorer comment les hommes et les femmes ont exprimé leur appartenance au groupe, ou à divers groupes, par l'établissement de liens intimes entre eux et leurs voisins.Le lien entre le foyer et le projet national a été peu exploré en Acadie. Bien que certains historiens aient considéré les stratégies matrimoniales et la construction de réseaux sociaux en Acadie avant le Grand Dérangement, le mariage à la suite de cette période n'est qu'étudié en rapport à la « survivance » de la culture acadienne. Le mariage exogame n'a pas trouvé sa place dans ce récit et son interprétation a généralement été limitée à l'assimilation et à la perte de l'identité. Comment ainsi définir l'appartenance d'une culture en évolution et l'exogamie d'un groupe hétérogène? L'exogamie n'est pas interprétée de la même façon par l'élite que par les diverses communautés de la diaspora acadienne. En effet, le groupe n'est pas toujours défini par ses origines ethniques, car l'appartenance est aussi influencée par le genre, la région et la classe sociale. Nous constatons que les réseaux sociaux sont complexes, car à la suite de leur Grand Dérangement, les communautés acadiennes s'adaptent à de nouvelles conditions socioéconomiques, démographiques et environnementales. Cette thèse utilise une multitude de sources quantitatives et qualitatives pour présenter une nouvelle interprétation de la période de la « Renaissance acadienne » en explorant l'histoire sociale, culturelle et intellectuelle afin de révéler la complexité de la construction identitaire à cette période.
  • This dissertation explores the construction of a collective Acadian identity at the turn of the 20th century and the different ways in which individuals negotiated belonging through marriage practices. This period is often considered the "Acadian renaissance," a time that witnessed the emergence of a socio-economic elite who celebrated the idea of a united extended "family" sharing a common history. Ten Acadian national conventions, organized between 1881 and 1937, provide the time frame for this study. The latter outlined a first nationalist project for the Maritime Provinces' French Catholic communities.Beyond this broad definition of Acadian unity, this dissertation explores how individuals, families and communities defined belonging to the group on an intimate level. Marriage, specifically out-group marriage, is at the centre of this study as it reveals the multiple definitions of the group and how individuals negotiated these definitions at a time of significant socio-economic transformations. The consequences of these changes on Acadian communities were often subtle and far-reaching: they were present in Acadian culture and contributed to the expansion of family and community networks. This link between the private sphere and the national project has not been explored in this period of Acadian history. Although some historians have considered marriage strategies and the construction of social networks in Acadia before the Expulsion of 1755, marriage after this period has been limited to the "survival" narrative of Acadian culture. Exogamy, in this context, has largely been interpreted within a framework of assimilation and loss of identity. How can belonging be defined for an evolving Acadian identity and how can exogamy be defined for a heterogeneous group? The definition of exogamy was not the same for the nationalist leaders and the multiple communities that made up the Acadian diaspora. This dissertation argues that belonging did not always depend on ethnicity, as it varied according to gender, region and social class. Family and social networks are complex and more so as communities adapt to new socio-economic conditions, diverse populations and specific environments. By using several quantitative and qualitative sources, this thesis draws on social, cultural and intellectual history to present a new interpretation of the "Acadian renaissance" which reveals the individual and localized experiences that are too often neglected in the study of Acadian identity construction at the turn of the century.
  • History and Classical Studies
  • McGill University
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Le blasphème est autant politique que religieux

Oumar, who was at risk of statelessness, holds his father’s identity card from French colonial times. UNHCR/Hélène Caux

La vie politique et sociale des papiers d’identification en Afrique

L’union fait-elle la force .

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  • Politiques publiques

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Banque centrale européenne CC0 Public Domain Kerstin Herrmann

Partant de l’ambitieux projet historique de Communauté économique en 1957, il analyse les choix faits en matière de politiques publiques d’intégration, notamment monétaires, puis les difficultés rencontrées dans le contexte de crise financière internationale. Il permet de nourrir le débat sur la place future du projet européen face aux défis de la croissance, du chômage ou de la réduction des inégalités

L’objectif de cet ouvrage est de proposer un bilan accessible et rigoureux de l’économie européenne en présentant l’état de la conjoncture, celle des politiques communes, les principales tendances et les grands problèmes contemporains.

Si la crise grecque témoigne de l’échec de la gouvernance européenne,  quelles leçons en tirer et comment l’améliorer, tant du point de vue budgétaire que monétaire ? De nombreuses et complexes questions se posent : doit-on contrôler les écarts de compétitivité et les déséquilibres commerciaux et, si oui, comment ? Faudrait-il changer les règles budgétaires ? Un plan d’investissement européen sera-t-il suffisant pour relancer l’activité et sera-t-il le précurseur d’une meilleure coordination des politiques européennes ? Le changement climatique ne peut-il pas être une opportunité à saisir pour l’UE afin de renouveler son projet d’intégration ?

Des références bibliographiques ainsi que de nombreux tableaux et graphiques complètent l’ouvrage.

*Auteurs : Céline Antonin, Christophe Blot, Gérard Cornilleau, Jérôme Creel (dir.), Guillaume Daudin, Anne-Laure Delatte, Fabien Labondance, Eloi Laurent, Jacques Le Cacheux, Mathilde Le Moigne, Xavier Ragot, Francesco Saraceno, Vincent Touzé, Sébastien Villemot.

Crédit image de la page d’accueil © Kerstin Herrmann/Pixabay

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Euskal ikerketen aldizkaria | Revue d'études basques | Revista de estudios vascos | Basque studies review

Accueil Numéros Numéro spécial 5 VIII. L’union fait la force

VIII. L’union fait la force

Entrées d’index, thèmes : , mots-clés : , texte intégral.

L’union fait la force. Nous parlons une même langue. Statisticiens visionnaires et déclaration de principes. Prise de décisions. Mémoire à long terme.

8.1. L’union fait la force

1 L’unification de la langue basque fut un processus pénible et compliqué dont nous n’avons pas l’intention de raconter les vicissitudes historiques, car cette grande histoire nous a déjà souvent été racontée, entre autres par le dialectologue Koldo Zuazo, non seulement dans sa thèse doctorale écrite intégralement en basque, mais aussi dans un ouvrage de vulgarisation, facile à lire, intitulé El euskera y sus dialectos (‘Le basque et ses dialectes’), le lecteur curieux et lisant l’espagnol pourra donc aisément découvrir d’autres détails de cette histoire.

2 Dès que j’aborde cette fascinante mais tortueuse histoire, un proverbe basque me vient à l’esprit : zenbat buru, hainbat aburu. Quand le lecteur lira ce proverbe, puisque nous savons qu’il le fera, nous applaudirons son effort de prononciation sur zenbat ‘combien’, qui se prononce non pas avec un z comme dans zèbre , pour lequel vous devriez faire vibrer les cordes vocales, mais avec un s comme dans soleil . Pour le reste, les lettres se lisent comme en espagnol : dans hainbat ‘autant’, le a et le i se prononcent séparément, comme si nous étions en présence d’un tréma, et dans buru ‘tête’, le u se prononce ou . Quant au r seul entre deux voyelles, il pose souvent bien des tracas aux francophones monolingues. Il vous suffira de positionner la langue comme pour prononcer le son l , mais en frôlant le palais du bout de la langue au lieu de le coller. Enfin, le h est muet pour la plupart des bascophones, ce qui satisfera sans doute le lecteur, qui n’aura pas à l’aspirer dans hainbat . Il ne faut cependant pas oublier de l’écrire, au risque de faire une faute d’orthographe aussi grave que si nous écrivions hanter sans h . Ce h a suscité de nombreuses polémiques lors du processus de normativisation de la langue basque, et même s’il m’est difficile de résister à la tentation, je n’en parlerai pas ici. Il appartiendra au lecteur d’en chercher des références dans d’autres textes, comme celui de Koldo Zuazo. Pour en revenir à notre proverbe, son équivalent en français, que je sauve ici de la désuétude, serait : autant de têtes, autant d’avis . Je vais donc éviter de présenter les différents avis qui se sont confrontés au sujet du h . Je n’ai pas non plus l’intention d’expliquer les évènements clés du processus d’unification de notre langue, ni les propositions formulées par les différents auteurs ou les arguments qu’ils invoquaient. Je rappelle que cet ouvrage n’est pas un livre d’histoire de notre langue, mais bien un livre de grammaire. Je vais donc plutôt aborder des aspects liés à l’unification et à la normativisation, notamment dans le domaine de la morphologie (et dans une certaine mesure, de la syntaxe). Toutefois, je dois quand même revenir sur la création de l’ euskara batua , c’est-à-dire, du basque unifié, notre standard, car au-delà des différentes opinions, extrêmes pour certaines, et des discussions enflammées, un accord a fini par être signé, grâce auquel l’union de la langue demeure bien réelle aujourd’hui.

3 J’ai repris le proverbe autant de têtes, autant d’avis aujourd’hui tombé en désuétude (et certains considéreront qu’étant politiquement incorrect, il est à sa place dans la désuétude). Mais une autre célèbre phrase aux réminiscences bolivariennes peut aussi très bien résumer cette grande histoire : l’union fait la force.

8.2. Nous parlons une même langue

4 Bien que cela puisse paraître évident, avant de nous pencher sur les dialectes, il semble nécessaire de rappeler le point de départ de notre livre : même deux langues apparemment aussi différentes que le basque et le français se ressemblent beaucoup. Partant d’un tel présupposé, qui est la thèse de départ de notre travail, nous ne pouvons qu’en dire autant de la variation entre des dialectes, à savoir que même s’ils semblent aussi différents que le dialecte occidental et les dialectes centraux ou le souletin, en réalité ils se ressemblent indiscutablement.

5 Les dialectes basques partagent aujourd’hui nombre de caractéristiques. Par le passé, ils en partageaient plus encore, puisque les spécialistes ont démontré que le temps, entre autres facteurs, a rendus les dialectes plus distants les uns des autres qu’ils ne l’étaient auparavant.

6 Parmi les nombreuses caractéristiques que partagent les dialectes basques, certaines ont déjà été expliquées dans notre grammaire et attribuées à la langue en général, et d’autres seront mentionnées pour la première fois dans ce nouveau chapitre. Comme tout au long du livre, je ne prétends pas du tout être exhaustive, mais proposer quelques pièces du puzzle qui pourraient aider le lecteur à élucider certains aspects complexes du basque, de ses variétés et du langage, soumis à la fois à des principes universels et à des paramètres de variation.

7 Voyons donc quelques caractéristiques déjà connues par le lecteur : tous les dialectes basques sont ergatifs, c’est-à-dire que l’ergatif ( k ) marque le sujet et l’absolutif l’objet des phrases transitives et le sujet des phrases intransitives ; tous les dialectes basques présentent un cas datif ( i ) qui marque les objets indirects, entre autres ; avec certains verbes, tous les dialectes basques présentent des formes verbales synthétiques, comme nator ‘je viens’ ou dakart ‘j’apporte’, et tous, sans exception, présentent des formes verbales analytiques qui associent le verbe dans sa forme de participe et un auxiliaire, comme dans etorri naiz ‘je suis venu’ ou ekarri dut ‘j’ai apporté’ ; tous les dialectes basques ont au moins deux auxiliaires ÊTRE et AVOIR, associés grosso modo et respectivement aux verbes intransitifs et transitifs (par exemple, etorri naiz , qu’on peut traduire littéralement par ‘venu je suis’ et ekarri dut par ‘apporté j’ai’) ; l’inflexion verbale inclut des clitiques d’ergatif, d’absolutif et de datif, comme dans ekarri dizut ‘apporté je te l’ai’, dans tous les dialectes basques.

8 Les dialectes présentent de nombreuses autres caractéristiques communes, comme par exemple, le fait que tous les dialectes aient des postpositions qui correspondent plus ou moins aux prépositions du français (nous en avons déjà abordé certaines) ; que tous les dialectes expriment, dans les formes conjuguées du verbe, le temps (passé ou présent), l’aspect (perfectif et imperfectif) et le mode (indicatif, subjonctif ou impératif) ; que tous les dialectes présentent des mécanismes de coordination et de subordination. Il ne pouvait en être autrement.

9 Toutes ces caractéristiques communes aux dialectes sont essentielles et elles caractérisent la langue dans un univers typologique complexe, par exemple, le fait d’être ergative et non accusative, d’alterner les auxiliaires ÊTRE et AVOIR, de permette d’omettre les sujets, les objets directs et indirects... Si on listait ces caractéristiques typologiques, on verrait que tous les dialectes en partagent un nombre plus que considérable (nous mettons au défi les plus incrédules d’établir cette liste et les ingénieurs d’énumérer les traits communs). Malgré tout, on observe une variation morphologique telle qu’elle pourrait piétiner les principes les plus solides des universalistes comme moi. Par exemple, dans le poème de Lauaxeta Itauna ‘La question’, nous avons observé (118a) qui correspond exactement à (118b) :

10 Entre les deux phrases, il y a d’abord une différence lexicale, itaundu face à galdetu , les deux mots signifiant ‘demander’. Certes, nous ne le nierons pas, ce deux mots sont très différents. Mais nous allons moins aborder ici les questions lexicales que les aspects morphologiques et syntaxiques, qui sont l’objet de notre livre (ce qui ne veut pas dire, en aucun cas, que nous niions l’importance cruciale du lexique ou d’autres questions d’ordre phonétique et phonologique dans la caractérisation des dialectes et de la langue). Si on cherche les ressemblances, on ne pourra relever que le suffixe tu de galde tu ‘demander’ (ou du , du fait de la nasale n qui le précède dans itaun du ) associé au participe perfectif (qui est la forme sous laquelle les verbes apparaissent dans le dictionnaire, contrairement au français, où on les trouve à l’infinitif). La jeune linguiste basque Ane Berro a récemment abordé ce morphème, dans une thèse rupturiste que nous ne pouvons pas détailler ici. Arrêtons-nous plutôt sur la forme de l’auxiliaire dont nous avons déjà longuement parlé, c’est-à-dire sur la forme occidentale dautsozu et sa correspondante centrale diozu . En effet, les deux formes apparaissent avec des verbes ditransitifs comme donner (ou dans notre exemple, demander ) ; les deux formes sont tripersonnelles (‘tuluias’) ; et dans les deux cas, les clitiques s’alignent l’un après l’autre de la même manière. Il y a toutefois deux différences : premièrement, le fait que le clitique datif o soit précédé de la préposition ts dans la forme occidentale dau ts ozu alors que son correspondant central d i ozu est précédé de i  ; et deuxièmement, la racine de l’auxiliaire AVOIR u , qui apparaît morphologiquement dans la forme da u tsozu et pas dans la forme correspondante centrale diozu (même si, pour rappel, nous maintenons que cette racine existe). Par conséquent, les formes sont morphologiquement différentes, même si elles répondent avec certitude à un mécanisme syntaxique commun. Ainsi, l’une des grandes questions à résoudre lors du processus d’unification du basque fut de choisir la base dialectale des multiples formes de l’auxiliaire, y compris celle des formes tripersonnelles, pour lesquelles il fallait nécessairement choisir entre les formes occidentales comme dautsozu , les formes centrales comme diozu et les formes orientales, que nous omettrons ici.

11 Les choses se précisèrent lors d’une réunion à Bayonne en août 1964, un mois crucial d’une année plus cruciale encore, qui vit naître non seulement l’ euskara batua (basque standard) mais aussi l’auteure de ce livre : le basque standard naquit le 29 août, sept jours après la linguiste qui a écrit ces lignes.

12 D’après les récits de Koldo Zuazo et Pello Salaburu, entre autres, cette réunion fut le produit du travail d’un organisme créé à Bayonne en 1963 et appelé Euskal Idazkaritza ‘Secrétariat basque’ et de sa Section de la Langue ( Idazkaritza’ko Hizkuntza Sailla ), qui rassemblait des représentants de la société basque, parmi lesquels on peut citer le remarquable Jose Luis Alvarez Enparantza ‘Txillardegi’. Les Accords de la Réunion de Bayonne ( Baiona’ko Biltzarraren Erabakiak ) furent publiés dans la célèbre revue Jakin ‘Savoir’ (1965), numéro 8, pages 20-28.

13 Nous aborderons plus tard des questions linguistiques. Nous ne nous attarderons pas sur celles qui furent recueillies dans les résolutions de cette réunion et qui ne furent pas si nombreuses, bien que cruciales, mais plutôt, de manière plus générale, sur celles qui configurèrent peu à peu la nature de notre standard. Pour le moment, j’aimerais vous proposer un petit texte de la direction de la revue Jakin , qui précéda la publication des résolutions et qui illustre l’esprit de ceux qui, comme cette revue, étaient directement impliqués dans la production de la langue basque (le texte a été traduit au français par nos soins) :

Le Secrétariat basque de Bayonne a réalisé un travail considérable. Il a franchi le pas de l’unification de la littérature basque. C’était indispensable. Nous ne jugerons pas ici de la façon, bonne ou mauvaise, dont ce passage a été réalisé. Quoi qu’il en soit, Jakin approuve toutes ces décisions et compte les respecter. C’est pourquoi ces règles seront obligatoires à partir du prochain numéro de Jakin . Tous les volontaires sont invités à écrire dans Jakin , dans le dialecte et le style de leur choix. Mais Jakin respectera les recommandations du Secrétariat basque. C’est pourquoi les articles reçus par Jakin devront suivre ces normes. Tous ceux qui écriront dans notre revue Jakin devront obligatoirement respecter ces règles. À partir d’aujourd’hui, quelle que soit la position de l’auteur, si les articles envoyés ne respectent pas ces règles, la direction de la revue Jakin les corrigera.

14 La note de la direction soulignait l’importance de ces résolutions et les approuvait sans les juger, s’engageant à les respecter sans exception à partir du numéro suivant, corrigeant le cas échéant les articles reçus par la revue. Sans l’implication de la direction et de nombreux autres agents sociaux comme des écrivains, des journalistes, des andereños d’ikastolas et des traducteurs, les décisions de ce genre auraient été inutiles. On doit donc à certains leur dévouement, leur courage et leur ingéniosité dans la conception et la création du standard. À d’autres, l’engagement dans l’usage, la transmission et la diffusion de ce standard. Tous ces gens ont permis que la langue soit unie, comme elle l’avait toujours été et comme elle l’est encore aujourd’hui, après une longue fragmentation dialectale ; une langue qui, par ailleurs, jouissait pour la première fois d’une orthographe normalisée, d’un lexique commun et d’une grammaire normativisée qui, à défaut d’assurer sa survie, plaçait au moins la langue sur la bonne voie.

15 En publiant ces résolutions, la section de la langue du secrétariat de Bayonne appelait tous les euskaltzales (les amoureux de la langue et de la culture basques) à commencer à les appliquer, et enjoignait tout particulièrement l’Académie de la Langue basque Euskaltzaindia à les analyser et à les approuver. La réponse d’Euskaltzaindia ne se fit pas attendre.

8.3. Statisticiens visionnaires et déclaration de principes

16 Répondant à l’appel du Secrétariat de Bayonne et d’autres agents sociaux, Eus­kal­tzain­dia décida d’aborder la question de l’unification lors du Congrès d’Arantzazu ( Arantzazuko Biltzarrak ), du 3 au 5 octobre 1968, à l’occasion du 50 e anniversaire de l’Académie. Ils y présentèrent, entre autres, le rapport de Koldo Mitxelena, dont la solide formation linguistique et l’autorité incontestable présageaient un bon départ au projet. Mitxelena fut par ailleurs président de la Commission technique à qui Euskaltzaindia, alors présidée par Manuel Lekuona, confia la tâche de l’unification. Son rapport, intitulé Ortografia , ne se résume pas à des questions d’orthographe, dont certaines avaient déjà été discutées à Bayonne. Il analyse également le lexique ancien, les mots nouveaux, la morphologie et la syntaxe, même si cette dernière section ne peut être appréhendée comme telle, mais plutôt comme une réflexion très sommaire sur des questions de type stylistique, sur la prose, la poésie etc. D’autres rapports furent présentés à Arantzazu, comme ceux de Salbador Garmendia ( Deklinazio ‘Déclinaison’), d’Ambrosi Zatarain ( Euskerazko itz berriak ‘Mots nouveaux de la langue basque’) et de Luis Villasante ( Antzinako euskal hitzen formaz ‘De la forme des mots basques anciens’). Nous ne nous attarderons ici que sur le rapport signé par Mitxelena, mais nous supposons qu’en tant que président de cette commission technique, il supervisa tous ces travaux.

17 Nous allons bientôt aborder quelques questions purement linguistiques. Mais avant, j’aimerais me faire l’écho d’un propos d’ordre plus général, recueilli au début de ce rapport, qui est une déclaration de principes : Oinharriak. Ze batasunen bila gabiltzan (‘Principes. L’unification que nous recherchons’).

18 Cette déclaration compte neuf principes. Nous n’en mentionnerons que quatre, car ils sont fondamentaux pour comprendre l’esprit de la proposition. Le premier commence ainsi : Nous pensons qu’il est indispensable, que c’est une question de vie ou de mort, de placer la langue basque sur la voie de l’unification. On pourrait le dire plus fort, mais on ne pourrait être plus clair. D’après l’auteur du rapport, il est indispensable pour la survie de la langue d’enseigner le basque aux enfants et aux jeunes, et l’enseignement de la langue passe inévitablement par l’unification, dans un premier temps, de la langue écrite. Les enfants qui allaient à l’ikastola à l’époque du franquisme avaient besoin d’une langue unifiée pour l’écriture et la lecture, même si notre ikastola, comme toutes les autres, présentait des saveurs dialectales fortes (la nôtre était nettement occidentale). À cette époque où tout était à faire, le besoin d’une langue normativisée et normalisée dans les différents domaines de la société était urgent. L’enseignement a en outre constitué un moteur dans la transmission et la diffusion de la langue. Le temps lui a donné raison.

19 Le troisième principe souligne l’inévitable : si nous nous unissons un jour, notre langue perdra plus que des détails : elle perdra sa grande variété, si agréable à nos yeux et à nos oreilles . Certaines personnes, comme l’auteure, fascinées par les variations, ne peuvent que corroborer les mots du maître. En effet, l’établissement du standard a des conséquences négatives sur la variation, qui s’en trouve contrainte, et provoque même la perte irréversible de nombreux dialectes. Là encore, le basque ne pouvait pas faire exception : il est évident et indéniable que le standard a contraint la variation (quoi qu’il en soit, beaucoup de dialectes ont disparu et d’autres disparaîtront, avec ou sans standard). Mais la solution à ce dilemme ne pouvait être que la suivante : nous préférons un basque vivant que n’importe laquelle de ses beautés superficielles. Comme lui, nous aurions été prêts à payer ce prix.

20 Le quatrième principe présage quelques difficultés, en soulignant qu’ il est impossible d’avancer vers l’unification sans blesser personne . Il réfléchit sur ce point à la mission de l’Académie comme guide interlocuteur de ce processus. Il formule ensuite les objectifs auxquels l’Académie doit parvenir par ses résolutions : a) que les dialectes ne se séparent ni ne s’éloignent davantage les uns des autres, et b) que, dans la mesure du possible, ils s’unissent .

21 Mentionnons un dernier principe, le sixième, dans lequel Mitxelena fait le grand pari dialectal qui se confirmera par la suite : Il semble toutefois que, pour les besoins de la langue basque écrite, les dialectes centraux soient plus appropriés que ceux des extrêmes, puisque Bilbao n’est pas bascophone. Quoi qu’il en soit, nous nous verrons tous dans l’obligation de faire des concessions, certains plus que d’autres, si nous voulons y arriver . Ce fut effectivement le cas.

22 L’unification était un pari risqué mais solide, ferme et bien fondé, qui a pu se concrétiser grâce à la cohérence scientifique, à l’engagement historique et social et à la largeur de vue de statisticiens visionnaires comme Koldo Mitxelena. L’histoire a une dette incommensurable envers eux et tous ceux qui ont fidèlement suivi leurs pas.

8.4. Prise de décisions

23 Certaines des décisions les plus difficiles à prendre concernaient les formes conjuguées du verbe, et nous y reviendrons. D’autres correspondaient à l’inflexion nominale, c’est-à-dire aux formes que prennent les noms quand ils reçoivent un cas ou quand ils sont marqués d’une postposition, quelle qu’elle soit. Ces aspects étaient recueillis dans le compte-rendu du Congrès d’Arantzazu, nous l’avons dit, sous l’appellation de déclinaison . Cette désignation, que certains de nos lecteurs se rappelleront des cours de latin de leur adolescence, s’utilise encore aujourd’hui dans les travaux les plus traditionnels de grammaire basque. Nous l’éviterons ici —nous parlerons plutôt de postpositions et autres morphèmes de l’inflexion nominale—, car l’emploi de ce terme pourrait dénaturer la nature de notre proposition. Cela dit, nous n’approfondirons pas ici la question du choix de cette désignation. En effet, à l’époque, pour ceux qui savaient que l’avenir de la langue se jouait à ce tour de cartes, la discussion sur la pertinence de maintenir ou non un terme comme celui de déclinaison pour le basque devait paraître d’une frivolité absolue.

24 J’ai déjà parlé du cas aux chapitres V et VII. Nous allons observer ici non pas la marque de cas proprement dite, mais la forme morphologique acquise par les mots quand ils reçoivent cette marque. Partons du cas le plus simple, l’absolutif, qui ne porte pas de marque morphologique et qui n’engendre pas, en principe, de différences dialectales ni de dissensions dans la conception du standard. Appliquons-le au nom emakume ‘femme’.

25 La grammaire des dialectes basques présente une vérité quasiment sans appel : tout nom nécessite un déterminant, comme l’article a. Ainsi, dans une phrase avec un verbe intransitif comme esnatu ‘se réveiller’, le nom femme doit porter l’article a ou un autre déterminant . Donc, comme avec un verbe intransitif le sujet se marque à l’absolutif et comme ce dernier ne présente pas de marque morphologiquement visible, il suffit à notre patient lecteur d’ajouter l’article a au nom femme pour fabriquer au moins une demi-phrase grammaticale.

26 Rappelons qu’au chapitre II nous avons indiqué qu’ emakumea pouvait vouloir dire en français ‘la femme’ ou ‘une femme’.

27 Supposons maintenant que le sujet de la phrase ne soit pas une seule femme mais les femmes ou des femmes . En d’autres termes, supposons que le sujet soit pluriel (ce que nous indiquons dans l’exemple par l’abréviation PL). Dans ce cas, nous ajouterons la marque k qui correspond au pluriel (et non à l’ergatif, comme les lecteurs les plus expérimentés pourraient spéculer). Nous aurons alors :

28 Le mécanisme ne semble pas excessivement difficile à comprendre (quant à apprendre à le manier, c’est une autre histoire). Prenons le nom et ajoutons-lui un article a . Si c’est un nom au singulier, nous n’ajouterons rien d’autre (le singulier tend à être non marqué en basque et dans les langues du monde) ; si, au contraire, il est au pluriel, nous lui ajouterons un k . La difficulté peut apparaître pour le lecteur francophone dans une forme étrangère à sa langue, qui n’est ni singulière ni plurielle, c’est-à-dire qu’elle n’est pas définie, et qu’on appelle en grammaire basque mugagabea ‘indéfini’. Cette question fut relayée aussi bien lors de la réunion de Bayonne que lors du congrès d’Arantzatzu (Mitxelena la mentionne explicitement dans son rapport et on la trouve également, évidemment, dans le rapport de Garmendia sur la déclinaison). Cette forme indéfinie peut apparaître avec certains quantificateurs comme zenbait ‘quelques’ ou hainbat ‘beaucoup de’, qui sont considérés comme des déterminants, tout comme a .

29 La difficulté de comprendre cette forme n’est que relative, puisque le nom apparaît dans sa forme nue ( emakume ‘femme’), c’est-à-dire, tel qu’il apparaît dans les dictionnaires. Mais nous n’allons mentir à personne : cela n’arrive que dans la forme absolutive.

30 Cette distinction entre défini singulier, défini pluriel et indéfini est généralisée dans les dialectes basques : il n’y a pas un seul dialecte qui ne présente pas les formes de singulier, pluriel et indéfini. Cependant, la distinction entre pluriel et indéfini s’estompe dans certains dialectes. Justement, Mitxelena dit dans son rapport : c’est ce que les nouveaux auteurs ont oublié, particulièrement en Gipuzkoa . C’est pourquoi, pour le standard, la distinction fut recueillie explicitement.

31 Si l’absolutif n’engendrait pas trop de problèmes, puisque les formes sont identiques pour tous les dialectes, à l’ergatif les choses se compliquaient un peu (soit dit en passant, dans son rapport, Garmendia appelait ces cas passif et actif , respectivement). Ainsi, les formes acquises par le mot emakume ‘femme’ au singulier, au pluriel et à l’indéfini dans le cas ergatif sont les suivantes, dans la variété standard :

32 Dans les trois formes, le sujet est marqué par l’ergatif k . Cette marque s’ajoute au déterminant a dans la forme au singulier emakumea ‘la femme’; au morphème du pluriel e dans la forme au pluriel emakume e k ‘les femmes’ et à la forme nue emakume dans (zenbait) emakumek ‘quelques femmes’. Ces formes sont attestées dans les dialectes orientaux, mais dans beaucoup de variétés occidentales et centrales, on trouve une seule forme emakumeak pour le singulier comme pour le pluriel. L’unification de l’euskara a donc dû passer par des décisions apparemment sans importance, comme la forme à choisir pour le pluriel à l’ergatif, emakumeak ou emakumeek, sans blesser aucune susceptibilité dialectale, ce qui est extrêmement difficile, comme nous l’avons dit plus haut. Par ailleurs, quand nous ajoutons à une décision apparemment insignifiante une autre décision insignifiante, puis une autre, la somme des décisions, c’est-à-dire LA décision finale, devient inévitablement une question importante et sujette à polémique. C’est ce qu’il advint dans le processus de normativisation de la langue basque.

33 Pour revenir aux miniatures morphologiques qui nous occupent, le fait qu’on ait choisi sur ce point la forme attestée dans les dialectes orientaux ne signifie pas que ce soient les formes de ces dialectes qui priment systématiquement. Ainsi, si nous observons les formes du datif, le puzzle est de nouveau assez similaire à celui que nous avons décrit. La marque du cas datif est, comme on sait, i . Indépendamment du cas, on ajoute inévitablement un déterminant comme notre article a pour la forme au singulier, et si la forme est au pluriel, le morphème e apparaît. Par ailleurs, dans la forme au singulier, un intrus fait son apparition, sous la forme d’un r qui correspond à la forme historique du démonstratif * har dont dérive l’article a (les démonstratifs basques sont aujourd’hui : hau ‘celui-ci’, hori ‘celui-là’ et hura ‘celui-là, là-bas’). Le r qu’on trouve dans la forme indéfinie s’explique différemment : il est analogique, c’est-à-dire qu’il est apparu en imitation de celui que nous venons de citer. C’est une consonne épenthétique r , qui distingue la voyelle de la racine nominale ( e ) de la marque de cas ( i ) —c’est du moins ce que considère José Ignacio Hualde, phonologue et linguiste madrilène de père navarrais (natif d’Uztarroz, dans la Vallée du Roncal) qui commença à apprendre le basque à l’Euskal Etxea (Maison des Basques) de Madrid et qui est aujourd’hui un spécialiste de la langue basque reconnu—. Voici donc les trois formes en question :

34 Eh bien, dans les dialectes nord-orientaux, la forme du datif au pluriel n’est pas ei comme dans le standard, mais er . Dans ce cas, ce n’est donc pas la forme nord-orientale qui a été retenue.

35 Ces décisions n’étaient pas sans importance et n’étaient pas exemptes de tendances dialectales. Mais d’autres décisions s’avérèrent morphologiquement plus traumatisantes. Laissons de côté les cas et observons les postpositions, qui sont moins étudiées dans la grammaire basque et dans la grammaire en général, et qui sont un peu plus ignorées que les cas, même dans ce livre.

36 Nous disions plus haut que les postpositions sont comme les prépositions, puisqu’il s’agit de la même catégorie, mais vous aurez retenu du chapitre III qu’elles ne précèdent pas leur complément, auquel cas on les appellerait prépositions, mais qu’elles le suivent, c’est pourquoi on les connaît sous le nom de postpositions. Autrement dit, une postposition est l’image miroir d’une préposition. Nous allons ici en citer deux, kin et tzat , c’est-à-dire, les images miroir des prépositions françaises avec et pour, respectivement.

37 Enfin, je vais mettre à l’épreuve la capacité de résistance à la souffrance des lecteurs, après leur avoir rappelé que qui aime bien châtie bien . Je promets que tout sera plus facile quand nous en aurons terminé avec cette machinerie intriquée. Les postpositions kin et tzat , c’est-à-dire, avec et pour , dont nous avons déjà cité la première au chapitre II, s’ajoutent à une base dans laquelle on trouve un génitif, que nous connaissons désormais. Prenons quelques exemples :

38 Ainsi, si nous voulons dire pour la femme , nous partirons de la forme emakumearen (composée du nom emakume , de l’article a(r) et du génitif en et nous lui ajouterons la postposition tzat ‘pour’, ce qui donne… emakumearentzat . Oui, c’est cela ! Poursuivons. Si nous voulons dire pour les femmes, nous partirons de la forme au génitif pluriel emakumeen et lui ajouterons tzat , pour monter une pièce de puzzle aussi complexe que… emakumeentzat . Aupa! Bravo ! Et évidemment, pour aller au bout des choses, si nous voulons exprimer pour quelques femmes, nous dirons, naturellement, zenbait emakumerentzat , sans oublier l’intrus phonologique  r .

39 Le processus est comparable avec la postposition kin ‘avec’. On l’ajoute à la forme génitive, mais cette dernière perd son n final. Les formes grammaticales sont donc :

40 Et non pas * emakumeare n kin , etc. Ces formes avec kin , postposition connue en grammaire basque sous le nom de sociatif ou comitatif , présentent les variantes ki et kila , ce qui nous permet de penser, dans une analyse plus sophistiquée, que la postposition kin peut se décomposer à son tour en ki et n, ou en ki et la. En effet, n est une postposition locative semblable à la préposition à française et la est une autre postposition locative directionnelle qui indique le but, correspondant au à français (en français la même préposition à sert à indiquer le lieu ( je me trouve à Paris) et la destination ( Je vais à Paris ). En basque, nous les distinguons). Mais nous sommes bien conscients que si nous poursuivons la décomposition des morphèmes, même le lecteur le plus motivé nous abandonnera et jettera l’éponge, ce que nous voudrions éviter. En outre, il s’agit d’un domaine grammatical en chantier, c’est pourquoi nous vous prions de mettre un casque. Bien sûr, ces grands stratèges qui avaient les mains dans la farine avaient suffisamment à faire de ce choix entre emakumearekin, emakumeareki, emakumearekila, et même une autre forme attestée dans les dialectes occidentaux qui diffère considérablement des trois formes mentionnées : emakumeagaz (toutes ces formes ayant la même acception de ‘avec la femme’). La différence entre emakumearekin, forme choisie pour le standard et emakumea ga z est considérable : la première est fondée sur le génitif, comme nous venons de le démontrer, alors que la forme occidentale présente le morphème ga , qui réapparaît avec d’autres postpositions locatives dans des noms animés, comme dans emakumearen ga n ‘en la femme’ ou emakumearen ga na ‘vers la femme’ et un morphème z qui est également la marque de la postposition connue sous le nom d’ instrumentale ( aizkora z ‘à la hache’) et qui est mentionnée dans le rapport de Mitxelena. Je crois dur comme fer que la marque z que partagent emakumeaga z ‘avec la femme’, attribuée à la postposition sociative comitative, et aizkora z ‘à la hache’, correspondant à la postposition instrumentale, sont une seule et même postposition z (accompagnée ou non d’autres morphèmes).

41 Mais laissons ces dissections théoriques, qui préoccupent moins le lecteur que nous, et résumons brièvement ce qui constituait le point central de la question il y a un demi-siècle, contrairement à aujourd’hui, puisque nous ne nous trouvons plus face à la tâche colossale et cruciale de créer le standard, ce qui nous permet de nous dédier à des discussions d’ordre théorique plus futiles. À l’époque, il y avait différentes options et il fallait absolument faire un choix. Le choix de telle ou telle forme ne signifiait pas que les autres fussent moins légitimes —par exemple, Mitxelena parle dans son rapport de la forme que nous avons abordée ici ( gaz ) et de sa légitimité en biscayen comme alternative au kin des autres zones dialectales—. Il n’est jamais facile de choisir. Ils ont eu l’audace de le faire et le temps leur a donné raison.

8.5. Mémoire à long terme

42 Si l’inflexion nominale présentait évidemment différentes options, l’inflexion verbale comptait (et compte encore) une variation morphologique presque dramatique aux yeux de tout locuteur, qu’il soit ou non bascophone. Comme nous avons longuement abordé les formes verbales et comme nous y retournerons au prochain chapitre, nous n’allons mentionner ici que quelques-uns de leurs aspects.

43 Un autre point sensible sur lequel il fallait se mettre d’accord concernait la question épineuse des racines verbales, qui se présentent en basque surtout dans les modes du subjonctif et de l’impératif, contrairement à l’indicatif que nous avons déjà analysé au chapitre IV, bien que nous n’ayons pas mentionné son nom.

44 Nous comptons sur le fait que le lecteur francophone se rappelle que quand nous disons, en français, l’enfant dort ou l’enfant dormait , nous avons affaire à deux formes à l’indicatif, alors que si nous disons je caresse/je caressai le front de l’enfant pour qu’il dorme/dormît , ces deux dernières formes sont, contrairement aux premières, au subjonctif. Nous n’irons pas bien au-delà dans l’analyse du mode, qui requerrait une étude approfondie, qui nous fait sans doute défaut au-delà des approximations simplement descriptives.<

45 Pour les formes à l’indicatif, la grammaire basque alterne entre ÊTRE et AVOIR, que nous mentionnions à nouveau au début de ce chapitre. En revanche, aux modes subjonctif et impératif, on trouve dans les dialectes basques deux racines verbales distinctes : di pour les formes intransitives et za pour les formes transitives. À vrai dire, la grammaire parle de deux auxiliaires * edin et *ezan reconstruits en * edun (AVOIR), qui, vous vous en souviendrez, n’apparaissent que dans les formes conjuguées et non dans les participes ou les autres formes non conjuguées, ce qui justifie la présence de l’astérisque. Nous prendrons ici une position plus prudente et parlerons simplement de ces racines, sans entrer dans des dissections sur ce qu’elles cachent véritablement. Ces racines verbales apparaissent dans leur forme conjuguée dans des phrases subordonnées de différents types. Prenons deux exemples :

46 Ces formes au subjonctif présentent toutes, sans exception, un morphème final n qui équivaut au complétif (c’est ainsi qu’on l’appelle) que . Elles présentent en outre une particularité que nous n’avons pas mentionnée jusqu’ici : les formes de participe pour les verbes se calmer ou prendre sont respectivement lasaitu et hartu . Mais les formes qui apparaissent dans les deux derniers exemples sont lasai et har , qui ont perdu le participe tu . Ces formes verbales non conjuguées sans tu s’appellent en grammaire basque aditz oinak ou bases verbales , et on les distingue nettement des formes avec participe, dans le standard. Ces bases verbales apparaissent notamment dans le contexte des formes subjonctives que nous avons prises pour exemple. Mais contrairement à ces formes du standard (et des variétés centrales et orientales), les formes occidentales présentent deux différences d’une importance considérable : premièrement, elles gardent la forme de participe perfectif avec tu dans les verbes qui nous intéressent, contrairement à la base verbale dans le standard. Deuxièmement, pour les formes conjuguées des verbes transitifs comme hartu , elles ne présentent pas la racine za mais gi . Reprenons les derniers exemples dans une sorte de standard occidental (le lecteur nous pardonnera la contradictio in terminis ) :

47 Nous avons donc lasaitu daiten en lieu et place de lasai dadin ‘qu’il se calme’ et hartu dagian plutôt que har dezan ‘qu’il prenne’. Et comme nous l’avons expliqué, les artisans de la langue basque et de ce qui deviendrait notre avenir ont aussi dû trancher sur ce genre de questions. Pour le confirmer, il suffit de consulter les sources (et les comptes rendus) qui témoignent de tous ces sujets. Le rapport de Mitxelena s’avère éclairant, même sur certains de ses points apparemment les plus anodins. Sur la question qui nous intéresse ici, il souligne la nécessité de distinguer les deux formes comme elles sont attestées dans de nombreux dialectes : d’une part, celle du participe perfectif tu dans les formes comme sartu da ‘il est entré’ —avec tu — et d’autre part, celle de la base verbale sans tu dans les formes comme sar bedi ‘qu’il entre’ (au sens impératif… une bizarrerie du français interdit les formes impératives à la troisième personne, ce qui nous oblige à proposer pour sar bedi , forme impérative à la troisième personne, une forme au subjonctif) ou sar dadin ‘qu’il entre’ (emploi subjonctif classique, cette fois) —sans tu —, même s’il n’utilise pas les termes de participe perfectif et de base verbale aujourd’hui généralisés en grammaire basque. Il rappelle aussi à ceux qui ont des problèmes de mémoire à long terme (cette précision vient de moi) que cette distinction existait également en biscayen ancien (non seulement cette distinction, d’ailleurs, mais aussi la racine za du standard, qui était présente jadis en biscayen). Et si sa réputation intellectuelle ne suffisait pas, il étale son autorité en une seule phrase, qui plus est avec humour, offrant un petit bol d’air dans cette situation par définition solennelle et même dramatique :

48 C’est précisément là, à mon avis, que se trouve le chemin vers l’unification. Mais que ceux qui ne veulent pas de l’unification apprennent au moins quand il faut enlever ou laisser -tu et -i [il fait ici référence au i du participe dans des verbes tels que ikusi ‘voir’ équivalent au tu de hartu , et non au datif dont nous avons parlé]. Sinon, nous allons tout droit au chaos et non à l’unité.

49 Cette proposition avait vu juste sur d’autres points. Entre autres, sur le fait de donner la priorité aux formes communes qui variaient le moins dans la majorité des dialectes. Par exemple, le marqueur de pluriel it plutôt que le z généralisé dans les formes occidentales ( liburuak ekarri d it u ‘il a apporté les livres’ vs. liburuak ekarri dau z ). Ce fut tout aussi judicieux de préférer les formes anciennes qui étaient documentées dans la littérature, plutôt que des formes novatrices (et très locales).

50 La proposition du verbe basque unifié ( Aditz laguntzaile batua ) fut publiée quelques années plus tard, en 1973, et la Commission Grammaire (Gramatika Batzordea) de l’Académie fut créée en 1979. C’est elle qui élabora pendant des années ce qui est devenu la grammaire la plus complète aujourd’hui disponible sur la langue basque : Euskal Gramatika Lehen Urratsak (Grammaire basque: premiers pas), que j’ai mentionnée au I er chapitre de cet ouvrage. Elle compte sept volumes, de 1985, date d’édition du 1 er volume (qui, comme le rappelle Pello Salaburu, fut publié tapé à la machine, car il était provisoire et sujet à débat), jusqu’en 2011, année d’achèvement du projet. Cette grammaire constitue la référence incontournable pour toute personne qui s’intéresse de près ou de loin à la grammaire de la langue basque. Elle vise, comme le fait toute grammaire académique, la normativisation de la langue, notamment dans sa forme écrite. Quoi qu’il en soit, la tâche de normativisation va de pair avec celle de la description, ce qui oblige à consulter et à connaître la langue dans les textes littéraires de différentes tendances dialectales et de différentes époques et à choisir telle ou telle forme. Disons que la grammaire de l’Académie est une grammaire normative qui recommande des usages déterminés au détriment d’autres usages existants. C’est probablement le type de grammaire avec lequel le lecteur est le plus familiarisé, du fait de son expérience scolaire.

51 Mais les années ne passent pas en vain. Avec ce projet, c’est aussi une phase de l’histoire qui s’est achevée. La normativisation, par bonheur, n’est pas une tâche infinie.

52 Quand la Commission Grammaire a engagé son périple, la normativisation était encore une adolescente et la langue ne disposait pas du vaste corpus littéraire dont elle jouit aujourd’hui. De véritables joyaux littéraires ont été écrits au siècle dernier et en ce début de siècle, qui ont été reconnus, ici comme ailleurs. Certes, on publie et on consomme aussi de la mauvaise littérature , ce qui caractérise un peuple en voie de normalisation. On n’enseigne pas le basque que dans les ikastolas ou les écoles, mais aussi dans les collèges et les lycées, dans les établissements professionnels et à l’université. Les manuels scolaires sont souvent un véritable délice dont nous pouvons nous délecter si nous faisons une petite incursion à l’heure du goûter dans la vie scolaire de nos enfants. On publie de la science en basque ; on donne des conférences en basque sur des thèmes très divers et sans plus de difficultés, évidemment, que dans toute autre langue comme le français de nos lecteurs. La langue est parfaitement équipée pour affronter toutes les vicissitudes formelles, ce qui n’était pas impossible mais plus difficile avant la création du standard. Il existe un journal en basque ( Berria ) et nombre de publications en tous genres. Ce travail n’a donc pas été vain. C’est en marchant qu’on construit le chemin.

53 La Commission Grammaire de l’Académie s’attelle à de nouveaux défis, qui passent probablement par une approche plus descriptive et sans doute plus flexible sur certains aspects de la variation, qu’elle soit syntaxique ou morphologique. C’est une opinion très personnelle que j’ose formuler ici, mais cela ne veut pas dire que la Commission, dont j’ai l’honneur de faire partie, partage ce point de vue. Ceux qui pensent que la Commission Grammaire se dédie(ra) à des pratiques ésotériques de linguistes plongés dans des dissertations théoriques inintelligibles, comme nous l’avons entendu plus d’une fois, n’ont pas la moindre idée de ce qu’est la grammaire théorique, c’est-à-dire celle qui se développe dans un environnement scientifique, dont fait partie le domaine universitaire. Nos élèves d’université apprennent, en Hizkuntzalaritza I (Linguistique I), les différences entre les deux types de grammaire (théorique et normative). Il est évident que les grammairiens académiciens, comme Patxi Goenaga, Beñat Oyharçabal ou d’autres, sont guidés par leur immense connaissance dans leur travail à l’Académie. Mais ils travaillent différemment dans le domaine scientifique et universitaire et à l’Académie. Leurs contributions scientifiques ne se présentent plus et sont reconnues au-delà de nos frontières (même si elles restent moins célèbres que nos meilleurs romans). Leur travail dans la normativisation constitue une autre sphère dans laquelle ils ont développé leur travail, en l’occurrence Euskaltzaindia. Ne confondons pas les termes.

54 Par ailleurs, la langue a aujourd’hui d’autres préoccupations. D’une part, l’usage, particulièrement et nécessairement parmi les jeunes, qui semblent souffrir, dans leurs échanges avec leurs congénères, d’une sorte d’amnésie linguistique transitoire qui les incite à parler français ou espagnol, même quand ils sont bascophones. Pourquoi mentirais-je au lecteur qui a eu la délicatesse de m’accompagner jusqu’ici ? Eh bien oui, les langues comme le français ou l’espagnol pèsent lourd et peuvent faire voler en éclats, en une seule génération, une petite langue comme la nôtre. Le futur doit passer par la préservation de la plus défavorisée et non par sa disparition. Le lecteur ne me contredira pas sur ce point, et j’espère qu’il ne succombera pas à la tentation de suggérer que des langues comme l’espagnol ou le français se trouvent elles aussi en danger d’extinction sur notre territoire. Le lecteur peut évidemment avoir une opinion différente de la nôtre, mais il ne faut pas céder aux impostures. D’autre part, paradoxalement, l’envers des standards, c’est-à-dire les registres d’usage non formels, constituent une autre préoccupation de la langue. Or, ces registres non formels apparaissent dans les variétés locales et dialectales, dans lesquelles les locuteurs parlent avec naturel, spontanéité et familiarité de questions plus banales et pragmatiques que celles dont on discute dans les situations linguistiques formelles et, naturellement, en basque standard.

55 Il s’agit donc de ne pencher ni à bâbord, ni à tribord, et de continuer à naviguer sur les grandes voies tracées par les non moins grands navigateurs, dont nous ne manquons pas, comme Juan Sebastián Elcano ou Andrés de Urdaneta, mais aussi à travers des sentiers inconnus, s’il en existe encore. Et il s’agit de naviguer, bien évidemment, dans notre langue.

56 La thèse doctorale de Koldo Zuazo sur la standardisation de la langue basque est intitulée Euskararen batasuna (‘L’unification de la langue basque’), et fut publiée par Euskaltzaindia dans la collection Iker , numéro 5, à Bilbao, en 1988. El euskera y sus dialectos (‘Le basque et ses dialectes’), du même auteur, fut publié par la maison d’édition Alberdania en 2010. Nous recommandons chaleureusement la lecture de ce livre de vulgarisation à ceux qui souhaitent connaître les détails historiques d’un processus qui ne peut être compris sans tenir compte de l’évolution historique de la langue basque et du contexte historique, politique et social dans lequel elle a baigné pendant des siècles.

57 Nous recommandons également l’article “El largo camino de la unificación literaria: 1968-2010” (‘Le long chemin de l’unification littéraire : 1968-2010’), de Pello Salaburu, dont l’analyse part des années soixante et se prolonge jusqu’à nos jours. L’article présente des données objectives d’un point de vue plus personnel, ce qui rend sa lecture attractive et divertissante. L’article est encore sous forme de manuscrit et sera publié prochainement. Nous remercions Pello Salaburu de nous avoir fourni son manuscrit et des explications éclairées sur ce processus.

58 Les accords de la réunion de Bayonne ( Baiona’ko Biltzarraren Erabakiak ) auxquels nous avons fait référence dans ce chapitre furent publiés dans la fameuse revue Jakin ‘Savoir’, numéro 18, en 1965, pages 20-28. Ils peuvent être consultés sur le site Internet de la revue. Le texte original, que nous avons tiré de cette revue et traduit dans notre chapitre, est le suivant (je le reproduis intégralement et sans l’adapter) :

Baiona-ko Euskal Idazkaritza-k lan handi bat burutu du. Euskal literaturaren batasunerako urrats luzea. Beharrezkoa. Ondo edo gaizki emana? Ez dugu juzgatzen. Dena dela, JAKIN-ek erabaki hauek guztiak onartu egin ditu, eta bete egingo ditu. Beraz, gaurtik aurrera, datorren alean hasita, JAKIN-en lege hauek obligatu egingo dute. JAKIN-en nahi duenak idatzi dezake, edozein euskalki ta estiloarekin. Baiña, Euskal Idazkaritzak esana JAKIN-EK bete egingo du. Horregatik, JAKIN-era etorriko diren artikuluak arau horietara lotuko dira. Beraz, JAKIN, gure aldizkarian, idazten duena obligatuta dago lege hoen betetzera. Hemendik aurrera, nahiz idazleak erabaki hauek gorde ez, eta artikuluak lege hoiek alde batera utzita igorri, JAKIN-eko zuzendaritzak zuzendu egingo ditu.

59 Les décisions prises sur l’unification de la langue basque lors du Congrès d’Arantzazu de 1968 convoqué par Euskaltzaindia et le rapport de Koldo Mitxelena sont publiés dans la revue Euskera 13 (1968), sous le titre Arantzazu-ko Biltzarrak 1968 urriaren 3, 4 eta 5-ean (Congrès d’Arantzazu, 3, 4 et 5 octobre 1968), disponible dans son intégralité sur Internet. On y trouve le rapport de Mitxelena, aux pages 203-219. La déclaration de principes, dont nous avons mentionné certains points, peut être consultée aux pages 203-204. La traduction du texte a été faite par nos soins.

60 Ceux qui souhaitent connaître en détails les formes acquises par les noms au contact des cas et des postpositions peuvent consulter le chapitre “Case and number inflection of noun phrases” écrit par José Ignacio Hualde et publiée dans A grammar of Basque , œuvre déjà citée au I er chapitre et publié par Hualde lui-même, avec Jon Ortiz de Urbina, en 2003, pages 171-194. Nous remercions M. Hualde pour les détails sur le r analogique dans les formes comme zenbait emakume r i ‘à quelques femmes’, etc.

61 Bien qu’il s’agisse d’un texte technique dont la lecture requiert un bagage théorique considérable, très différent de celui que nous attendons de nos lecteurs, je tiens à citer, pour son approche innovante dans l’analyse du morphème tu (ou du ), entre autres, l’excellente thèse doctorale d’Ane Berro Breaking verbs: from event structure to syntactic categories in Basque , co-dirigée par l’Université du Pays Basque/Euskal Herriko Unibertsitatea (UPV/EHU) et l’Université Bordeaux Montaigne. Si un linguiste initié s’est glissé parmi nos lecteurs, je lui en recommande chaleureusement la lecture.

62 La référence à l’usage du participe perfectif (avec tu ) et à la base verbale (sans tu ) est tirée du rapport de Mitxelena du Congrès d’Arantzazu. Le texte, dont nous avons proposé une traduction, se trouve au début de la page 218 et dit ceci, dans sa version originale :

Hori da, hain zuzen, batasunerako bidea, neure iritziz, baina, batasunera nahi ez dutenek ere ikas bezate, bederen noiz kendu behar diren -tu eta -i horiek eta noiz utzi dauden daudenean. Nahasmendura goaz bestela, ez batasunera.

63 J’omets volontairement les textes originaux du début, que j’ai extraits du rapport cité et commenté dans le texte.

64 La proposition Aditz laguntzaile batua sur le verbe auxiliaire unifié fut publiée dans la revue de l’Académie Euskera 18, en 1973. Elle est précédée de quelques précisions et explications de Koldo Mitxelena, qui la signa le 10 août 1973.

Pour citer cet article

Référence papier.

Beatriz Fernández Fernández , « VIII. L’union fait la force » ,  Lapurdum , Numéro spécial 5 | 2020, 109-124.

Référence électronique

Beatriz Fernández Fernández , « VIII. L’union fait la force » ,  Lapurdum [En ligne], Numéro spécial 5 | 2020, mis en ligne le 01 juillet 2022 , consulté le 02 mai 2024 . URL  : http://journals.openedition.org/lapurdum/3910 ; DOI  : https://doi.org/10.4000/lapurdum.3910

Beatriz Fernández Fernández

UPV/EHU [email protected]

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Nahia Zubeldia

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Le bac philo de Libé: l’union (populaire) fait-elle la force?

L’union du peuple confère une direction à la force des gens, elle évite qu’elle ne se disperse et ne se transforme en une juxtaposition de faiblesses. (David Oliete/www.davidoliete.com)

En politique, la force va à la force. Il suffit d’une promesse de victoire pour que des conflits auparavant insurmontables deviennent des malentendus vite dépassés. Récemment, la gauche française apparaissait tellement désunie qu’on la donnait pour morte. Et puis, forte d’un petit miracle (le score de Jean-Luc Mélenchon) , elle s’est retrouvée comme un seul homme derrière l’espoir d’une conquête. Mais si la force favorise l’union, l’union fait-elle la force ?

Michaël Fœssel: «Si la gauche s’est affaiblie, c’est parce qu’elle a délaissé le plaisir»

«La populace, disait Victor Hugo, ne fait que des émeutes. Pour faire une révolution, il faut le peuple.» L’union du peuple confère une direction à la force des gens, elle évite qu’elle ne se disperse et ne se transforme en une juxtaposition de faiblesses. Jusqu’ici, la politique est semblable à l’amour : il arrive qu’un plus un fassent davantage que deux. Etre unis, ce n’est pas seulement ajouter ses forces, c’est en découvrir de nouvelles. Le «je» s’étonne que le «nous» puisse réaliser tant de choses : s’embrasser avec fougue durant des heures ou prendre la Bastille. Il suffit parfois d’être ensemble, ou de l’être à nouveau, pour se sentir immortels. Une force qui va en sachant où elle va paraît invincible. Que peut-on contre un peuple uni et déterminé ?

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Revue de réflexion biblique

L’unité qui fait la force

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Article extrait des « Nouvelles de l’Union » (Eglises de Chrischona), no 8, mars 1993

La Bible enseigne clairement qu’une véritable union, stable et durable, ne peut se construire que sur l’unique et solide fondement d’une authentique unité selon Dieu. Lorsque, dans l’Evangile selon Jean, Jésus prie pour que tous soient un (17.21), le contexte immédiat (v. 2-19) de cette parole, dont on a si souvent tordu le sens et la portée, indique sans le moindre doute possible que ce « tous » concerne exclusivement les personnes qui, ayant mis leur confiance en Jésus-Christ mort pour leurs péchés sur la croix, sont passées par la nouvelle naissance et ont reçu la vie éternelle (v. 2-3). Ces croyants ont à cour d’ obéir à la Parole de Dieu qu’ils reconnaissent comme étant la vérité (v. 6-8, 17). Ils appartiennent au Seigneur et non au monde dans lequel ils vivent et où ils témoignent en son nom (v. 14-19). L’unité entre eux est analogue à celle qui existe entre le Père et le Fils (v. 11,21-22). Elle n’est pas de fabrication humaine. C’ est un miracle extraordinaire opéré par l’Esprit de Dieu. Ils sont un seul corps parce qu’unis à une seule et même tête, Jésus-Christ leur Sauveur et Seigneur personnel (un en nous, v. 21; 1 Jean 1.3).

Dans le cadre de notre préoccupation présente, l’union est une mise en oeuvre de l’unité de l’Eglise de Jésus-Christ, telle que nous venons de la décrire brièvement. Elle est un effort porté par la grâce de Dieu pour vivre cette unité sur le terrain. Pour l’évoquer, le N. T. utilise en particuliers terme « koinônia » (19 fois, de l’adjectif koinos. Les 7 mots de cette famille y sont présents 59 fois dont 49 dans le sens qui nous intéresse) traduit généralement par « communion », mais aussi, en fonction du contexte, par libéralité, générosité, participation, solidarité, collecte, association, communication, mise en commun, suivant les versions consultées.

Nous touchons ici du doigt le caractère dynamique, actif de toute véritable union . Elle signifie bien plus que simplement faire partie d’un même groupement sur le papier. Elle implique nécessairement échange de relations, compassion, sympathie, mise en commun dans les domaines spirituel, moral, matériel… Quelqu’un l’a très justement illustré en montrant deux mains, non seulement collées l’une contre l’autre, mais s’interpénétrant et donc bien plus difficiles à séparer l’une de l’ autre. Voilà qui donne un relief particulier à l’adage bien connu: « l’union fait la force ». Dans l’Eglise primitive les croyants remplis du Saint-Esprit traduisaient leur unité nouvelle en Christ par une véritable union spirituelle, affective et matérielle. La communion fraternelle dans laquelle ils persévéraient s’exprimait notamment par un amour solidaire bien concret dont Barnabas fit une belle démonstration (Act 2.42-47; 4.32-37). Plus tard, les Eglises de la Macédoine prouvèrent qu’elles étaient réellement unies en Christ à celles de la Judée en plaidant avec insistance pour avoir le privilège de participer (koinônia, dans le texte) à la collecte organisée en leur faveur (2 Cor 8.1-5).

L’union vue dans une perspective biblique débusque et met à mal notre tendance naturelle et coupable à l’égoïsme et à l’individualisme qui prônent la politique du « chacun pour soi »: Celui qui se tient à l’ écart cherche ce qui lui plaît souligne le livre des Proverbes (18.1). L’union véritable est donc un miracle permanent parce que contre nature. Elle ne peut être que le fruit savoureux de la grâce de Dieu à l’ouvre dans nos vies et y triomphant des pesanteurs de l' »hippopotame moi ». L’allégorie du bon berger, dans Zacharie 11.4-14, bien qu’ayant d’autres applications historiques et prophétiques, peut nous aider à le comprendre. Ce berger se servait de deux houlettes qu’il appelait respectivement « grâce » (tendresse, affection, charme) et « union » (liens). Lorsqu’il dut briser la houlette de sa « grâce », il brisa aussitôt la houlette « union » et rompit ainsi la fraternité au sein de son peuple.

La capacité de mettre en ouvre l’unité de l’Eglise de Jésus-Christ (au sein de la communauté locale, dans mon union d’églises et au-delà) m’est donnée au pied de la croix, là où la grâce de Dieu s’est manifestée à son plus haut degré. Lorsque je confesse humblement et délaisse tous mes péchés de « désunion » liés au moi non crucifié (esprit de critique, de clocher, de parti, de jalousie, etc), j’obtiens miséricorde et, par la puissance du Saint-Esprit je suis rendu capable jour après jour de m’unir de plus en plus concrètement à mes frères.

En me penchant sur l’histoire du mot « union », j’ ai découvert que l’oignon avait quelque chose à voir avec ce terme d’origine latine (« union » désignant une plante à bulbe unique). Que notre union, à quelque degré qu’elle se situe, ne soit pas comme un oignon qu’on « épluche » en pleurant!

J’ai heureusement fait une seconde découverte: ce mot sert aussi à désigner une perle unique, très grosse. Que notre union vécue selon les Ecritures brille de plus en plus à tous les regards comme une perle unique et merveilleuse, infiniment précieuse, extraite par le Seigneur Jésus lui-même des trésors inépuisables de sa grâce parfaite et offerte à notre foi instant après instant.

N’avez-vous pas trouvé dans le Christ un réconfort, dans l’amour un encouragement, par l’Esprit une communion entre vous? N’avez-vous pas de l’affection et de la bonté les uns pour les autres? Rendez donc ma joie complète: tendez à vivre dans l’unité. Et pour cela, ayez le même amour, une même pensée, et tendez au même but… (Phil 2.1-2).

Decker Maurice

 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine

Quand l’union ne fait pas toujours la force

Aux élections régionales en Île-de-France, un accord de dernière minute a été trouvé à gauche entre Julien Bayou (EÉLV), Audrey Pulvar (PS) et Clémentine Autain (LFI) pour monter une liste commune et espérer remporter le second tour. Un ensemble qui a paru trop hétéroclite et précipité, jusque dans leurs propres rangs , tant les points de vue de chacun divergent sur plusieurs sujets de fond : laïcité, sécurité, réunions « non mixtes »…

Ce syncrétisme politique balayant (trop) large n’a pas réussi à faire l’unanimité face à une Valérie Pécresse (LR) victorieuse (45,1 % des voix au second tour). Car si le compromis est bien une vertu politique, il semble primordial, dans toute coalition, de ne pas pousser celui-ci jusqu’à l’absence totale de socle commun autour de valeurs partagées. 

Un constat que faisait déjà Nicolas Machiavel au XVI e  siècle, en dénonçant la faiblesse des « principautés mixtes » .

Une mosaïque idéologique

Le ménage à trois Bayou-Pulvar-Autain a surpris, à droite comme à gauche. Et si Lionel Jospin a bien apporté son soutien à Julien Bayou et ses alliés, en tant que héraut de la « gauche plurielle », l’alliance a été largement critiquée sur le spectre politique, jusque dans leurs propres camps. Jean-Paul Huchon, ancien président socialiste du conseil régional d’Île-de-France (1998-2015), a déclaré publiquement voter « sans hésitation » pour Valérie Pécresse face à une alliance jugée « baroque » . Un choix soutenu par l’ancien Premier ministre (ex-)socialiste, Manuel Valls.

En effet, nombreux sont les sujets de fond qui fracturent les différents mouvements de gauche depuis plusieurs années. En désaccord sur les questions de laïcité et de sécurité notamment, certains veulent apporter leur soutien aux policiers, tandis que d’autres critiquent inlassablement le racisme « systémique » des forces de l’ordre. Audrey Pulvar, plus particulièrement, défendait il y a quelque mois les réunions « non mixtes », s’attirant les foudres de personnalités de son propre parti… mais la sympathie du leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon.

Pourtant, certains voulaient croire à la restructuration unique d’une gauche « sociale et écologique » . En réalité, nombreux sont ceux qui dénoncent désormais le rapprochement calculateur de gauches plurielles… et souvent irréconciliables. Et le choix de l’alliance, éminemment stratégique au départ, ne se révèle que peu efficace lorsqu’on constate le résultat concluant de ceux qui ont pris le parti de s’affirmer dans leurs idées, quitte à ne pas faire consensus. En témoigne le score probant de Valérie Pécresse, face à un trio en perte de sens (et de voix) lorsqu’il décide de faire campagne commune, sur des bases idéologiques trop floues.

Une dilution problématique du pouvoir

S’il semble juste de s’allier entre « faibles » pour rivaliser contre les « puissants », reste le problème du partage du pouvoir une fois la coalition hétéroclite élue. « Un habile législateur […] doit employer toute son industrie pour attirer à soi tout le pouvoir. Un esprit sage ne condamnera jamais quelqu’un pour avoir usé d’un moyen hors des règles ordinaires pour régler une monarchie ou fonder une république », écrit Machiavel dans son Discours sur la première décade de Tite-Live (1531). Une pensée qu’il nuançait toutefois dans Le Prince (1532) : « La position de ce prince est telle […] qu’il ne peut conserver l’amitié et la fidélité de ceux qui lui en ont facilité l’entrée, soit par l’impuissance où il se trouve de les satisfaire autant qu’ils se l’étaient promis, soit parce qu’il ne lui convient pas d’employer contre eux ces remèdes héroïques dont la reconnaissance le force de s’abstenir » — entendre l’usage de la force militaire.

Ainsi, s’il peut paraître a priori stratégiquement utile et légitime de se servir d’autrui pour arriver au pouvoir, le résultat n’en n’est que doublement négatif. D’abord, parce que l’élection d’une telle coalition déboucherait sur une dilution des responsabilités, empêchant toute marge de manoeuvre, où l’allié devient l’adversaire. Pis encore, dans pareil cas de figure, c’est le peuple lui-même qui se fait ennemi quand aucun des membres élus n’est en mesure de tenir ses promesses, bloqué par les autres. Et si « le désir d’acquérir est sans doute une chose ordinaire et naturelle , écrit Machiavel, en former le dessein sans pouvoir l’exécuter, c’est encourir le blâme et commettre une erreur ». À trop promettre et à trop concéder, les hommes et femmes politiques de gauche risquent ainsi de ne plus y trouver leur compte – ni leurs électeurs.

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