Dissertations corrigés de philosophie pour le lycée

Catégorie : La raison

La raison, cette faculté humaine unique qui permet la pensée logique et la résolution de problèmes, est au cœur de la philosophie épistémologique et de la philosophie de l’esprit. Elle nous interpelle sur la nature de la connaissance, sur les méthodes de la pensée critique, et sur la quête de la vérité. L’exploration de la raison nous guide dans notre recherche de compréhension du monde.

femme en priere devant un autel en forme de cerveau

La religion est-elle contraire à la raison ?

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Le bonheur est-il affaire de raison ?

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La raison est un outil fondamental de l’homme pour comprendre et interagir avec le monde. Cependant, sa fonction exacte est souvent débattue. Cette dissertation philosophique explorera la question « À quoi sert la raison ? », en examinant diverses perspectives et théories philosophiques.

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La raison conduit-elle toujours au bonheur ?

Dissertation entièrement rédigée en deux parties : I. La raison peut - dans une certaine mesure - conduire au bonheur, II. Mais ce n'est pas une garantie

La philosophie, que l'on peut définir comme étant une réflexion visant à proposer une interprétation de l'existence humaine, met souvent en avant la question du bonheur qui constitue une des préoccupations majeures du philosophe. Etat durable de plénitude et de satisfaction, il est considéré comme le but ultime de toutes nos actions. Mais c'est dans sa conception qu'il suscite la controverse. Si seul l'usage de la raison, c'est-à-dire la faculté de bien juger, peut permettre le bonheur pour certains, d'autres affirment au contraire que raison et bonheur sont incompatibles. Mais la condamnation des passions au nom de la raison est-elle souhaitable ? En d'autres termes, la raison est-elle garante du bonheur humain ? Si la raison peut, dans une certaine mesure, conduire au bonheur, ce que nous verrons dans une première partie, nous constaterons qu'elle n'en est pas une garantie.

I. La raison peut, dans une certaine mesure, conduire au bonheur

Tout d'abord, voyons que la raison peut nous apporter le bonheur. L'homme est naturellement corrompu par ses désirs, qui prédominent dans ses actes comme nous le rappelle d'ailleurs Hobbes dans son oeuvre majeure, Le Léviathan . Or, cette tyrannie exercée par nos désirs nous pousse dans une attente, une dépendance à l'égard des événements. Alors, comment être heureux si nous ne sommes pas libres mais que nous vivons constamment dans l'attente ? C'est là que la raison peut intervenir. La raison, par définition, est le pouvoir de distinguer le vrai du faux, notre capacité de raisonnement qui nous distingue de l'animal, et qui peut donc, surtout, nous permettre de prévoir. En en faisant le meilleur usage, je peux ainsi me détacher des désirs que j'éprouve : être raisonnable, c'est me consacrer uniquement à ce qui dépend de moi. Ainsi, user de sa raison permet de ne plus désirer, c'est-à-dire de ne manquer de rien. On a donc tout pour être heureux puisque l'on est libre. Telle est d'ailleurs la conception stoïcienne du bonheur : acquiescer à l'ordre du monde, s'accommoder de tout ce qui survient en dehors de nous. Dans Entretiens notamment, Epictète affirme par exemple : «  Personne n'est maître de ce qui est important pour nous; et nous n'avons nul souci des choses dont les autres sont maîtres  ». Donc, la philosophie stoïcienne montre bien que la raison, véritable force d'âme du sage, est l'élément essentiel permettant de jouir pleinement du bonheur.

De plus, la raison joue un rôle prépondérant dans l'accession au bonheur dans le sens où elle permet d'accéder à la connaissance. En effet, ce n'est pas la satisfaction incessante de nos désirs qui nous rend heureux mais la connaissance de la vérité : quand je suis confronté à un choix, par exemple, je dois utiliser ma raison, penser le pour et le contre, utiliser mes facultés mentales et mon entendement de telle sorte que ma réponse soit le fruit d'un véritable jugement. Ainsi, en réfléchissant, je ne vis pas dans l'illusion mais dans la lucidité qui me fait éprouver une satisfaction, car j'ai le sentiment d'avoir «  bien agi  », et à chaque fois que j'agis ainsi, je me rapproche du bonheur car je connais de mieux en mieux le «  vrai bien  », la vérité. Lucidité et bonheur peuvent donc, dans cette première partie, sembler compatibles. Cette conception de la raison comme génératrice de bonheur a été adoptée par un grand nombre de philosophes, et qui plus est en tout temps. Platon, dans Giorgias , puis Descartes, dans Les principes de la philosophie, affirment ainsi que le libre exercice de notre volonté, éclairée par notre raison, génère la vraie satisfaction, la béatitude, autrement dit le bonheur, grâce à «  l'action bien faite  » pour reprendre l'expression cartésienne. De même, Aristote montre que la pratique de la vertu, qu'il considère comme l'utilisation de la partie rationnelle de l'âme, est une «  attitude habituelle  », comme un habitus qui permet d'accéder au bonheur. Donc, pour eux, de la bonne connaissance résulte la bonne action donc le bien-être. Ainsi, seule une vie juste et bonne, guidée par la raison, permet d'atteindre le bonheur. En conclusion, on peut donc dire que la raison, en permettant de ne plus se préoccuper de ses désirs premièrement, et de nous guider vers les actions véritablement bonnes secondement, permet de nous affranchir de tout trouble intérieur, nous disposant ainsi au bonheur. Concluons ce premier mouvement sur cette phrase de Spinoza extraite de l' Ethique , qui résume parfaitement les deux rôles de la raison que nous venons de développer : «  Le Sage, en discernant le vrai du faux, le bien du mal, ne connaît guerre de trouble intérieur [...] et possède le vrai contentement. Et qui ne peut gouverner ses désirs ne peut jouir de la paix de l'âme ni de la connaissance, mais périt nécessairement  ».

II. Mais ce n'est pas une garantie

Cependant, chacun dispose de la raison qui, comme nous l'avons vu, est ce qui différencie l'homme de l'animal (Aristote). Alors, si l'on s'attachait uniquement à la pensée aristotélicienne, chacun serait heureux. Or, ce n'est bien évidemment pas le cas. Alors, pourquoi ne sommes-nous pas tous heureux ? Quelles sont les limites de la raison ? Pourquoi n'est-elle pas toujours garante du bonheur ?

Nous venons de voir que la raison, en nous permettant de déterminer quelles actions étaient bonnes et lesquelles étaient mauvaises, nous procurait un bien-être car nous discernions le vrai du faux. Cela dit, plus un sujet grandit, plus il est confronté à des choix qui, en le faisant réfléchir, développent son entendement, sa raison. Or, plus ma raison se développe, plus mon savoir grandit et plus je m'approche de la réalité, du réel, ce qui peut me pousser à douter du bonheur. Si tous mes besoins, tous mes désirs, sont satisfaits continuellement, mais que je ne suis jamais pleinement heureux, le bonheur est-il vraiment possible ? N'est-ce pas qu'une illusion, qu'un simple concept que je me force à accepter pour donner un sens à mon existence ? En effet, ma raison peut me faire comprendre que le bonheur n'est qu'une illusion. Mes illusions de bonheur seraient ainsi anéanties. Donc, la raison, basée sur l'expérience, dite « empirique », ne me conduit pas toujours au bonheur car elle peut justement me faire douter de ce dernier. Kant défend cette position dans la Critique de la Raison pure : «  Ce qui en toi tend au bonheur, c'est le penchant, ce qui restreint ce penchant [...] c'est ta raison  ». Il montre ainsi que la raison, bien au contraire de ce qu'affirmaient stoïciens ou cartésiens, nous éloigne du bonheur en nous en faisant justement douter. Alors, faut-il ne rien savoir ? Est-il préférable de ne pas être lucide et résider constamment dans l'illusion ?

Admettons que le bonheur soit possible. Même si cela était, la raison m'oblige naturellement à m'en détacher. Effectivement, pour être pleinement heureux, il est préférable de ne pas considérer son intérêt individuel afin de ne pas déclarer, comme l'affirmait Hobbes, un climat de «  guerre de tous contre tous  ». Précisons. Si je veux un objet unique que quelqu'un désire également, nous serons opposés pour obtenir cet objet. Il faut donc considérer l'intérêt collectif, et c'est justement ma raison qui me le préconise. Or, le bonheur porte évidemment au calcul de mes propres intérêts. C'est pourquoi la raison elle-même m'oblige à me détacher du bonheur immédiat, et cette obligation s'impose comme un «  impératif catégorique  », comme l'affirmait Emmanuel Kant, qui considérait que tout sujet respectant cette loi morale, c'est-à-dire toujours prendre en compte l'aspect universel et non individuel, ne pouvait pas satisfaire ses désirs, mais qu'il se rendait «  digne d'être heureu x ».

En effet, pour lui, le bonheur durant la vie terrestre manque de plénitude et la béatitude ne s'obtient que plus tard, dans la vie posthume. C'est ainsi qu'il en venait à la conclusion que dans notre vie, il faut suivre notre raison pour être digne d'être heureux plus tard, bonheur qui nous sera accordé par un Dieu clément au regard de notre vie.

On peut ainsi pense qu'une raison développée peut nous permettre de douter quant à l'existence d'un bien-être total sur Terre, ce qui nous détacherait du bonheur qui ne serait qu'une illusion. Mais la croyance en l'existence d'une vie après la mort nous redonnerait une raison de vivre : être moral, suivre sa raison, pour être heureux plus tard.

En conclusion, on peut donc dire que la raison peut conduire au bonheur en nous permettant de ne plus nous préoccuper de nos désirs ou alors de réaliser de bonnes actions nous procurant une satisfaction, selon les théories stoïciennes et cartésiennes. Cela dit, c'est peut-être même la raison elle-même qui crée ce concept dans le but de donner un sens à notre existence : le bonheur apparaît alors comme «  un idéal de l'imagination  » pour reprendre l'expression kantienne, une utopie, un leurre que chacun accepterait. C'est cette seconde analyse qui semble plus adaptée, car nous ne sommes pas tous heureux, bien que nous ayons tous une raison. Ainsi donc, la raison est nécessaire pour pouvoir juger et ne pas tomber dans l'excès dicté par nos passions, mais il faut tout de même se laisser porter par nos désirs un minimum sans trop user de sa raison qui nous ferait aller trop loin dans le soupçon. Donc, la raison conduit au bonheur si elle ne nous pousse pas trop loin dans ce soupçon qui nous ferait douter du bonheur : certaines illusions de la conscience sont nécessaires pour garder une raison de vivre, comme le disait Nietzsche : «  La vie a besoin d'illusions, c'est-à-dire de non-vérités tenues pour des vérités  » ( Ecce Homo ).

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La raison Cours

La notion de raison comporte deux versants : la rationalité et la raisonnabilité. La rationalité est la capacité de calcul de la raison. En ce sens la raison humaine n'est pas la seule raison qui existe et elle comporte des failles. La philosophie peut alors proposer une méthode pour guider la raison humaine à aboutir à des vérités. Bien agir, c'est agir conformément à la loi morale. Cependant la rationalité peut être mise au service de fins totalement immorales. La raison est alors déchirée car ses deux versants s'opposent. Une solution serait alors de réinterroger la valeur de la vérité et, ce faisant, de la dépasser. Comment l'être humain doit-il faire un bon usage de sa raison pour fonder d'une part des raisonnements logiques et aboutir à des vérités, et d'autre part guider ses actions pour agir de manière raisonnable ?

Définitions de la raison

D'un point de vue cognitif, on peut définir la raison comme rationalité et comme faculté. D'un point de vue moral, la raison est ce qui est raisonnable.

D'un point de vue cognitif, la raison est synonyme de rationalité ou de faculté. Au sens large, la raison c'est la rationalité, c'est l'art de penser en général. Un être doué de raison est un être rationnel. Dans un sens plus spécifique, la raison est une faculté précise et différenciée des autres facultés : on parle de la faculté d'écrire, de mentir, de sentir, etc.

D'un point de vue moral, la raison est synonyme de raisonnable. Un humain est raisonnable quand il sait soumettre à la raison l'ensemble de ses autres facultés. Il maîtrise grâce à sa raison ses impulsions et ses passions.

  • « Faire entendre raison à quelqu'un » c'est l'amener à prendre un parti raisonnable quand il se laisse entraîner par ses passions.
  • Un « mariage de raison » est un mariage où l'intérêt, les considérations matérielles et sociales priment sur le sentiment. On soumet alors les sentiments à la raison.
  • « Écouter la voix de la raison », « suivre le chemin de la raison » signifie être raisonnable, agir conformément à ce que dit la raison et contre ce à quoi incitent les passions.

Ainsi la raison s'oppose au sentiment, aux pulsions, au déraisonnable. Cette seconde définition de la raison comme ce qui est raisonnable montre que le champ d'étude de la raison ne se limite pas au champ théorique et scientifique. Elle recouvre également des enjeux pratiques et moraux.

L'image de l'être humain raisonnable qui use de sa raison pour maîtriser ses passions est une valeur qui n'a rien de nécessaire ni d'universel. Plus encore, cette valeur conduit l'homme fort à ne pas faire usage de sa force.

La raison : orgueil de l'être humain

L'humain est un être rationnel, mais il ne doit pas se montrer orgueilleux de la raison qu'il possède. La raison n'est pas l'apanage de l'être humain, il existe une raison animale. Par ailleurs, la raison humaine a des failles.

La raison de l'humain et celle des autres animaux

La raison humaine n'est pas la seule raison qui soit. Il existe aussi une intelligence animale. La raison humaine n'est donc qu'une raison parmi d'autres.

La raison comme propre de l'humain

Pour Descartes, les animaux sont semblables à des machines. Tous les mouvements et actions des animaux s'expliquent par l'organisation mécanique des corps. Les animaux n'ont donc pas de raison, mais ils sont entièrement soumis à des lois mécaniques. De ce point de vue, il n'y a pas de différence entre un être vivant et un automate.

« La principale raison, selon moi, qui peut nous persuader que les bêtes sont privées de raison, est que, bien que parmi celles d'une même espèce les unes soient plus parfaites que les autres, comme dans les hommes, ce qui se remarque particulièrement dans les chevaux et dans les chiens, dont les uns ont plus de dispositions que les autres à retenir ce qu'on leur apprend, et bien qu'elles nous fassent toutes connaître clairement leurs mouvements naturels de colère, de crainte, de faim, et d'autres semblables, ou par la voix, ou par d'autres mouvements du corps, on n'a point cependant encore observé qu'aucun animal fût parvenu à ce degré de perfection d'user d'un véritable langage, c'est-à-dire qui nous marquât par la voix, ou par d'autres signes, quelque chose qui pût se rapporter plutôt à la seule pensée qu'à un mouvement naturel. Car la parole est l'unique signe et la seule marque assurée de la pensée cachée et renfermée dans les corps ; or tous les hommes les plus stupides et les plus insensés, ceux mêmes qui sont privés des organes de la langue et de la parole, se servent de signes, au lieu que les bêtes ne font rien de semblable, ce que l'on peut prendre pour la véritable différence entre l'homme et la bête.

Je passe, pour abréger, les autres raisons qui ôtent la pensée aux bêtes. Il faut pourtant remarquer que je parle de la pensée, non de la vie, ou du sentiment ; car je n'ôte la vie à aucun animal, ne la faisant consister que dans la seule chaleur de cœur. Je ne leur refuse pas même le sentiment autant qu'il dépend des organes du corps. Ainsi, mon opinion n'est pas si cruelle aux animaux qu'elle est favorable aux hommes. »

René Descartes

Lettre à Morus

5 février 1649

Selon René Descartes, le trait caractéristique permettant de distinguer radicalement l'homme de l'animal est la raison. L'homme est doué à la fois de sensibilité et de raison, tandis que l'animal ne possède que la sensibilité. La sensibilité relève du corps, lequel est explicable par des lois mécaniques. C'est ce que Descartes nomme la substance étendue. La raison ne relève pas du corps et n'est pas explicable par des lois mécaniques : c'est ce que Descartes nomme la substance pensante. Autrement dit, l'animal n'est qu'un corps, tandis que l'homme est à la fois corps et esprit.

La preuve de cette différence est que l'animal est incapable de parler, car la parole est la manifestation extérieure de la présence d'une raison et d'une pensée dans un corps. Ainsi, tout ce qu'apprennent et communiquent les animaux s'explique par des mouvements naturels, c'est-à-dire par du mécanisme, et aucunement par la présence d'une raison et d'une pensée.

L'intelligence animale

La théorie cartésienne de l'animal-machine est aujourd'hui contestée car elle nie l'existence d'une intelligence animale. La rationalité animale constitue une première humiliation de la raison humaine, qui n'est alors plus la seule raison qui soit, mais bien une raison parmi d'autres. Comme l'être humain, les animaux sont des êtres rationnels. Ils sont ainsi capables de faire des raisonnements logiques pour guider leurs actions.

Montaigne, dans les Essais , II, XII, « Apologie de Raymond Sebond », prend l'exemple d'un chien qui, à la recherche de son maître, se retrouve à un carrefour comportant trois chemins. L'animal essaie deux routes et, ne trouvant pas son maître, s'élance sur la troisième sans se servir de son odorat, « mais s'y laisse emporter par la force de la raison ». Le chien a donc fait le raisonnement logique suivant :

  • J'ai suivi mon maître à la trace jusqu'à ce carrefour, il a donc nécessairement emprunté l'une de ces trois voies. Le chien a ainsi énuméré les différents termes du raisonnement.
  • Mon maître n'a pas emprunté la première voie ni la deuxième, il a donc nécessairement emprunté la troisième. Le chien a ainsi exploré les différentes propositions de manière séparée. Il a ensuite su rassembler ces différentes propositions pour dégager une conclusion.

C'est parce qu'il a fait ce raisonnement logique que le chien a pu tirer la conclusion que son maître était sur le troisième chemin. Cette conclusion lui donne une certitude. Celle-ci lui permet de s'élancer sur la troisième voie sans avoir à se servir de son flair. Par cette réflexion, Montaigne pointe l'orgueil de l'humain qui se considère comme le seul être doué de raison.

Ce premier moment pointe l'illégitimité de l'orgueil de l'humain, qui se considère comme le seul être rationnel qui soit. La raison humaine connaît une seconde humiliation lorsqu'on examine ses faiblesses.

Les failles de la raison humaine

La raison humaine est faillible en ce qu'elle ne permet pas à l'humain de tout comprendre. Elle l'est d'autant plus qu'elle peut faire défaut à l'humain, lequel peut alors « perdre la raison » et sombrer dans la folie.

Les limites de la raison humaine

Certaines choses restent inaccessibles à la raison humaine à cause de la finitude de l'être humain. Plus encore, on peut considérer que la raison humaine ne peut comprendre qu'une infime partie du monde.

« Que l'homme contemple donc la nature entière dans sa haute et pleine majesté, qu'il éloigne sa vue des objets bas qui l'environnent. Qu'il regarde cette éclatante lumière mise comme une lampe éternelle pour éclairer l'univers, que la terre lui paraisse comme un point au prix du vaste tour que cet astre décrit, et qu'il s'étonne de ce que ce vaste tour lui-même n'est qu'une pointe très délicate à l'égard de celui que ces astres qui roulent dans le firmament embrassent. Mais si notre vue s'arrête là, que l'imagination passe outre, elle se lassera plutôt de concevoir que la nature de fournir. Tout le monde visible n'est qu'un trait imperceptible dans l'ample sein de la nature. Nulle idée n'en approche ; nous avons beau enfler nos conceptions au-delà des espaces imaginables, nous n'enfantons que des atomes, au prix de la réalité des choses. C'est une sphère infinie dont le centre est partout, la circonférence nulle part. Enfin c'est le plus grand caractère sensible de la toute-puissance de Dieu que notre imagination se perde sans cette pensée.

Que l'homme revenu à soi considère ce qu'il est au prix de ce qui est, qu'il se regarde comme égaré dans ce canton détourné de la nature ; et que, de ce petit cachot où il se trouve logé, j'entends l'univers, il apprenne à estimer la terre, les royaumes, les villes et soi-même son juste prix. »

Blaise Pascal

Pensées , fragment 185, « Disproportion de l'homme »

Si l'homme ne peut accéder qu'à une infime partie de la nature, c'est parce qu'il est un être fini, dont les sens et la raison sont limités. Seul l'intellect divin est infini. Cette finitude est due selon Blaise Pascal au fait que l'homme est une créature. L'homme est fini car il fut créé par Dieu, lequel est infini. La disproportion consiste pour l'homme à s'estimer capable de comprendre l'Univers entier. C'est l'orgueil d'une créature finie qui prétend accéder à ce qui est infini. Cette humiliation conduit l'homme à réévaluer sa place et sa propre valeur au sein de l'univers, c'est-à-dire à corriger sa « disproportion ». Cette pensée ne doit ainsi pas conduire l'homme à renoncer à ses recherches, ni à se lamenter sur sa propre finitude. Au contraire, l'homme doit reconnaître, accepter et respecter les limites qui sont les siennes. Il ne doit pas chercher à comprendre l'entièreté du monde, mais s'attacher à l'infime parcelle qu'il est dans ses capacités de connaître.

La finitude de l'être humain permet de souligner une première limite de la raison humaine en pointant ce qui demeure hors de sa portée. Une seconde limite est la vulnérabilité de la raison humaine. L'être humain possède une raison, mais il peut également la perdre.

Perdre la raison : l'expérience de la folie

L'humain est un être rationnel en tant qu'il possède une raison. Il peut cependant se conduire de manière complètement irrationnelle quand sa raison lui fait défaut.

Les dieux peuvent enlever à l'être humain sa raison et l'amener à commettre des actes insensés.

Dans la pièce d'Euripide La Folie d'Héraclès , Héra (Junon) rend Héraclès (Hercule) fou, et cette folie le conduit à tuer sa femme et ses enfants.

Les sentiments de l'humain peuvent le faire basculer dans la folie.

Dans la pièce de William Shakespeare Othello , un roi, devenu fou de jalousie, assassine sa femme Desdémone.

La présence du surnaturel, c'est-à-dire de ce qui par essence échappe à la raison humaine, peut conduire l'humain à la folie.

La nouvelle Le Horla de Guy de Maupassant ou le film Shining de Stanley Kubrick illustrent cette idée.

La perte de la raison peut s'expliquer enfin par des raisons médicales. Il est possible d'expliquer scientifiquement et rationnellement la folie.

Les films Psychose d'Alfred Hitchcock et Vol au-dessus d'un nid de coucou de Milos Forman expliquent scientifiquement et rationnellement la folie.

La raison humaine n'est pas toute-puissante. Bien au contraire, elle est fragile au sens où elle peut défaillir. L'humain peut ainsi tomber dans le délire et la folie. De même, la raison humaine est faillible, c'est-à-dire qu'elle échoue à comprendre un grand nombre de choses. Enfin, la raison humaine n'est pas la seule raison qui existe : il existe aussi une intelligence animale. Si la raison humaine est une raison parmi d'autres et qu'elle est imparfaite, quelles sont cependant ses caractéristiques propres ?

Apprendre à raisonner

Si la raison humaine n'est pas la seule raison qui existe, elle a cependant ses caractéristiques et ses faiblesses propres. L'humain doit alors apprendre à faire un bon usage de la raison qui est la sienne pour bien juger et parvenir à des vérités.

Chercher la vérité : la nécessité d'une méthode

Il ne suffit pas d'être doué de raison pour trouver des vérités. Il faut encore savoir en faire bon usage. Descartes fonde ainsi une méthode permettant à l'être humain de raisonner droitement, c'est-à-dire de juger de manière juste et de parvenir ainsi à des vérités.

« Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée. »

Discours de la méthode , I

C'est sur cette phrase que s'ouvre le Discours de la méthode de René Descartes. Le bon sens désigne ici la raison, c'est-à-dire la faculté de bien juger, de distinguer le vrai du faux. Tous les hommes possèdent une raison, et chacun peut donc accéder à la vérité.

Cependant, on constate dans l'expérience que les humains font aussi des erreurs. Tout être humain peut accéder à la vérité car il possède une raison, mais en fait les humains se trompent. La cause de l'erreur est que l'humain ne s'est pas servi correctement de sa raison. Ainsi, il ne suffit pas d'avoir une raison pour accéder à la vérité : il faut aussi savoir bien s'en servir. Comment l'être humain peut-il faire un bon usage de sa raison, et ainsi découvrir des vérités ? Pour faire bon usage de sa raison, il est nécessaire de suivre une méthode. Le terme « méthode » vient du grec methodos , terme signifiant la poursuite d'un chemin. Il s'agit donc de « chercher la vraie méthode pour parvenir à la connaissance de toutes les choses dont mon esprit serait capable ».

Le doute : élément crucial de la méthode

Une fois posée la nécessité de la méthode, Descartes en expose le principe essentiel. Ainsi, la méthode cartésienne repose sur un doute systématique, radical et provisoire.

L'expérience du doute

Avant d'arriver à penser un doute radical, Descartes fit au cours de sa vie plusieurs expériences du doute. Ces dernières l'ont amené à fonder la nécessité du doute en philosophie.

Dans le Discours de la méthode , René Descartes explique qu'il a fait plusieurs expériences du doute dans sa jeunesse. Ainsi, dès son enfance, il est instruit de toutes sortes de sciences. Cependant, alors que ce savoir aurait dû le hisser au rang des doctes, il ne lui permet que de prendre conscience de son ignorance. Descartes étudie la philosophie, mais sans jamais aboutir à une certitude. Toute idée est sans cesse remise en question et apparaît donc comme douteuse.

Descartes fait également de nombreux voyages et constate alors que les opinions des humains varient d'un pays à l'autre. Une opinion jugée ridicule par un peuple sera reçue et approuvée par un autre. Encore une fois, il semble ne pas y avoir de vérité, mais seulement une diversité d'opinions contradictoires.

Le doute méthodique

Riche de ces nombreuses expériences, Descartes en vient à élaborer un doute méthodique servant de principe à sa méthode. C'est paradoxalement par l'exercice du doute que l'humain peut parvenir à des certitudes et à des vérités.

« Que pour examiner la vérité il est besoin, une fois en sa vie, de mettre toutes choses en doute autant qu'il se peut.

Comme nous avons été enfants avant que d'être hommes, et que nous avons jugé tantôt bien et tantôt mal des choses qui se sont présentées à nos sens lorsque nous n'avions pas encore l'usage entier de notre raison, plusieurs jugements ainsi précipités nous empêchent de parvenir à la connaissance de la vérité, et nous préviennent de telle sorte qu'il n'y a point d'apparence que nous puissions nous en délivrer, si nous n'entreprenons de douter une fois en notre vie de toutes les choses où nous trouverons le moindre soupçon d'incertitude. »

Principes de la philosophie , I, 1

Un enfant a besoin de préjugés : Descartes ne dit pas que l'homme ne doit jamais recevoir d'opinion ou de préjugé sans les examiner. Un enfant ne peut pas faire autrement, car sa raison n'est pas assez développée pour qu'il puisse examiner les idées qu'il reçoit de la coutume et de l'autorité. Il lui faut cependant des principes pour guider ses actions.

Il faut se défaire des préjugés quand la raison est assez formée. Quand l'homme est en âge de penser par lui-même, c'est-à-dire quand sa raison est assez formée, il doit se défaire des préjugés reçus par la persuasion de l'exemple et de la coutume. Contre la tradition et l'autorité des doctes, il doit user de sa raison pour trouver par lui-même des vérités. Il s'agit donc de « bâtir dans un fond qui est tout à moi ».

Ainsi, avant de trouver des vérités par lui-même, l'humain doit commencer par faire table rase des opinions qu'il a reçues. Cet impératif est le tout premier principe des Principes de la philosophie . Descartes rejette donc tous les préjugés qu'il avait reçus sans avoir pris le temps de les examiner par lui-même. Un préjugé ne doit donc être reçu que si l'esprit en a par lui-même éprouvé le bien-fondé, c'est-à-dire si ce préjugé est reconnu comme vérité après être passé au crible de la raison. Le fait de douter systématiquement de toutes les idées que l'on n'a pas encore examinées s'appelle le doute méthodique.

Le doute cartésien est un moyen pour l'esprit d'atteindre une vérité, c'est un doute méthodique et provisoire. À terme, l'esprit doit dépasser le doute pour atteindre une vérité, c'est-à-dire une certitude. À l'inverse, le doute sceptique est à lui-même sa propre fin, c'est-à-dire que le sceptique ne cesse jamais de douter.

« Les sceptiques ne doutent que pour douter et affectent d'être toujours irrésolus… au contraire, tout mon dessein ne tend qu'à m'assurer et à rejeter la terre mouvante et le sable, pour trouver le roc et l'argile. »

Discours de la méthode, III

Les quatre étapes de la méthode

Après avoir exposé la nécessité et le principe de sa méthode, Descartes en détaille les différentes étapes. C'est en suivant pas à pas ces différents paliers que l'esprit parvient à la vérité.

« 45. Ce que c'est qu'une perception claire et distincte

La connaissance sur laquelle on peut établir un jugement clair et indubitable doit être non seulement claire, mais aussi distincte. J'appelle claire celle qui est présente et manifeste à un esprit attentif ; de même que ce que nous disons voir assez fort, et que nos yeux sont disposés à les regarder ; et distincte, celle qui est tellement précise et différente de toutes les autres, qu'elle ne comprend en soi que ce qui paraît manifestement à celui qui la considère comme il faut. »

Principes de la philosophie , article 1

Idée claire

Une idée claire s'oppose à une idée obscure. C'est une idée que l'on comprend totalement, où il n'y a pas de zone d'ombre, d'où la comparaison avec la clarté de la vue. Un objet apparaît beaucoup plus clairement sous tous ses contours en plein jour que dans une semi-obscurité.

Idée distincte

Une idée distincte est une idée que l'on ne confond pas avec une autre. C'est une idée qui se détache nettement des autres idées que l'on peut avoir. Le critère de la vérité est pour Descartes l'évidence, c'est-à-dire lorsqu'une idée apparaît à l'esprit de manière claire et distincte.

« Le premier [des préceptes] était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie, que je ne la connusse évidemment être telle : c'est-à-dire d'éviter soigneusement la précipitation et la prévention ; et de ne comprendre rien de plus en mes jugements, que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à mon esprit, que je n'eusse aucune occasion de le mettre en doute.

Le second, de diviser chacune des difficultés que j'examinerais en autant de parcelles qu'il se pourrait et qu'il serait requis pour les mieux résoudre.

Le troisième, de conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu, comme par degrés, jusques à la connaissance des plus composés.

Et le dernier, de faire partout des dénombrements si entiers, et des revues si générales, que je fusse assuré de ne rien omettre. »

Discours de la méthode , II

Le premier précepte permet d'éviter l'erreur due à la précipitation et à la prévention. L'homme juge dans la précipitation quand il formule un jugement avant que sa raison ait fini de mener son analyse sur l'objet concerné. Il juge par prévention quand son jugement se base sur l'influence de l'habitude et de la coutume.

Le second précepte correspond à l'opération mathématique de la division : l'esprit divise le composé en éléments simples.

Le troisième précepte est la réciproque du second : après être passé du composé au simple, l'esprit part du simple pour reconstruire le composé. Le simple c'est, comme son nom l'indique, ce qui n'est pas composé. Le simple est donc ce qui ne suppose rien d'autre pour être connu, c'est-à-dire qu'il est l'élément le plus facile à connaître. À l'inverse, le composé est ce qui s'éloigne du plus simple par un grand nombre de déductions.

Le quatrième précepte expose l'opération de dénombrement par laquelle l'esprit vérifie qu'il n'a rien oublié.

Il faut noter que cette méthode est un exercice de l'esprit, c'est-à-dire qu'elle doit être pratiquée afin d'affermir l'esprit, de l'entraîner à rechercher correctement des vérités.

La raison humaine est développée et affermie par une méthode qui assure le bon usage que l'humain en fait. Il peut alors, grâce à sa raison, ériger différents types de raisonnements et accéder à différentes vérités.

La raison comme ce qui est raisonnable

Le versant moral de la raison intervient dans le domaine pratique, quand il s'agit de déterminer et de juger les actions des humains. L'être humain ne fait pas usage de sa raison de la même manière dans le domaine logique et dans le domaine pratique. Ces deux versants de la raison peuvent même entrer en opposition. Cette dernière peut alors conduire à la destruction du versant moral de la raison, ou bien à son dépassement.

Le versant moral de la raison : guider l'action humaine

Le versant moral de la raison est la raisonnabilité. L'humain fait un usage moral de sa raison quand il doit déterminer sa manière d'agir conformément à la morale. Cependant, de même qu'il peut mobiliser les deux versants de sa raison, l'humain peut refuser de s'en servir, délaissant à la fois sa rationalité et sa raisonnabilité.

Agir de manière raisonnable

Quand il s'agit de guider ses actions, l'humain peut mobiliser le versant moral de sa raison. Le domaine logique d'une part et le domaine pratique et moral d'autre part correspondent alors à deux usages différents qu'il fait de sa raison.

L'humain agit de manière raisonnable lorsque son action est conforme à la morale. René Descartes, dans la troisième partie du Discours de la méthode , propose alors une morale pour guider nos actions. De même que la méthode guide l'humain dans le champ logique, la morale le guide dans le champ pratique. Cependant, l'être humain fait un usage différent de sa raison dans chacun de ces deux champs. En effet, la raison recommande à l'être humain de rester irrésolu tant qu'il ne sera pas certain d'avoir atteint la vérité. Ce principe vaut dans le domaine logique, mais il est inapplicable dans le champ pratique. Effectivement, l'être humain ne peut pas rester irrésolu dans ses actions, car certaines situations exigent qu'il agisse, quand bien même il ne sait pas avec certitude quel parti est le plus sage. C'est donc parce que l'esprit remet en doute l'ensemble de ses idées en suivant la méthode qu'une morale dite « par provision » est nécessaire afin de guider l'action quand l'esprit n'a pas encore fini l'examen de ses idées. La méthode fonde la nécessité de la morale.

« Afin que je ne demeurasse point irrésolu en mes actions, pendant que la raison m'obligerait à l'être en mes jugements (…) je me formerai une morale par provision »

Discours de la méthode , III

La morale que Descartes propose est une morale par provision, c'est-à-dire une morale imparfaite dont on suit les principes en attendant de savoir quel est effectivement le meilleur parti. Il s'agit donc d'une morale provisoire.

« Ma seconde maxime était d'être le plus ferme et le plus résolu en mes actions que je pourrais, et de ne suivre pas moins constamment les opinions les plus douteuses, lorsque je m'y serais une fois déterminé, que si elles eussent été très assurées. Imitant en cela les voyageurs qui, se trouvant égarés en quelque forêt, ne doivent pas errer en tournoyant, tantôt d'un côté, tantôt d'un autre, ni encore moins s'arrêter en une place, mais marcher toujours le plus droit qu'ils peuvent vers un même côté, et ne le changer point pour de faibles raisons, encore que ce n'ait peut-être été au commencement que le hasard seul qui les ait déterminés à le choisir : car, par ce moyen, s'ils ne vont justement où ils désirent, ils arriveront au moins à la fin quelque part, où vraisemblablement ils seront mieux que dans le milieu d'une forêt. Et ainsi, les actions de la vie ne souffrant souvent aucun délai, c'est une vérité très certaine que lorsqu'il n'est pas en notre pouvoir de discerner les plus vraies opinions, nous devons suivre les plus probables ; et même, qu'encore que nous ne remarquions point davantage de probabilité aux unes qu'aux autres, nous devons néanmoins nous déterminer à quelques-unes, et les considérer après, non plus comme douteuses, en tant qu'elles se rapportent à la pratique, mais comme très vraies et très certaines, à cause que la raison qui nous y a fait déterminer se trouve telle. »

Une des maximes de la morale par provision porte sur le cas où l'homme doit agir sans connaître les vérités qui pourraient le guider. Il doit alors suivre les opinions les plus probables aussi fermement que s'il s'agissait de vérités, c'est-à-dire sans jamais en dévier. Cette morale préserve alors l'homme de tout remords d'avoir mal agi, car ce dernier a agi du mieux qu'il pouvait.

Le rejet de la raison : le refus de la rationalité et de la raisonnabilité

L'aspect moral peut renforcer l'aspect logique de la raison quand il s'agit de guider l'action humaine. Cependant, si l'humain peut se servir de sa raison sous ces deux aspects, il peut également refuser d'en user. Il rejette alors autant la rationalité que la raisonnabilité dont il est capable.

« Les Lumières, c'est la sortie de l'homme hors de l'état de tutelle dont il est lui-même responsable. L'état de tutelle est l'incapacité de se servir de son propre entendement sans la conduite d'un autre. On est soi-même responsable de cet état de tutelle quand la cause tient non pas à une insuffisance de l'entendement mais à une insuffisance de la résolution et du courage de s'en servir sans la conduite d'un autre. Sapere aude ! [Ose savoir !] Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des Lumières.

Paresse et lâcheté sont les causes qui font qu'un grand nombre d'hommes, après que la nature les eut affranchis depuis longtemps d'une conduite étrangère, restent cependant volontiers toute leur vie dans un état de tutelle ; et qui font qu'il est si facile à d'autres de se poser comme leurs tuteurs. Il est si commode d'être sous tutelle. Si j'ai un livre qui a de l'entendement à ma place, un directeur de conscience qui a de la conscience à ma place, un médecin qui juge à ma place de mon régime alimentaire, etc., je n'ai alors pas moi-même à fournir d'efforts. Il ne m'est pas nécessaire de penser dès lors que je peux payer ; d'autres assumeront bien à ma place cette fastidieuse besogne. Et si la plus grande partie, et de loin, des hommes tient ce pas qui affranchit de la tutelle pour très dangereux et de surcroît très pénible, c'est que s'y emploient ces tuteurs qui, dans leur extrême bienveillance, se chargent de les surveiller. Après avoir d'abord abêti leur bétail et avoir empêché avec sollicitude ces créatures paisibles d'oser faire un pas hors du chariot où ils les ont emprisonnés, ils leur montrent ensuite le danger qui les menace s'ils essaient de marcher seuls. […] Il est donc difficile à chaque homme pris individuellement de s'arracher à l'état de tutelle devenu pour ainsi dire une nature. »

Emmanuel Kant

Qu'est-ce que les Lumières ?

Pourquoi vouloir se maintenir dans l'état de tutelle ? Une telle volonté est à la fois un refus de se servir de la rationalité dont l'homme est capable, et un acte déraisonnable.

L'humain choisit de rester sous tutelle par paresse : accéder aux Lumières demande un effort. Celui qui refuse de penser par lui-même se laisse gagner par le confort et la facilité qu'il y a à déléguer cet effort à un autre. Se laisser conduire par un autre évite toute remise en question et tout ébranlement de ses convictions. De plus celui qui pense à la place d'un autre lui donne des idées toutes faites. L'être humain s'épargne alors l'effort de penser par lui-même. Cette délégation devenant habituelle, il est toujours plus difficile de commencer à penser par soi-même.

L'humain choisit de rester sous tutelle par lâcheté : cette lâcheté vient de la peur de se tromper et d'être tenu pour responsable de ses erreurs. À l'inverse, celui qui se laisse gouverner par un autre ne sera jamais tenu pour responsable : le responsable sera son guide. De plus les idées toutes faites que lui donne son guide correspondent à une certaine norme. L'homme sous tutelle est alors sûr de ne pas penser contre la masse, et de ne pas être confronté à la difficulté de s'affirmer. Il jouit du sentiment de sécurité qu'apporte le conformisme.

Se laisser guider par un autre : un acte déraisonnable. Le tuteur de l'enfant doit le faire passer d'un état de dépendance, d'hétéronomie, à un état d'autonomie. Il le conduit à dépasser l'état de tutelle pour accéder à une liberté de penser et d'agir par lui-même. L'objectif est de le faire accéder à la liberté. Il est un maître à penser, c'est-à-dire celui qui apprend à penser.

Inversement, le tuteur responsable de la tutelle d'un autre ne le fait pas devenir autonome. Il le conforte dans sa servitude afin de conserver sur lui un pouvoir et le manipuler. Ainsi il l'abêtit, c'est-à-dire qu'il ne l'aide pas à exercer ses facultés. Il n'éveille pas sa raison, mais au contraire l'endort. De plus, il fait peur à l'homme qu'il veut maintenir sous sa tutelle. Il lui représente le pas à franchir vers l'autonomie comme redoutable. L'humain volontairement sous tutelle s'ôte lui-même le pouvoir de juger de son tuteur. Il ne va pas de soi que celui qui se prétend son tuteur soit digne de l'être, qu'il soit lui-même dans les Lumières, c'est-à-dire qu'il ne soit pas lui-même guidé par un autre. Un tel tuteur est un maître penseur, celui qui pense à la place d'un autre. Ainsi l'homme qui se maintient volontairement dans un état de tutelle refuse de se servir de sa rationalité, et se prive lui-même de sa liberté, ce qui est un acte déraisonnable.

Un pas supplémentaire peut être franchi quand le rationnel entre en opposition avec le raisonnable. En effet, un homme, tout en étant rationnel, peut choisir de ne pas être raisonnable, voire d'agir à l'encontre de la morale.

La destruction du raisonnable par le rationnel

L'homme peut mettre sa rationalité au service de fins totalement immorales. La raison est alors déchirée, quand ses deux versants se séparent radicalement l'un de l'autre et s'opposent.

La mise en place de la « solution finale » par les nazis est un exemple historique de cette déchirure et de cette opposition. Georges Didi-Huberman, dans Images malgré tout , explique que les nazis ont voulu et construit le caractère inimaginable de la Shoah. Il reprend alors le témoignage du détenu Simon Wisenthal, lequel rapporte les paroles d'un SS disant que tous les soupçons et les recherches ne permettront jamais de dégager de preuve de l'existence de la Shoah. La cause en est que les nazis auront détruit toutes les preuves matérielles et humaines. Ainsi le crématoire V d'Auschwitz fut détruit en 1945 par les SS eux-mêmes ; et les Sonderkommandos furent contraints de détruire tous les documents sur les détenus. L'oubli de l'extermination fait partie de l'extermination elle-même.

Un autre moyen employé par les SS pour cacher l'existence de la Shoah fut le détournement de la langue. Ainsi le mot allemand sonder signifie « spécial, séparé, singulier ». Le terme de Sonderbehandlung , qui se traduit littéralement par « traitement spécial », désignait en fait le gazage. De même, les Sonderkommandos ne sont pas seulement un commando spécial comme l'invite à le croire le terme allemand. Ce sont les équipes de détenus chargés de mettre les cadavres dans les fosses ou les fours crématoires. Toutes ces procédures témoignent d'une très grande rationalité, d'une grande capacité de calcul ; mais également de la destruction de toute morale.

Le constat de la possible opposition entre rationnel et raisonnable conduit à interroger la valeur de la raison dans son aspect moral. La raisonnabilité est en effet posée comme une valeur à respecter et à suivre. Quelle est cependant la valeur de cette valeur ?

La raison : une valeur à réinterroger et à dépasser

Le versant moral de la raison, qui pousserait l'homme à agir conformément au bien, n'est qu'une valeur. Plus encore, cette valeur entrave la volonté de puissance de ceux qui sont assez forts pour exprimer pleinement tous les instincts qui sont les leurs.

La valeur raison

Aux yeux de Nietzsche, la raison n'est pas un idéal métaphysique et moral immuable. C'est au contraire une valeur historiquement construite par l'homme. Si l'on interroge la valeur de cette valeur, on s'aperçoit que la raison s'est aujourd'hui retournée contre l'homme en tant qu'elle entrave sa volonté de puissance.

« Exiger de la force qu'elle ne se manifeste pas comme force, qu'elle ne soit pas volonté de domination, volonté de terrasser, volonté de maîtrise, soif d'ennemis, de résistances et de triomphes, c'est tout aussi absurde que d'exiger de la faiblesse qu'elle se manifeste comme force. […] Car, tout comme le peuple sépare la foudre de son éclat, et prend ce dernier pour l'action, pour l'effet d'un sujet qui s'appelle la foudre, de même la morale du peuple sépare la puissance des manifestations de la puissance, comme s'il y avait derrière le puissant un substrat indifférent qui serait libre de manifester la puissance ou de ne pas le faire. Mais un tel substrat n'existe pas ; il n'existe aucun être derrière l'agir, le faire, le devenir ; l'agent est un ajout de l'imagination à l'agir, car l'agir est tout. »

Friedrich Nietzsche

Généalogie de la morale, I, § 13

Friedrich Nietzsche, dans Généalogie de la morale , explique que la raison au sens métaphysique et moral n'est ni un idéal éternel et immuable, ni une faculté de l'esprit. L'équivalence entre la raison, la vertu et le bonheur n'est qu'un préjugé exprimant la victoire de certains instincts sur d'autres. Ainsi, l'idée selon laquelle l'homme doit user de sa raison pour maîtriser ses instincts n'est qu'une valeur. Cette valeur fut posée par les « surnuméraires » pour gâter la volonté de puissance des « forts » et les affaiblir. Au contraire, la raison a une origine sensible et instinctive. Elle est le fruit d'une élaboration. Autrement dit, la raison est l'objet d'un surinvestissement philosophique fictif.

La transvaluation de la valeur raison

L'estimation de la valeur de la valeur raison amène Nietzsche à penser que cette valeur doit être dépassée. Il nomme « transvaluation » le dépassement d'un système de valeurs vers un autre. L'objectif est alors de proposer de nouvelles valeurs qui serviront davantage la volonté de puissance de l'homme, c'est-à-dire la vie.

« Tout animal, y compris la bête philosophe, aspire instinctivement à un optimum de conditions favorables, dans lesquelles il peut déployer toute sa force et atteindre le maximum de son sentiment de puissance ; tout animal, instinctivement et avec une finesse de flair qui « dépasse toute intelligence », repousse également avec horreur les gêneurs et les obstacles de toute espèce qui se mettent ou pourraient se mettre en travers de son chemin vers l'optimum (je ne parle pas de son chemin vers le bonheur, mais de son chemin vers la puissance, vers l'action, vers l'action la plus puissante, qui, dans la plupart des cas, est en fait son chemin vers le malheur). »

Généalogie de la morale , III, § 7

Il est faux de penser que la raison dans son versant moral est quelque chose de paisible. Au contraire, elle est le fruit d'une lutte entre les instincts. Plus encore, la raison est en conflit ouvert avec les instincts qu'elle refoule.

Nietzsche affirme alors qu'il faut rejeter l'idée de raison raisonnable afin de permettre le libre déploiement de la volonté de puissance. Il s'agit donc d'opérer une « transvaluation » de la valeur raison. Autrement dit, il faut poser la question de la valeur de la raison pour dépasser la valeur raison et, à terme, poser de nouvelles valeurs qui permettront le complet déploiement de la volonté de puissance. La raison dans son acception morale est une valeur qui doit être dépassée.

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Cours : La raison

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Introduction :

La raison est une faculté qui nous permet d’exercer un jugement et sur laquelle on fonde traditionnellement la distinction entre l’homme et l’animal. Il faut différencier deux aspects de la raison.

  • La « raison théorique » juge du vrai et du faux. C’est aussi une faculté calculatoire, qui nous permet de discerner les moyens les plus adaptés à la réalisation d’une fin.
  • La « raison pratique » s’exerce, quant à elle, dans le domaine moral et juge du bien et du mal. Elle statue sur la valeur des fins elles-mêmes.

L’adjectif « rationnel » renvoie à la raison théorique, alors que celui de « raisonnable » est plus souvent associé à la raison pratique.

  • Mais dire cela n’implique-t-il pas que l’on puisse faire un usage non raisonnable de la raison, par exemple lorsque la raison théorique met sa puissance calculatoire au service de fins proscrites par la raison pratique ? Nous avons tous en tête l’image du « grand méchant » machiavélique.
  • Et si la raison peut s’exercer au détriment d’elle-même, à quoi renvoie exactement la notion de raison ?

Nous chercherons d’abord à définir la raison. Nous montrerons ensuite quels sont ses usages, puisque la raison n’est pas seulement une faculté de juger, mais également de mise en pratique de ces jugements. Enfin, nous verrons comment la raison peut se retourner contre elle-même.

Qu’est-ce que la raison ?

La raison comme logos.

Notre conception de la raison s’enracine dans la pensée grecque, où cette notion a pourtant un sens particulier.

Logos  :

Le terme logos désigne ce qui relève du discours, logos signifiant à la fois « raison » et « parole ». Il s’agit moins d’une polysémie que de nommer ce qui, pour les Grecs, correspond à une même chose : la parole relève de la raison, et la raison adopte la forme de la parole.

Plus précisément, la raison est comprise comme principe discursif.

Discursif :

La discursivité est le fait de pouvoir mettre en discours (« discursif » et « discours » ont la même étymologie). Ce qui est discursif ne se présente donc pas sous une forme synthétique, par exemple celle de la saisie par l’intuition ou de la représentation visuelle, mais implique au contraire un déploiement dans le temps, une analyse qui se déplie.

Le logos est un principe d’ordre et d’intelligibilité, c’est-à-dire ce qui permet de percevoir un sens dans l’apparente confusion du monde.

Le travail du logos est de découper la réalité en concepts, en catégories, d’isoler et de définir séparément chacune de ces parties. Le logos grec renvoie à l’idée d’un principe universel plutôt qu’à une faculté propre aux individus.

Pour les Grecs, ce principe n’est pas proprement humain mais il est le reflet d’un ordre universel : logos et cosmos sont en miroir l’un de l’autre et forment un tout harmonieux.

Même si notre actualité nous éloigne de cette conception du monde, la raison selon ce concept antique permet de détecter l’ordre rationnel du monde .

  • Autrement dit, la raison humaine existe parce que ce sur quoi elle s’exerce (le monde) relève également d’un principe rationnel.

Une faculté universelle

Les Grecs concevaient donc la raison comme un principe universel, une façon de percevoir le monde. On peut restreindre ce sens et faire de la raison avant tout une faculté , donc une propriété individuelle, liée à des êtres vivants, plutôt qu’un principe dont relèverait tout ce qui existe.

Alt texte

C’est ce que fait Descartes au début du Discours de la méthode  :

« Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose, n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont. En quoi il n’est pas vraisemblable que tous se trompent ; mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger, et distinguer le vrai d’avec le faux, qui est proprement ce qu’on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes ; et ainsi que la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas les mêmes choses. Car ce n’est pas assez d’avoir l’esprit bon, mais le principal est de l’appliquer bien. Les plus grandes âmes sont capables des plus grands vices, aussi bien que des plus grandes vertus ; et ceux qui ne marchent que fort lentement peuvent avancer beaucoup d’avantage, s’ils suivent toujours le droit chemin, que ne font ceux qui courent, et qui s’en éloignent »

Descartes, Discours de la méthode , 1637.

Pour Descartes, la raison en tant que faculté est universellement répartie entre tous les hommes.

  • On pourrait traduire cette idée biologiquement en disant que tous ont les mêmes capacités cognitives, que le cerveau fonctionne de la même manière chez tous.

Pourquoi alors tous ne pensent pas la même chose, demande Descartes, et pourquoi certains se trompent ? Ce n’est pas la raison, en tant que faculté cognitive, qui est en cause, mais la manière dont nous nous en servons .

Les règles de la raison

Puisque la raison est une faculté universelle, au moins chez les humains, cela signifie qu’elle peut répondre à un certain nombre de critères constants. On peut exprimer les propriétés de la raison comme des règles, que la philosophie et la logique s’efforcent de mettre à jour. À la suite d’Aristote, on identifie des principes logiques dont relève la raison.

  • Le principe d’identité

Tout raisonnement et toute activité mentale identifiée comme rationnelle postule qu’une chose est ce qu’elle est. Pour Aristote, le principe d’identité est une exigence fondamentale du discours rationnel.

  • Lorsque je produis un discours, je pars du principe que les objets que je désigne ne sont pas susceptibles de changer à tout moment d’identité. Je peux ne pas être certain de l’identité de ce « je » auquel je me réfère, mais je postule en tout cas son identité et qu’il ne peut pas se transformer brutalement en autre chose.
  • Le principe de non-contradiction

Autre principe fondamental selon Aristote : il est contraire à la raison de postuler qu’une même chose puisse, sous un même rapport, en même temps être et ne pas être.

  • Je peux dire que cette personne est coupable selon tel code juridique mais innocente selon tel autre. Mais je ne peux pas dire que cette autre personne est à la fois morte et vivante. Les propositions $p$ et $non\ p$ ne peuvent être vraies en même temps.

Naturellement, ces principes sont ceux de la raison et ne s’appliquent pas nécessairement à d’autres facultés humaines. Les rêves, contrairement au discours logique par exemple, ne sont pas tenus de les respecter, précisément parce qu’ils ne sont pas une production de la raison.

  • Le principe de causalité

Il ne s’agit plus d’un principe de logique formelle, mais d’un principe permettant de comprendre le sens du devenir, c’est-à-dire de ce qui se produit dans le temps. Ce principe postule que tout effet a une cause, et que dans les mêmes circonstances, la même cause produira le même effet : autrement dit, que les choses ne surviennent pas de façon aléatoire.

On appelle également ce principe le principe de raison suffisante  :

  • rien ne se produit sans cause.

David Hume philosophie

C’est un principe qui est parfois remis en cause. Pour Hume par exemple, ce que nous appelons causalité relève en réalité d’une succession chronologique .

  • Nous sommes accoutumés à ce que tel événement précède toujours tel autre, et nous en déduisons que le premier a entraîné le second.

Tous ces principes permettent de vérifier si ce que nous formulons est conforme à la logique et répond à un ordre rationnel. Il ne s’agit donc là que d’un ensemble de processus permettant de vérifier la validité logique d’un raisonnement.

S’en tenir là n’empêche pas de parvenir à un résultat que l’on pourrait qualifier de « contraire à la raison » ou de déraisonnable. On peut ainsi parfaitement respecter les règles logiques de la raison et produire un discours délirant qui décrirait le monde d’une façon non conforme à la réalité.

Il faut donc également s’interroger sur l’usage que l’on fait de la raison.

Que faire de la raison ?

La raison n’est pas une puissance de calcul.

S’il suffisait de respecter la logique formelle pour être rationnel, c’est-à-dire se conformer aux exigences de la raison, on pourrait alors assimiler la raison humaine à une puissance de calcul, sur le modèle de l’ordinateur. Or la pensée n’est pas un simple calcul numérique.

Le paradoxe de l’âne de Buridan peut illustrer cette idée. Dans cette histoire, qui a souvent été utilisée par les philosophes, un âne se trouve à égale distance entre deux picotins d’avoine. Puisque la distance est la même, il est impossible de choisir d’une façon logique le picotin vers lequel se diriger et l’âne meurt de faim.

Naturellement, aucun être vivant ne se laisserait mourir de faim dans ces conditions. Même guidé par la raison uniquement, et non par l’instinct, un être vivant prendrait une décision.

  • C’est donc faire de la raison une chose absurde que de la limiter à une puissance de calcul.

La raison n’est pas seulement un principe de conformité logique, elle implique également une capacité de jugement, c’est-à-dire la capacité à définir des valeurs ou à évaluer des phénomènes, à en discerner le degré de vérité, d’utilité, de validité ou de moralité. C’est le second aspect que nous avons évoqué en introduction : celui de la raison pratique.

Être raisonnable : vivre sous la conduite de la raison

Être conforme à la raison, ce n’est donc pas uniquement être rationnel, c’est-à-dire respecter la logique, mais également être raisonnable , c’est-à-dire faire preuve de « bon sens » , selon l’expression de Descartes. C’est à cette définition de la raison que se réfèrent les philosophes lorsqu’ils estiment qu’il faut vivre sous la conduite de la raison.

La raison n’est plus assimilée à une simple faculté logique, mais également à la capacité de produire des jugements éthiques .

  • Se conformer à la raison, ce pourra être par exemple, si l’on suit Platon, être capable de maîtriser ses désirs plutôt qu’en être l’esclave, c’est-à-dire être capable de juger qu’un mode de vie a plus de valeur qu’un autre.

Cependant, les maximes de vie seront différentes selon ce qu’on estimera conforme ou non à la raison.

  • Faut-il en déduire que la raison n’est pas universelle ?

Ce serait confondre la raison en tant que faculté et la raison en tant que contenu de pensée .

  • Tous les hommes raisonnent effectivement (faculté), mais tous ne parviennent pas aux mêmes conclusions (contenu de pensée).

Cette non-universalité des contenus pratiques pose problème dans la pratique justement, et certains philosophes ont tenté d’établir des principes pratiques universels.

Emmanuel Kant philosophie

C’est parce que la raison est universellement répartie qu’elle est, selon Kant, ce qui fonde la dignité humaine et qui exige que l’être humain soit respecté.

La raison, pour Kant, fait que les êtres humains, en tant qu’êtres de raison, sont des fins en soi, c’est-à-dire qu’ils portent en eux-mêmes leur propre fin, qu’ils valent par eux-mêmes, de façon absolue et non relativement à d’autres choses qu’eux.

  • La raison fait que les hommes sont toujours des fins, et jamais uniquement des moyens.

Où s’arrête la raison ?

Différentes formes de raison.

La raison peut prendre différentes formes et répondre à différents usages.

Aristote philosophie

Aristote distinguait déjà la rationalité en une partie « scientifique » et une partie « délibérative » .

  • La partie scientifique se consacre à ce qui est nécessaire, à la nécessité dans un sens philosophique : c’est notamment le cas des lois scientifiques.
  • La partie délibérative est utilisée pour ce qui est contingent : c’est avec elle que l’on délibère, que l’on réfléchit pour savoir quelle serait la meilleure action par exemple.

Il s’agit donc de deux activités distinctes de la raison.

  • Utiliser la partie scientifique là où il faudrait, au contraire, s’en remettre à une activité calculative pourrait produire des résultats absurdes.

Il faut en effet distinguer les domaines sur lesquels porte la raison.

  • Est-il raisonnable d’analyser du point de vue de la raison uniquement des phénomènes tels que l’amour, la peur, ou la foi ?

La raison est légitime pour déterminer quelle place réserver à ces sentiments, pour décider quoi en faire ou pour évaluer leurs conséquences. Mais elle n’est peut-être d’aucune utilité pour comprendre le sentiment proprement dit.

Les limites de la raison

Pour Kant, identifier les limites de la raison théorique, celle qu’il appelle la « raison pure » , est un prérequis de l’activité philosophique. Pour exercer pleinement notre raison, il faut en effet être également conscient de ce qu’elle n’est pas capable de faire. Or selon Kant, la raison n’est pas légitime dans tous les domaines.

Il constate que la raison peut soutenir des contradictions : c’est ce qu’il appelle les antinomies de la raison . Certains défendent par exemple l’existence de Dieu, et d’autres pensent le contraire. Il faut donc se demander si la raison peut réellement répondre à ce genre de question.

Pour Kant, la raison ne peut produire de jugements vrais que dans le domaine sensible . Les questions métaphysiques, qui ne concernent pas le sensible, ne sont pas de cet ordre-là. La raison est capable d’y réfléchir, elle a même tendance à le faire, mais elle ne pourra produire aucun jugement objectif sur celles-ci.

Kant distingue la raison et l’entendement .

  • La raison produit des idées et de la pensée, l’entendement produit des concepts et des connaissances.
  • L’entendement est donc une faculté de connaître qui s’applique aux choses sensibles, dans le temps et dans l’espace : au domaine de la science par exemple.
  • La raison, au contraire, correspond à un désir d’absolu , et elle ne se satisfait pas des savoirs relatifs et partiels de la science. Elle s’interroge par exemple sur l’immortalité de l’âme, la nature du monde ou l’existence de Dieu.

Kant ne rejette pas la raison au profit de l’entendement, il souligne au contraire la valeur extrême de la raison, qui porte l’homme à dépasser une pensée uniquement utilitaire. Mais il montre la nécessité de délimiter ce que l’on peut ou non connaître  : la raison a une tendance naturelle à s’interroger sur certains domaines, elle est légitime pour le faire, mais elle ne pourra jamais produire aucun jugement objectif que l’on pourrait vérifier par des règles logiques ou scientifiques. La raison est illégitime lorsqu’elle prétend connaître ce qui ne peut faire l’objet d’une expérience sensible. Mais elle est légitime lorsqu’elle fonde une morale ou qu’elle imagine des œuvres d’art.

Les retournements de la raison

Ce n’est donc pas un rejet de la raison que prône Kant ; mais, en délimitant le rôle de celle-ci, il montre que la raison peut « ne pas avoir raison ». En soulignant les tendances naturelles de la raison à se perdre dans un monde non sensible, Kant a également montré que ce sont justement les caractéristiques mêmes de la raison qui peuvent l’orienter vers quelque chose de déraisonnable.

La modernité nous offre des exemples de tels retournements de la raison.

  • Les historiens ont souligné l’apparente rationalité des processus d’extermination nazis : les camps de concentration et d’extermination ne font pas seulement échos à une barbarie meurtrière, ils sont également le reflet d’une volonté de rationalisation , c’est-à-dire d’une organisation logique, économique et efficace des activités de mise à mort.
  • Les processus d’optimisation économique peuvent être analysés de la même manière et donnent à comprendre le concept de rationalité de façon beaucoup plus négative que le fait habituellement la philosophie.
  • Ce qui semble rationnel d’un point de vue économique peut ne pas l’être d’un point de vue humain.

Comment comprendre ces paradoxes ?

On peut distinguer la raison de la rationalisation .

Rationaliser, c’est réfléchir aux moyens et essayer de les rendre les plus efficaces possible. Mais lorsque la réflexion se porte sur les moyens uniquement sans s’interroger sur la fin pour laquelle on déploie ces moyens, la raison tourne à vide et peut se retourner contre elle-même :

  • il n’est pas rationnel d’être uniquement rationnel.

Conclusion :

La raison est une faculté de juger qui permet à l’homme de connaitre le monde (aspect théorique), et d’orienter ses actions (aspect pratique). Si elle est indéniablement une source de puissance, son usage ne va toutefois pas sans poser de difficultés. En tant que faculté de l’universel, la raison tend spontanément à tout englober et à outrepasser ses propres limites. Elle risque alors de statuer sur des objets qui lui sont en réalité inaccessibles (Dieu, la liberté par exemple), ou bien de mettre sa puissance calculatoire au service de fins destructrices (processus totalitaires, optimisation économique). Il faut donc user raisonnablement de la raison. Paradoxalement, la raison disparaît lorsqu’on lui accorde une place unique ou qu’on se trompe sur la place à lui réserver. C’est donc pour défendre la raison qu’il faut en opérer la critique, au sens kantien, c’est-à-dire réfléchir également à ses limites.

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Sujets de dissertation sur la raison - Exemples en philosophie

La raison est une locution issue du latin, signifiant littéralement « calcul ». La raison s'illustre dans la capacité humaine à dissocier le bien du mal, et le vrai du faux. Il s'agit d'une faculté, en quelque sorte, de l'esprit de juger ce qui nous entoure, de trier, de distinguer. Grâce à la raison, l'Homme peut suivre ses propres principes et modes de vie.

La raison

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Sujet 1 - La vérité liée à la raison

La raison permet à l'esprit de distinguer le vrai du faux et le bien du mal. La raison a donc une fonction de connaissance ce qui permet d'accéder à la vérité. Plusieurs sortes de vérités existent. La première d'entre elles est la vérité dite de fait. La réalité permet ici d'affirmer une position sans pouvoir la discuter par la suite. La vérité de raison en appelle quant à elle aux sciences pour pouvoir affirmer ou informer une information par le biais d'une démonstration.

Sujet 2 - Le raisonnement

Le raisonnement est une méthode consistant en l'analyse d'une thématique pour pouvoir parvenir à un résultat. Il s'agit d'une certaine forme de pensée, au même titre que rêver, imaginer, mais en y ajoutant une sorte de démarche presque scientifique. Un raisonnement est en quelque sorte scientifique, permettant d'introduire, de développer, d'analyser et de conclure sur une thématique précise à l'étude. Le raisonnement trouve sa source dans la réflexion d'un individu vis-à-vis de lui-même.

Sujet 3 - Le renoncement et la raisonnabilité

Le désir est un sentiment qui anime les humains depuis la nuit des temps. Seulement, tous les désirs ne peuvent pas être réalisés, et tous les désirs ne sont pas bons à réaliser. La raisonnabilité entre ainsi en jeu, à l'heure du renoncement. L'individu peut ainsi choisir de renoncer à son désir dans l'optique de laisser sa raison le contrôler, et choisir de meilleures options quant à ses faits et gestes.

Sujet 4 - La raison et la liberté

La liberté d'un individu commence lorsque sa raison prend les devants. En effet, un individu doit être capable de conscientiser sa personne et ses envies, le conduisant par la suite à la liberté qu'il souhaite acquérir. L'individu, en faisant appel à sa raison, est dans la capacité de décider de l'utilité de telle ou telle action ; sans se laisser influencer par ses passions.

Sujet 5 - La raison et le monde naturel

Le monde naturel est impliqué dans la raison. En effet, selon les lois de la nature, une action précise mènera toujours au même résultat. La nature semble ainsi agir selon l'ordre naturel en réaction aux situations qui se présentent devant elle. Il s'agit des lois qui régissent la nature. Cicéron est un philosophe romain ayant abordé la thématique des lois naturelles.

Sujet 6 - La raison et la croyance

La croyance et la raison correspondent à deux visions de la réalité et de la manière dont elle apparaît. La croyance est en effet subjective, contrairement à la raison. La croyance est une thématique, liée à la raison, ayant été étudiée par  Nietzsche et décrite comme « un ennemi plus redoutable que le mensonge ». Platon fait également mention de la croyance à travers l'image d'un prisonnier.

Sujet 7 - Le doute et la raison

Le doute fait partie du processus philosophique. Le doute permet à la raison d'exister, l'individu conscientisant ce qu'il ressent, voit, expérimente. Le doute entraîne une certaine paralysie de la raison, poussant l'individu dont il est question à mener une réflexion quant à la situation qui se présente.

Sujet 8 - Descartes et « Le Discours de la méthode »

Selon Descartes, le concept de raison s'appuie sur la règle de l'évidence. Ainsi, il est important de découvrir les idées fortes dans les questionnements que l'on se pose de manière à en faire émaner une certaine vérité. La vérité sautant aux yeux est considérée comme étant la « vérité claire et simple », soit la vérité immédiate en quelque sorte. La vérité est mise en avant par le biais de la raison, et s'impose ainsi aux yeux d'un individu comme étant évidente. L'intuition et la raison intellectuelles entrent ici en jeu, puisque l'esprit permet de discerner la vérité.

Sujet 9 - Kant et la raison

Kant est un philosophe allemand, ayant réalisé une certaine critique de la raison. En effet, l'objectif final de la démarche entreprise par ce philosophe est de réaliser une étude des possibilités de connaissances d'un individu. La raison est selon Kant ce qui transite par la pensée et ne provient pas forcément d'une expérience ayant été vécue.

Sujet 10 - La science et la raison

La raison rationnelle est une raison se basant sur des faits et démonstrations scientifiques. Ainsi, un individu peut diriger sa raison vers une raison rationnelle, ayant besoin de démontrer tous les faits et dires perçus. Les conclusions scientifiques permettent d'établir des faits concordants et plausibles. Les questionnements sont ainsi émis par la raison, puis analysés et trouvent une réponse grâce à la science.

La raison est une thématique ayant été largement étudiée dans le monde philosophique. Plusieurs philosophes tels que Kant, Descartes ou bien encore Platon l'ont étudiée, sous diverses formes.

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La connaissance. La raison,la vérité = Le rationalisme- Croyance et opinion- L'empirisme-Dossier le réel et le virtuel

Le rationalisme cartésien « je pense donc je suis »-y a-t-il un sens à débattre de la véritéfaut-il démontrer pour savoir faut-il toujours dire la vérité raison, vérité, croyance et opinion -, dissertations, commentaires sur la connaissance en philosophie.

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"Il faut un hasard heureux.....à cette époque comme faits" 

"Qu’est-ce qu’un jugement vrai ? ... ne reproduit rien"

Descartes, Méditations, II

Analyse du morceau de cire 

Qu'est-ce que la vérité?

La  vérité  (du latin  veritas , « vérité », dérivé de  verus , « vrai ») est la correspondance entre une proposition et la réalité à laquelle cette proposition réfère - La première définition de la vérité repose sur la correspondance entre un énoncé, qui est dit « vrai », et la réalité. La vérité = adéquation entre la réalité et l'homme qui la pense.  Un énoncé est vrai seulement s'il correspond à la chose à laquelle il réfère dans la réalité.

Spinoza Pensées métaphysiques ,  trad. R. Caillois, Gallimard, La Pléiade, pp. 316-317.

La première significatiion de  vrai  et de  faux  semble avoir son origine dans les récits; et l'on a dit vrai un récit quand le fait raconté était réellement arrivé; faux, quand le fait raconté n'était arrivé nulle part. Plus tard, les philosophes ont employé le mot pour désigner l'accord d'une idée avec son objet; ainsi, on appelle idée vraie celle qui montre une chose comme elle est en elle-même; fausse, celle qui montre une chose autrement qu'elle n'est en réalité. Les idées ne sont pas autre chose en effet que des récits ou des histoires de la nature dans l'esprit. Et de là on en est venu à désigner de la même façon, par métaphore, des choses inertse; ainsi, quand nous disons de l'or vrai ou de l'or faux, comme si l'or qui nous est présenté racontait quelque chose sur lui-même, ce qui est ou n'est pas en lui.

Qu'est-ce qu'une vérité de fait? 

Hume prend l'exemple du lever du soleil pour établir sa distinction entre vérités de fait et vérités de raison: 

" Les vérités de fait ne sont pas aussi certaines que les vérités de raison :  il n'est donc pas absolument certain que le soleil se lèvera demain, car le contraire n'est pas contradictoir e ." Hume. 

 les vérités de fait sont contingentes et leur opposé est possible

 "Je distingue entre les vérités de fait et les vérités de raison. Les vérités de fait ne peuvent être vérifiées que par leur confrontation avec les vérités de raison, et par leur réduction aux perceptions immédiates qui sont en nous, et dont S. Augustin et M. Descartes ont fort bien reconnu qu'on ne saurait douter ; c'est-à-dire, nous ne saurions douter que nous pensons, et même que nous pensons telles ou telles choses. Mais, pour juger si nos apparitions internes ont quelque réalité dans les choses, et pour passer des pensées aux objets ; mon sentiment est, qu'il faut considérer si nos perceptions sont bien liées entre elles et avec d'autres que nous avons eues, en sorte que les règles des mathématiques et autres vérités de raison y aient lieu : en ce cas, on doit les tenir pour réelles; et je crois que c'est l'unique moyen de les distinguer des imaginations, des songes, et des visions. Ainsi la vérité des choses hors de nous ne saurait être reconnue que par la liaison des phénomènes. Le  critérion  des vérités de raison, ou qui viennent des  conceptions , consiste dans un usage exact des règles de la Logique."

Leibniz ,  Essais de Théodicée , 1710, "Remarques sur le livre de l'origine du mal", GF-Flammarion, 1969, p. 390-391.

Une vérité de raison

Elle est nécessaire et non contingente - un e?nonce? est vrai par ses relations logiques internes. Ex 2+2=4

La raison et la vérité = Le rationalisme : Le rationalisme cartésien « Je pense donc je suis » = cogito ergo sum -

Le rationalisme :

• Définition : c’est une doctrine qui pose que la connaissance relève de la raison. On peut illustrer cette idée avec Brunschvicg : « l’intelligence humaine peut tout comprendre » ou encore, Hegel : « Tout ce qui est réel et rationnel et tout ce qui est rationnel est réel ».

• Le principe de raison suffisante : le rationalisme considère que la raison peut tout comprendre, on peut alors poser une intelligibilité universelle et affirmer que :

1. Tout fait a une cause : principe de causalité.

2. Tout fait a une loi : Principe de déterminisme.

3. Tout fait a une fin : Principe de finalité.

4. Impossible qu’1 chose soit et ne soit pas : Principe de contradiction.

Ainsi Belon le rationalisme, la raison peut tout comprendre selon la cause, le déterminisme, la finalité et la non-contradiction. Le principe de raison suffisante permet de rendre compte de tout et élimine le hasard et la contingence et l’irrationnel.

L’irrationnel :

On définit l’irrationnel comme ce qui est contraire ou inaccessible à la raison. On peut considérer qu’un phénomène qui échappe à la raison comme « les miracles » est un phénomène irrationnel. Nous pouvons élargir la définition et affirmer que l’irrationnel est ce dont la raison ne peut rendre compte à un moment donné comme par exemple le tonnerre dans l’antiquité. Les irrationnels obligent l’homme à reconnaître les limites de la raison et de ce fait, la finitude de l’homme. Si les irrationnels existent alors, la connaissance est relative, la raison ne pouvant comprendre que ce qui lui est accessible. L’irrationnel peut aussi être « ce qui ne procède pas de la raison » comme, l’imagination, la passion.

Le rationalisme cartésien :

Descartes veut fonder une mathématique universelle et cherche en philosophie une vérité dont la certitude serait égale à celle des mathématiques. Il suit le raisonnement mathématique, appelé un raisonnement discursif qui comprend l’intuition et la déduction :

• L’intuition : Selon Descartes suppose l’évidence, c’est une notion simple qui n’est pas déduite mais qui va permettre de déduire les autres notions. L’évidence renvoie chez Descartes à la vérité et la vérité suppose la clarté et la distinction : « ce qui est clair et distinct, ce qui est conçu clairement et distinctement ne peut être faux ». L’intuition est donc claire et distincte donc vraie car les critères de vérité sont selon Descartes la clarté et la distinction : l’évidence.

• La déduction : la déduction par opposition à l’intuition n’est pas évidente. La vérité de la déduction n’est pas immédiate. Elle suppose la certitude de la mémoire. On déduit, on infère une chose d’une autre à partir d’un premier principe connu par intuition donc vrai. Les conclusions sont donc tirées d’autres choses connues avec certitude. Cependant, le premier principe est toujours connu par intuition tandis que les conclusions le sont par déduction.

Comment ce schéma s’applique t’il à la philosophie ? Comment le philosophe peut-il atteindre la certitude mathématique ?

Descartes nous dit que le point de départ en philosophie est le doute qui doit être méthodique, il faut suspendre son jugement et hyperbolique, poussée à l’extrême.

Dans la 2e?me Me?ditation Descartes e?crit : « Je suppose donc que toutes les choses que je vois sont fausses ; je me persuade que rien n’a jamais e?te? de tout ce que ma me?moire remplie de mensonges me repre?sente ; je pense n’avoir aucun sens ; je crois que le corps, la figure, le mouvement et le lieu ne sont que des fictions de mon esprit. Qu’est-ce donc qui pourra e?tre estime? ve?ritable ? Peut-e?tre rien autre chose, sinon qu’il n’y a rien au monde de certain. »

D’où l’hypothèse d’un dieu trompeur chez Descartes doublée de la fiction d’un malin génie qui emploierait toute son énergie à nous tromper. Il représenterait donc l’illusion, source d’erreurs pour l’homme qui prend les fictions pour des réalités. L’homme doute et suspend son jugement et c’est dans l’acte de douter que s’affirme le sujet pensant. Ainsi, le malin génie peut me tromper autant qu’il voudra, s’il me trompe, c’est que je suis. « Je doute mais tandis que je doute je ne peux douter que je pense et si je pense, je suis car pour penser, il faut être ».

« Je pense donc je suis » = cogito ergo sum

Nous retrouvons la notion simple, non déduite qu’est l’existence et qui sert à déduire la pensée connue par déduction. Il y a donc une conjonction nécessaire entre ma pensée et mon existence. L’existence est première, « pour penser, il faut être ». L’existence relève de l’intuition et la pensée de la déduction.

L’esprit triomphe du doute. La première certitude est donc « je suis », « j’existe » et à partir de l’existence, on peut déduire la pensée. L’esprit sort du doute. On retrouve donc en philosophie une certitude égale à la certitude mathématique. On peut donc appliquer la déduction à la philosophie.

Ainsi, a? cause que nos sens nous trompent quelquefois, je voulus supposer qu’il n’y avait aucune chose qui fu?t telle qu’ils nous la font imaginer. Et parce qu’il y a des hommes qui se me?prennent en raisonnant, me?me touchant les plus simples matie?res de ge?ome?trie, et y font des paralogismes, jugeant que j’e?tais sujet a? faillir, autant qu’aucun autre, je rejetai comme fausses toutes les raisons que j’avais prises auparavant pour de?monstrations. Et enfin, conside?rant que toutes les me?mes pense?es, que nous avons e?tant e?veille?s, nous peuvent aussi venir, quand nous dormons, sans qu’il y en ait aucune, pour lors, qui soit vraie, je me re?solus de feindre que toutes les choses qui m’e?taient jamais entre?es en l’esprit n’e?taient non plus vraies que les illusions de mes songes. Mais, aussito?t apre?s, je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout e?tait faux, il fallait ne?cessairement que moi, qui le pensais, fusse quelque chose. Et remarquant que cette ve?rite? : je pense, donc je suis, e?tait si ferme et si assure?e, que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques n’e?taient pas capables de l’e?branler, je jugeai que je pouvais la recevoir, sans scrupule, pour le premier principe de la philosophie que je cherchais.

Descartes , Discours de la me?thode (1637), quatrie?me partie

René Descartes, biographie, citations, oeuvres principales, courant, système philosophique : Fiche auteur bac terminale 2020 et perspective bac 2021  

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Le Scepticisme :

Le scepticisme est un courant philosophique du 4ème siècle avant J.C. Le représentant est Pyrrhon, il est impossible d’atteindre une certitude. Rien n’est juste ou injuste, beau ou laid, rien n’existe du point de vue de la vérité… Chaque chose n’est pas plus ceci que cela ». Il n’existe donc que des apparences, c'est-à-dire des phénomènes. Le Doute est donc un point de départ de la sagesse sceptique mais l’homme ne sort pas de ce doute puisqu’il ne peut rien dire sur rien, une chose par exemple n’est pas plus juste qu’injuste, pas plus ceci que cela. Le doute = point de départ + point d’arrivée. Le doute fait que l’homme ne sort pas des apparences ou des phénomènes. A la différence de : Descartes = Doute = point de départ hyperbolique, méthodique mais le doute n’est pas un point d’arrivée. L’homme sort du doute par la vérité indubitable : Il ne doute plus de son existence : « Pour penser il faut être ». • L’existence est première = je ne doute plus de l’existence, c’est une évidence • La pensée, je ne doute plus de ma pensée car elle est déduite de mon existence. Cogito = Vérité indubitable = Point d’arrivée. Selon les sceptiques, il est impossible d’établir une certitude. Les arguments sceptiques : L’argument de la discordance : On ne peut ni approuver, ni réfuter une proposition car les opinions sont variées et en constante opposition. Régression à l’infini : Pour poser une preuve, elle doit être justifiée à partir d’une autre preuve et ainsi de suite à l’infini. L’argument de la relation : il n’y a pas de vérité que relative, les choses en effets ne sont pas appréhendées par elles-mêmes mais relativement à autre chose, la grandeur par rapport à la petitesse.

 La raison ne peut pas tout connaître : un nouvel ordre de connaissance, le cœur 

Pascal oppose la raison, un autre ordre de connaissance : le Cœur. Nous retrouvons dans ses citations la tendance à valoriser le cœur par rapport à la raison : « le cœur a des raisons que la raison ignore ».

Les pensées.

Le penseur affirme qu’il existe une connaissance par les sentiments. La connaissance ne suppose pas seulement la raison, il faut intégrer toutes les puissances de la vie. Il faut admettre une pensée irrationnelle. La rationalité a des limites et se laisse dépasser en particulier par la spiritualité. « La dernière démarche de la raison est de reconnaître qu’il y a une infinité de choses qui la surpassent » ? Le principe de raison suffisante est donc sacrifié au profit des raisons du cœur.

Dissertation = Y a-t-il un sens à débattre de la vérité ?

Distinctions conceptuelles :

Sens : direction / but, finalité

Vérité / certitude

Débat / doute

Le raisonnement s’organise autour de la relation entre la vérité et la certitude

Reformulation : le débat peut-il aider à trouver la vérité ?

Problématisation : le sujet suggère d’une part qu’il est inutile de débattre de la vérité, car si on a déjà la vérité, à quoi bon la remettre en question dans le débat ? Mais d’autre part il suggère que la discussion philosophique peut permettre de se rapprocher de la vérité, qui est très différente de la certitude.

Plan possible :

I- Il n’y a pas de sens (direction) à débattre de la vérité puisque débattre revient à douter : le débat c’est presque la marche arrière de la vérité, il n’a pas de sens puisqu’il va dans la mauvaise direction

A/ Lorsqu’il y a un débat c’est qu’il n’y a pas certitude. Or la vérité se doit d’être certaine ; donc il n’y a pas de sens à débattre de la vérité puisqu’on sait déjà que ce qui est vrai est certain et ne peut être remis en question. Il est absurde d’en douter.

B/ En effet le doute nous éloigne de la certitude, c’est-à-dire de la vérité. On peut voir avec Descartes, dans ses  Méditations Métaphysiques , qu’il y a en nous des idées nécessairement vraies, innées, telles le « je pense donc je suis ». Or le débat nous éloigne de ces vérités en les remettant en question.

C/ La Vérité se connaît comme Vérité. Pour Hegel, l’Idée absolue est la Vérité, qui se sait telle, toute Vérité ; la vérité qui doute n’est déjà plus vérité, elle est errance, illusion, erreur. La Vérité est ce qui nous éloigne du doute. Débattre nous éloigne de la vérité et nous rapproche du doute.

II- La vérité reste subjective, et différente de la certitude : débattre permet donc de parvenir à une vérité commune grâce aux vertus du dialogue. Il peut y avoir un sens (direction) à débattre de la vérité car, pour utiliser une métaphore géographique, le débat nous  rapproche  de la vérité

A/ le chemin à la vérité est tortueux ; la doute méthodique est une bonne manière d’y accéder. Descartes propose ainsi de douter, non pas de tout, mais de tout sauf des idées claires et distinctes. Méthodiquement rétablir la connaissance en partant du seul postulat que « je pense donc je suis », et voir comme dépasser l’erreur grâce au doute, en ne rétablissant que ce dont je suis absolument certain. Cela peut donc se faire par exemple par un débat suivant une méthode rigoureuse.

B/ Pour Merleau-Ponty, le dialogue est un acte philosophique et phénoménologique très fort par lequel on peut créer un « être-à-deux », c’est-à-dire : une union langagière et intellectuelle de deux êtres qui se rapprochent par là-même d’une vérité plus forte que leurs vérités individuelles, car la vérité du dialogue devient transcendante, surplombante.

C/ le débat contient certes intrinsèquement une forme d’erreur, d’incertitude, de doute, d’errance, etc. Mais on peut trouver la vérité par l’erreur encore mieux que par la certitude. Pour Bachelard, c’est en revenant sur un passé d’erreurs que nous trouvons la vérité. Le doute se fait rétrospection pour mieux nous voir nous-mêmes dans notre vérité.

III- La vérité est contenue dans le fait même de débattre : le débat est non seulement utile mais aussi nécessaire à la vérité. Il y a donc un sens (but, finalité) au fait de débattre de la vérité, puisque c’est précisément la manière par laquelle on peut la trouver.

A/ On peut ici distinguer vérité et certitude. La certitude est connaissance figée ; la vérité quant à elle se situe dans le mouvement perpétuellement renouvelé de la vie. On peut voir avec Bergson que chercher à figer le monde, à lui apposer des grilles de lectures sûres d’elles-mêmes, prédéfinies, ce n’est pas mieux le connaître dans sa vérité mais lui faire défaut. La vérité n’est pas certitude mais débat, elle n’est pas figée mais en perpétuel mouvement.

B/ La vérité est recherche de vérité : en débattant, en discutant, en dialoguant, en partageant les expériences ! Pour Spinoza, l’erreur provient d’un manque de connaissance. On peut alors tenter de définir la vérité dans ce chemin pour combler le manque de connaissance d’où surgit l’erreur. La vérité est quête de soi et de l’autre dans le geste intersubjectif du débat, et non pas certitude de son existence.

C/ Le privilège attribué à la clarté est un préjugé moral, nous dit Nietzsche. Tout se passe comme si le débat était dévalué dans son potentiel créateur, alors même que sans lui, il n’y aurait pas de vérité. Observer le monde dans un filtre clair, sûr, « vrai », c’est se bercer d’illusions et non pas trouver la vérité mais s’en éloigné. Ce n’est pas le débat qui éloigne de la vérité, mais la certitude elle-même.

Faut-il démontrer pour savoir ?

La démonstration est un raisonnement qui permet d’établir la nécessité d’une vérité, elle procède par un enchaînement logique. .

Notre sujet se pose en fait la question de savoir s'il exisste une connaissance fiable? Qu'est-ce qui rend une connaissance fiable? Le savoir est-il le résultat d'une démonstration? Certaines connaissances s'obtiennent elles autrement que par démonstration? Est-ce un passage obligatoire pour connaître? Certaines vérités échappent-elles à la science?

La démonstration : un passage obligatoire pour connaître

La démonstration confère une valeur universelle. Une connaissance est vraie dans tous les cas. Descartes : dans sa quête de vérité propose pour s'élever à une certitude égale à la certitude mathématique, de suivre le modèle scientifique et de s'appuyer sur une méthode mathématique. Il part d'une notion simple et déduit à partir d'une évidence. Il obtient ainsi un savoir clair et distinct qui par définition ne peut-être faux. Le cogito est ainsi le fruit d'un savoir déduit. Pour penser il faut être. L'existence est la notion première non déduite tandis que la pensée en découle. L'existence est la notion simple. Ce qui confère au cogito la vérité indubitable. La démonstration est donc le meilleur moyen d’étendre les connaissances à partir de quelques vérités premières.

La démonstration nous éloigne et nous protège des pseudo-savoirs

Syllogisme : raisonnement logique basé sur trois propositions. Le savoir donné par ce raisonnement est toujours vrai d'un point de vue formel

Tous les hommes sont mortels

Or Socrate est mortel

Donc Socrate est mortel

Même s'il peut-être dans certains cas de figure faux d'un point de vue matériel, il est toujours vrai d'un point de vue formel.

Les limites de la démonstration

L'ascension vers le savoir ne relève pas forcément de la démonstration. On peut citer l'exemple de Platon avec dans la République la visée de l'anhypothétique (savoir qui échappe à la démonstration)

La rigueur mathématique peut avoir quelques limites ainsi que le suggèrent les sceptiques. On parle de pétition de principe, de paralogisme, de régression à l'infini. La faiblesse de la démonstration serait ainsi démontrée.

La démonstration ne serait pas le critère exclusif du savoir, il y a l'expérience.

= savoirs qui, par essence, ne relèvent pas de la démonstration = l'art, la métaphysique, la religion (dans ce cas précis, on parle de vérité révélée). On peut développer avec Pascal pour qui Dieu est caché à la raison et se dévoile au coeur, autre ordre de connaissance.

LE MENSONGE EST-IL ADMISSIBLE EN CERTAINES CIRCONSTANCES ? Faut-il toujours dire la vérité?

LE MENSONGE EST-IL ADMISSIBLE EN CERTAINES CIRCONSTANCES ?  

Qui dit mensonge dit vérité, et qui dit vérité dit mensonge. Ainsi, les deux vont de paires. Le mensonge altère la vérité, trompe l'autre tout en sachant pertinemment que ce qui est énoncé est faux. Le mensonge est donc différent de l'erreur, car celui qui la commet n'a pas conscience de la fausseté de son acte, de sa parole ou de son jugement. Après tout, si nous mentons n'est-ce pas autrement que par choix ? Le mensonge est-il admissible en certaines circonstances ? Même si le mensonge et la vérité sont liés, ils s'opposent en tous points et ne peuvent coexister ensemble. Est-ce que le mensonge est préférable ou bien est-ce que l'on se doit de dire la vérité ? Nous verrons donc dans une première partie, que parfois le mensonge nous semble être une bonne solution, puis nous montrerons qu'il faut toujours dire la vérité et enfin nous tenterons de trouver un semblant de réponse dans une troisième partie.

 Lire la dissertation

Emmanuel KANT

La ve?racite? dans les de?clarations que l’on ne peut e?viter est le devoir formel de l’homme envers chacun, quelque grave inconve?nient qu’il en puisse re?sulter pour lui ou pour un autre(…). Il suffit donc de de?finir le mensonge, une de?claration volontairement fausse faite a? un autre homme (…) Il est possible qu’apre?s que vous avez loyalement re?pondu oui au meurtrier qui vous demandait si son ennemi e?tait dans la maison, celui-ci en sorte inaperc?u et e?chappe ainsi aux mains de l’assassin, de telle sorte que le crime n’ait pas lieu ; mais, si vous avez menti en disant qu’il n’e?tait pas a? la maison et qu’e?tant re?ellement sorti (a? votre insu) il soit rencontre? par le meurtrier, qui commette son crime sur lui, alors vous pouvez e?tre justement accuse? d’avoir cause? sa mort. En effet, si vous aviez dit la ve?rite?, comme vous la saviez, peut-e?tre le meurtrier, en cherchant son ennemi dans la maison, eu?t-il e?te? saisi par des voisins accourus a? temps, et le crime n’aurait-il pas eu lieu. Celui donc qui ment, quelque ge?ne?reuse que puisse e?tre son intention, doit, me?me devant le tribunal civil, encourir la responsabilite? de son mensonge et porter la peine des conse?quences, si impre?vues qu’elles puissent e?tre. C’est que la ve?racite? est un devoir qui doit e?tre regarde? comme la base de tous les devoirs fonde?s sur un contrat, et que, si l’on admet la moindre exception dans la loi de ces devoirs, on la rend chancelante et inutile.

C’est donc un ordre sacre? de la raison, un ordre qui n’admet pas de condition, et qu’aucun inconve?nient ne saurait restreindre, que celui qui nous prescrit d’e?tre ve?ridiques (loyaux) dans toutes nos de?clarations.

Emmanuel Kant, D’un pre?tendu droit de mentir par humanite?, 1797

Raison, vérité, croyance et opinion - L'allégorie de la caverne Platon la République

“L’opinion  est quelque  chose d’intermédiaire  entre la  connaissance  et l’ignorance” -

L'allégorie de la caverne

 Le monde sensible :

– Maintenant repre?sente toi de

la fac?on que voici l’e?tat de notre nature relativement a? l’instruction et a? l’ignorance.

Figure toi des hommes dans une demeure souterraine, en forme de caverne, ayant sur toute sa largeur une entre?e ouverte a? la lumie?re; ces hommes sont la? depuis leur enfance, les jambes et le cou enchai?ne?s, de sorte qu’ils ne peuvent ni bouger ni voir ailleurs que devant eux, la chai?ne les empe?chant de tourner la te?te; la lumie?re leur vient d’un feu allume? sur une hauteur, au loin derrie?re eux; entre le feu et les prisonniers passe une route e?leve?e : imagine que le long de cette route est construit un petit mur, pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes dressent devant eux et au dessus desquelles ils font voir leurs merveilles. Figure toi maintenant le long de ce petit mur des hommes portant des objets de toute sorte, qui de?passent le 

mur, et des statuettes d’hommes et d’animaux, en pierre en bois et en toute espe?ce de matie?re; naturellement parmi ces porteurs, les uns parlent et les autres se taisent. – Voila?, s’e?cria Glaucon, un e?trange tableau et d’e?tranges prisonniers. – Ils nous ressemblent; et d’abord, penses-tu que dans une telle situation ils n’aient jamais vu autre chose d’eux me?mes et de leurs voisins que les ombres projete?es par le feu sur la paroi de la caverne qui leur fait face ?

– Et comment, observa Glaucon, s’ils sont force?s de rester la te?te immobile durant toute leur vie Et pour les objets qui de?filent, n’en est-il pas de me?me ?

–  Sans contredit.

–  Si donc ils pouvaient s’entretenir ensemble ne penses-tu pas qu’ils prendraient pour des objets re?els les ombres qu’ils verraient ?

– Assure?ment.

Platon. La Re?publique, Livre VII

Le monde de la caverne : un monde d’illusions.

Le monde de la caverne, c’est le monde sensible. Ces prisonniers  ne connaissent que « les ombres des choses » Ils prennent le reflet des choses pour les choses elles-mêmes.  Ils sont donc persuade?s qu’il n’existe rien d’autre et que ce qu’ils voient autour d’eux est la re?alite?. Ils vivent dans l’illusion.

=Illusions = ignorances du prisonnier, c'est l'obscurité.

Les prisonniers ne voient que ce qu'il y a en face d'eux, dans le fond de la caverne.

Ils y sont enfermés depuis leur enfance.

Ils ne voient que les ombres des objets sur la paroi de la caverne.

Platon nous parle des prisonniers = les hommes en général

Ils sont enfermés dans l'ignorance. Ils ne voient que les ombres, ils vivent dans l'illusion. Les prisonniers pensent que le monde est le reflet des choses sur la paroi de la caverne. Ils prennent les ombres des choses pour les choses elles-mêmes. Ils n'ont que des apparences.

Ils pensent que ces ombres sont les vérités et pensent qu'il n'existe pas autre chose que ces ombres.

Il en va de même pour les hommes, ils vivent dans l'illusion et prennent les apparences pour les choses elles-mêmes.

Un état d'illusion et d'ignorance = assimilé à une maladie, une souffrance pour le prisonnier.

Libération du prisonnier = Souffrance

Voir la réalité, vérité = sortir de l'illusion Pour Platon le reme?de consiste a? « sortir de la caverne » donc de l’illusion.

La sortie de la caverne ou la de?couverte de la ve?rite?

– (…) Conside?re maintenant ce qui leur arrivera naturellement si on les de?livre de leurs chai?nes et qu’on les gue?risse de leur ignorance. Qu’on de?tache l’un de ces prisonniers, qu’on le force a? se dresser imme?diatement, a? tourner le cou, a? marcher, a? lever les yeux vers la lumie?re : en faisant tous ces mouvements, il souffrira et l’e?blouissement l’empe?chera de distinguer ces objets dont tout a? l’heure il voyait les ombres. Que crois-tu donc qu’il re?pondra si quelqu’un lui vient dire qu’il n’a vue jusqu’alors que de vains fanto?mes, mais qu’a? pre?sent, plus pre?s de la re?alite? et tourne? vers des objets plus re?els, il voit plus juste ? Si, enfin, en lui montrant chacune des choses qui passent, on l’oblige a? force de questions, a? dire ce que c’est ? Ne penses- tu pas qu’il sera embarrasse?, et que les ombres qu’il voyait tout a? l’heure lui parai?tront plus vraies que les objets qu’on lui montre maintenant ? Et si on le force a? regarder la lumie?re elle me?me, ses yeux n’en seront-ils pas blesse?s? N’en fuira-t-il pas la vue pour retourner aux choses qu’il peut regarder, et ne croira-t-il pas que ces dernie?res sont re?ellement plus distinctes que celles qu’on lui montre?

– Assure?ment ! – Et si on l’arrache de sa caverne par force, qu’on lui fasse gravir la monte?e rude et escarpe?e, et qu’on ne le la?che pas avant de l’avoir trai?ne? jusqu’a? la lumie?re du soleil, ne souffrira-t-il pas vivement, et ne se plaindra-t-il pas de ces violences? Et lorsqu’il sera parvenu a? la lumie?re, pourra-t-il, les yeux tout e?blouis par son e?clat, distinguer une seule des choses que maintenant nous appelons vraies ? – Il ne le pourra pas, du moins de?s l’abord.

– Il aura je pense besoin d’habitude pour voir les objets de la re?gion supe?rieure. D’abord, ce seront les ombres (…)A la fin j’imagine, ce sera le soleil – non ses vaines images re?fle?chies dans les eaux ou en quelque autre endroit – mais le soleil lui-me?me a? sa vraie place, qu’il pourra voir et contempler tel qu’il est.

– Ne?cessairement ! – Apre?s cela, il en viendra a? conclure au sujet du soleil, que c’est lui qui fait les saisons et les anne?es, qui gouverne tout dans le monde visible, et qui, d’une certaine manie?re est la cause de tout ce qu’il voyait avec ses compagnons dans la caverne. Or donc, se souvenant de sa premie?re demeure, de la sagesse que l’on y professe, et de ceux qui furent ses compagnons de captivite?, ne crois-tu pas qu’il se re?jouira du changement et plaindra ces derniers? – Si, certes.

Platon. La Re?publique, Livre VII.

Sortir de la caverne va e?tre douloureux et temporairement aveuglant. Il faut se libe?rer des pre?juge?s, des ide?es rec?ues, des illusions qui nous bercent depuis notre enfance. Quand on quitte l’obscurite?, il est impossible de regarder le soleil (la ve?rite?) en face. Il faut une « accoutumance ». Et il s’agit bien su?r d’une me?taphore du chemin que l’homme doit parcourir pour arriver a? sortir de l’illusion et a? acce?der a? la ve?rite?-re?alite?. Au de?part donc, les prisonniers continuent a? conside?rer comme plus re?el les ombres pluto?t que ce qu’ils de?couvrent. Est vrai ce qu’ils ont l’habitude de voir. Idem pour les hommes.

Ainsi a? chaque e?tape de la sortie de la caverne correspond une e?tape du cheminement humain pour atteindre la ve?rite?.

Le passage d'une étape à une autre se fait par la dialectique. Dialogue. La vérité se trouve à deux.

Le retour dans la caverne : le ro?le du philosophe

– Imagine encore que cet homme redescende dans la caverne et aille s’asseoir a? son ancienne place : n’aura-t-il pas les yeux aveugle?s par les te?ne?bres en venant brusquement du plein soleil? Et s’il lui faut entrer de nouveau en compe?tition, pour juger ces ombres, avec les prisonniers qui n’ont point quitte? leurs chai?nes, dans le moment ou? sa vue est encore confuse et avant que ses yeux ne se soient remis (or l’accoutumance a? l’obscurite? demandera un temps assez long), n’appre?tera-t-il pas a? rire a? ses de?pens, et ne diront-ils pas qu’e?tant alle? la?-haut, il en est revenu avec la vue ruine?e, de sorte que ce n’est me?me pas la peine d’essayer d’y monter? Et si quelqu’un tente de les de?lier et de les conduire en haut, et qu’ils le puissent tenir en leurs mains et tuer, ne le tueront-ils pas ?

Pourquoi retourner dans la caverne ? A priori cela n’a aucun inte?re?t puisque celui qui en est sorti : – n’est plus dans l’illusion puisqu’il est devenu philosophe (il a de?couvert la ve?rite?) – ne partagera plus la me?me re?alite? avec les prisonniers et ceux-ci ne le croiront pas, le prendront pour un fou ou voudront le tuer. (allusion a? Socrate qui fut condamne? au suicide en buvant la cigue? car ses juges conside?raient que ses ide?es menac?aient la Cite?).

Le prisonnier est devenu philosophe, il contemple le soleil donc il détient les idées elles-mêmes. Il a subi une transformation.

Il est à présent déshabitué à l'obscurité, il vit dans la lumière des idées mais il doit retourner dans la caverne pour guider et aider les autres prisonniers. Il faut libérer les autres = rôle du philosophe = dialoguer (dialectique) avec les hommes prisonniers pour les amener à la lumière.

Examiner philosophiquement l'opinion avec Descartes

Descartes, les Règles pour la direction de l'esprit, III

Problème

Critères de la vérité?

La question de la vérité et de son critère de référence

La vérité est-elle légitime ?

Les problèmes posés :

L'opinion = Doxa. Connaissance dont on ne peut rendre compte

Qu'envisage donc Descartes ?

Il examine tout simplement la possibilité de se référer à un critère qualitatif pour discerner le vrai du faux

Question du relativisme =

A chacun sa vérité ou à chacun son opinion = connaissance relative.

Idée d'un relativisme illustrée par Protagoras, un sophiste « l'homme est mesure de toutes choses », cela signifie que les vérités dépendent des perceptions, des sentiments ou opinions de chacun.

le même vent, qui semble à l'un glacial, peut apparaître tiède à un autre, de sorte qu'il serait à la fois vrai de dire que ce même vent est glacial et, tout à la fois, qu'il est tiède.

Conséquence =

vérité = subjective, relative

Opinions = relativisme du vrai car ce qui est vrai pour moi ne l'est pas nécessairement pour les autres = Scepticisme car dans ces conditions, il est impossible de découvrir une connaissance authentique.

La question du fondement de la vérité ne légitime pas l'opinion et la formule « A chacun sa vérité » qui est un énoncé illégitime.

La vérité doit-être universelle. Chacun ne peut pas avoir sa propre définition du triangle.

Descartes pense que la diversité des opinions est le signe d'un MANQUE DE CONNAISSANCE CERTAINE.

Texte : « chaque fois que sur le même sujet [deux savants] sont d'un avis différent, il est certain que l'un des deux au moins se trompe ; et même aucun d'eux, semble-t-il, ne possède la science : car si les raisons de l'un étaient certaines et évidentes, il pourrait les exposer à l'autre de telle manière qu'il finirait par le convaincre à son tour ».

Sortir des opinions pour atteindre la science

L'opinion est subjective + incertaine

La science doit-être universelle + démontrée + certaine

«On ne peut rien fonder sur l'opinion», disait Bachelard, mais «il faut d'abord la détruire». L'opinion est, pour la science, «le premier obstacle à surmonter».

Ce sont nos affirmations qui sont vraies ou fausses, mais comment le vérifier ? Suffit-il d’éprouver une certitude pour être dans le vrai ? La certitude est-elle un critère de l’idée vraie ? Comment discerner entre une simple opinion subjectivement certaine, et une véritable idée de la raison ?

Existe-t-il un critère qui permette de différencier un discours vrai d’un discours faux? Et si ce critère n’existe pas, cela nous reconduit-il fatalement au scepticisme ?

La certitude est l’état d’esprit de celui qui se pense en possession de la vérité. Mais  cet état d’esprit est d’autant plus intense que la personne qui l’éprouve est ignorante  ! Mon sentiment de certitude peut découler de mon aveuglement. Il faut dégager un autre critère, moins subjectif.

Elle désigne une disposition de l’esprit. C’est la marque d’un esprit qui adhère sans réserve à une idée, en affirmant sa vérité ou sa fausseté. Dire?: «?je suis certain qu’il ment?» ou «?je suis certain qu’il dit vrai?», est identique, au sens où dans les deux cas tout doute est exclu. La certitude est donc une conviction subjective.

Descartes : l’évidence comme critère du vrai

Si le sentiment de certitude est peu fiable, cherchons un autre critère. Lorsqu’il nous arrive de douter de la vérité d’une idée, nous questionnons assez naturellement les autres. L’opinion d’autrui doit confirmer ou infirmer la mienne. Lorsque je veux être sûr d’avoir raison,lorsque je n’en crois pas mes yeux,  j’interroge ceux du voisin. Le critère de la vérité serait l’accord des esprits.

Qu’est-ce que cela signifie? Quand on questionne les autres, on présuppose implicitement que la vérité est la même pour moi et pour autrui, donc unique.

C’est en creusant ce caractère d’unicité de la vérité que Descartes dégagera le critère de l’évidence, qui englobe alors l’unicité et l’universalité de la notion de vérité.

L’unicité de la vérité

Descartes :

« Dans les sciences, en effet, il n’y a peut-être pas une question, sur laquelle les savants n’aient été souvent en désaccord. Or, chaque fois que sur le même sujet deux d’entre eux sont d’un avis différent, il est certain que l’un des deux au moins se trompe ; et même aucun d’eux, semble-t-il, ne possède la science : car, si les raisons de l’un étaient certaines et évidentes, il pourrait les exposer à l’autre de telle manière qu’il finirait par le convaincre à son tour.»

« Nous voyons donc que, sur tout ce qui ne donne lieu qu’à des opinions probables, il est impossible d’acquérir une connaissance parfaite, parce que nous ne pouvons sans présomption espérer de nous-mêmes plus que les autres n’ont fait, en sorte que, si notre raisonnement est juste, il ne reste de toutes les sciences déjà connues que l’arithmétique et la géométrie, auxquelles l’observation de cette règle nous ramène. »

Descartes,  Règles pour la direction de l’esprit

Descartes affirme ici le présupposé de l’unicité de la vérité: si deux esprits dotés de raison ne parviennent pas à tomber d’accord, c’est qu’aucun des deux ne possède la vérité. En même temps il affirme l’universalité de la raison: « le bon sens est la chose du monde la mieux partagée».

La seule chose que l’on puisse établir, c’est que le désaccord, et donc la multiplicité des « vérités », est un indice qui parle en faveur de l’absence de vérité, la vérité étant à même de convaincre tous les hommes capables de raisonner. Descartes réserve la notion de vérité aux mathématiques, modèle de toute vérité.

Mais si l’unicité de la vérité est un  caractère de la vérité , ce n’est pourtant  pas un critère : la vérité est unique, mais tout ce qui est unique n’est pas vrai.

foi, opinion savoir, objectivité et subjectivité ;conviction et persuasion. Kant Critique de la Raison Pure -Alain sur la croyance

« Tenir quelque chose pour vrai [la croyance] est un fait de notre entendement qui peut reposer sur des principes objectifs, mais qui suppose aussi des causes subjectives dans l’esprit de celui qui juge. Quand cet acte est valable pour chacun, pour quiconque du moins a de la raison, le principe en est objectivement suffisant, et c’est alors la conviction. Quand il a uniquement son principe dans la nature particulière du sujet, on le nomme persuasion. La persuasion est une simple apparence, parce que le principe du jugement, qui réside simplement dans le sujet, est tenu pour objectif. Aussi un jugement de ce genre n’a-t-il qu’une valeur individuelle, et la croyance ne s’en communique-t-elle pas. Mais la vérité repose sur l’accord avec l’objet, et par conséquent, par rapport à cet objet, les jugements de tous les entendements doivent être d’accord. La pierre de touche servant à reconnaître si la croyance est une conviction ou une simple persuasion est donc extérieure : elle consiste dans la possibilité de la communiquer et de la trouver valable pour la raison de chaque homme ; car alors, il est au moins présumable que la cause qui produit l’accord de tous les jugements, malgré la diversité des sujets entre eux, reposera sur un principe commun, je veux dire sur l’objet, et que, tous s’accordant ainsi avec l’objet, la vérité sera prouvée par là même. La persuasion ne peut donc pas se distinguer subjectivement de la conviction, si le sujet ne se représente la croyance que comme un phénomène de son propre esprit ; l’épreuve que l’on fait sur l’entendement d’autrui des principes qui sont valables pour nous, afin de voir s’ils produisent sur une raison étrangère le même effet que sur la nôtre, est un moyen qui, bien que purement subjectif, sert, non pas sans doute à produire la conviction, mais à découvrir la valeur toute personnelle du jugement, c'est-à-dire à découvrir en lui ce qui n’est que simple persuasion. Si nous pouvons en outre expliquer les causes subjectives du jugement, que nous prenons pour des raisons objectives, et par conséquent expliquer notre fausse croyance comme un phénomène de notre esprit, sans avoir besoin pour cela de la nature de l’objet, nous découvrons alors l’apparence, et nous ne serons plus trompés par elle, bien qu’elle puisse toujours nous tenter jusqu’à un certain point, si la cause subjective de cette apparence tient à notre nature. Je ne saurais affirmer, c'est-à-dire exprimer comme un jugement nécessairement valable pour chacun, que ce qui produit la conviction. Je puis garder pour moi ma persuasion, quand je m’en trouve bien, mais je ne puis ni ne dois vouloir la faire valoir hors de moi. La croyance, ou la valeur subjective du jugement par rapport à la conviction (qui a en même temps une valeur objective) présente les trois degrés suivants : l’opinion, la foi et le savoir. L’opinion est une croyance qui a conscience d’être insuffisante subjectivement aussi bien qu’objectivement . Quand la croyance n’est suffisante que subjectivement, et qu’en même temps elle est tenue pour objectivement insuffisante, elle s’appelle foi. Enfin celle qui est suffisante subjectivement aussi qu’objectivement s’appelle savoir. La suffisance subjective s’appelle conviction (pour moi-même), la suffisance objective, certitude (pour chacun). »

  Kant – Critique de la Raison Pure – Méthodologie Transcendantale, Canon de la raison pure.

Croyance : c’est le mot qui de?signe toute certitude sans preuve. La foi est la croyance volontaire. La croyance de?signe au contraire quelque disposition involontaire a? accepter soit une

doctrine, soit un jugement, soit un fait. On nomme cre?dulite? une disposition a? croire dans ce sens infe?rieur du mot.

Les degre?s du croire sont les suivants. Au plus bas, croire par peur ou par de?sir (on croit aise?ment ce qu’on de?sire et ce qu’on craint). Au- dessus, croire par coutume et imitation (croire les rois, les orateurs, les riches). Au-dessus, croire les vieillards, les anciennes coutumes, les traditions. Au-dessus, croire ce que tout le monde croit (que Paris existe me?me quand on ne le voit pas, que l’Australie existe quoiqu’on ne l’ait jamais vue). Au-dessus, croire ce que les plus savants affirment en accord d’apre?s des preuves que la terre tourne, que les e?toiles sont des soleils, que la lune est un astre mort, etc.). Tous ces degre?s forment le domaine de la croyance. Quand la croyance est volontaire et jure?e d’apre?s la haute ide?e que l’on se fait du devoir humain, son vrai nom est foi

Alain sur la croyance

L’expérience peut-elle être trompeuse ? Peut-elle alors conduire à une vérité scientifique ?

Distinctions conceptuelles:

Expérience / connaissance

Vérité / erreur

Pouvoir / devoir

Le raisonnement s’articule autour de la possibilité (ou non) d’accéder à la connaissance par les sens.

Reformulation :  peut-on connaître par l’expérience ?

Problématisation :  le sujet suggère d’une part que l’expérience ne permet pas d’accéder à la connaissance. Mais d’autre part il semble dire qu’elle est au moins en un sens nécessaire.

I- L’expérience n’est pas trompeuse : elle est notre première manière d’appréhender le réel

A/ Pour Locke, la première source de connaissance est la sensation. C’est la philosophie empirique : l’expérience est ma porte d’entrée dans le réel, que je connais pas la vue, le toucher, le goût, l’odorat… par l’expérience sensible et physique que j’en fais

B/ Spinoza, qui distingue les différentes formes de connaissance, inclut l’expérience parmi elles. C’est une manière (comme une autre?) de percevoir le monde.

C/ L’expérience peut être considérée comme la  seule  manière de connaître le monde. C’est la pensée de Berkeley, philosophie immatérialiste : l’expérience sensible est la seule manière certaine d’appréhender le réel.

II- Toutefois l’expérience peut-être trompeuse. Elle nous donne des clés pour comprendre le monde mais ne permet pas la certitude. Il faut dépasser l’expérience.

A/ L’expérience est certes nécessaire, mais elle n’apporte pas les idées. Il faut donc la dépasser. C’est ce que propose Leibniz.

B/ Nos sens peuvent nous donner l’illusion d’être source de certitude, mais en fait ils sont trompeurs. C’est ce que propose de voir Descartes dans ses  Méditations Métaphysiques.

C/ Platon, philosophe antique, propose de s’affranchir des apparences pour atteindre la vérité. Il y a une vérité (la seule vérité possible) au-delà du sensible, qui nous trompe. Cf le mythe de la caverne et les ombres sur les murs, qui sont une expérience trompeuse, fausse, qui induisent en erreur.

III- Toutefois on peut réhabiliter l’expérience : elle est trompeuse mais demeure nécessaire. On ne peut atteindre la vérité avec la seule certitude : il faut lui ajouter le doute, l’hésitation, l’expérimentation.

A/ Pour Bachelard par exemple, le fait scientifique est entièrement théorique. L’expérience joue un rôle très important dans l’accès à la vérité scientifique. L’expérimentation scientifique ne peut se faire sans erreur. C’est par l’erreur que je progresse.

B/ Les idées jouent un rôle régulateur. Autrement dit elles sont nécessaires mais l’expérience aussi. L’une comme l’autre ne peuvent exister seules. Pour Husserl les idées doivent guider la théorie. Ainsi l’expérience peut-être trompeuse, certes ; et c’est pour cette raison qu’il faut lui adjoindre les idées.

C/ Même Descartes, qui critique l’expérience, en fait son point de départ pour construire sa théorie de la vérité : la première certitude c’est l’expérience que je fais de mon existence. Cogito ergo sum, je pense donc je suis. A partir de cette certitude on peut refonder la connaissance du monde. L’expérience et la part de doute qui lui est intrinsèque sont trompeurs, mais nécessaires pour accéder à la vérité.

Lecture d'un texte de Hume

Pour Hume la connaissance se construit sur le fait que nous ge?ne?ralisons ce que nous observons (C‘est une de?marche inductive) Toutes nos ide?es simples sont la copie d’une impression ; elles proviennent donc toutes de l’expe?rience :

“Ce qu’on n’a jamais vu, ce dont on n’a jamais entendu parler, on peut pourtant le concevoir; et il n’y a rien au-dessus du pouvoir de la pense?e, sauf ce qui implique une absolue contradiction.

Mais, bien que notre pense?e semble posse?der cette liberte?, nous trouverons, a? l’examiner de plus pre?s, qu’elle est re?ellement resserre?e en de tre?s e?troites limites et que tout ce pouvoir cre?ateur de l’esprit ne monte a? rien de plus qu’a? la faculte? de composer, de transposer, d’accroi?tre ou de diminuer les mate?riaux que nous apportent les sens et l’expe?rience. Quand nous pensons a? une montagne d’or, nous joignons seulement deux  ide?es compatibles, or et montagne, que nous connaissions auparavant. Nous pouvons  concevoir un cheval vertueux; car le sentiment que nous avons de nous-me?mes nous  permet de concevoir la vertu; et nous pouvons unir celle-ci a? la figure et a? la forme d’une cheval, animal qui nous est familier. Bref, tous les mate?riaux de la pense?e sont tire?s  de nos sens, externes ou internes ; c’est seulement leur me?lange et leur composition qui  de?pendent de l’esprit et de la volonte?. Ou, pour m’exprimer en langage philosophique , ainsi toutes nos ide?es ou perceptions plus faibles sont des copies de nos impressions, ou   perceptions plus vives."  

David Hume, Enque?te sur l’entendement humain (1748), section II 

 Si « toute notre connaissance de?bute par l’expe?rience, cela ne prouve pas qu’ « elle de?rive toute de l expe?rience »  Kant

Que toute notre connaissance commence avec l’expe?rience, cela ne soule?ve aucun doute. En effet, par quoi notre pouvoir de connai?tre pourrait-il e?tre e?veille? et mis en action, si ce n’est par des objets qui frappent nos sens et qui, d’une part, produisent par eux-me?mes des repre?sentations et d’autre part, mettent en mouvement notre faculte?

intellectuelle, afin qu’elle compare, lie ou se?pare ces repre?sentations, et travaille ainsi la matie?re brute des impressions sensibles pour en tirer une connaissance des objets, celle qu’on nomme l’expe?rience ? Ainsi, chronologiquement, aucune connaissance ne pre?ce?de en nous l’expe?rience, c’est avec elle que toutes commencent.

Mais si toute notre connaissance de?bute avec l’expe?rience, cela ne prouve pas qu’elle de?rive toute de l’expe?rience, car il se pourrait bien que me?me notre connaissance par expe?rience fu?t un compose? de ce que nous recevons des impressions sensibles et de ce que notre propre pouvoir de connai?tre (simplement excite? par des impressions sensibles) produit de lui-me?me.

Emmanuel Kant, Critique de la Raison pure, 1787

Dossier pédagogique en philosophie, le réel et le virtuel

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Date de dernière mise à jour : 01/08/2023

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Commentaire / Dissertation

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L'existence humaine/ La culture

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La Raison / Philosophie

Par charlotte.lmr0   •  3 Avril 2022  •  Dissertation  •  1 199 Mots (5 Pages)  •  1 388 Vues

Dissertation de philosophie

        Affirmer que la raison fait de nous des hommes, c’est concevoir la raison comme étant une caractéristique essentielle de l’être humain. Par raison, il faut entendre une faculté de connaître supérieure qui permet à l’homme de bien juger et de bien agir. Généralement, la raison est ce qui nous distingue des autres animaux, elle est la faculté propre à l’homme qui lui confère sa supériorité. La raison, du latin ratio : «mesure», «calcul», peut se définir comme un mode de pensée qui consiste à ordonner la pensée, à connaître les objets et à tenter d’approcher la vérité, c’est la faculté par laquelle l'homme connaît, juge et se conduit. C’est pourquoi Descartes parle de la raison synonyme de «bon sens» ; c’est toujours en ce sens que nous disons qu’il faut «faire ce que nous dicte la Raison», que quelque chose n’est pas «raisonnable», que nous «avons raison». Du latin “humanitas”, le terme «homme» se traduit par nature humaine, l'Humanitas est le caractère de ce qui est humain. La raison est l’état actif de l’âme contrairement à la passion, qui est l’état passif de l’âme. La raison est liée à la logique et à la rationalité mais aussi  à la conscience, elle est différente de l’intuition car elle es t plus réfléchie, plus construite, plus scientifique, plus réflexive et moins spontanée. Le pouvoir de la raison consiste dans le fait d’exercer une maîtrise sur son existence, elle appartient à tout homme et est associée à la maîtrise. La raison s’oppose aux sentiments, aux passions, aux instincts, aux pulsions et aux préjugés. Mais la raison est-elle essentielle à l’homme ? La raison humaine peut-elle déraisonner ? Est-ce la raison qui fait de nous des hommes ?

        La raison est bel et bien essentielle à l’homme car elle est une faculté universelle de l’esprit humain. Elle est  essentielle à l'homme car elle lui permet de dépasser son animalité. Cependant, la raison ne suffit pas à définir l'être humain dans son ensemble, car ses caractéristiques restent les émotions, mais également par des croyances qui répondent au besoin de donner un sens. Pour Descartes, la raison est la faculté de discerner : c’est la capacité de bien juger, de distinguer le vrai et le faux. La raison est fondée sur la logique, mais ne s’y limite pas : elle fait appel au bon sens que chacun possède au fond de lui. Descartes décrit le droit chemin qui mène la raison, la méthode cartésienne, qui permettrait de dépasser toutes les opinions particulières. Spinoza, lui, s’intéresse aux raisons du conflit entre raison et passion. L’Homme se laisse affecter par ce qui lui est extérieur : il est passif et ignorant, incapable de raisonner par lui-même et donc d’être vraiment. Mais il a la capacité de développer une totale compréhension du monde à partir de son expérience limitée : à lui de la cultiver pour approcher Dieu. Kant analyse les caractéristiques, la portée et les limites de la raison. Il remet en question nos capacités cognitives et de raisonnement. Selon Kant, ce n'est que par la bonne volonté et la loyauté au devoir que les gens peuvent approcher la vérité. Par ailleurs, Kant définit l’entendement comme la faculté à faire le lien entre les concepts et l’expérience, ce qu’un animal est totalement incapable de faire. Quoi qu’il en soit, la raison est une promesse de liberté, au prix sans doute de notre individualité. La raison joue également un rôle dans le comportement : elle aide à maintenir la raison, elle assure la maîtrise de soi et aide à contrôler le désir. Elle constitue en elle-même une véritable quête mais reste une faculté nécessaire à l’homme pour bien vivre.

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dissertation philosophie sur la raison

Afin que vous compreniez mieux ce que l’on attend de vous dans une dissertation, voici un exemple de dissertation de philosophie. A chaque fois, je précise entre parenthèses juste après à quelle étape de la méthodologie de la dissertation cela correspond. Si vous ne l’avez pas lu, je vous invite à lire d’abord cet article sur la manière de bien commencer sa dissertation de philosophie ou si vous préférez la vidéo c’es t ici.

Sujet : « L’homme est-il à part dans la nature ? » (Exemple de dissertation de philosophie)

Petit rappel de la structure de l’introduction. Pour un exemple d’introduction de dissertation en vidéo c’est ici .

dissertation philosophie sur la raison

Introduction

Vinciane Despret, philosophe et psychologue, remarque combien les hommes sont enclins à se considérer eux-mêmes comme exceptionnels. Mais, à ses yeux, c’est oublier que nous sommes aussi de grands destructeurs ou si l’on peut dire des êtres particulièrement nuisibles pour les autres, pour nous-mêmes et pour la nature. Ce faisant, elle considère bien les hommes comme « à part » dans la nature, du moins par nos capacités de destruction. Mais, est-il réellement justifié de dire que nous sommes à part dans la mesure où nous restons dépend d’une nature qui peut également nous détruire en tant qu’espèce ? (Accroche qui propose une première réponse au sujet et formule un début d’objection ) Alors, l’homme est-il réellement à part dans la nature ? (Rappel du sujet) A première vue , et si l’on se fie à la manière dont les hommes se considèrent eux-mêmes depuis des siècles, l’homme est bien à part dans la nature car il serait doté de facultés exceptionnelles telles la conscience, un langage riche et articulé, une raison ou encore des cultures variées et complexes qui l’éloignent toujours davantage de la vie animale. Mais, notre tendance à nous considérer comme supérieurs, ne nous fait-elle pas oublier que notre espèce comme toutes les autres est le produit de l’évolution des espèces ? Ainsi, on pourrait dire que l’homme n’est pas particulièrement à part. L’être humain reste une espèce qui, par le fait du hasard, a développé une raison, une conscience de soi, autant de facultés qui sont devenues la norme chez l’homme car elles lui procurent un avantage et lui permettent d’étendre son influence ou peut-être son territoire. Ce mécanisme est le même pour toutes les espèces, pourquoi alors considérer l’homme comme à part ? (Problématique constituée d’une première réponse au sujet « A première vue », puis d’une objection à cette première réponse « Mais »). Nous verrons d’abord que l’être humain peut effectivement être considéré comme à part dans la nature. Puis, nous nous demanderons si cette idée que nous serions une espèce à part n’est pas une pure illusion. Enfin, nous envisagerons bien une spécificité humaine, mais qui au lieu d’être un privilège est plutôt une immense responsabilité. (Annonce du plan en 3 parties) .

Développement

Avant de rédiger le développement de l’exemple de dissertation de philosophie, petit rappel de la structure globale que doit avoir votre devoir. Le nombre des sous-parties est indicatif. Il doit y avoir au moins deux sous-parties par partie et pas plus de trois.

dissertation philosophie sur la raison

Attention, ci-dessous, je vais mettre des titres Première grande partie / premier paragraphe. Vous ne devez pas les mettre dans vos copies. Je les mets seulement pour que vous compreniez bien la structure. Afin que votre copie soit bien lisible, vous devez passer des lignes entre les grandes parties et revenir à la ligne + alinéa quand vous changez de paragraphe (ou sous-partie).

Première grande partie : l’homme est bien à part dans la nature

Premier paragraphe :.

L’être humain peut semble-t-il être considéré comme à part dans la nature car il est doté de facultés qui le rendent très différent des autres espèces. (Thèse générale du paragraphe qui répond au sujet) Certes, l’être humain appartient en un sens à la nature, car si l’on définit la nature comme l’ensemble de ce qui n’a pas été créé ou transformée par l’homme (définition de la nature) alors l’espèce humaine est bien naturelle. L’homme ne s’est pas créé lui-même, il est donc un être naturel au moins en partie. Mais, l’être humain à ceci de particulier que précisément il a cette capacité à transformer sa nature et à n’être pas totalement soumis à son instinct. Il peut se cultiver c’est-à-dire se transformer si bien qu’il peut devenir réellement très différent d’un autre être humain. (Argument formulé avec mes propres termes pour soutenir la thèse) Aux yeux de Rousseau, ce qui fait la spécificité de l’être humain par rapport aux autres espèces, c’est sa capacité à « se perfectionner ». (Utilisation d’une référence à Rousseau qui justifie la thèse, avec utilisation du vocabulaire de l’auteur). Il remarque ainsi qu’un être humain peut, par les choix qu’il fait, aussi bien devenir un très grand artiste, sportif ou savant, qu’un toxicomane. C’est d’ailleurs lui qui pose la question « Pourquoi l’homme, seul, est-il sujet à devenir imbécile ? » et il y répond que c’est parce qu’il est le seul à être libre, c’est-à-dire à pouvoir ne pas suivre un programme inscrit à l’avance dans ses gènes et qui décide de son mode de vie. Ce que l’on appelle communément un instinct. L’homme peut donc se perfectionner toute sa vie, là où l’animal va très rapidement cesser de changer dès lors qu’il est adulte. (Développement en utilisant les arguments que l’auteur utilise pour justifier sa thèse) Nous pouvons donc dire que l’homme est bien à part dans la nature, car il a cette capacité de se perfectionner que n’ont pas les autres espèces. (Retour au sujet : le but est de rappeler en quoi ce que l’on vient de dire répond au sujet)

(Suite à venir)

▶️ Je vous montre comment développer une sous-partie en vidéo ci-dessous :

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Dissertation, « Le bonheur est-il affaire de raison ? », sujet de métropole, juin 2023

Introduction, i. la raison ne saurait nous rendre heureux, 1.  le bonheur est une affaire d'imagination, 2. la raison nous empêche même d'être heureux, 3. le bonheur, une affaire de désir, ii. le bonheur est affaire de conditions matérielle, 1. de la raison au plaisir, 2. le bonheur, une affaire de conditions matérielles d'existence, 3. le bonheur est affaire d'organisation sociale de la vie, iii. la raison actualise le bonheur, 1. le bonheur est affaire d'un plaisir raisonné, 2. sans raison, pas de sagesse ; sans sagesse, pas de bonheur, 3. la raison permet de se juger heureux.

Dissertation complète : la foi doit-elle primer sur la raison?

Par Olivier

Rédigé le 17 avril 2009

3 minutes de lecture

dissertation philosophie sur la raison

  • 01. I/ La raison divine dépasse la raison humaine
  • 02. II/ La véritable connaissance humaine naît de la raison

Rédiger une thèse et une antithèse.

Oui : certaines vérités relatives à Dieu ne peuvent être connues que par la foi.

Non : les vérités qui ne sont pas rationnellement démontrables ne méritent pas de crédit.

Sophie

I/ La raison divine dépasse la raison humaine

Dieu est le créateur de l'univers, les raisons de l'action divine ne peuvent être connues par la raison humaine, qui est limitée. Ce qui touche à Dieu relève donc de la foi.

A) La raison divine est toute puissante

En cours de philo , les qualités attribuées à Dieu par Thomas d'Aquin sont conformes aux descriptions des Dieu données par les grandes religions monothéistes: il est le créateur omniscient, omnipotent éternel et universellement bon. mais pourquoi le monde a t il été créé, voilà une question dont la réponse échappe à la raison humaine. La seule connaissance que nous pouvons en avoir nous est enseignée par la foi: la création de l'univers obéit aux lois imposées par la volonté d'un Dieu parfait.

B) La raison humaine ne peut comprendre les motivations de Dieu

Dieu a déterminé, pour chaque créature, un destin et les moyens de l'accomplir. La raison humaine peut découvrir dans la nature les lois qui la régissent, comprendre comment elle évolue. mais elle ne peut savoir pourquoi ces lois sont ainsi: il faudrait pour cela que l'homme sache pourquoi Dieu a créé le monde tel qu'il est. Nous devons donc accepter les limites de la raison humaine. Au-delà, seule la foi peut répondre à nos questions.

C) L'homme peut choisir entre le bien et le mal

En tant que créature, l'homme est lui aussi soumis à la volonté divine et à ses lois. Toutefois, Dieu lui a donné la raison et la volonté, et donc le libre arbitre. la raison guide vers le bien. Mais de par son libre arbitre, il peut aussi choisir le mal. La béatitude sera donc acquise en choisissant le bien, la norme morale fixée par Dieu et révélée dans le dogme religieux.

L'intelligence divine échappe à la raison humaine. Pour la connaitre, l'homme doit s'en remettre à ce que lui enseignent la foi et les dogmes religieux.

II/ La véritable connaissance humaine naît de la raison

La foi ne suffit pas à elle seule à établir une réelle connaissance de la nature. Si elle peut affirmer certaines choses, elle ne les démontre pas. la véritable science est rationnelle.

A) Thomas d'Aquin démontre l'existence de Dieu de manière rationnelle

ce n'est pas par la foi, par une simple croyance, que Thomas d'Aquin affirme l'existence de Dieu, mais au terme d'une démonstration rationnelle qui fait apparaitre la nécessité de l'existence de Dieu. En effet, Thomas d'Aquin constate d'abord l'existence d'êtres finis, pour montrer ensuite que la cause des êtres finis est nécessairement un être fini, à savoir Dieu.

B) La foi ne suffit pas à connaître Dieu

la science en général a besoin pour se construire d'avoir recours à la raison, mais aussi aux facultés sensibles (vue, toucher, etc). ce n'est qu'à partir des données sensibles que l'on découvrira quelles sont les lois que Dieu a placées dans la nature. Ainsi l'homme part des phénomènes observables pour remonter progressivement à la cause, à Dieu, à m'aide de raisonnements logiques.

C) La raison est la synthèse de l'âme et du corps

l'homme occupe une place à part dans l'univers, dans la mesure où il est le seul à posséder à la fois un corps et une âme. c'est en lui que doit se réaliser la synthèse du monde matériel et spirituel. Or, c'est précisément dans l'activité de la raison que va s'effectuer cette synthèse: en effet, la raison se sert des données sensibles, de l'observation du monde naturel, pour construire une science, accéder à la connaissance.

Le mode de connaissance spécifiquement humain est la raison, qui permet de parvenir à des vérités démontrées en procédant d'après les règles de la logique.

Puisque l'homme est un être imparfait, la raison humaine ne lui permet pas de tout connaitre: certaines vérités relatives à Dieu ne peuvent être démontrées avec certitude par la seule raison. dans de tels cas, la seule chose que peut faire la raison, c'est montrer que les dogmes de la foi ne sont pas impossibles. il semblerait donc que la foi soit supérieure à la raison, car c'est par elle seule qu'on peut avoir une connaissance d'un être infini.

Mais le dogme religieux a aussi ses propres limites: il n'est qu'une affirmation et non une réelle démonstration. Aussi l'oeuvre de Thomas d'Aquin constitue t elle une tentative de concilier les vérités religieuses et les vérités rationnelles, pour faire de la théologie une science rationnelle.

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Professeur en lycée et classe prépa, je vous livre ici quelques conseils utiles à travers mes cours !

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  • Dissertation

Exemple de dissertation de philosophie

Publié le 26 novembre 2018 par Justine Debret . Mis à jour le 7 décembre 2020.

Voici des exemples complets pour une bonne dissertation de philosophie (niveau Bac).

Vous pouvez les utiliser pour étudier la structure du plan d’une dissertation de philosophie , ainsi que la méthode utilisée.

Conseil Avant de rendre votre dissertation de philosophie,  relisez et corrigez  les fautes. Elles comptent dans votre note finale.

Table des matières

Exemple de dissertation de philosophie sur le travail (1), exemple de dissertation de philosophie sur le concept de liberté (2), exemple de dissertation de philosophie sur l’art (3).

Sujet de la dissertation   de philosophie  : « Le travail n’est-il qu’une contrainte ? ».

Il s’agit d’une dissertation de philosophie qui porte sur le concept de « travail » et qui le questionne avec la problématique « est-ce que l’Homme est contraint ou obligé de travailler ? ».

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Sujet de la dissertation   de philosophie  : « Etre libre, est-ce faire ce que l’on veut ? ».

Cette dissertation de philosophie sur la liberté interroge la nature de l’Homme. La problématique de la dissertation est « l’’Homme est-il un être libre capable de faire des choix rationnels ou est-il esclave de lui-même et de ses désirs ? ».

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Cette dissertation sur l’art et la technique se demande si  l’on peut désigner la création artistique comme l’autre de la production technique ou si ces deux mécanismes se distinguent ?

Citer cet article de Scribbr

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Debret, J. (2020, 07 décembre). Exemple de dissertation de philosophie. Scribbr. Consulté le 7 avril 2024, de https://www.scribbr.fr/dissertation-fr/exemple-dissertation-philosophie/

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Justine Debret

Justine Debret

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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine

Corrigés du bac philo – filière générale : “Le bonheur est-il affaire de raison ?”

Être heureux pourrait-il relever d’une décision rationnelle ? Le bonheur n’est-il pas plutôt quelque chose vers quoi nous poussent nos sentiments et nos passions, parfois bien à rebours du raisonnable ? Suivez les pistes de Frédéric Manzini pour ce sujet des plus classiques !  Attention, le plan et la réponse suivante sont une proposition de correction : il s’agit ici de pistes possibles de traitement du sujet et non de la copie-type attendue par les correcteurs !

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  • Principales notions mobilisées par le sujet :   bonheur , raison , devoir
  • Auteurs : Aristote , Épicure , Marc Aurèle , Emmanuel Kant

Introduction

« Je dis que pour être heureux, il faut être susceptible d’illusion » , écrit Émilie du Châtelet dans son Discours sur le bonheur  (publié à titre posthume en 1779). La formule a de quoi surprendre, en particulier de la part d’une philosophe et femme de lettres qui a longuement étudié et lu de nombreux livres. Pourtant, ne nous y trompons pas : la marquise du Châtelet est elle-même parvenue à cette conclusion au terme d’une réflexion personnelle qui l’a convaincue qu’il valait mieux se prêter au jeu des apparences, sur les scènes des théâtres comme dans la vie en général, au lieu de chercher à voir ce qui se passe dans les coulisses et au risque de briser la magie du spectacle. Donc la question se pose : le bonheur est-il affaire de raison ou peut-il se nourrir d’illusions ? Quel rôle la rationalité joue-t-elle dans la quête du bonheur : n’est-elle d’aucun secours ou permet-elle de le garantir à coup sûr ?

1) Chacun cherche son propre chemin vers le bonheur de manière empirique

Dans une première perspective, l’on peut partir du constat général qu’il n’y a pas de méthode a priori ou de science universelle qui dirait comment devenir heureux. En matière de bonheur, c’est plutôt le relativisme qui triomphe : chacun essaie de l’être à sa manière, comme il peut, avec ses moyens… mais sans savoir exactement comment s’y prendre, sans théoriser ce qu’il fait, comme s’il s’agissait d’une affaire de circonstances, de hasard et de chance. Ainsi Aristote s’étonne-t-il au début de l’ Éthique à Nicomaque du fait que, si c’est universellement que tous les hommes désirent être heureux, les moyens qu’ils utilisent pour le devenir varient considérablement, comme on peut l’observer devant la diversité des genres de vies qu’ils mènent : certains vivent une vie de plaisirs, d’autres cherchent la gloire ou la richesse, d’autres enfin semblent considérer que c’est en étant vertueux qu’ils pourront toucher au bonheur. N’existe-t-il pas cependant une voie d’accès au bonheur qui soit plus fiable que toutes les autres ? Pour répondre à cette question, explique Aristote, il faudrait d’abord déterminer s’il existe une «   fonction » de l’être humain, comme il en existe pour les parties du corps ou pour les différents métiers qui servent à quelque chose et répondent à un besoin précis.

2) La philosophie comme réflexion rationnelle sur le bonheur

La philosophie elle-même peut néanmoins, surtout pendant l’Antiquité, être conçue comme la réflexion visant à combler ce manque, pour s’efforcer de définir les conditions rationnelles d’un accès au bonheur.

Il en va ainsi de l’épicurisme en particulier, qui vise à éliminer les troubles de l’âme nous empêchant d’atteindre l’ ataraxie , grâce à une analyse logique du contenu de ces troubles. La crainte des dieux ou de la mort par exemple ? À bien y réfléchir, les dieux ont sans doute d’autres préoccupations que nos petites vies, et l’on peut donc rationnellement se convaincre qu’il n’y a pas de raison de les craindre ; en ce qui concerne la mort, il suffirait de comprendre qu’elle consiste dans l’absence de sensations pour en déduire qu’elle n’est donc rien pour nous. Quant aux désirs qui nous agitent, Épicure conseille de calculer rationnellement la satisfaction que nous pouvons en tirer pour décider s’il faut essayer de s’en débarrasser ou les conserver.

De même, le stoïcisme se fonde sur une réflexion sur les causes de notre malheur, que les stoïciens imputent, non aux événements qui nous arrivent mais aux jugements que nous portons sur ces événements. Dans ses Pensées pour moi-même ,  Marc Aurèle   écrit par exemple : « Si tu es en peine à cause d’une chose extérieure, ce n’est pas cette chose qui te trouble, c’est le jugement que tu portes sur elle. Il dépend de toi de le faire disparaître. »   Il s’agit donc, pour être heureux, de comprendre la nécessité d’infléchir sa disposition intérieure.

3) La raison nous enseigne comment être digne d’être heureux, mais pas comment être heureux

Ces différentes philosophies, toutefois, nous disent moins comment être heureux que comment cesser d’être malheureux. Or il n’est pas certain qu’il suffise de supprimer toutes les causes du malheur pour être  ipso facto heureux. Sans doute celui qui est malade, pauvre, solitaire et âgé estimera-t-il que le bonheur repose sur la santé, la richesse, l’amour et la jeunesse, mais l’expérience prouve que même cela ne suffit pas. C’est le tragique paradoxe du bonheur : on peut avoir tout pour être heureux et rester profondément malheureux, comme s’il y avait quelque chose dans le bonheur d’irréductible qui échappe à toute tentative d’enfermement dans une définition.

En effet, comme l’explique Kant dans les  Fondements de la métaphysique des mœurs  (1785), le bonheur n’est jamais qu’un idéal de l’imagination et pas de la raison. Autrement dit, il est impossible de concevoir rationnellement, c’est-à-dire de connaître précisément ce qui nous rendrait heureux, et nous ne pouvons que nous l’imaginer, mais d’une manière tout à fait incertaine. L’idée de bonheur est hors de portée de la raison théorique ; tout au plus la raison pratique peut-elle nous enseigner comment être digne du bonheur, à savoir en agissant de manière morale. Mais même en méritant le bonheur, il n’est pas acquis que nous le soyons pour autant.

Ce n’est donc pas en se comportant de manière rationnelle qu’on aura la garantie de trouver le bonheur : il existe même apparemment des « imbéciles heureux » qui nous prouvent le contraire. Or peut-être ceux-là ne savent-ils pas même qu’ils sont heureux. Car avoir la lucidité de comprendre ce qui nous rend heureux ou pourquoi nous ne le sommes pas constitue déjà un grand réconfort dans notre quête en direction du bonheur. En cela, et même si elle ne peut nous conduire jusqu’au bonheur plein et entier, la raison nous place au moins sur son chemin.

Retrouvez l’ensemble des corrigés de l’épreuve du Bac philo 2023 :

➤ filière générale :.

1.  Vouloir la paix, est-ce vouloir la justice ?

2.  Le bonheur est-il affaire de raison ?

3.  Commentaire de texte : Claude Lévi-Strauss,  La Pensée sauvage

➤ Filière technologique :

1.  L’art nous apprend-il quelque chose ?

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Bac philo 2024 : quels sont les sujets probables ? Notre analyse.

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La philosophie au baccalauréat est une épreuve aussi singulière qu’emblématique. Avec le nouveau calendrier du baccalauréat, dévoilé en septembre 2023 par le Premier ministre Gabriel Attal — à l’époque, ministre de l’Éducation nationale — la discipline ouvre de nouveau le bal des épreuves en terminale. Cette année, les élèves plancheront sur plusieurs des 17 notions au programme le mardi 18 juin 2024 .

Prise pour acquise par les uns, redoutée par les autres, l’épreuve de philosophie s’étend sur 4 heures durant lesquelles il faut composer sur un sujet au choix parmi trois : deux sujets de dissertation et un commentaire de texte. Elle représente un coefficient 8 pour les élèves de la voie générale et 4 pour ceux de la voie technologique . Des coefficients importants pour un programme conséquent. 

C’est humain, tu te demandes quels sujets sont les plus susceptibles de tomber. Tes aînés aussi sont passés par là les années précédentes. Pour t’aider non pas à réviser — car l’impasse ne doit être faite sur aucun pan du programme —,  mais plutôt à remporter tes paris d’amis, voici nos pronostics sur les sujets les plus susceptibles de tomber au bac de philo cette année !

Quels sont les sujets tombés les années précédentes au bac de philo ?

Avant de se lancer dans cette consciencieuse investigation, il convient de se remettre en tête les 17 notions de philosophie au programme  : L’art, le bonheur, la conscience, le devoir, l’État, l’inconscient, la justice, le langage, la liberté, la nature, la raison, la religion, la science, la technique, le temps, le travail et la vérité.

Ceci étant dit, il est intéressant de jeter un œil aux éditions précédentes , afin d’avoir une idée de la façon dont peuvent se présenter les sujets. Cela permet également de distinguer les notions populaires qui reviennent souvent et donc aussi peut-être cette année, d’une part. De l’autre, celles qui ne sont pas tombées depuis longtemps . Peut-être que c’est cette année qu’elles trouveront leur chemin jusqu’aux salles d’examen ?

Voici les sujets tombés en 2023 : 

  • Sujet de dissertation 1 : Le bonheur est-il affaire de raison  ?
  • Sujet de dissertation 2 : Vouloir la paix , est-ce vouloir la justice  ?
  • Commentaire de texte : Lévi-Strauss, La Pensée sauvage (1962), un extrait sur la technique .
  • Sujet de dissertation 1 : L’ art nous apprend-il quelque chose ?
  • Sujet de dissertation 2 : Transformer la nature , est-ce gagner en liberté  ?
  • Commentaire de texte : Adam Smith, Théorie des sentiments moraux (1759), un extrait sur la justice .

Et les sujets à l’honneur en 2022 :

  • Sujet de dissertation 1 : La conscience fait-elle obstacle au bonheur  ?
  • Sujet de dissertation 2 : La technique permet-elle de ne plus avoir peur de la nature  ?
  • Commentaire de texte : Cournot, Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique (1851), un extrait sur la science .
  • Sujet de dissertation 1 : La liberté consiste-t-elle à n’ obéir à personne ?
  • Sujet de dissertation 2 : Est-il juste de défendre ses droits par tous les moyens ?
  • Commentaire de texte : Diderot, Encyclopédie (1751-1772), un extrait sur la vérité .

🔮Verdict : les notions de bonheur, justice et liberté ont été centrales lors des deux dernières sessions du bac, toutes voies confondues. Il en est de même pour la technique et la nature . Elles pourraient encore une fois être sur le devant de la scène cette année, même sans apparaître en toutes lettres… 

En 2021 , les élèves avaient le choix entre trois sujets de dissertation et un commentaire de texte. Lors de cette édition, ce sont plutôt les notions de langage , inconscient , temps ,  devoir et travail qui se détachaient des sujets de la voie générale. Les élèves de la voie technologique ont dû rédiger autour des notions de justice , vérité , technique et art .  

🔮Évidemment, un sujet convoque toujours plusieurs des 17 notions au programme, même sans apparaître dans la consigne. Toutefois, on constate que certaines notions ne sont pas ou peu de fois tombées , noir sur blanc , depuis trois ans : la religion , l’ art , le langage , l’ État , le temps , la raison , la science , la vérité , le travail , le devoir et le couple conscience/inconscient . Elles pourraient faire leur grand retour cette année !

Une notion en cache une autre : les couples de notions possibles

Tu l’as vu en découvrant les sujets des années précédentes : un sujet met souvent en lumière deux notions distinctes , comme le bonheur et la raison ou la technique et la nature, par exemple. La formulation du sujet peut mettre en opposition deux notions —  La conscience fait-elle obstacle au bonheur ? — proposer un lien de cause à effet —  Transformer la nature, est-ce gagner en liberté ? — ou présenter une simple corrélation — Vouloir la paix, est-ce vouloir la justice ? 

Bac philo : quels conseils pour réussir ?

Parfois, le sujet ne comporte qu’une notion écrite noire sur blanc , mais en cache pourtant d’autres . C’est le cas, par exemple, du sujet suivant : L’art nous apprend-il quelque chose ? Ce dernier convoque aussi la notion de vérité avec le verbe apprendre qui renvoie à la connaissance. 

Outre les mots-clés que renferme le sujet, lors de ta réflexion, tu seras certainement amené à mettre en écho plusieurs notions du programme. En effet, plusieurs d’entre elles entretiennent des liens très étroits et peuvent fonctionner en couple ou trio , selon les contextes. En voici quelques exemples : 

  • technique, nature et art
  • travail et bonheur
  • science et vérité
  • art et inconscient
  • devoir, raison et conscience
  • langage, conscience et liberté
  • religion et raison

Et le temps alors ? Il est vrai qu’on ne croise pas souvent la notion dans les sujets du baccalauréat, mais elle peut se cacher sous plusieurs termes comme « le passé », « le présent », « l’instant », l’adjectif « éphémère » ou « éternel » ou le verbe « conserver », par exemple. Selon la formulation du sujet, la notion peut alors être facilement couplée avec l’ art , la conscience , la raison , le bonheur ou même le travail  !

Il faut savoir chuchoter à l’oreille des sujets pour que ces derniers te livrent tous leurs secrets. À la découverte des sujets, aucun ne semble t’inspirer ? Rassure-toi, après une bonne analyse des termes , tu seras capable d’en détacher plusieurs notions.

Les sujets s’appuient-ils sur l’actualité ?

Il peut être tentant d’essayer de deviner les sujets du bac de philo par rapport à l’actualité. Encore faut-il qu’ils s’appuient réellement sur les derniers gros titres de la presse. La balance penche plus vers le non, que le oui. 

Les sujets du baccalauréat commencent à être élaborés dès le mois de mai ou juin de l’année de ta rentrée. Dans chaque académie, des commissions spéciales se réunissent et proposent des sujets par épreuve et voie. En décembre, des sujets principaux et de secours sont retenus, avant d’être testés avec des enseignants qui planchent dessus, en condition d’examen. Ensuite, entre janvier et mars, les sujets connaissent leurs derniers ajustements avant d’être validés complètement. 

Les sujets sont donc pensés assez longtemps à l’avance . Par ailleurs, ils sont surtout élaborés de façon à bien s’inscrire dans les programmes et à permettre aux élèves de se servir d’un maximum de ce qu’ils ont appris et savent. Toutefois, parce que la philosophie est ce qu’elle est, les interrogations qu’elles posent sont toujours à mettre en écho avec la réalité . D’ailleurs, dans ton développement , tu peux très bien t’appuyer sur un exemple concret du réel ou sur une actualité pour appuyer ton propos. Tu peux en faire de même en accroche , dans ton introduction !

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COMMENTS

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  7. La raison

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