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Le Fait Social

Par fatimamotik   •  5 Février 2012  •  854 Mots (4 Pages)  •  8 917 Vues

Les règles de la méthode sociologique

Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ?

Collection Puf/Quadrige, 1983 (1885), page 3 à 14

• Présentation de l’auteur

Emile Durkheim (1858 - 1917), sociologue français, agrégé de philosophie, est considéré comme un des fondateurs de la sociologie.

Il ramène les fais moraux aux faits sociaux qu’il considère comme indépendants des consciences individuelles.

Il écrit une thèse de philosophie "De la division du travail social" en 1983, qui lui a été critiqué par le jury de philosophes de la Sorbonne, pour son réalisme social.

Ensuite, il enseigne à Bordeaux (de 1887 à 1902) les Sciences Sociales et la pédagogie. Durant son séjour, il écrira entre autre « le suicide » (1887) et « Les règles de la méthode sociologique » en 1894.

En 1902, il est nommé à la Sorbonne comme suppléant de Ferdinand Buisson, et en devient titulaire en 1906.

Le terme « faits sociaux » est devenu une expression courante qui est employée pour désigner une multitude de phénomènes de société mais ce qu’ils définissent réellement est toujours équivoque. Avant d’étudier ces phénomènes, il est donc essentiel de savoir les reconnaître.

Dans toute société, ces phénomènes ont pourtant des caractéristiques qui leur sont propres et qui ne peuvent être étudiés par d’autres sciences que la Sociologie.

Les faits sociaux sont des phénomènes qui nous sont inconsciemment imposés, que se soit par l’éducation, l’appartenance religieuse ou la société. Ce sont des phénomènes extérieurs à notre personne.

D’autre part, notre façon de se conduire ou de penser nous est dictée avec ou sans notre consentement, ne se faisant pas nécessairement ressentir comme telle.

Et si d’autre part, nous voulions contrecarrer cette influence sociale, la conscience publique nous le ferait ressentir et nous paraîtrions anormaux, provoquant le rejet des conformistes.

En effet, nous sommes généralement contraints de suivre le modèle de la société si nous voulons nous y intégrer.

Nous différencions donc ces faits des phénomènes psychiques et des phénomènes organiques qui n’existent que par la conscience individuelle.

Le fait de dire qu’un individu est parfaitement autonome n’est donc pas exact puisque ses idées et ses principes reposent avant tout sur ce qu’il a reçu de l’extérieur.

De part les instances que nous avons évoquées (religion, éducation…), le fait social se retrouve également dans les courants sociaux. Ceux ci se caractérisent par des mouvements d’émotions (dans une foule par exemple) qui viennent à nous et qui peuvent influencer notre comportement sans être notre volonté.

L’éducation est un autre exemple de faits que nous subissons puisqu’elle nous a créé des habitudes que nous avons du mal à considérer comme extérieures à notre conscience.

Il est important de préciser que ce n’est pas le phénomène de masse qui caractérise les fait sociaux mais les coutumes du groupe auquel nous appartenons ou dans lequel nous intervenons. Nous pouvons donc différencier

dissertation le fait social

SES : Le fait social d’Émile Durkheim, la sociologie à la française

  • Marina Aleksandrova
  • 18 Fév 2022

À lire dans cet article :

Parcoursup

Le fait social, concept développé par Émile Durkheim à la fin du XIXe siècle, est aujourd’hui encore une notion particulièrement importante de l’analyse sociologique. Grâce à la théorisation de ce concept, Émile Durkheim a trouvé des explications à différents faits observés tels que la socialisation ou encore le suicide. Dans ce nouvel article, nous revenons avec toi sur le fait social et ses complexités.

Qui est Émile Durkheim ?

Émile Durkheim est un sociologue français de la fin du XIXe siècle, né en 1958 et mort en 1917. Il est considéré comme l’un des fondateurs de la sociologie qui est alors devenue, grâce à lui, une véritable science venant compléter l’analyse économique. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Émile Durkheim n’est ni titulaire d’un diplôme d’économie, ni de sociologie, ni de psychologie. Il est en réalité devenu professeur agrégé de philosophie après avoir suivi des études dans cette discipline à l’École normale supérieure. Il enseigne notamment les sciences sociales à Bordeaux. Il est reconnu comme étant le premier sociologue à vouloir faire de la sociologie une discipline pleinement indépendante. Pour Émile Durkheim , la sociologie serait «  la science des institutions, de leur genèse et de leur fonctionnement  ».  

Le fait social  de Durkheim

La concept de fait social apparaît pour la première fois en 1895 dans le livre d’Émile Durkheim s’intitulant Les Règles de la méthode sociologique . Pour comprendre ce concept, il faut déjà comprendre la logique holiste de Durkheim. Une première opposition se construit autour du lien individu – société : pour Émile Durkheim, le social exerce une contrainte sur l’individu et la sociologie constitue l’étude de ces phénomènes sociaux extérieurs à l’individu et qui s’imposent à lui (notion de fait social). Pour Max Weber, le sociologue doit rendre compte des interactions qui s’établissent entre les individus et qui fondent le social. Il en découle la différence entre une démarche d’explication (Émile Durkheim), qui veut mettre en avant la cause d’un fait social (qui doit être recherchée dans un autre fait social) et une démarche compréhensive (Max Weber), qui recherche le sens que les acteurs sociaux donnent à leurs comportements et à leurs actions.

Dans cette perspective, Émile Durkheim mobilise des outils statistiques (« variations concomitantes ») pour identifier les relations causales, mais également des indicateurs sociaux significatifs (formes du droit pour mettre en évidence les types de solidarité sociale). Max Weber privilégie la construction d’un idéal type, représentation simplifiée de la réalité (esprit du capitalisme). Pour Durkheim, le critère primordial de définition du fait social est la contrainte, signe d’une force transcendante par rapport aux individus, qui s’impose à eux et détermine leurs manières d’être. Sur cette définition s’ouvrent les Règles de la méthode sociologique .

Les faits sociaux ne peuvent se comprendre à partir des individus et existent en dehors des consciences individuelles, c’est le principe d’extériorité. Par ailleurs, ils sont dotés d’un pouvoir coercitif (contrainte sociale) car ils s’imposent à lui. Cette combinaison impose des contraintes à l’individu, par exemple : il est tenu à avoir tel comportement dans telle situation et à respecter les règles de la convenance. Cependant, on remarquera que si le fait social est bien intériorisé, l’individu ne ressent plus ces obligations comme pénibles, voire les estime naturelles. Pour comprendre un fait social, le sociologue devra adopter une démarche scientifique (analyser les faits sociaux comme des choses) : écarter les prénotions (les préjugés) et définir rigoureusement les phénomènes étudiés. De plus, la démarche scientifique exige qu’on ne confonde pas corrélation et causalité : ce n’est pas parce qu’il y a corrélation qu’il y a causalité. Le fait de ne pas confondre corrélation et causalité nécessite de faire intervenir de nouvelles variables, qui ne sont pas au départ évidentes, afin de comprendre, d’expliquer le phénomène.

Si des phénomènes apparaissent d’emblée comme « sociaux », Durkheim cherche à montrer que des faits sociaux se cachent aussi derrière des phénomènes plus souvent étudiés sous l’angle psychologique, ou moral. C’est ainsi que dans son ouvrage Le suicide. Étude de sociologie , il étudie le suicide comme un fait social. Il établit le fait que le suicide est un fait social en montrant, statistiques à l’appui, que les taux de suicide sont réguliers dans le temps et diffèrent d’une société à une autre. La comparaison de ces taux de suicide entre pays, mais également entre catégories sociales lui permet de montrer que le suicide augmente quand le degré d’intégration à la société diminue. Plus généralement, les taux de suicide sont liés à l’intégration sociale et à la régulation. Les sociétés modernes, qui voient l’intégration fragilisée et la régulation affaiblie (développement de l’anomie), sont susceptibles de connaître une augmentation des taux de suicide. Cependant, une intégration et une régulation trop fortes peuvent aussi expliquer des taux de suicide élevés. Si, par moments dans son ouvrage, Durkheim déroge à son explication des faits sociaux par d’autres faits sociaux (notamment, comme l’ont montré Christian Baudelot et Roger Establet quand ils expliquent la plus faible propension des femmes à se suicider malgré la montée du divorce par des phénomènes psychologiques, voire en naturalisant des différences de genre), cette analyse sociologique du suicide comme fait social est une parfaite illustration à la fois de sa manière de définir le fait social et de la façon dont il appelle à l’étudier. Le fait social renvoie donc à la manière qu’a le sociologue d’étudier les phénomènes sociaux, non pas en partant des individus, mais bien en les étudiant à l’échelle de la société, ce qui peut renvoyer à une approche en termes de holisme méthodologique.

D’autres auteurs pour compléter l’analyse du fait social

Marcel Mauss a creusé l’analyse du fait social et développé la notion de « fait social total ». Si cette notion souffre parfois d’un certain flou, Mauss, dans son Essai sur le don , définit un fait social total comme un fait social à travers lequel s’exprime « à la fois et d’un coup » des institutions religieuses, les règles juridiques, les règles morales, les institutions économiques (production et consommation), des phénomènes esthétiques et des « phénomènes morphologiques » (c’est-à-dire en particulier, que ces faits conduisent à des regroupements importants de personnes, des moments où la société prend forme). Le don est un fait social total, tout comme le sont, dans une autre analyse de Mauss, les faits sociaux totaux. Un fait social total peut donc être vu comme un fait social qui a ceci de particulier que son existence mobilise la société dans toutes ses dimensions.

Il est intéressant aussi de comparer la définition de Durkheim avec la définition de Baudelot et Establet du fait social. On appelle fait social tout ensemble d’actions humaines dont la trace sur un appareil d’enregistrement (la statistique) présente une certaine régularité, à savoir constance quand la société ne change pas et variation quand plusieurs grandeurs sociales varient simultanément.

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Qu'est-ce qu'un fait social ?

Thèmes abordés.

Fait social, Durkheim , fait sociétaire, fait collectif

Résumé du document

Le fait social est une notion extrêmement importante dans la sociologie. Selon Durkheim, « est fait social toute manière de faire, fixée ou non, susceptible d'exercer sur l'individu une contrainte extérieure ». Celui-ci met en avant des facteurs communs permettant de reconnaitre un fait social et qui peuvent être étudiés à travers le prisme de l'exemple actuel du harcèlement, qui recouvre différents types de pratiques. Ainsi, en quoi le harcèlement est-il un fait social ?

  • Un fait collectif et général
  • Un fait sociétaire
  • Un évènement régulier

[...] Qu'est-ce qu'un fait social ? Le fait social est une notion extrêmement importante dans la sociologie. Selon Durkheim, « est fait social toute manière de faire fixée ou non, susceptible d'exercer sur l'individu une contrainte extérieure ». Celui-ci met en avant des facteurs communs permettant de reconnaitre un fait social et qui peuvent être étudiés à travers le prisme de l'exemple actuel du harcèlement, qui recouvre différents types de pratiques. Ainsi, en quoi le harcèlement est-il un fait social ? [...]

[...] Pour rendre ce fait plus clair, il est possible de le comparer avec le texte 2 avec Matthieu Grossetête, qui explique que les accidents ne s'expliquent pas seulement par la météo par exemple mais aussi par la CSP. Pour conclure, le harcèlement est un fait social suivant la définition durkheimienne puisque cette pratique est un fait sociétaire, collectif et général extérieur à l'individu qui exerce une force coercitive sur lui. Cet évènement régulier peut en outre s'expliquer par d'autres facteurs sociaux. Autrement dit, le harcèlement illustre le fait social en montrant que les comportements individuels ne sont pas toujours issus de la volonté de l'individu mais plutôt de la société et de ses normes intériorisées. [...]

[...] De plus, le fait social exerce un pouvoir de contrainte. Pour illustrer ce fait, je vais reprendre le même exemple du harcèlement scolaire. En étudiant les différents types de harceleurs, on se rend compte qu'une majorité d'entre eux harcèlent car ils sont victimes d'un pouvoir de contrainte exercé par la société. Par exemple, ceux qui suivent le mouvement de harcèlement initié par un individu ont en réalité peur de devenir eux-mêmes harcelés s'ils ne se plient pas au mouvement. Un évènement régulier Enfin, Durkheim défend le point selon lequel est fait social un évènement régulier qui peut s'expliquer par d'autres facteurs sociaux. [...]

[...] On introduit une nouvelle variable : la famille. D'après Durkheim, la famille a un pouvoir d'intégration ; de ce fait, elle a tendance à protéger les gens du suicide. Or la famille protège plus la femme que l'homme. D'où un plus fort taux de suicide chez les hommes que chez les femmes. Définition Baudelot et Establet : On appelle fait social tout ensemble d'actions humaines dont la trace sur un appareil d'enregistrement (la statistique) présente une certaine régularité, à 2savoir constance quand la société ne change pas et variation quand plusieurs grandeurs sociales varient simultanément. [...]

[...] De plus, les personnes qui harcèlent n'ont pas toujours conscience de leurs actes : on peut très bien condamner le harcèlement seul mais être influencé par le groupe et la société. Un fait sociétaire Par la suite, le sociologue français théorise le fait social comme un fait sociétaire qui exerce une force coercitive sur les individus. Pour commencer, la dimension sociétaire du fait social est particulièrement importante. Par exemple, le harcèlement scolaire est un fait qui concerne 15% des élèves dans le monde. C'est donc un fait global, non isolé, qui concerne la société tout entière. [...]

  • Nombre de pages 2 pages
  • Langue français
  • Format .docx
  • Date de publication 20/11/2023
  • Date de mise à jour 21/11/2023

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Fait social

Définition :.

Les faits sociaux sont l’objet d’étude de la sociologie selon Emile Durkheim. Il s’agit de manières de faire qui s’imposent aux individus et sont extérieurs à eux. Autrement dit, ils correspondent à des éléments que la société impose aux individus.

L'essentiel

La notion de fait social est centrale dans la conception de la sociologie d’Émile Durkheim. Il définit, dans Les règles de la méthode sociologique, le fait social comme « toute manière de faire, fixée ou non, susceptible d'exercer sur l'individu une contrainte extérieure; ou bien encore, qui est générale dans l'étendue d'une société donnée tout en ayant une existence propre, indépendante de ses diverses manifestations au niveau individuel ». Dans la conception de Durkheim, que l’on qualifie parfois de holiste , la société est plus que la somme des individus, il la voit comme une réalité en soi, sui generis . L’existence de faits sociaux correspond au fait que la société s’impose aux individus. Ces derniers vivent dans un « cadre » social déterminé, qui les contraint en même temps qu’il leur permet de vivre ensemble. Durkheim donne un certain nombre d’exemples de faits sociaux : «  tâche de frère, d'époux ou de citoyen », «  les croyances et les pratiques de [la] vie religieuse », mais aussi le langage, la monnaie, les pratiques professionnelles…

Les faits sociaux ont, selon Durkheim un certain nombre de caractéristiques. Premièrement, ils sont extérieurs aux individus, c’est-à-dire qu’ils existent hors d’eux, ils trouvent leur source dans la société. Ces faits sociaux sont d’ailleurs indépendants des manifestations individuelles : un individu peut tenter de ne pas les suivre (par exemple, ne pas respecter les pratiques de sa profession), mais d’une part il risque d’être sanctionné et, d’autre part, il ne suffira pas de ce non-respect pour remettre en question ces pratiques. Ensuite, ces faits sociaux sont contraignants et s’imposent aux individus. Enfin, ils sont réguliers, et se répètent, se reproduisent au fil du temps.

Face à ces faits sociaux, le sociologue doit être selon Durkheim comme tout scientifique face aux faits qu’il étudie. Il s’inspire notamment de la méthode expérimentale forgée par Claude Bernard et invite les sociologues à « traiter les faits sociaux comme des choses ». Cela revient à étudier le fait social en laissant de côté les idées préconçues que l’on peut avoir dessus, ainsi que tout jugement moral. Il faut, ainsi, selon Durkheim, écarter les « prénotions ». L’étude de ces faits sociaux passe par leur explication, c’est-à-dire par la recherche de relations causales. Ici, une règle importante est à suivre en sociologie selon Durkheim : un fait social ne peut s’expliquer que par un autre fait social : la sociologie doit baser ses raisonnements sur les faits sociaux. Les relations entre faits sociaux ne doivent pas seulement être spéculatives, mais basées sur des preuves. Pour pallier l’impossibilité de mener des expériences de laboratoire, Durkheim invite à mettre en évidence des relations statistiques entre faits sociaux et notamment des « variations concomitantes », autrement dit, des corrélations. Ces corrélations peuvent être le signe de l’existence de relations de causalité. C’est l’approche qu’a Durkheim du fait social qui justifie son utilisation de la statistique en sociologie, ouvrant la voie à l’importance de la statistique en sciences sociales.

Si des phénomènes apparaissent d’emblée comme « sociaux », Durkheim cherche à montrer que des faits sociaux se cachent aussi derrière des phénomènes plus souvent étudiés sous l’angle psychologique, ou moral. C’est ainsi que dans son ouvrage Le suicide. Étude de sociologie , il étudie le suicide comme un fait social. Il établit le fait que le suicide est un fait social en montrant, statistiques à l’appui, que les taux de suicide sont réguliers dans le temps et diffèrent d’une société à une autre. La comparaison de ces taux de suicide entre pays, mais aussi entre catégories sociales lui permet de montrer que le suicide augmente quand le degré d’intégration à la société diminue. Plus généralement, les taux de suicide sont liés à l’ intégration sociale et à la régulation.

Les sociétés modernes, qui voient l’intégration fragilisée et la régulation affaiblie (développement de l’anomie), sont susceptibles de connaître une augmentation des taux de suicide. Cependant, une intégration et une régulation trop fortes peuvent aussi expliquer des taux de suicide élevés. Si, par moments dans son ouvrage, Durkheim déroge à son explication des faits sociaux par d’autres faits sociaux (notamment, comme l’ont montré Christian Baudelot et Roger Establet quand il explique la plus faible propension des femmes à se suicider malgré la montée du divorce par des phénomènes psychologiques, voire en naturalisant des différences de genre), cette analyse sociologique du suicide comme fait social est une parfaite illustration à la fois de sa manière de définir le fait social et de la façon dont il appelle à l’étudier. Le fait social renvoie donc à la manière qu’a le sociologue d’étudier les phénomènes sociaux non pas en partant des individus, mais bien en les étudiant à l’échelle de la société, ce qui peut renvoyer à une approche en termes de holisme méthodologique .

Le neveu de Durkheim, Marcel Mauss a creusé l’analyse du fait social et développé la notion de « fait social total ». Si cette notion souffre parfois d’un certain flou, Mauss, dans son Essai sur le don , définit un fait social total comme un fait social à travers lequel s’exprime « à la fois et d’un coup » des institutions religieuses, les règles juridiques, les règles morales, les institutions économiques (production et consommation), des phénomènes esthétiques et des « phénomènes morphologiques » (c’est-à-dire en particulier, que ces faits conduisent à des regroupements importants de personnes, des moments où la société prend forme). Le don est un fait social total, toute comme le sont, dans une autre analyse de Mauss, les faits sociaux totaux. Un fait social total peut donc être vu comme un fait social qui a ceci de particulier que son existence mobilise la société dans toutes ses dimensions.

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Accueil Numéros 56 Chantiers de recherche La sociologie d’Émile Durkheim

La sociologie d’Émile Durkheim

Dans ses Règles de la méthode sociologique , Durkheim donne un objet à la sociologie en le définissant essentiellement comme une force sociale. Alors qu’il aurait logiquement dû proposer des méthodes inspirées des sciences physiques, Durkheim préfère s’inspirer de la biologie et faire du sociologue un « vivisectionniste » du social. Cette transposition apparaît ainsi comme une transposition manquée des méthodes des sciences de la nature. Elle aboutit à considérer la société comme un corps et non comme un champ de forces ce qui aurait pu permettre de quitter une méthodologie trop holiste en prenant en compte à la fois des forces sociales mais aussi les forces individuelles. En prenant au sérieux la définition que Durkheim donnait du fait social s’ouvrent ainsi de nouvelles perspectives de recherche plus adaptées à la complexité et à la complexification des sociétés contemporaines.

In the Rules of Sociological Method, Durkheim gives an object to sociology by defining essentially the social fact as a social force. While he would logically have proposed methods inspired by physical sciences, Durkheim preferred to draw his inspiration from biology. He turns the sociologist into a “vivisectionist” of society. This transposition thus appears as a failed transposition of the methods of the natural sciences. It entails that Durkheim considers society as a body and not as a field of forces that would have allowed him to leave a methodology that would be too holistic. By this way, he could have taken into account both social forces but also individual forces. By taking Durkheim’s definition of social fact seriously, it opens up new research perspectives more suited to the complexity of contemporary societies.

Texte intégral

1 La volonté de transposer les méthodes des sciences de la nature aux sciences humaines pourrait constituer l’un des fils directeurs de l’histoire de la sociologie (Péquignot et Tripier 2000). Si cette tentative s’affirmait dès le siècle des Lumières, pensons notamment aux volontés de transposer la méthode et les découvertes newtoniennes à la philosophie morale, elle apparaît plus nettement au xix e  siècle, chez Comte, qui, supposant l’existence de lois universelles dans la sphère sociale, proposait la mise en place d’une démarche explicative chargée de déceler les causes des phénomènes sociaux pour mettre au jour une véritable « physique sociale » (Comte 1830). Une ambition similaire habite Durkheim quand il élabore, en 1895, ses Règles de la méthode sociologique destinées à fonder la sociologie comme une science autonome dotée d’un objet singulier et de méthodes spécifiques.

2 Nous souhaiterions revenir ici sur cette tentative qui nous apparaît comme une transposition manquée des méthodes des sciences de la nature. Pour nous en convaincre nous spécifierons la manière dont Durkheim définit le « fait social », objet de sa sociologie (I). Nous chercherons à montrer que cette conceptualisation aurait pu logiquement aboutir à la transposition des méthodes des sciences physiques mais que Durkheim, oubliant les contours de son objet leur préfère celles de la biologie voire de la chimie organique. Nous chercherons ensuite à nous demander ce qu’aurait pu être la sociologie durkheimienne tant dans son domaine d’étude que dans ses méthodes, si elle s’était tenue à la conception première du fait social pour montrer qu’elle aurait pu être une sociologie des rapports de forces laissant une place au conflit mais également à l’autonomie individuelle (II).

La définition de l’objet de la sociologie de Durkheim : le fait social comme force sociale 

3 Recherchant des lois de causalité et des déterminations sociales qui justifieraient la fondation de la sociologie comme science, Durkheim est conduit à proposer dans ses Règles de la méthode , sociologique , un objet spécifique à cette discipline nouvelle pour la libérer des prénotions et la différencier des autres sciences.

Le fait social comme force sociale : entre norme sociale et sanction sociale

4 Cet objet, Durkheim le nomme « fait social » et leur donne différentes définitions dans son ouvrage méthodologique.

5 La première chose que Durkheim offre chronologiquement à son lecteur lors du premier chapitre des Règles de la méthode sociologique , c’est un ensemble d’exemples de faits sociaux parmi lesquels figurent les « règles juridiques, morales, les dogmes religieux et les systèmes financiers » (Durkheim 1895 : 6). Il souligne ensuite qu’« un fait social se reconnaît au pouvoir de coercition externe qu’il exerce ou est susceptible d’exercer sur les individus ; et la présence de ce pouvoir se reconnaît à son tour soit à l’existence de quelque sanction déterminée, soit à la résistance que le fait oppose à toute entreprise individuelle qui tend à lui faire violence » (Durkheim 1895 : 11). En d’autres termes, Durkheim suggère que le fait social exerce une force sociale extérieure sur l’individu et qu’il détermine les comportements individuels. Il confirme d’ailleurs cette position puisqu’après avoir présenté le fait social par ses manifestations, il conclut son chapitre, affirmant que

Notre définition comprendra donc tout le défini si nous disons : Est fait social toute manière de faire, fixée ou non, susceptible d’exercer sur l’individu une contrainte extérieure ; ou bien encore, qui est générale dans l’étendue d’une société donnée tout en ayant une existence propre, indépendante de ses manifestations individuelles. (Durkheim 1895 : 14)

6 Le fait social se présente finalement comme une norme sociale, qu’elle soit formelle (« fixée » – la loi) ou informelle (« ou non » – les règles de convenance) ; définition qui concorde avec les exemples qu’il avait préalablement donnés. Et l’on comprend l’importance de la thématique de l’« obligation sociale » chez Durkheim (Lacroix 1976 : 232  sq .).

7 Mais, alors que cette définition se voulait complète, elle oublie d’expliciter certaines des caractéristiques que Durkheim avançait au préalable.

8 La définition proposée oublie en effet d’engober la sanction. Or, comme il le suggérait, une norme suppose logiquement une force ou une contrainte supplémentaire qui est celle qui réside dans la sanction éventuelle en cas de déviance, de résistance ou d’insoumission. En d’autres termes, le fait social aurait dû avoir une double nature. Il est certes la norme en tant que telle, qui oriente et détermine les comportements individuels. Mais il est également la force qui caractérise la sanction en cas de résistance ou de transgression ; sanction qui se reconnaît au pouvoir de coercition externe qu’elle exerce. Autrement dit, la sanction serait un fait social qui inciterait à se soumettre à un autre fait social (la norme).

9 Cet oubli est d’autant plus curieux que Durkheim soulignait déjà dans De la division du travail social que, dans les sociétés à solidarité mécanique, « la peine consiste essentiellement dans une réaction passionnelle, d’intensité graduée, que la société exerce par l’intermédiaire d’un corps constitué sur ceux de ses membres qui ont violé certaines règles de conduite. » (Durkheim 1893 : 52). Cette sanction est bien en outre générale et collective puisque « l’infraction commise soulève chez tous ceux qui en sont témoins ou qui en savent l’existence une même indignation. Tout le monde est atteint, par conséquent, tout le monde se raidit contre l’attaque » (Durkheim 1893 : 70).

10 L’objet de la sociologie de Durkheim aurait donc une double dimension. La sociologie devrait à la fois étudier les normes c’est-à-dire les forces déterminant en tendance les comportements individuels – ce que Durkheim précise dans sa définition finale –. Elle aurait également dû s’intéresser à la sanction laquelle se présente aussi comme une force de réaction effective et physique aux déviances constatées.

Les domaines de la sociologie : étude des faits sociaux et études des conséquences des faits sociaux 

11 Chargée d’étudier les faits sociaux, pensés essentiellement comme des normes, la sociologie se voit ainsi logiquement cantonnée à l’examen des systèmes de normes sociales. Une telle étude est effectivement réalisée par Durkheim. Elle est d’ailleurs en partie antérieure aux Règles de la méthode sociologique puisqu’elle avait pris corps, deux ans auparavant, dans sa thèse intitulée De la Division du travail social . Durkheim s’intéressait alors à l’étude de la solidarité sociale entendue comme l’ensemble des règles morales (ou des faits sociaux dans le vocable postérieur) déterminant les actions individuelles. La « solidarité sociale [était en effet] un phénomène tout moral » qui ne pouvait néanmoins que difficilement se « prêter à l’observation exacte ni surtout à la mesure » (Durkheim 1893 : 28). Pour faire face à cet inconvénient, Durkheim se proposait alors d’étudier les « symboles visibles » de la solidarité sociale (Durkheim 1893 : 28).

12 Le premier d’entre eux est le droit que Durkheim présente comme la cristallisation de la morale, comme l’expression concrète des faits sociaux et du « caractère immatériel de la solidarité sociale » (Durkheim 1893 : 28). Dans sa thèse, Durkheim réduit donc son objet aux normes formelles justifiant en toute rigueur son choix puisque « la vie sociale, partout où elle existe d’une manière durable, tend inévitablement à prendre une forme définie et à s’organiser ». Or, « cette organisation, dans ce qu’elle a de plus stable et de plus précis », n’est autre chose que le droit (Durkheim 1893 : 29). Cette restriction de l’objet d’étude au droit va d’ailleurs être bien commode pour Durkheim. Elle lui offre en effet la possibilité de s’épargner une réflexion relative à la distinction entre les normes sociales et les sanctions puisque le droit comprend ces deux dimensions. Elle lui permet, sans doute au détriment de la rigueur, de confondre les deux notions et de ne pas distinguer ces deux types de forces sociales. En tout état de cause, le droit offre également à Durkheim une source inépuisable d’études puisque celui-ci tend à s’affirmer avec l’extension des relations sociales. À ses yeux en effet, « la vie générale de la société ne peut s’étendre sur un point sans que la vie juridique s’y étende en même temps et dans le même rapport » (Durkheim 1893 : 29). Suite aux progrès des sociétés, qui sous l’effet de l’extension de la division du travail, deviendraient plus complexes ; suite au passage d’une solidarité mécanique à une solidarité organique, le droit étendrait son empire pour devenir toujours plus spécialisé et plus sophistiqué. La sociologie verrait ainsi son objet s’étendre et se complexifier.

13 Le deuxième symbole visible de la « solidarité sociale » est la religion, thématique qui constitue une autre dimension des recherches durkheimiennes. Les Formes élémentaires de la vie religieuse écrites en 1905 peuvent s’inscrire dans cette perspective. Mais, alors qu’il aurait pu choisir d’étudier les religions comme systèmes de normes et de contraintes, Durkheim recherche davantage l’origine des normes que les religions proposent. Ceci est illustré par du « wankan » et de l’« orenda » présentés comme étant le pouvoir, la force déterminant les comportements individuels chez les Indiens d’Amérique ou à travers celle du « mana » qui se présente comme leur équivalent en Australie (Durkheim 1905 : 275‑278). Les principes totémiques sont ainsi ramenés à des forces sociales, et les caractères de la religion présentés comme une actualisation de ces forces sociales en fonction des conditions sociales (Durkheim 1905 : 336). Durkheim suggère que la société est soumise à des lois naturelles qui s’actualisent différemment en fonction des époques et des conditions matérielles. La société n’est pas en effet un royaume dans un empire : « elle fait partie de la nature, elle en est la manifestation la plus haute. Le règne social est un règne naturel, qui ne diffère des autres que par sa complexité plus grande. Or il est impossible que la nature, dans ce qu’elle a de plus essentiel, soit radicalement différente d’elle-même, ici et là ». (Durkheim 1905 : 25).

14 Le troisième symbole visible de la « solidarité sociale » se présente au regard des systèmes d’éducation. S’attachant à étudier les normes sociales, la sociologie aurait également vocation à s’intéresser à l’intériorisation de celle-ci, suite notamment au phénomène de socialisation, que Durkheim évoque dès les Règles de la méthode (Durkheim 1895 : 3‑4). Il prolonge cette étude dans L’éducation morale puis dans L’évolution pédagogique en France en insistant sur la dimension institutionnalisée de la socialisation. Il y étudie plus particulièrement le rôle les systèmes éducatifs et leur contribution à l’éducation méthodique, moyen qui selon lui est « le plus efficace dont dispose une société pour former ses membres à son image » (Durkheim 1904‑1905 : 5). Comme le droit ou la religion, les systèmes éducatifs et leurs règles permettent ainsi d’étudier les « symboles visibles » de la socialisation et de la transmission des normes. Dans ce cadre, la sociologie durkheimienne cherche également à étudier l’origine des lois formelles à travers, par exemple, l’élaboration des programmes scolaires. Mais l’élaboration d’un droit nouveau, de lois parlementaires, ou de nouveaux codes restera une des dimensions inexplorées de la sociologie de Durkheim alors qu’elle aurait pu en être un des domaines légitimes. Ce phénomène est d’autant plus curieux que la fin du xix e et le début du xx e  siècle abondaient de lois nouvelles pensons notamment à l’établissement de la III e  République ou à l’adoption progressive de lois sociales.

15 Une deuxième dimension de la sociologie de Durkheim est de s’intéresser aux conséquences des faits sociaux. C’est ce qui se joue dans le Suicide dans lequel Durkheim s’intéresse à un « phénomène social » – le suicide précisément. Le suicide n’est pas en effet un fait social. Défini comme « tout cas de mort qui résulte directement ou indirectement d’un acte positif ou négatif, accompli par la victime elle-même et qu’elle savait devoir produire ce résultat » (Durkheim 1897 : 3), le suicide n’est pas une force. Il n’a pas de pouvoir de coercition, ou d’extériorité. Comme le crime qualifié de « fait de sociologie normale » (Durkheim 1895 : 72, note de bas de page) ou encore de « phénomène de sociologie normale » (Durkheim 1895 : 66, note de bas de page), le suicide n’est que la conséquence ou la manifestation de faits sociaux. Seules les religions, les structures familiales, sociales, économiques ou nationales produisent des normes sociales qui déterminent le niveau des taux de suicide.

La restriction du domaine d’étude de la sociologie : la mise à l’écart des normes informelles et des idola

16 En tout état de cause, se cantonnant aux expressions visibles de la « solidarité sociale », la sociologie de Durkheim passe sous silence l’ensemble des normes informelles comme d’ailleurs les modalités de leur diffusion qu’elles relèvent de la socialisation, de l’acculturation ou de l’imitation, notion que Durkheim rejettera en s’opposant à Tarde. La sociologie de Durkheim est ainsi amenée à restreindre son étude aux expressions concrètes des faits sociaux et à laisser pour partie de côté à la fois les normes informelles mais aussi les sanctions sociales. Durkheim réduit ainsi, sans l’affirmer, le domaine d’étude de sa sociologie.

17 Cette restriction du domaine d’étude de la sociologie, Durkheim l’opère également en oubliant un fait social particulier. En effet, si l’on en revient aux Règles de la méthode sociologique , nous constatons qu’il évoque un « fait social » singulier, symbole de la morale sociale : les pré-notions. Elles sont d’ailleurs ce fait social qui biaise l’étude du sociologue ; « ces idola, sortes de fantômes qui nous défigurent le véritable aspect des choses et que nous prenons pourtant pour les choses mêmes » (Durkheim 1895 : 18). Les prénotions sont donc précisément des faits sociaux. Elles sont extérieures à l’individu, et exercent sur sa conscience une force qui domine sa pensée et oriente ses conclusions. « C’est [nous dit Durkheim] parce que ce milieu imaginaire n’offre à l’esprit aucune résistance que celui-ci, ne se sentant contenu par rien, s’abandonne à des ambitions sans bornes et croit possible de construire ou, plutôt, de reconstruire le monde par ses seules forces et au gré de ses désirs. » (Durkheim 1895 : 18). Bref, si « les hommes n’ont pas attendu l’avènement de la science sociale pour se faire des idées sur le droit, la morale, la famille, l’État, la société même » c’est peut-être parce que, comme le suggère Durkheim, « ils ne pouvaient s’en passer pour vivre », mais c’est surtout que la morale n’a pas attendu la science sociale pour exister. Si les faits sociaux sont extérieurs aux consciences individuelles et les dominent, ils dominent également les productions de ces consciences c’est-à-dire les jugements mais aussi les productions scientifiques. L’esprit du scientifique est donc soumis aux prénotions mais, contrairement au profane, il cherche à y résister.

18 Pour conclure, il s’agit donc de souligner que les prénotions sont des faits sociaux et devraient, comme tels, être étudiés selon la méthode définie dans les Règles . La sociologie, science de la morale et des faits sociaux, deviendrait également dans ce cadre une connaissance critique puisqu’elle serait aussi la science des prénotions. Pourtant, au lieu de les étudier comme des faits sociaux, ce qui aurait permis dans un second temps de surmonter ces biais, Durkheim décide uniquement de les mettre à distance. Ainsi, selon lui « il faut écarter systématiquement toutes les prénotions » (Durkheim 1895, I : 31). En ce sens, Durkheim restreint volontairement le domaine de la sociologie et pose la nécessité de se défaire des prénotions sans se donner véritablement les moyens d’y parvenir. Au final, le devoir d’écarter les prénotions se présente comme une pétition de principe, comme un devoir d’affranchissement de la morale dont le scientifique ne peut concrètement se servir puisqu’en les écartant, il n’aura perçu ni la nature, ni la force, ni même l’ampleur potentielles de ces prénotions. La prise de conscience des prénotions ne se fait chez Durkheim que par une supposée réflexivité dont on ne pourra jamais savoir si elle est suffisante, si elle a pleinement réussi à identifier ces idolas et si elle est parvenue à percevoir l’intensité de leurs forces.

L’idéal de l’équilibre ou la dimension cachée de la sociologie de Durkheim

19 Mettant l’accent sur les normes, la sociologie de Durkheim est de fait une sociologie ayant pour idéal l’« équilibre » et s’intéressant au fonctionnement « normal » des sociétés et l’espérant d’ailleurs (Lacroix 1976 : 219). Durkheim oublie ainsi, par construction, de faire porter l’attention sur les déviances, les conflits ou les crises. L’idée selon laquelle la sociologie durkheimienne pourrait être interprétée comme une sociologie de l’équilibre est particulièrement décelable au regard de l’analyse du suicide. La typologie des suicides établie par Durkheim propose en effet deux couples d’opposition : suicide égoïste versus suicide altruiste, suicide anomique versus suicide fataliste. Si le suicide égoïste était causé par un défaut d’intégration sociale (et donc un excès d’individualisme), le suicide altruiste au contraire serait la conséquence d’un excès d’intégration sociale. Implicitement, et compte tenu du fait que la typologie est construite sur cette opposition excès versus défaut, il existerait un état social apparaissant comme « optimal », permettant à la fois l’intégration et l’individualisation du sujet et dans lequel les suicides seraient réduits au maximum. De même, l’autre couple d’opposition fondé sur l’intensité des normes sociales suppose qu’il existerait un état social d’équilibre dans lequel l’intensité de la régulation sociale serait idéale.

20 Cet idéal de l’équilibre est particulièrement visible au regard de la fonction du droit dans les sociétés contemporaines. Pour Durkheim, le droit consiste en effet « seulement dans la remise des choses en état, dans le rétablissement des rapports troublés sous leur forme normale, soit que l’acte incriminé soit ramené de force au type dont il a dévié, soit qu’il soit annulé, c’est-à-dire privé de toute valeur sociale » (Durkheim 1893 : 34). Le droit est ainsi le moment du retour à l’équilibre, d’une résolution.

21 Indirectement, la sociologie de Durkheim suppose l’existence d’un état social idéal, permettant la conciliation de l’intégration et de l’autonomie, du collectif et de l’individuel. De même, elle tend à oublier les déséquilibres sociaux ou ne les perçoit que dans une perspective visant à les faire disparaître. Sans doute est-ce ainsi que doit se comprendre sa position exposée dans la préface de la première édition De la division du travail selon laquelle « nous estimerions que nos recherches ne méritent pas une heure de peine si elles ne devaient avoir qu’un intérêt spéculatif. Si nous séparons avec soin les problèmes théoriques des problèmes pratiques, ce n’est pas pour négliger ces derniers, c’est, au contraire, pour mieux les résoudre. » (Durkheim 1893 : XXXIX)

22 Pour conclure, Durkheim offre à la sociologie un objet propre et cohérent. Cet objet, le fait social, est semblable à une norme exerçant une force sociale et déterminant les comportements individuels. La sociologie serait la science des normes sociales et de leurs relations. Plus généralement, la sociologie serait donc la science de la culture pensée comme un ensemble de normes structurées et structurantes déterminant les comportements individuels. Ainsi, la sociologie devrait également logiquement avoir pour tâche de se pencher sur les obligations sociales et morales. Elle serait la science de la morale sociale.

Une transposition manquée des méthodes des sciences de la nature

23 Pour Durkheim, la sociologie devait prendre pour modèle les sciences de la nature. Ces disciplines avaient en effet réussi, par l’adoption d’une méthode singulière, à dépasser les prénotions et à se libérer de l’emprise de l’idéologie ou de la religion pour faire advenir des lois (Durkheim 1895 : 31). Sans doute est-ce là une des raisons l’amenant à souhaiter transposer les méthodes des sciences de la nature. Néanmoins, il nous semble que cette tentative échoue parce qu’elle oublie précisément la définition de l’objet que Durkheim s’était donné.

« Traiter les faits sociaux comme des choses » ou l’incohérence durkheimienne

24 Durkheim ouvre son second chapitre des Règles de la méthode par une injonction méthodologique affirmant que « la première règle et la plus fondamentale est de considérer les faits sociaux comme des choses » (Durkheim 1895 : 15). Sans évoquer le fait que cette règle fondamentale pouvait elle-même relever d’une prénotion héritée d’une croyance scientiste et positiviste, nous rappellerons que cette proposition méthodologique a, dans un premier temps, valeur de métaphore et invite à s’inspirer des démarches des sciences de la nature. Néanmoins, Durkheim pose ensuite plus qu’une similitude entre les faits sociaux et les choses. Il affirme leur identité. « Les phénomènes sociaux [nous dit-il] sont des choses et doivent être traités comme des choses » (Durkheim 1895 : 27). Ils sont des choses car ils sont « l’unique datum offert au sociologue », ils « sont tout ce qui est donné, tout ce qui s’offre ou plutôt s’impose à l’observation » (Durkheim 1895, II, i : 27). Autrement dit, Durkheim se sert de cette identité pour souligner l’aspect concret et l’expression concrète du fait social. Il s’en sert également pour appeler le sociologue à mettre à distance les faits sociaux et pour l’inviter à « les étudier du dehors comme des choses extérieures » (Durkheim 1895, II, i : 28).

25 La dimension concrète et l’identité du fait social ainsi que son assimilation à une chose pourraient rendre légitime une transposition des méthodes de la biologie ou de la chimie ce que Durkheim laisse d’ailleurs apparaître dans une note concluant son premier chapitre et avec lui la définition du fait social :

Cette parenté étroite de la vie et de la structure, de l’organe et de la fonction peut être facilement établie en sociologie parce que, entre ces deux termes extrêmes, il existe toute une série d’intermédiaires immédiatement observables et qui montre le lien entre eux. La biologie n’a pas la même ressource. Mais il est permis de croire que les inductions de la première de ces sciences sur ce sujet sont applicables à l’autre et que, dans les organismes comme dans les sociétés, il n’y a entre ces deux ordres de fait que des différences de degré. (Durkheim 1895 : 14)

26 La tentation biologiste et la supposition organiciste émergent ici et font très logiquement du sociologue l’égal du « vivisectionniste », soumettant les faits sociaux « à une froide et sèche analyse » (Durkheim 1895 : 33). Le fait social se fait donc semblable à une chose ou à un membre d’un corps dont il s’agit d’expliquer le fonctionnement et les fonctions sociales. La transposition des méthodes sera donc celle de la biologie ou de la chimie pour étudier la « composition organique » du fait social. Cette transposition, si elle se comprend au regard « du champ conceptuel général, commun aux sociologies d’inspiration biologique de son temps » (Guillo 2006 : 508) pose néanmoins problème tout comme l’identification du fait social à une chose. Elle s’oppose en effet à la définition préalable du fait social comme force et devient de ce fait incohérente.

L’oubli de la force sociale cause d’une transposition manquée

27 Si Durkheim s’était rigoureusement tenu à sa définition du fait social il aurait dû garder à l’esprit que la tâche du sociologue était de déceler des forces. Il aurait donc dû souligner la nécessité de traiter « les faits sociaux comme des forces » et de transposer les méthodes des sciences physiques. L’objectif de la sociologie aurait alors été de déceler et de caractériser la nature des forces sociales et d’en spécifier leur intensité. La méthode aurait alors dû consister à définir la nature de la force de la norme sociale étudiée, à préciser son intensité et enfin son sens c’est-à-dire par exemple sa contribution au maintien de l’ordre social ou au contraire au changement social.

28 Si l’on s’en tenait à l’étude de l’intensité de la norme, il aurait donc fallu étudier son degré d’impérativité et son importance dans l’organisation et le fonctionnement social. Ceci aurait permis de grader les normes selon leur centralité et de distinguer par exemple l’importance de la prohibition du crime et de l’inceste de celle des règles de bienséance ou de convenance. Cela aurait également permis de se pencher sur l’intensité des déterminismes sociaux en fonction des groupes sociaux et des contextes.

29 Cette étude aurait alors conduit à prendre conscience du fait que certaines normes ou certaines lois ont des effets variables et parfois antagoniques. Elle aurait permis d’opposer aux forces sociales des forces dynamiques ou des forces de résistance individuelles et aurait alors légitimement conduit à poser comme autres objets d’étude de la sociologie la déviance, la résistance ou encore le conflit. Ceci est d’autant plus curieux que certaines de ces dimensions étaient implicitement présentes dans l’analyse de Durkheim si l’on pense par exemple au suicide. Les déterminations du « suicide altruiste » pourraient se présenter comme des forces de résistance à une solidarité sociale excessive et donc à une trop forte intensité du fait social pensé comme norme sociale. Soumis à une emprise sociale trop contraignante, l’individu s’extrairait en effet de la société en se donnant la mort. Une force individuelle aurait ainsi répondu à une force ou une emprise sociale excessive.

30 À regarder les choses de près et en reprenant la définition du fait social, il nous semble que l’intégration sociale n’est que le témoignage de l’emprise des normes sociales sur l’individu par le biais de leur intériorisation, du contrôle social et de sa soumission à des telles forces. Autrement dit, le degré d’intégration sociale n’est que la résultante du degré de régulation sociale. Ainsi, régulation et intégration sociale ne seraient que les deux versants d’une même réalité. Le « quadriptyque » des explications du suicide deviendrait de ce fait un diptyque : les suicides égoïste et anomique seraient similaires en ce qu’ils découleraient d’un défaut ou d’une faiblesse des normes sociales ; les suicide altruiste et fataliste seraient au contraire l’expression de son excès. Cette idée est particulièrement manifeste au regard de la difficulté de Durkheim à rendre compte et à singulariser le suicide fataliste. Celui-ci n’a en effet droit qu’à une modeste note de bas de page témoignant de la gêne de l’auteur et de sa difficulté à le définir et à le différencier du suicide altruiste. Durkheim indique que :

Pour rendre sensible ce caractère inéluctable et inflexible de la règle sur laquelle on ne peut rien, et par opposition à cette expression d’anomie que nous venons d’employer, on pourrait l’appeler le suicide fataliste. (Durkheim 1897 : 142)

31 Continuant sa note de bas de page Durkheim suggère que ce suicide

est de si peu d’importance aujourd’hui (…) qu’il est si difficile d’en trouver des exemples, qu’il nous paraît inutile de nous y arrêter. Cependant, il pourrait se faire qu’il eût un intérêt historique. N’est-ce pas à ce type que se rattachent les suicides d’esclaves que l’on dit être fréquents dans de certaines conditions.

32 Le suicide de l’esclave serait à notre sens de même nature que le suicide altruiste, l’individu ne parvenant pas à s’autonomiser des contraintes sociales ou à s’individualiser, il verserait dans le fatalisme et se suiciderait.

L’anomie comme disparition de l’objet de la sociologie

33 Dans le Suicide , Durkheim s’attache à aborder le thème de l’anomie qu’il définit comme un état marqué par une insuffisance de régulation et par le déferlement des convoitises et des intérêts personnels.

L’état de dérèglement ou d’anomie est donc encore renforcé par ce fait que les passions sont moins disciplinées au moment même où elles auraient besoin d’une plus forte discipline. (Durkheim 1897 : 114)

34 C’est la raison pour laquelle les périodes d’anomie sont à la fois celles de l’euphorie économique et du libéralisme économique mais également celle des crises économiques et du manque de régulation qui les accompagnent. À nous en remettre à la perception du fait social que nous offrait Durkheim dans ses Règles de la méthode , l’anomie est également le moment de l’affaiblissement des normes sociales donc des faits sociaux. Soit que certaines disparaissent comme en témoignent les moments de dérégulation libérale que condamne Durkheim, soit que l’intensité des normes (et des faits sociaux) s’amenuise. Ici encore nous voyons s’affirmer l’identité de la notion d’anomie avec celle d’individualisme et d’autonomisation du sujet. Mais plus que cela, nous pouvons percevoir que ces périodes sont également celles de la disparition en tendance ou de l’atténuation des faits sociaux (donc également des objets de la sociologie durkheimienne). Les déterminations sociales devenant moins intenses, les actions individuelles seraient plus « libres ». Une autre perception des choses serait de supposer que d’autres forces viennent contrecarrer les normes sociales jusque-là existantes : ces forces pourraient être des forces collectives valorisant des transformations sociales et proposant une nouvelle régulation. Mais cela, Durkheim ne peut le percevoir car il s’attache à l’étude du corps et de l’ordre sociaux et délaisse l’objet de la sociologie en négligeant l’étude des forces à l’œuvre.

35 Les périodes d’anomie seraient donc celles de la disparition en tendance de la sociologie puisque son objet se dissiperait peu à peu à moins que la sociologie ne s’intéresse à l’intensité des forces sociales ou à l’intensité des forces de résistance à l’ancienne régulation. Plus généralement, ce que ne perçoit pas Durkheim quand il évoque l’anomie, c’est que de nouvelles forces, et de nouvelles normes apparaissent. Les périodes d’anomie se présentent davantage comme des moments de crise au sens de Gramsci : les anciennes normes se meurent et les nouvelles normes ne sont pas encore imperceptibles.

L’impensé de Durkheim : la pluralité des faits sociaux et la complexification des forces

36 Finalement, il nous semble que Durkheim oublie la pluralité des faits sociaux, la pluralité des normes et des lois. Il oublie ainsi également la pluralité des forces sociales à l’œuvre, mais l’existence de forces d’individualisation. Au final, il ne parvient pas à interpréter la société comme le théâtre de rapports sociaux ou de rapports de forces individuelles ou collectives.

37 Délaissant son objet initial, ou en tout cas ne prenant pas pleinement conscience de ses dimensions, Durkheim tend à uniformiser le social et à supposer que les faits sociaux sont de même nature et de même intensité. Marcel Mauss percevra les limites d’une telle approche en définissant le « fait social total » montrant par là que certains faits sociaux ont plus d’importance que d’autres. Le fait social total est en effet « un de ces rocs humains sur lesquels sont bâties nos sociétés » et qui « met en branle la totalité de la société de ses institutions » (Mauss 1950 : 150, 274). Ce « fait social total » a d’ailleurs une forte ressemblance avec ce que Durkheim nomme la « conscience collective ». En effet, pour Durkheim (1895 : 22),

l’ensemble des croyances et des sentiments communs à la moyenne des membres d’une même société forme un système déterminé qui a sa vie propre ; on peut l’appeler la conscience collective ou commune. Sans doute, elle n’a pas pour substrat un organe unique ; elle est, par définition, diffuse dans toute l’étendue de la société ; mais elle n’en a pas moins des caractères spécifiques qui en font une réalité distincte.

38 L’importance de ce type de faits sociaux de forte intensité est particulièrement visible dans les sociétés premières et contribue à marquer la personnalité individuelle de manière quasi univoque comme en témoignent les analyses de Ruth Benedict ou de l’école « culture et personnalité ». Néanmoins, avec la complexification des sociétés suite notamment à l’extension de la division du travail, les faits sociaux, les normes et les lois deviennent eux aussi plus complexes. Tout se passerait donc comme si on assistait à une fragmentation progressive d’un fait social total à la structure unifiée qui caractérisait les sociétés premières. Cette dynamique est en partie perçue par Durkheim dans De la Division du travail social qui note un affaiblissement de la conscience collective accompagnant le passage des sociétés à une « solidarité mécanique » vers une « solidarité organique ». L’évolution du droit est d’ailleurs symptomatique puisque le droit pénal et répressif est progressivement remplacé par un droit spécialisé et restitutif. Ceci s’explique par le fait que le droit pénal jugeait et sanctionnait des déviances qui étaient de nature à remettre en cause la pérennité même de la société. Les déviances jugées par le droit restitutif n’ont pas la même centralité expliquant que, selon Durkheim (1893 : 34),

on doit répartir en deux grandes espèces les règles juridiques, suivant qu’elles ont des sanctions répressives organisées, ou des sanctions seulement restitutives. La première comprend tout le droit pénal ; la seconde, le droit civil, le droit commercial, le droit des procédures, le droit administratif et constitutionnel, abstraction faite des règles pénales qui peuvent s’y trouver.

39 Avec le développement des sociétés, les faits sociaux se feraient plus nombreux et plus complexes. Nous assisterions ainsi à une fragmentation et à une atomisation de l’objet de la sociologie. Les forces sociales déterminant les actions individuelles auraient des intensités plus faibles mais seraient également plus nombreuses. Nous n’assisterions donc pas à une disparition de l’objet de la sociologie – et à l’affirmation de ce que Durkheim nomme l’anomie – mais bien davantage à une complexification et à une multiplication de faits sociaux beaucoup plus diffus, étendant ainsi le spectre d’étude de la sociologie.

Conclusion : un programme de recherche nouveau ?

40 Au cours de son œuvre et dès le deuxième chapitre des Règles de la méthode sociologique , Durkheim oublie la définition qu’il donnait du fait social. Il oublie que celui-ci est une force sociale ; définition qui aurait pu l’amener à transposer de manière cohérente la démarche des sciences physiques plutôt que celle de la biologie ou de la chimie. Ceci aurait également pu conduire à abandonner sa perception organiciste des sociétés pour s’intéresser aux forces sociales proprement dites, aux normes et aux lois, mais également aux forces de résistance individuelles ou collectives, bref à la déviance et au conflit. À travers l’étude de l’intensité et des fonctions de ces forces sociales il aurait pu tendre vers une véritable physique sociale qui lui aurait permis de déceler les rapports de forces générant des dynamiques sociales, des changements d’état ou au contraire de persévérance dans un état social. Reste à savoir quelles auraient pu être les méthodes mobilisées concrètement pour déceler à la fois la nature, l’intensité et le sens de ces forces sociales.

41 Concernant la nature et l’intensité des forces sociales, celles-ci auraient pu être quantifiées par l’utilisation des statistiques. Il serait envisageable de quantifier et d’évaluer statistiquement le degré de respect d’une norme sociale. De même, quantifier le niveau de déviance par rapport à une norme ou pour le dire autrement la tendance à ne pas respecter une règle sociale nous renseignerait indirectement sur l’intensité – et l’importance – d’un fait social, c’est-à-dire sur son degré social d’impérativité.

42 Ceci permettrait en outre de disposer d’une certaine prédictibilité des comportements humains lesquels seraient caractérisés par des probabilités d’occurrence qui ne seraient pas sans rappeler le concept weberien de « chances typiques » (Weber 1971 : 47) ou de l’analyse probabiliste que proposait déjà Condorcet à travers le concept de « motif de croire » (Condorcet 1785, 1786‑1787 ; Rieucau 1997).

43 Une telle perspective permettrait de concilier les approches individualistes et holistes en montrant que le degré d’impérativité et de soumission à une norme sociale n’est jamais totale et qu’elle laisse de ce fait une certaine marge d’autonomie à l’individu. Elle permettrait également d’étudier des faits économiques, politiques ou juridiques comme des faits sociaux, dépassant l’étude des seules institutions (Steiner 1992 : 644).

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Pour citer cet article

Référence papier.

Jean-Daniel Boyer , «  La sociologie d’Émile Durkheim  » ,  Revue des sciences sociales , 56 | 2016, 118-125.

Référence électronique

Jean-Daniel Boyer , «  La sociologie d’Émile Durkheim  » ,  Revue des sciences sociales [En ligne], 56 | 2016, mis en ligne le 10 juillet 2018 , consulté le 01 mai 2024 . URL  : http://journals.openedition.org/revss/420 ; DOI  : https://doi.org/10.4000/revss.420

Jean-Daniel Boyer

Université de Strasbourg/CNRS UMR 7367 Dynamiques européennes, UMR 7522 Bureau d’économie théorique et appliquée

Articles du même auteur

  • Le système d’Adam Smith [Texte intégral] Une reconstruction Adam Smith’s System Paru dans Revue des sciences sociales , 56 | 2016

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  • 69 | 2023 Faire avec la crise
  • 68 | 2022 50 ans d’écriture en sciences sociales
  • 67 | 2022 Confiance et vérités
  • 66 | 2021 Secrets et silences
  • 65 | 2021 Régulation des conflits et sortie de la violence
  • 64 | 2020 Modèles d'enfance joués et déjoués
  • 63 | 2020 Enfants. Contraintes et pouvoir d'agir
  • 62 | 2019 Transmettre des places au travail
  • 61 | 2019 Dissidences alimentaires
  • 60 | 2018 Dépasser les frontières
  • 59 | 2018 Performances du paraître
  • 58 | 2017 L’Amour, les amours
  • 57 | 2017 Projection(s) urbaine(s)
  • 56 | 2016 Indiscipliné.e.s
  • 55 | 2016 Environnement et citoyenneté
  • 54 | 2015 Voir/Savoir
  • 53 | 2015 Entre douleurs et souffrances
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Comprendre le fait social : définition, enjeux et exemples concrets

  • 10 mars 2024

Comprendre le fait social : définition, enjeux et exemples concrets

S’attaquer à la notion de fait social, c’est explorer un concept central en sociologie, forgé par Émile Durkheim. Cette notion désigne les manières d’agir, de penser et de sentir qui s’exercent sur les individus, véhiculant une puissance coercitive externe. L’enjeu est de taille : il s’agit de décrypter comment ces normes, valeurs et institutions façonnent les comportements et la cohésion sociale. Le mariage ou l’éducation peuvent être analysés comme des faits sociaux, reflétant les attentes collectives et influençant profondément l’existence individuelle. Comprendre ces phénomènes permet d’éclairer les dynamiques de groupe et les évolutions sociétales.

Plan de l'article

La genèse du fait social : définition et perspectives durkheimiennes

Les enjeux contemporains du fait social, la manifestation des faits sociaux : études de cas et impact sociétal, les méthodes d’analyse sociologique : de la théorie à la pratique.

Le concept de fait social , pierre angulaire de la sociologie moderne, doit son élaboration à Émile Durkheim. Pour ce pionnier, un fait social s’identifie par des caractéristiques précises : généralité au sein d’une société donnée et pouvoir de coercition sur les individus. Selon Durkheim, ces faits sociaux se distinguent par leur capacité à façonner nos actions, indépendamment de nos désirs personnels.

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Durkheim introduit une perspective holiste : la société est plus que la somme de ses parties. Cette approche pose que les faits sociaux existent à part entière, indépendamment des individus, et qu’ils doivent être étudiés dans leur propre contexte. Prenons l’éducation, par exemple, un fait social par excellence, qui inculque des normes et des valeurs, s’imposant aux membres de la communauté avec une force quasi impérative.

La coercition , attribut saillant du fait social, s’observe à travers les sanctions, formelles ou informelles, qui s’abattent sur ceux qui s’écartent des normes établies. L’observation de la régularité de ces phénomènes permet de les considérer comme des objets d’étude légitimes en sociologie. Durkheim établit un cadre analytique pour examiner les institutions, les traditions et les lois, qui sont autant de faits sociaux.

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La démarche durkheimienne exige de nous que nous saisissions ces faits sociaux par des méthodes scientifiques, en nous éloignant de nos préconceptions. Suivez cette voie et vous dévoilerez les structures sous-jacentes qui régissent la vie en société. La sociologie, selon Durkheim, n’est pas simplement l’étude des comportements individuels, mais la science des institutions, des croyances et des représentations collectives. La compréhension du fait social , dans sa dimension globale, demeure une quête sans cesse renouvelée pour saisir les mécanismes qui unissent les hommes en sociétés.

Dans une ère marquée par la digitalisation et l’émergence du télétravail , les faits sociaux connaissent une mutation sans précédent. Ces tendances transforment radicalement les modalités de la vie professionnelle, engendrant de nouvelles formes de coopération et d’interaction au sein des entreprises et au-delà. Le télétravail, par exemple, redéfinit non seulement l’espace de travail mais aussi les rapports hiérarchiques et collégiaux, influençant ainsi les modes de socialisation processus et les attentes des salariés. La digitalisation, en outre, implique un ensemble de compétences et d’adaptations qui deviennent partie intégrante des exigences professionnelles.

Les mouvements migratoires contemporains redessinent la carte démographique et culturelle des nations, posant des défis en matière d’intégration, de cohésion sociale et de reconnaissance des droits. Ces flux de populations, motivés par des facteurs économiques, politiques ou environnementaux, mettent à l’épreuve les capacités d’absorption des sociétés d’accueil et les identités nationales. Ils sont de puissants générateurs de faits sociaux, reflétant et modulant les dynamiques interculturelles.

L’influence grandissante des réseaux sociaux sur la vie sociale constitue un phénomène majeur. Ces plateformes modèlent les interactions, façonnent les opinions publiques et forment de nouveaux espaces de mobilisation citoyenne. Les réseaux sociaux, devenus des vecteurs de diffusion de l’information et de constitution de groupes d’intérêt, offrent des illustrations concrètes de faits sociaux, en ce qu’ils influencent les comportements collectifs et les perceptions individuelles. Analyser ces interactions numériques devient donc fondamental pour comprendre les mécanismes sociaux actuels.

Le suicide , analysé par Émile Durkheim comme un exemple typique de fait social, illustre la façon dont les phénomènes sociaux s’inscrivent dans des réalités complexes et souvent invisibles. Durkheim, dans sa démarche holistique, a mis en évidence l’influence de facteurs sociaux sur ce qui pourrait sembler être un acte purement personnel. La régularité des taux de suicide à travers différents groupes sociaux suggère l’existence de causes sociales profondes, telles que le degré d’intégration ou de régulation au sein de la société.

Les mouvements sociaux , quant à eux, révèlent les attentes d’une société et les tensions qui en découlent. Ces collectifs d’individus, rassemblés autour de causes communes, peuvent être vus comme des catalyseurs de changement ou des révélateurs de dysfonctionnements sociaux. Que ce soit à travers des manifestations massives ou des campagnes en ligne, les mouvements sociaux façonnent le paysage sociopolitique et forcent le corps social à s’interroger et, parfois, à se réformer.

La question des normes et des valeurs , centrale dans l’étude des faits sociaux, se matérialise dans l’observation des institutions sociales, telles que l’éducation. Ces structures sociales jouent un rôle déterminant dans la transmission et le renforcement de ces normes et valeurs, qui à leur tour influencent le comportement des individus. L’analyse sociologique de ces éléments offre un cadre pour comprendre comment les individus s’alignent ou s’écartent des attentes collectives.

La mise en lumière de ces phénomènes sociaux nécessite une approche méthodologique rigoureuse. De la théorie à la pratique, les chercheurs en sociologie, suivant l’héritage de penseurs tels que Durkheim et Max Weber, développent des outils analytiques pour déchiffrer la complexité du tissu social. L’approche compréhensive de Weber, par exemple, invite à une immersion profonde dans le sens que les individus donnent à leurs actions, offrant une perspective enrichissante pour l’étude des faits sociaux.

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La sociologie , en tant que science des phénomènes sociaux, mobilise un éventail de méthodes pour sonder les profondeurs de la vie sociale. Les sociologues, héritiers d’une tradition rigoureuse, adoptent des approches méthodologiques spécifiques afin de traduire la complexité des interactions humaines en données analysables. Ces méthodes vont des enquêtes de terrain, avec des observations participantes, aux analyses statistiques en passant par les études de cas approfondies. La clé réside dans la triangulation des méthodes pour obtenir une compréhension plus nuancée des faits sociaux.

L’ éducation , en tant qu’institution sociale, fournit un terrain fertile pour l’examen des normes et des valeurs inculquées au sein de la société. Les chercheurs scrutent le système éducatif pour observer comment ces normes et valeurs se transmettent, se maintiennent ou se transforment au fil des générations. L’étude des curriculums, des pratiques pédagogiques et des interactions en classe révèle les mécanismes par lesquels les institutions façonnent les individus.

L’approche compréhensive, notamment celle préconisée par Max Weber , met en lumière l’importance de comprendre le sens que les individus attribuent à leurs actions. Cette perspective permet de saisir les motivations et les significations sous-jacentes qui guident les comportements sociaux. Elle est complémentaire des analyses structurelles et permet une exploration profonde des motivations personnelles et de leur articulation avec les contraintes et les opportunités sociales.

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Fonder la sociologie comme discipline scientifique : Emile Durkheim

Publié le 30/08/2013 • Modifié le 21/09/2021

dissertation le fait social

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La volonté de faire école

Émile Durkheim est considéré comme l’un des pères fondateurs de la sociologie . Il veut donner à la sociologie un objet propre. Il cherche avant tout à différencier la sociologie de la psychologie et de la biologie. Il travaille à définir la sociologie comme une discipline scientifique autonome.

Dans son livre Les Règles de la méthode sociologique (1895), Durkheim définit l’objet de la nouvelle discipline qu’il veut fonder comme le fait social . Il le définit comme une « manière d’agir, de penser et de senti r » extérieure à l’individu et qui s’impose à lui.

Le fait social

La contrainte est ce à quoi l’on reconnaît le plus facilement le fait social : elle se fait particulièrement sentir lorsque l’individu va à l’encontre des règles sociales (dire bonjour par exemple) instituées dans la société.

La sociologie, une science de la société

durkheim-livre

Couverture Les Règles de la méthode sociologique. Edition de 1919. Paris : Librairie Félix Alcan

Afin de définir une méthode scientifique d’analyse des faits sociaux, Durkheim préconise de les considérer comme « des choses ». Il s’agit d’appliquer à leur encontre une méthode scientifique empruntée aux sciences expérimentales alors triomphantes. Il faut donc en écarter ce que le sociologue appelle des « prénotions ». Il appelle prénotions , les idées préconçues que chacun peut avoir sur ces phénomènes sociaux en vertu de son appartenance à la société.

Expliquer le social par le social

L’idée principale de Durkheim est ainsi que les actes qui paraissent les plus éminemment inspirés par la personnalité des individus sont en réalité influencés par la société . Son étude sur Le Suicide (1897) est l’illustration de cette affirmation. On peut mettre en évidence des régularités sociales dans le nombre, la fréquence, le lieu, le mode de suicide. Ceci montre qu’il ne s’agit qu’en apparence d’un acte individuel.

Il s’oppose ainsi aux aliénistes (Esquirol, Falret et Moreau de Tours) qui considèrent le suicide comme une maladie mentale. « Chaque société a donc, à chaque moment de son histoire, une aptitude définie pour le suicide. On mesure l’intensité relative de cette aptitude en prenant le rapport entre le chiffre global des morts volontaires et la population de tout âge et tout sexe. Nous appellerons cette donnée numérique taux de la mortalité-suicide propre à la société considérée . » Le Suicide , 1897

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Encyclopædia Universalis

FAIT SOCIAL

  • 1. Les attributs du fait social
  • 2. Les faits sociaux comme choses
  • 3. Activité sociale contre fait social

Les faits sociaux comme choses

Du point de vue de son épistémologie , Durkheim postule que les « faits sociaux doivent être traités comme des choses ». Mieux encore, il affirmera qu'ils sont vraiment des choses, et doivent être débarrassés, dans leur traitement scientifique, de toutes les prénotions qui en encombrent la saisie rigoureuse par des sociologues épris de science positive.

Cette règle fondamentale a fait couler beaucoup d'encre. Comment les faits sociaux, qui se rapportent à des comportements humains et sont donc liés à des affects, à des émotions, à des passions, peuvent-ils être réduits au statut de choses, à l'instar des objets inanimés dont traitent les sciences de la nature ? Il faut comprendre ce qui s'apparente à une trans-substantiation comme une façon de faire prévaloir l'objectivité dans la recherche sociologique. Durkheim ne se prononce pas ici sur l'essence des faits sociaux, problème qui ne relève pas de la science. C'est en tant qu'unités de connaissance devant intervenir dans l'élaboration des sciences du social que les faits sociaux doivent être conçus comme des choses, et traités en conséquence. Le respect de cette règle permettra notamment aux ethnologues d'étudier de manière « objective » des comportements qui, envisagés de manière ordinaire, pourraient les choquer considérablement ou appeler de leur part divers investissements émotionnels.

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Claude JAVEAU. FAIT SOCIAL [en ligne]. In Encyclopædia Universalis . Disponible sur : (consulté le )

JAVEAU, C.. FAIT SOCIAL . Encyclopædia Universalis . (consulté le )

JAVEAU, Claude. «  FAIT SOCIAL  ». Encyclopædia Universalis . Consulté le .

JAVEAU, Claude. «  FAIT SOCIAL  ». Encyclopædia Universalis [en ligne], (consulté le )

Autres références

ANTHROPOLOGIE

  • Écrit par Élisabeth COPET-ROUGIER, Christian GHASARIAN
  • 16 158 mots

Claude Lévi-Strauss - crédits : Marc Gantier/ Gamma-Rapho/ Getty Images

COMPRÉHENSION (sociologie)

  • Écrit par Isabelle KALINOWSKI

C’est au sein des sciences humaines allemandes de la seconde moitié du xix e  siècle que la notion de compréhension a été formulée pour la première fois par l’historien Johann Gustav Droysen puis par le philosophe Wilhelm Dilthey . Elle est d’emblée définie en référence à un dualisme des...

DURKHEIM (ÉCOLE DE)

  • Écrit par Claude JAVEAU

Émile Durkheim (1858-1917), fondateur de l'école qui porte son nom, est sans doute, encore de nos jours, le sociologue français le plus célèbre, entre autres parce qu'il est l'un des véritables pères fondateurs de la discipline qu'il fut le premier à enseigner dans une enceinte universitaire, à Bordeaux,...

ÉLECTIONS - Histoire des élections

  • Écrit par Christophe VOILLIOT

Envisagée sous l'angle des pratiques électorales, l'histoire des élections est tout à la fois une histoire des techniques électorales, l'étude des comportements des agents impliqués dans le processus électif et la sociogenèse d'une forme singulière qui nous est aujourd'hui familière :...

  • Afficher les 15 références
  • CONSCIENCE COLLECTIVE
  • CAUSALITÉ, sciences sociales
  • OBJECTIVITÉ
  • CONTRAINTE SOCIALE
  • THÉORIE, sciences sociales
  • ACTION SOCIOLOGIE DE L'

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Verschaeve, Françoise. "De l’invisibilité à la visibilité sur le web : analyse d’un blogue consacré aux femmes ayant fait le choix de ne pas avoir d’enfant." Thesis, Université d'Ottawa / University of Ottawa, 2018. http://hdl.handle.net/10393/37204.

Cheuk, Wing-chong Karen, and 卓穎莊. "An analysis of the quality culture of Hong Kong companies." Thesis, The University of Hong Kong (Pokfulam, Hong Kong), 1994. http://hub.hku.hk/bib/B30431827.

Nilsson, Amanda, and Nora Orrenius. "How to reduce the total environmental, economic and social impact of Solar Cell Panels." Thesis, KTH, Industriell ekonomi och organisation (Inst.), 2021. http://urn.kb.se/resolve?urn=urn:nbn:se:kth:diva-298239.

Toutain, Anne-Gaëlle. ""Montrer au linguiste ce qu'il fait". Une analyse épistémologique du structuralisme européen (Hjelmslev, Jakobson, Martinet, Benveniste) dans sa filiation saussurienne." Phd thesis, Université Paris-Sorbonne - Paris IV, 2012. http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00788676.

Ouchtaine, Mohamed. "L'Anti-Atlas occidental à l'épreuve des changements sociaux et culturels : exemple du fait religieux dans la région d’Ifrane." Thesis, Paris, EHESS, 2019. http://www.theses.fr/2019EHES0169.

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Tout comprendre sur le fait social de Durkheim 🔥

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Le fait social, Durkheim, le holisme… ces termes te disent peut-être quelque chose. Dans ce cas, on te félicite 😉 il t’est déjà arrivé d’être attentif en cours de SES !

En tout cas, si tu passes bientôt ton bac ou que tu es déjà en études supérieures, le fait social fait partie des notions essentielles que tu dois connaître en sociologie. 🔥

Pourtant, c’est un terme flou et mal défini pour beaucoup d’étudiants. Alors, dans cet article, je vais essayer de t’expliquer aussi clairement que possible ce qu’on entend par un fait social !

Mais avant toute chose, intéressons-nous à l’homme qui se cache derrière cette notion !

L’homme derrière le fait social : Émile Durkheim 👤

Considéré comme un des pères fondateurs de la sociologie moderne en France, Émile Durkheim est un sociologue français de la fin du XIXème siècle. Il est connu à travers le monde pour plusieurs de ses écrits notamment sur la religion ( Les formes élémentaires de la vie religieuse ) ou encore Le Suicide. Il a participé activement à la valorisation du caractère scientifique des sciences sociales et à la création d’ une méthode rigoureuse pour pratiquer ces disciplines.

💡 C’est en 1895 qu’apparaît la notion de fait social. Durkheim l’aborde dans un de ces ouvrages les plus connus aujourd’hui, Les Règles de la Méthode sociologique.

Photo de Durkheim

Durkheim et la sociologie holiste

On peut dire de Durkheim qu’il appartient à un courant holiste de la sociologie. En quelques mots, il considère que la structure prime sur l’individu. Pour lui, la société ne correspond pas à la somme des actions individuelles, mais a une identité propre.

En gros, lorsqu’il étudie un phénomène, Émile Durkheim ne s’intéresse pas aux choix individuels et aux relations entre les individus à l’inverse de Max Weber . Il va plutôt se pencher sur l’influence des sociétés, de l’État et des institutions sur les individus. Ainsi, il accorde une place importante au processus de socialisation.

Définition clé 🗝️

La socialisation, c’est le processus sociologique par lequel un individu apprend à faire partie de la société et devient un être social. Pour cela, il intériorise un ensemble de valeurs, de normes tout au long de sa vie. Cet apprentissage se fait bien entendu en fonction de l’époque et de l’endroit où l’on vit. C’est le cas d’un bébé qui apprend à parler la langue de ses parents par exemple.👶

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Qu’est-ce qu’un fait social ? 🤔

À partir de maintenant ça va devenir plus compliqué, car on va parler d’ une notion très abstraite . Mais pas de panique, un exemple t’attend au bout de cette partie. 😊

On peut définir le fait social comme un phénomène régulier qui intervient dans une société. C’est un comportement, une manière d’être ou une action adoptée collectivement dans une société, que les individus en aient conscience ou non.

💬 Un fait social consiste « en des manières d’agir, de penser et de sentir, extérieures à l’individu, et qui sont douées d’un pouvoir de coercition en vertu duquel ils s’imposent à lui » , Émile Durkheim

Les caractéristiques du fait social ✅

Même s’il peut prendre diverses formes, le fait social est caractérisé par différents critères :

👉 Le fait social est collectif et général.

👫 Le phénomène étudié ne doit pas relever de quelques personnes sans lien. Celui-ci doit être visible sur la majorité d’une population (association, habitants d’une ville, …). Le groupe peut être plus ou moins grand.

👉 Le fait social est extérieur à l’individu.

🌊 Pour Durkheim, le fait social n’est pas l’agrégat de tous les comportements individuels. Il a une identité propre et existe avant et après l’individu. En outre, si un individu change de comportement, cela n’a pas d’effet sur le groupe, qui continue d’agir ainsi.

Pour illustrer cette idée, prenons l’exemple d’une vague (le fait social). Celle-ci est composée d’une infinité de gouttes d’eau (les individus). Néanmoins, nous n’associons pas la vague aux gouttes d’eau, celle-ci a une existence propre. De plus, si on retire une goutte d’eau, la vague existe toujours.

👉 Le fait social s’impose aux individus.

❌ La notion de contrainte est essentielle chez Durkheim. L’individu adopte un comportement particulier pour s’intégrer à la société et ressembler aux autres. Souvent, il n’en a pas conscience. Mais s’il n’adopte pas ce comportement, il subit une sanction sociale plus ou moins forte (une peine de prison, des moqueries, …).

👉 L’éducation au cœur de la pensée durkheimienne.

🎒 Pour comprendre comment naît le fait social, il faut souvent remonter à l’enfance. En effet, pour lui, les individus, à travers la socialisation, intériorisent des comportements consciemment ou non. Le fait social est alors transmis d’une génération à l’autre.

👉 Le fait social peut être organisé ou non.

📃 En effet, il peut découler d’une règle édictée clairement dans la loi ou dans un règlement. Mais il peut aussi tout à fait être de nature informelle à travers des coutumes.

👉 Un fait social est propre à une époque et un lieu. ⌛

Il est toujours important de ne pas oublier que le fait social est contextuel. Par exemple, le fait pour les garçons de ne pas ou peu porter de jupe en France s’oppose à la tradition écossaise du kilt.

Un exemple concret de fait social : le choix du prénom 🍼

Pour illustrer cette définition du fait social, prenons un exemple concret : le choix du prénom du bébé par les parents.

A première vue, cette action semble individuelle et propre à chaque famille. En réalité, en observant les statistiques, on retrouve des tendances dans le choix du prénom, à travers les époques. Par exemple, depuis quelques années, les prénoms courts sont préférés aux autres. Mais, ne vous inquiétez pas les autres, nous on vous aime quand même !😝

Si tu as bien retenu les critères listés juste au-dessus, tu te demandes peut-être pourquoi on peut parler de contraintes dans le choix du prénom. En effet, c’est un des choix les plus intimes possible. Néanmoins, dès le plus jeune âge, des connotations, préjugés, opinions se sont greffés sur certains prénoms. 🤯 C’est pourquoi, depuis la Seconde Guerre mondiale, peu de parents veulent appeler leur enfant Adolf. Évidemment, les tendances sont différentes à travers le monde. 🌎

💡 Cet exemple peut paraître bête mais, fais comme nous, n’hésite pas à utiliser ta vie quotidienne pour trouver des exemples !

Maintenant que tu as tout compris sur le fait social, on va aller un peu plus loin et essayer de comprendre comment Durkheim étudie ces fameux faits sociaux.

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Étudier un fait social : Durkheim et sa méthode 📚

Comme on l’a dit plus haut, Émile Durkheim a défendu la sociologie comme une science, à une époque où c’était peu accepté. Pour soutenir ses propos, il a mis au point une méthode scientifique rigoureuse. 🔬

L’objectif du sociologue français est d’étudier « les faits sociaux comme des choses ». Il veut en quelque sorte que l’objet d’étude de la sociologie (les faits sociaux) soit vu comme n’importe quel objet d’étude scientifique. Néanmoins, cela n’est pas si évident.

En quoi le fait social est-il un objet d’étude particulier ? ⚡

Ce qui fait la particularité du travail sociologique (et en général des sciences sociales) est le fait d’étudier des personnes, des comportements humains. Ceux-ci sont donc souvent imprévisibles. De plus, il existe un rapport particulier entre le sociologue et son objet d’étude. En effet, celui-ci appartient à la « société » qu’il étudie.

Imaginons la société comme un aquarium , on sait que c’est un peu étrange mais fais nous confiance 😇 Le sociologue cherche à comprendre le fonctionnement de celui-ci. Néanmoins, comme les autres poissons, il est à l’intérieur du bocal et il peut être difficile pour lui de prendre du recul sur son objet d’étude. 🐟

Comment Durkheim propose-t-il de contourner ces difficultés ? ♻️

Dans un premier temps, Émile Durkheim introduit l’idée de prénotion, c’est-à-dire un savoir immédiat, qui ne vient pas d’une réflexion. L’être humain a des prénotions sur tout ce qui l’entoure. Cette représentation de la réalité repose beaucoup sur les sens et l’observation directe. 👁️ On pourrait rapprocher ce terme de l’idée d’opinion en philosophie.

Par exemple, avant d’apprendre que la terre tourne autour du soleil, l’inverse peut visuellement paraître évidente. ☀️

Les prénotions sont particulièrement présentes en sociologie puisque l’ on étudie des phénomènes que l’on voit au quotidien. Il est alors nécessaire avant de mener un travail sociologique d’essayer de remettre en question ce que l’on pense savoir.

Durkheim conseille également de définir chaque terme précisément. En effet, certains phénomènes ont différentes définitions selon les individus, ce qui peut mener à des incompréhensions.

💡 Souvent, Durkheim prend appui sur le droit pour énoncer des définitions. En effet, la loi, selon lui, montre la représentation de la réalité par les sociétés à un moment donné.

Enfin, Émile Durkheim met en avant l’importance des statistiques. (Oui, oui des maths en sociologie !) 📊 Celles-ci permettent d’identifier le fait social, en repérant la régularité de certains phénomènes. Le sociologue peut aussi étudier objectivement ces faits sociaux.

L’ensemble de ces méthodes ont permis à la sociologie d’être considérée comme une science chez beaucoup d’intellectuels.

La méthode de Durkheim appliquée : Le suicide 📖

En 1897, dans son ouvrage Le suicide , Émile Durkheim applique la méthode sociologique que l’on vient de développer. En traitant le suicide comme un fait social, Durkheim essaye d’en comprendre les causes.

fait social Durkheim

Dans cette oeuvre, l’auteur veut d’abord rompre avec la prénotion qui considère que la cause du suicide est avant tout psychologique (et donc personnelle et individuelle). ​​🧠

Pour cela, il part d’un constat : le nombre de suicides est en forte hausse en France à la fin du XIXe siècle. 📈

Si l’on admet l’hypothèse selon laquelle le suicide est psychologique, l’augmentation ne devrait alors pas être la même selon les différents groupes en fonction de leur situation et de leur mode de vie.

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Pourtant, en observant les statistiques du suicide selon les classes sociales, Durkheim réalise que le nombre de suicides psychologiques a autant augmenté chez les agriculteurs 👩‍🌾 (à l’époque, en situation de déclassement) que chez les professions libérales 👨‍⚕️ (à l’époque, en situation d’ascension sociale). La hausse, qui s’applique à l’ensemble de la société, a donc une cause sociale. 🤝

Ce travail a permis à Durkheim de développer deux causes principales au suicide : l’intégration (un sentiment plus ou moins fort d’appartenance à un groupe) et la régulation (un ensemble plus ou moins important et efficace de règles qui donnent des repères aux individus). D’après cette théorie, c’est le fonctionnement de plus en plus individualiste de la société qui explique que le nombre de suicides ait augmenté.

Voici un tableau des conclusions de l’ouvrage de Durkheim. Celui-ci a déterminé 4 types de suicide :

De plus, Durkheim réalise que certaines caractéristiques permettent de diminuer le risque de se suicider : d’un point de vue collectif, les périodes de guerres ou de troubles renforcent les liens au sein de la société ; d’un point de vue individuel, la proximité avec la famille et les liens sociaux renforcent l’intégration et la régulation.

Ainsi, Émile Durkheim a appliqué sa méthode. Il a remis en question ses prénotions et utilisé les statistiques, ce qui lui a permis de mieux comprendre un fait social : le suicide.

Conclusion sur le fait social Durkheim et son oeuvre✨

Voilà, cet article touche à sa fin ! J’espère qu’il t’a permis de mieux comprendre le fait social, Durkheim et son œuvre.

Même si celle-ci peut sembler compliquée, n’hésite pas à chercher des exemples dans ton quotidien !

Et si tout ça te semble encore abstrait, n’hésite pas à nous poser toutes tes questions. ☝️

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Les faits sociaux

Le Code de la prévention, de l’aide à la jeunesse et de la protection de la jeunesse prévoit que les chargés de prévention

« assurent une analyse permanente des faits sociaux relatifs à la jeunesse se déroulant sur le territoire de l’arrondissement et la communiquent aux conseils de prévention en vue d’éventuelles mises à jour de leurs diagnostics sociaux et plans d’actions. » (art 11, 2°).

La notion de fait social, concept phare en sociologie dont on doit la première définition à Emile Durkheim dans un ouvrage intitulé Le suicide en 1897, mérite donc toute l’attention du secteur de la prévention.

Définitions

Un fait social peut désigner l’existence d’une expérience collective qui dépasse l’expérience individuelle ; un phénomène qui se répète avec une fréquence suffisante ; des déterminations de comportement ; une contrainte sociale.

Les faits sociaux existent avant nous, et donc en dehors de nous et de nos consciences individuelles. Ils fonctionnent indépendamment des usages que les individus en font.

Ces types de conduite ou de pensée sont doués d’une puissance impérative et coercitive en vertu de laquelle ils s’imposent aux individus, qu’ils le veuillent ou non (même si on ne la ressent que lorsque l’on tente d’y résister). Si l’on arrive, en fait, à s’affranchir de ces règles, ce n’est pas sans lutter contre elles. Si cette puissance de coercition externe s’affirme avec cette netteté dans les cas de résistance, c’est qu’elle existe, quoique inconsciente, dans les cas contraires. Puisque la plupart de nos idées et de nos tendances ne sont pas élaborées par nous, mais nous viennent du dehors, elles ne peuvent pénétrer en nous qu’en s’imposant.

Ce n’est pas leur généralité qui peut servir à caractériser les faits sociaux. Une pensée qui se retrouve dans toutes les consciences particulières, un mouvement que répètent tous les individus ne sont pas pour cela des faits sociaux. Ce qui les constitue, ce sont les croyances, les tendances, les pratiques du groupe pris collectivement. Le fait social est distinct de ses répercussions individuelles. On peut définir aussi les faits sociaux par leur diffusion à l’intérieur du groupe, sans oublier qu’ils existent indépendamment des formes individuelles qu’ils prennent en se diffusant.

Les statistiques fournissent un moyen d’isoler les faits sociaux en ce qu’elles comprennent tous les cas particuliers indistinctement : les circonstances individuelles qui peuvent avoir un rôle dans la production du phénomène s’y neutralisent mutuellement et, par suite, ne contribuent pas à modifier les résultats globaux.

Les faits sociaux se répètent chez les individus parce qu’ils sont dans les collectifs, et non l’inverse. Un sentiment collectif, qui éclate dans une assemblée, n’exprime pas simplement ce qu’il y avait de commun entre tous les sentiments individuels. Il est une résultante de la vie commune, un produit des actions et des réactions qui s’engagent entre les consciences individuelles ; et s’il retentit dans chacune d’elles, c’est en vertu de l’énergie spéciale qu’il doit précisément à son origine collective. Si tous les cœurs vibrent à l’unisson, ce n’est pas par suite d’une concordance spontanée et préétablie ; c’est qu’une même force les meut dans le même sens. Chacun est entraîné par tous.

Ce sont des systèmes de normes rarement modifiables autrement que par un bouleversement social. Les faits sociaux ne peuvent être vraiment expliqués que par d’autres faits sociaux.

Lorsque la sociologie utilise des termes courants et connus de tous, elle ne peut en effet commettre l’erreur de se contenter de leur acception de sens commun, au risque de distinguer ce qui doit être confondu ou de confondre ce qui doit être distingué.

L’analyse de Durkheim au départ du suicide

Le suicide est donc le titre de l’ouvrage d’Emile Durkheim dans lequel il a développé la notion de fait social. L’ambition de Durkheim était alors de montrer l’intérêt et la spécificité de la sociologie, discipline qui n’en était qu’à ses débuts à l’époque et souffrait encore d’un manque de légitimité et de reconnaissance. Le choix de l’auteur d’étudier le suicide lui a été inspiré par l’idée suivante : si l’on peut montrer que cet acte, qui a toutes les apparences d’un choix individuel dans lequel la société n’intervient pas, répond d’un point de vue statistique à certaines régularités et est en réalité déterminé socialement, il sera fait la preuve que la sociologie est à même de définir et d’expliquer des phénomènes et des comportements humains par des causes sociales, et se différencie par là de la psychologie (qui étudie les processus mentaux à l’échelle de l’individu) et des sciences naturelles (qui a pour objet l’étude de la nature au sens écologique ou environnemental du terme). 1

Lorsque Durkheim décide d’étudier le suicide, il cherche des sortes de mort qui rencontrent des caractéristiques assez objectives pour être reconnues de tout observateur de bonne foi, assez spéciales pour ne pas se rencontrer ailleurs, et assez voisines de celles que l’on attribue généralement au nom de suicide pour pouvoir conserver cette expression. Il réunit tous les faits, sans exception, qui présentent ces caractères distinctifs, et ne s’inquiète pas que la classe de phénomènes ainsi formée ne comprenne pas tous les cas que l’on appelle communément suicides, ou en comprenne que l’on a l’habitude de nommer autrement. Pour Durkheim, un suicide est dès lors « toute mort qui résulte médiatement ou immédiatement d’un acte positif ou négatif accompli par la victime elle-même et qu’elle savait devoir produire ce résultat ». Remarquons que cette définition ne fait pas intervenir la volonté de l’individu de se tuer, car il s’agit là d’un facteur trop difficilement observable et objectivable. De manière générale, il affirme qu’un acte ne peut être défini par la fin que poursuit l’agent, sauf éventuellement pour distinguer entre des variantes d’un même fait, car elle ne détermine que des différences secondaires entre des manifestations individuelles d’un fait social.

Une fois constaté que le suicide n’entretient aucun rapport déterminant avec la constitution physique ou psychologique de son auteur, Durkheim peut en revanche démontrer ses liens immédiats et constants avec certains états du milieu social. C’est ainsi qu’il établit quatre classes de suicides. Premièrement, le suicide égoïste intervient lors d’un défaut d’« intégration » 2 , i.e. lorsque l’individu n’est pas suffisamment rattaché aux autres (ex : célibataires). Deuxièmement, le suicide altruiste est déterminé par un excès d’intégration, d’où résulte que les individus ne s’appartiennent plus et peuvent en venir à se tuer par devoir (ex : armée, sectes). Troisièmement, le suicide anomique survient suite à un défaut de régulation, dans une société dont les normes sont moins importantes et plus floues, et où les désirs ne sont plus limités ou cadrés. Quatrièmement, le suicide fataliste est imputable à un excès de régulation et à des marges de manœuvre individuelles réduites. Le taux de suicide est ainsi conçu comme ne résultant que d’une force collective qui pousse les hommes à se tuer. C’est donc là un fait social dans sa plus pure acception : l’expression individuelle, le prolongement et la manifestation extérieure d’un état social. Il est d’ailleurs intéressant de constater qu’un même phénomène (le suicide) est ici expliqué par des conditions sociales très différentes (société trop ou pas assez intégrée, trop ou pas assez régulée).

Chaque suicide est un acte individuel, qui s’accomplit sans la conscience des autres suicides concomitants ; et pourtant, le nombre de suicidés est remarquablement stable dans le temps. Il faut donc que ces manifestations individuelles soient le produit d’une même cause ou d’un même groupe de causes qui domine les individus. Elles n’agissent pas les unes sur les autres ; et il n’y a entre elles aucun concert. Tout se passe cependant comme si elles exécutaient un même mot d’ordre.

Le taux de suicide ne peut-il pas s’expliquer par le simple fait que face à une même situation, les individus raisonnent en général de la même manière ? A cela, Durkheim rétorque qu’aucun malheur, aussi grand soit-il, ne détermine nécessairement un homme à se tuer, et qu’au contraire certains se donnent la mort suite à une épreuve que d’aucuns pourraient juger très peu grave. La régularité avec laquelle se produisent ces drames individuels ne peut donc expliquer celle du suicide.

Exemples de faits sociaux dans divers domaines des sciences sociales

En sociologie et en sciences sociales de façon générale, la notion de fait social est fondamentale, comme nous l’avons vu. Afin d’illustrer cette notion, arrêtons-nous sur quatre domaines bien différents de la sociologie pour mieux comprendre les phénomènes étudiés par cette discipline, que l’on peut tous qualifier de faits sociaux.

La sociologie de la santé a pour objet l’étude des facteurs sociaux des maladies et l’analyse institutionnelle du monde médical.

Dans ce domaine de recherche, de nombreux faits sociaux peuvent être mis en évidence, en pointant des différences statistiquement notables entre l’état de santé dans les différentes classes sociales, par exemple. Citons-en trois exemples.

Dans les classes sociales favorisées, on souffre plus de mélanome (cancer de la peau) que dans les classes sociales plus pauvres, car les individus sont plus nombreux à s’exposer au soleil et à utiliser des machines de bronzage à rayons UV. Cependant, le ratio incidence/mortalité (c’est-à-dire le pourcentage de malades qui décèdent des suites d’un mélanome) est plus important dans les classes populaires et défavorisées, car on observe beaucoup plus souvent des retards de diagnostic et une moins bonne observance des traitements prescrits.

Les conditions de travail d’un individu peuvent avoir d’importantes conséquences sur sa santé. On remarque à ce propos que certains métiers, essentiellement pratiqués par des personnes issues des classes populaires, sont extrêmement dommageables car ils entraînent du stress, des traumatismes articulaires, une exposition à des produits toxiques, etc.

Dans les milieux ouvriers et populaires, on observe un paradoxe interpellant : en moyenne, les personnes de ces classes sociales défavorisées consultent moins le médecin que les franges plus riches de la population, et ce même quand la consultation est gratuite, alors qu’elles sont plus souvent malades. En effet, la perception morbide est socialement différenciée, c’est-à-dire que les sensations physiques sont sélectionnées et interprétées différemment selon qu’on est, ou non, culturellement en affinité avec le monde médical, son fonctionnement et sa vision du corps, de la santé et de la maladie. En d’autres termes, le vocabulaire et la culture médicale ne sont pas partagés de la même manière dans les différentes sphères sociales, les classes les plus favorisées étant les plus à même de comprendre et d’intégrer les diagnostics et prescriptions des professionnels de la santé, car ces derniers font partie précisément du même milieu social.

La criminologie est l’étude sociologique du crime et de la criminalité. Elle est intéressante à citer ici car elle est traversée de nombreux débats entre chercheurs d’époques ou de courants de pensée différents. Elle nous permet donc de faire la remarque suivante : bien sûr, les sciences sociales travaillent avec des concepts, des méthodologies et des balises stricts, qui ont été éprouvés au cours du temps ; néanmoins, elles diffèrent des sciences de la nature en ce qu’il n’existe en sociologie ou en psychologie aucune théorie ni aucun concept qui fasse l’unanimité, ou qui soit à l’abri d’une remise en question ultérieure par d’autres chercheurs.

Un exemple très parlant à cet égard est une controverse sur la différence entre les classes sociales en termes de criminalité.

D’un côté, il y a des théories qui visent à montrer que la criminalité est l’apanage des pauvres : par exemple, des penseurs socialistes, anarchistes et marxistes proposent une remise en question du capitalisme, puisque c’est selon eux un système social qui contraint les pauvres à lutter pour leur survie, lutte qui se fait souvent en transgressant les règles ; la criminalité est parfois conçue alors comme une révolte contre les inégalités économiques générées par le développement industriel.

De l’autre côté, certains affirment que toutes les classes sociales commettent des délits : la criminalité en col blanc est fréquente, et toute théorie qui associe crime et pauvreté devient donc obsolète ; tout le monde transgresse les lois, mais le contrôle social et les réactions institutionnelles différent d’une classe sociale à l’autre.

Dans cette branche de la sociologie qui étudie les flux migratoires ainsi que l’installation et la vie dans le pays d’accueil des migrants (politiques d’intégration, relations avec le pays d’origine, discriminations, etc.), les statistiques sont à nouveau très utiles pour mettre en évidence les positions sociales souvent défavorisées dans lesquelles se trouvent les migrants et les étrangers qui vivent en Belgique.

Parmi les nombreux constats opérés par les chercheurs dans ces matières, citons les tendances et chiffres suivants qui démontrent la discrimination des étrangers sur le marché du travail :

les étrangers sont en moyenne plus nombreux à être chômeurs, et ils le sont plus souvent pour une longue durée ;

les femmes étrangères sont plus nombreuses à être chômeuses que les hommes de même origine ou nationalité ;

certains métiers constituent des ‘niches ethniques’ (dans la métallurgie, les Européens du Sud sont deux fois plus représentés que les Belges ; dans le secteur primaire, les Asiatiques sont dix fois plus nombreux que les Belges) ;

les étrangers sont plus nombreux que les nationaux à exercer des ‘dirty jobs’, précaires et pénibles ;

les primo-arrivants sont davantage précarisés que les immigrés de seconde génération.

Terminons avec ce domaine de la sociologie qui concerne de près les jeunes de 3 à 18 ans : L’école est-elle socialement juste ? Le système scolaire offre-t-il une véritable égalité des chances à tous les enfants ?

Depuis de nombreuses années maintenant, la sociologie a montré très clairement que le milieu socioculturel d’origine des élèves a des conséquences extraordinairement importantes sur leurs résultats scolaires, et que l’enseignement n’est rien de moins qu’une institution de reproduction des inégalités sociales.

C’est probablement le sociologue français Pierre Bourdieu qui a le plus marqué par ces travaux les réflexions critiques que la sociologie peut faire à propos de l’école. Dans les différents ouvrages qu’il a consacrés à cette question, il démontre que l’accès à l’enseignement supérieur est inégalitaire du point de vue des classes sociales : les enfants issus de milieux populaires sont pénalisés et éliminés par le système scolaire, et ce d’autant plus totalement que l’on va vers les classes les plus défavorisées. Ce phénomène s’explique notamment par l’affinité entre la culture des classes sociales favorisées et des enseignants. L’école fonctionne formellement sur base du principe d’égalité, affirmant qu’elle ne fait qu’évaluer les dons, compétences et connaissances de tous les élèves. Mais en réalité, elle relègue dans certaines filières ou impose de nombreux redoublements à ceux pour qui les méthodes et les exigences pédagogiques ne sont pas accessibles en raison de leur milieu socialement et culturellement en décalage avec celui des classes dominantes. En effet, le système scolaire tient compte implicitement d’un grand nombre de capacités culturelles de départ que tous les élèves sont réputés détenir, alors qu’il n’en est rien (niveau de langage, capacité d’abstraction, stimulation de la lecture et de l’écriture par les parents, etc.).

On observe en Belgique que les élèves d’origine étrangère ont des résultats scolaires et des niveaux de diplôme nettement moins élevés que leurs camarades de classe belges. Ce constat fait l’objet d’interprétations divergentes, mais la plus courante est la suivante : l’échec scolaire de ces élèves immigrés s’explique par leur origine sociale, en moyenne plus défavorisée que celle des jeunes belges ; en effet, à situation socio-économique comparable, les immigrés réussissent aussi bien à l’école que les autres. Notons néanmoins que ce sujet fait l’objet de débats, puisque certains chercheurs estiment qu’il existe une discrimination spécifique sur le marché scolaire à l’égard des élèves étrangers.

La présentation qui vient d’être faite, si elle permet de recontextualiser utilement le concept de « fait social » ne doit pas conduire à un malentendu.

Il n’est en effet pas attendu des AMO qu’elles réalisent des travaux de sociologie pour théoriser sur des faits sociaux.

Le contexte théorique relatif aux faits sociaux indique en fait un mode d’approche qui peut être appréhendé simplement ; il conduit les Services d’action en milieu ouvert à être attentifs à un faisceau de dimensions :

  • l’aide éducative individuelle ne résout pas tout ;
  • les comportements individuels ne s’expliquent pas seulement par le caractère ou la situation particulière ; certains faits se répètent, ils révèlent l’action de la société sur les individus ; ils sont explicables par des causes qui les dépassent ; prévenir (plus exactement : mener des actions de prévention sociale), c’est identifier ces causes, agir sur elles pour tenter de transformer la situation sociale qu’elles ont produite.

Nous dirons que raisonner en termes de faits sociaux en matière de prévention, c’est être attentifs à ces dimensions.

Pour cela, la démarche prioritaire consiste à écouter les personnes 3  ; pour autant qu’on les aide à entrer dans une démarche réflexive, leurs analyses de ce qu’elles subissent ou des mécanismes dans lesquelles elles sont prises contiennent souvent tous les matériaux qui sont nécessaires pour concevoir une politique de prévention.

Prenons un exemple

Ceci est un extrait de la retranscription d’un focus group organisé à l’intention de parents. Cette rencontre se situe dans le cadre d’un projet de prévention générale porté par plusieurs AMO et une asbl active dans le domaine de la santé. Ce projet porte sur les améliorations que peuvent apporter les services sociaux (dans le sens large du terme) dans leurs relations aux bénéficiaires les plus fragiles ; en effet, les services AMO constatent qu’il est parfois très difficile de toucher les personnes pour qui un soutien pourrait être important, et que dans leurs relations avec leurs bénéficiaires, les travailleurs ne savent pas toujours comment s’y prendre de manière pertinente. Ce focus group a été organisé avec des parents (en l’occurrence seules des mamans ont répondu à l’appel) dont on souhaite qu’ils éclairent les travailleurs sur les attitudes qu’ils attendent dans le chef des travailleurs sociaux, et sur celles qui, au contraire, les font fuir. 13 bénéficiaires sont présentes ; il s’agit d’une grand-mère qui s’occupe seule de sa petite-fille, de plusieurs mamans d’adolescents (entre autres, car il y a des familles nombreuses), et de jeunes mamans hébergées en maison maternelle. L’entrée en matière se base sur l’invitation rédigée par une des mamans avec l’aide de l’AMO qui l’accompagne : « Afin de pouvoir aider les travailleurs sociaux à mieux comprendre certaines familles qui ne sont pas toujours soutenues, pas toujours écoutées, peut-être dans une situation de précarité, pas fort aidées…, vous êtes invités à venir nous donner votre témoignage concernant la distance entre nous, familles, parents, et les travailleurs sociaux. » Dès les premiers échanges, la question du harcèlement scolaire apparaît.
– Une grand-mère  : On vit dans un monde où on a la liberté de pouvoir exprimer ce qu’on a à dire mais plus j’avance, moi dans mon expérience, je ne sais pas ici, plus j’avance, un moment donné, pouf, on se heurte à un mur, on n’a plus le droit d’aller plus loin. On a l’impression qu’on vit dans un monde où finalement les gens qui sont bien, ils vont grimper et les autres et bien ce sont des illettrés, on en fera quoi ? Rien ! Moi je le vis au quotidien avec ma petite-fille, mais je vis au quotidien des choses qui me paraissent aberrantes. On a mis de choses en place à [Ville], les enseignants étaient là pour écouter une personne qui est venue de Mons exprimer ce qu’il avait à dire pour aider les enfants à grandir, à s’épanouir, mais malheureusement il n’y a rien qui a bougé, rien n’a été mis en place pour écouter les enfants, et nous étant parents quand on veut interpeller les personnes concernées, « oh stop ! Vous n’avez rien à dire, vous n’êtes pas », donc voilà, pour moi personnellement « on peut encore s’exprimer on peut encore dire quelque chose », et si on va trop loin on est fusillé du regard, on n’a pas le droit de s’exprimer, vrai ou pas ? – Les autres  : Tu as raison. – La grand-mère  : C’est pour moi quelque chose de difficile à vivre, pour moi je trouve ça difficile à vivre vraiment, les enfants qui ont été à l’école et puis les petits-enfants vont à l’école, et ben croyez-moi ou pas, pour les enfants c’est un calvaire de vivre ce que les parents ont vécu avant. – Animatrice – Ils sont héritiers de la misère que les parents ont eue c’est ça que vous voulez dire ? – La grand-mère  : Absolument. (les autres acquiescent). – Animatrice  : Particulièrement à l’école ? – Une maman  : Oui à l’école particulièrement, mais il n’y a pas qu’à l’école, moi je vis en cité et je vous jure bien que ma gamine ne veut plus sortir, méchanceté d’autres enfants et de la mère, nous ne sommes plus en sécurité nulle part. Je suis d’accord et quand on veut mettre quelque chose en place ou quand on voit des choses qui ne sont pas logiques n’allez pas dire quoi que ce soit parce qu’on dira, « c’est elle qui a dit, c’est elle qui a sonné aux gendarmes, c’est elle qui a fait ci, c’est elle qui a fait ça » et vous êtes jugé. Alors qu’est-ce que vous faites ? Vous restez dans votre maison et vous tirez les volets et hop, tirez votre plan, on arrive à ça. – Animatrice  : C’était qui la personne de Mons qui est venue parler à l’école? – La grand-mère : Monsieur Humbeeck, c’est une personne pour le harcèlement qui parle dans toutes les écoles, il est venu à [Ville] deux fois, les enseignants la première fois n’étaient pas là, la deuxième fois qu’il est venu les enseignants étaient là, tous les enseignants étaient dans le fond et les parents se trouvaient au-dessus. Il n’y a pas un enseignant qui a respecté ce que monsieur Humbeeck a dit et pourtant c’est un homme avec une intelligence, une culture incroyable, incroyable, il a même expliqué son passé, c’est un passé chargé aussi, mais je me dis qu’il faudrait des gens comme ça plus souvent pour ouvrir l’esprit à beaucoup de personnes parce que le harcèlement est un sujet très sérieux, voilà, voilà. – Une maman  : Moi il y a deux ans ma fille elle a été confrontée à ça, ma fille de 15 ans, elle a 15 ans maintenant, il y a 2 ans elle a été confrontée à ça avec une autre fille avec qui elle avait fait toutes ses primaires à l’école, qui la harcelait, qui la frappait en douce, des petits coups là, comme ça, ou poser son sac sur son pied et que si elle bouge elle l’accuse d’avoir cassé son téléphone, ou la coincer sur un parking pour l’empêcher de passer, les insultes via même Facebook où j’avais pris des captures d’écran pour prouver tout ça. J’ai été taper du poing sur le bureau des éducateurs, du proviseur et je lui ai dit « Ce n’est pas possible, pendant deux ans, ma fille a vécu ça deux ans ». Ils ont dit « oui on va s’en charger et tolérance zéro pour le harcèlement, on va voir ». Et qu’est-ce qui a été fait, parce qu’au final, elles étaient trois avec ma fille incluse, envoyées au centre PMS ; est-ce qu’ils ont réglé quelque chose ? NON, le problème s’est réglé quand la fille en question est partie de l’école, mais ils ne l’ont pas virée, ils ont attendu ! Apparemment elle avait des problèmes et elle a été placée, car elle avait des problèmes dans sa situation familiale et ça a été tellement loin qu’elle a été en internat hors de [Ville] et c’est comme ça qu’elle a quitté l’école. Et ma fille respire beaucoup mieux maintenant. La fille de ma voisine a dû partir à l’internat pour dire de savoir étudier et se concentrer tellement elle a été harcelée à l’école et dans la cité. Et l’école n’a pas bougé, que ce soient les éducateurs ou le proviseur ou quoi, ils disent tolérance zéro mais qu’est-ce qu’ils font ? Ils envoient les enfants au centre PMS et après et les parents ne sont même pas avertis que l’enfant va au centre PMS, alors que nous les tuteurs de nos enfants on est censés savoir où se trouvent nos enfants, pourquoi on n’est même pas au courant ? C’est ma fille qui me le dit quand elle rentre de l’école et je lui ai dit « mais qu’est-ce que tu fais au centre PMS », « Ha mais avec K. », c’est la fille qui l’a harcelée, je ne suis même pas au courant. Beaucoup de choses se font derrière le dos, oui, oui.

L’analyse que réalisent ces parents confrontés à une situation sociale difficile indique clairement le rôle récurrent que joue l’école dans la production et la reproduction des inégalités. Les mères qui s’expriment identifient des violences d’interaction subies par leurs enfants (on qualifie souvent ces violences du terme « harcèlement », parfois de façon inappropriée), qui viennent s’ajouter aux difficultés sociales et économiques de familles qui se sentent laissées pour compte. Dans leur expérience, les actions existantes (conférences, orientation vers le PMS) sont insuffisantes.

L a question de prévention qui peut s’en déduire est par exemple la suivante : quelle action entreprendre à (et avec) l’école (avec qui, selon quelles modalités) pour faire réellement baisser ces violences d’interaction entre enfants ? On voit en effet dans ces récits que la mixité sociale ne se vit pas d’office vertueusement et qu’elle ne produit pas par elle-même une correction des inégalités 4 .

Ecouter pour comprendre les relations sociales

D ans cette logique, aborder les situations en termes de faits sociaux conduira sans doute, en matière de prévention, à se poser deux ordres de questions.

  • Quelles sont les conditions des pratiques, sont-elles réellement réunies par rapport à ce qui est attendu (et plus souvent exigé) des protagonistes ?

Le concept de vulnérabilité nous invite par exemple à réfléchir aux supports qui permettent de se construire comme des individus : supports sociaux (réseau de soutien socio-familial par exemple) ; ressources économiques plus ou moins suffisantes, plus ou moins garanties.

Lorsque ces supports sont fragilisés ou viennent à manquer ; lorsque, pa r exemple, pour reprendre ces termes de C. Mahy, on « vit dans le trop peu de tout de manière durable », bien des pratiques sociales deviennent problématiques, difficiles, parfois hors d’atteinte.

Dans une société qui est devenue individualiste, c’est-à-dire où il est attendu des individus qu’ils assument par eux-mêmes bien des devoirs sociaux, nous trouvons là une source de causes de difficultés clairement identifiable.

  • Comment les personnes sont-elles considérées ?

Dans les extraits du focus group ci-dessus, une autre dimension est mise en lumière par les personnes : sont-elles considérées comme des partenaires à part entière de l’action (ici éducative) ?

F. Tosquelles utilisait la formule très parlant e de « partenaires de plein droit de l’action institutionnelle ». Leur capacité d’initiative est-elle admise ? Leur part d’autonomie et de liberté, respectée et encouragée ?

L’approche en termes de faits sociaux est ainsi indissociable d’une logique participative : il serait incohérent d’adopter dans l’approche préventive des attitudes (le manque de considération ; la non prise en compte des conditions des pratiques) qu’elle doit précisément combattre…

Catégoriser est utile et insuffisant

Insistons enfin sur un dernier point.

Réfléchir en termes de faits sociaux peut rendre attentifs à des catégories particulières.

Ainsi, il apparaît aujourd’hui que la tranche d’âge des 18-25 est soumise à des tensions spécifiques.

En effet, les conditions socio-économiques d’entrée dans l’âge adulte tardent de plus en plus à être réunies : il suffit de penser aux chiffres du chômage des jeunes. Par contre, dans d’autres domaines, la tendance est inverse : accès à la consommation, sollicitée de manière spécifique pour cette tranche d’âge comme pour d’autres ; abaissement de l’âge de la majorité sexuelle ; projet d’abaissement de l’âge du droit de vote, etc.

Cette tension exacerbée peut attirer l’attention sur une « catégorie » de jeunes construite en tant que telle et comme telle : ceux qui ne sont ni aux études, ni au travail, ni dans une formation professionnalisante (Not in Employment, Eucation or Training – NEET).

Mais cette catégorie n’est pas elle-même sans effets ; elle conduit par exemple à projeter ces jeunes dans un e situation abordée comme triplement insuffisante, triplement négative.

Prévenir implique une réflexion sur ces effets ; on ne pourra en tout cas jamais se contenter de cette catégorisation : il faudra identifier les lieux de l’action qui sont déterminants dans la production de ces «  manques » (qui sont souvent des rejets) et tenter d’inverser les mécanismes qui y sont actifs : par exemple les critères d’accès à la formation professionnelle et l’accompagnement qui est prodigué, les mécanismes qui produisent du décrochage scolaire, les discriminations à l’embauche ou les contradictions des processus de recrutement (comme l’exigence d’une expérience impossible à réunir).

Notes de bas de page

1 Aujourd’hui, certains sociologues relativisent l’extériorité des faits sociaux par rapport aux individus. T el Bernard Lahire, « Formes sociales et structures objectives : une façon de dépasser l’opposition objectivisme/subjectivisme », L’Homme et la société , n° 103, 1992, p. 103-117.

2 Le terme est évidemment pris ici dans un sens différent que celui que lui donne Castel.

3 Bernard Lahire, dans l’article cité supra, rappelle en effet opportunément que les faits sociaux n’existent en réalité que mobilisés dans des relations sociales par des individus et des groupes qui sont eux-mêmes construits par ces relations.

4 Cf. J. Blairon et C. mahy (dir.) « Comment l’école a raté avec nous et pourquoi nous n’avons pas réussi avec elle », Recherche participative menée avec des familles soumises à la pauvreté ou à l’appauvrissement, https://www.intermag.be/539

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Correction sujet SES sur la fragilisation des liens sociaux

  • Correction sujet SES sur la…

La fragilisation des liens sociaux est un sujet classique en SES. C’est une sujet qui répond au programme de première et qui concerne la construction et l’évolution des liens sociaux. Je te propose ci-dessous une introduction et un plan puis aussi la copie d’un élève avec les remarques du correcteur. Mais avant, si tu veux te rappeler les attendus d’une RDD c’est ICI .

Ci-dessous je te redonne le sujet

Le Raisonnement s’appuyant sur un Dossier Documentaire

À l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez que différents facteurs peuvent fragiliser les liens sociaux.

La notion d’intégration désigne un processus général que l’on peut appréhender à partir des liens qui attachent les personnes entre elles et à la société. Or, ce processus s’avère désormais très inégal. Dans la société salariale des Trente Glorieuses, les classes sociales étaient en lutte pour le partage des bénéfices de la croissance, mais elles étaient globalement intégrées au système social, et les conflits sociaux participaient de ce processus d’intégration. Aujourd’hui, non seulement les capitaux économiques et culturels sont répartis de façon inéquitable, mais les liens sociaux sont de force et d’intensité disparates. Au cours des dernières décennies, ceux-ci se sont fragilisés pour beaucoup. Le lien au monde du travail s’est affaibli sous l’effet de la précarisation professionnelle et du risque du chômage, plus fort en bas de la société qu’en haut. Se fragilisant, ce dernier contribue à en déstabiliser d’autres : le lien entre générations, le lien conjugal et familial, le lien aux structures associatives, le lien aux institutions locales et nationales notamment.

Source : Gilles LAFERTE et Serge PAUGAM, « Après les gilets jaunes, repenser les classes sociale », Libération, 20 décembre 2018.

Document 2 : Le taux de pauvreté selon la composition du ménage en France, en 2015.

Champ : population vivant en France

Source : Rapport sur la pauvreté en France, Observatoire des inégalités, 2018.

Lecture : 9,6 % des personnes seules sont pauvres.

(1) Seuil de pauvreté fixé à 50 0 /0 du niveau de vie médian

Proposition de plan

Après la crise du pétrole de 1974, la situation de quasi plein-emploi a été remise en cause. Le taux de chômage a augmenté en touchant particulièrement les emplois peu qualifiés. Cela va alors affecté grandement les relations dans la société. Notamment le lien social c’est à dire ce qui unit et relie les individus. Mais la fragilité du monde du travail est-il le seul facteur qui fragilise les liens sociaux dans nos sociétés contemporaines ? Nous verrons que la précarité du travail a des conséquences dramatiques en terme de liens sociaux et que d’autres liens sont fragilisés comme les liens familiaux ou encore les liens avec la vie civile.

I. Un monde du travail plus précaire qui fragilise les liens sociaux

A. une montée du chômage et des emplois précaires.

-> un taux de chômage en augmentation notamment pour certaines catégories comme les travailleurs moins qualifiés

-> un précarité qui augmente avec des contrats plus flexibles

B. Une remise en cause de la solidarité organique

-> dans nos sociétés, le travail assure notre identité

-> le manque de travail a des répercussions économiques, sociales qui amène l’individu à se replier

Cela induit d’autres conséquences négatives qui ont des répercussions sur les liens forts

II. les liens familiaux plus distants et moins protecteurs

A. plus de personnes isolées et plus de familles monoparentales.

Au fil des années on constate, une augmentation des personnes âgées et notamment des veuves. L’espérance de vie des femmes étant plus importante que celui des hommes, il y a dans nos sociétés développée de plus en plus de femmes âgées isolées.

De même, l’augmentation des divorces a augmenté les familles monoparentales. Les femmes sont très majoritairement représentées.

B. ce qui conduit à plus de pauvreté

(Cf. document 2)

Mais le manque d’identité sociale a aussi des répercussions avec la vie civile, avec les liens plus faibles mais fondamentaux

III. Des individus qui subissent le repli individualiste

A. moins de volonté de se sociabiliser.

(Cf; document 1 et le manque de lien avec les structures associatives)

B. une défiance vis-à-vis des organismes publics

Moins de vote par exemple ou un vote protestataire qui monte

Enfin pour terminer ce travail sur la fragilisation des liens sociaux, ci-dessous je te laisse lire la copie d’un élève. On y retrouve les remarques du correcteur en rouge.

La copie d’un élève

Cet copie a été évaluée 4/10. L’élève respecte la forme mais les expressions ne sont pas toujours appropriées. Il manque des connaissances liées au sujet et de plus l’élève à très peu utilisé les documents.

le lien social

Le lien social est ce qui unit et relie les individus. En effet, c’est un domaine essentiel pour l’humain, depuis le début des temps (évitez ce type de remarque trop général) . De fait, il existe deux types de lien social. Un lien plus proche comme celui de la famille ou plus lointain tels que les collègues de travail. Cependant, nous avons compris que les liens sociaux peuvent être fragilisés. En nous appuyant sur le dossier documentaire (ce n’est pas nécessaire de le préciser puisque c’est un attendu) , nous répondrons à la problématique : quels sont les différents facteurs qui fragilisent les liens sociaux (mal formulé) . Nous diviserons ainsi le développement en deux axes. Le premier sera lié à la précarisation du lien professionnel. Le second axe sera le résultat du chômage, c’est à dire comprendre comment le chômage fragilise les liens sociaux entre individus. 

solidarité organique

Tout d’abord, nous devons savoir que depuis la r (R) évolution industrielle, nous vivons dans une société à solidarité organique, c’est à dire qu’il y a une forme de cohésion sociale où chacun veille pour son individu (mal dit), et où on est tous très différenciés. D’autre part, nous vivons dans une société qui est sous l’effet de la précarisation du travail donc avec une possibilité de chômage élevé. De plus, le lien socioprofessionnel est essentiel pour l’individu (expliquez pourquoi en reprenant la notion de solidarité organique) . Nous pouvons prendre l’exemple des gilets jaunes qui ont protesté au début contre la forte hausse des prix de l’essence. De plus, le lien socioprofessionnel est essentiel pour la sociabilité et l’identité de l’individu. 

et la transition entre les deux parties ?

Ensuite, nous comprenons que le chômage créé à son tour, une fragilisation d’autres liens sociaux. L’effet du chômage peut soumettre ( tout ) une famille à une dimension différente. Les enfants vont passer d’une école privée à une école publique, leurs réseaux changent (ce que vous exprimez est très maladroit). De fait, des liens futurs ne seront pas possible (que voulez vous dire ?). Avec le manque d’argent l’enfant ne pourra peut-être pas poursuivre les études. De plus les liens familiaux peuvent à leur tour être fragilisés. La pauvreté peut engendré l’alcoolisme, et l’individu peut être amené à ne plus chercher à se socialiser. Les liens familiaux, conjugaux et associatifs sont fragilisés. (Il manque beaucoup d’idées à développer et vous n’avez pas utilisé les chiffres du document 2 pour illustrer vos idées)

En conclusion, nous constatons qu’il est nécessaire pour l’individu d’avoir des liens sociaux mais que certains certains facteurs tels que la précarité du travail et le chômage peuvent fragiliser ces liens. (ce n’est pas complet)

MAJ 03/2022                                                                                                                                                                      @ Philippe Herry

Auteur :  Philippe

Enseignant de SES depuis bientôt 25 ans, je gère deux sites dédiés à la matière : scienceseconomiquesetsociales donnent accès à des cours et des exercices et alloprofses propose des cours particuliers en SES

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Bonjour, cela m’a beaucoup aidé pour préparer une future dissertation merci !

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